À peine descendu du véhicule, Ariel se jette dans mes bras. Je suis tellement heureuse de la revoir.

Mes autres camarades nous observent depuis le pallier de l'entrée de Rebirth.

Ariel s'éloigne enfin de moi pour que je puisse aller voir les autres et faire face à argus.

— Bonjour ma chère Eva, je n'ai pas besoin de te poser la fameuse question de savoir comment tu vas car ton sourire parle pour toi. Ta chambre t'attend pour y déposer tes affaires.

— Merci Mr le directeur, je réponds en étant reconnaissante de cette invitation.

Lorsque je passe la porte d'entrée du bâtiment, mon regard s'accroche à celui d'Elian qui me dévore.

Dès mon sac posé sur mon lit, les filles m'accaparent pour aller nous pomponner pour la remise des diplômes.

La bonté d'âme de Jade à nous mettre en valeur est une véritable réussite.

Comme à leur habitude, les garçons nous attendent en bas des marches de l'entrée. Seul Kaya et Ariel se rendent ensemble, en tant que coéquipière jusqu'au lieu du déroulement de la cérémonie.

Elian est vraiment beau dans son costume et sa coiffure le met davantage en valeur.

Étrangement, je n'arrive pas à le rejoindre, même si ma robe est courte.

Je crains que si je l'approche, il s'évapore en une brume blanchâtre.

Je me demande si je ne suis pas en train de rêver de ses retrouvailles, tellement qu'ils m'ont manqué.

Une main se glisse dans la mienne, me ramenant à la réalité.

Je n'avais pas remarqué qu'Elian m'avait rejoint.

— Tu es sublime.

Le coquin profite de mon désarroi pour déposer un baiser sur ma joue.

— Allons-y, je déclare en serrant le bras de mon partenaire pour ne pas tomber.

Nous nous installons à des places libres devant la scène.

Il ne me lâche toujours pas la main.

— Tu as peur que je prenne la fuite, je l'interroge en soulevant nos mains.

— C'est possible ou alors je veux simplement ton contact.

Je le dévisage en voyant à quel point il est sérieux dans ses propos.

Argus prend place sur la scène.

Je constate la présence de l'inspecteur Norme qui est installé au même rang que nous, mais à l'opposer.

— Bonjour mes chers étudiants, vous êtes réunis en ce jour pour connaitre qui d'entre vous va hélas nous quitter. C'est un événement à la fois triste et joyeux, c'est la raison pour laquelle, je vous demande de vous amuser et de profiter de ces derniers moments.

L'éloquence d'Argus est toujours aussi assommante.

— Pour commencer, j'appelle notre première candidate. Elle a un caractère de merde, une certaine tendance à la bagarre et une rebelle qui a été difficile de guérir, j'ai nommé Eva.

Zut, je ne pensais pas être la première à passer.

— Acclamons bien fort Eva à me rejoindre.

Je place ma main devant mon visage pour éviter de montrer ma gêne face aux acclamations et aux sifflements d'excitation.

Le directeur me remet un bout de papier sans la moindre valeur, c'est juste significatif.

— Ce diplôme certifie uniquement votre guérison. Vous avez un délai d'un mois pour faire part de votre souhait concernant votre nouvelle à Monsieur Norme ici présent, énonce-t-il, en désignant son invité qui se lève brièvement pour faire acte de présence.

Je m'apprête à m'éclipser en toute discrétion, seulement, une voix masculine commence à se faire entendre puis le mot s'enchaine sur toutes les lèvres.

— Un discours ! Un discours !

Je jette un regard noir en direction d'un Elian très souriant, me mettre dans l'embarrant semble beaucoup le divertir.

J'ai une folle envie de lui mettre mon poing dans sa figure pour m'avoir mise dans une situation aussi délicate.

Je n'ai rien de prévu et je ne suis pas vraiment à l'aise avec ce genre de chose.

— J'ignore quoi vous dire à part un grand merci à vous tous. Vous m'avez permis de faire la paix avec moi-même et je vous souhaite le meilleur pour la suite.

Certains d'entre eux sont émus par mes paroles banales, les larmes coulent sur quelques visages, des demi-sourires sont affichés pour retenir cette tristesse.

En regagnant ma place, mes yeux croisent ceux d'Argus qui expriment de la reconnaissance et de la fière à mon égard.

— La prochaine personne à nous quitter est.... Roulement de tambour... Ariel !

Je suis hyper heureuse à l'idée de pouvoir passer plus de temps avec mon amie.

C'était une mauvaise idée qu'elle s'assoie à côté de moi car elle me prend dans ses bras.

Je peux sentir ses larmes et sa morve sur ma peau.

Une fois monté sur scène et le diplôme en main, je prends une photo pour immortaliser l'instant et l'envoie à Sprite.

Je plains Jade qui va devoir retoucher le maquillage d'Ariel alors qu'elle y a mis pas mal de temps.

Son discours est simple et admirable.

— L'étudiante suivante à partir est Awen. Cela n'a pas été une décision facile, mais je ne peux pas la garder éternellement auprès de moi.

Je suis très contente pour elle.

Je comprends Argus à l'idée de perdre un élément aussi important.

Son discours est rempli de sagesse et d'encouragement, c'est vraiment digne d'elle.

La suivante à être nominé est ma meilleure ennemie, Jade.

Je me demande si Argus a fait le bon choix car à présent, elle va pouvoir me saouler sans arrêt.

L'avant-dernière personne à être appelé, c'est Isaac.

Inconsciemment, ma main presse davantage celle d'Elian, je crains que son prénom ne soit prononcé.

— Ne t'inquiète pas, tout ira bien, me murmure-t-il, en me sentant crisper.

Il n'éprouve pas le moindre stress et garde son air enjoué.

Je ferai en sorte de garder contact, même si nous ne nous voyons pas avant longtemps.

— Le dernier étudiant à nous abandonner est Lucien, déclare Argus, en quittant définitivement la scène.

Aussitôt, je repense à la promesse que nous nous étions faits, je réalise qu'elle n'est pas près de se concrétiser.

Est-ce que cette distance va nous éloigner, au point de ne plus se parler ?

Je ne veux pas devenir une inconnue pour lui, après tout, il est mon sauveur. Sans lui, je serai morte plusieurs fois.

Dès qu'Argus a déclaré la cérémonie officiellement clôturée, nous nous sommes tous regroupés pour nous féliciter et nous assurer de rester en relation.

J'essaie de m'esquiver en toute discrétion de la fête pour me reposer, seulement, Monsieur Norme me prend en aparté.

— Je voulais faire un point avec toi à propos de ton avenir. As-tu déjà décidé de ce que tu souhaitais faire maintenant ? Me questionne-t-il, en ne me laissant aucun répit.

J'avais besoin d'un moment avec moi-même, pour réaliser que Rebirth s'était fini et que je ne verrais pas très souvent mes camarades.

En fait, je suis vraiment attristée à cause d'Elian, toutefois, je retiens ma peine pour ne pas rendre les séparations encore plus dures.

— Non, je n'ai pas la moindre idée. Vous n'êtes pas un inspecteur, alors qui êtes-vous exactement ? Je l'interroge à mon tour, pour découvrir sa véritable identité.

— Pour toi, mademoiselle Eva, ça sera juste Mr Norme. Qui suis-je, cela n'a aucune importance. Je peux seulement te dire que je peux réaliser n'importe quelles demandes.

Je sais qu'il n'en dira pas plus, c'est la raison pour laquelle je ne vais pas insister.

— Je ne possède aucune compétence en particulier, je suis seulement douée pour rentrer par effraction et jouer avec la mort. Sinon, j'ai reçu une offre d'emploi de la part du chef de gang, Sprite, j'énonce pour lui montrer à quel point je suis perdue.

— Je ne te conseille pas de rejoindre ce gang, même si Mr Sprite est respectable et irréprochable. Sa fille ne prendra pas part à ces affaires.

— Comment le savez-vous ? Je lui demande surprise par cette révélation.

— Je lui ai posé la même question concernant son futur. Sa réponse a été la suivante : « J'apprécie beaucoup mon père et je souhaite passer plus de temps en sa compagnie, cependant, je resterai loin du gang. Je veux rester au côté de mon amie, Eva, quelle que soit sa décision et le lieu.

Elle a vraiment perdu la tête, elle doit vivre pour elle-même et non pour les autres.

— Quand est-il des autres ?

— Awen veut exploiter son don car elle a appris à ne plus avoir peur des conséquences qu'il peut entrainer. Jade veut créer sa propre marque de vêtements et continuer à faire quelques défilés, tout en faisant de la prévention contre les maladies qu'elle a subies à cause de la pression de ce métier. Isaac veut partager son savoir scientifique et Lucien veut amuser les gens, me révèle-t-il, en voyant ma mine se décomposer.

Même si leur projet n'est pas bien défini, ils ont déjà une avance sur moi.

— Pourquoi ne pas en discuter directement avec eux ? Normalement, il doit faire beau demain, je te recommande de faire un pique-nique tous ensemble. Le lac du Lyx est parfait pour un dernier instant. Veux-tu que j'en discute directement avec Argus ?

Je ne comprends pas où il veut en venir, mais c'est une bonne idée.

— Avec plaisir, puis-je regagner la fête ?

— Bien sûr, je te laisse ma carte. N'hésite pas à me contacter pour discuter de tout et de rien et de me tenir au courant de ton choix d'avenir, dit-il en me tendant le bout de carton.

Je le remercie et m'empresse de retrouver mon idiot.

Mes camarades dansent, rigolent, mangent au buffet, même ceux qui n'ont pas été nommer.

Je ne le vois pas dans la foule.

— C'est moi que tu cherches ? Me murmure-t-il à l'oreille, en me décrochant un léger frisson.

Je pivote pour lui faire face.

Je récupère la coupe de champagne qu'il me tend.

— Merci.

Un silence plane entre nous deux alors que d'habitude il est plutôt bavard.

— Elian...

— Je ne veux pas de ta pitié, c'est ainsi et nous n'y pouvons rien. Je suis heureux que toi, tu sois libre, me coupe-t-il en essayant quand même de cacher sa déception.

— Tu es tellement dur envers toi-même. Tu sais à propos de notre promesse, je...

— Notre promesse est plutôt compromise. Nous finirons par l'oublier avec le temps, me coupe-t-il, de plus en plus déçu.

Il est pénible à ne pas m'en laisser placer une.

— Tu me saoules. J'allais te proposer d'avancer cette promesse à demain soir, après si tu ne veux pas me reposer ta question, je n'insisterai pas.

Il me fixe les yeux grands écarquillés.

— Je vais y réfléchir.

— Allons-nous amuser maintenant, je déclare en lui prenant la main.

Je l'entraine sur la piste de danse.

La soirée commence à battre son plein et pour l'occasion, Argus a sorti les bouteilles d'alcool.

J'enfile les verres sous le regard attentif de mon partenaire. Heureusement, je ne suis pas la seule à avoir la décente facile.

— Tu devrais arrêter de boire, tu te souviens du résultat de la dernière fois, me prévient-il en enlevant mon verre de la main.

Je me sens agréablement bien, entourer par tout le monde.

Je m'approche dangereusement d'Elian et passe mon bras autour de son cou.

— Eva...

J'aborde un sourire malicieux tout en le dévorant des yeux.

J'adore la mine qu'il me fait, un mélange d'étonnement et de restreinte.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je veux t'embêter, je chuchote à son oreille, dans l'espoir de lui arracher quelques frissons.

Il me repousse légèrement pour remettre de la distance entre nos corps.

— Tu devrais aller te coucher car tu es très fatiguée.

— La soirée ne fait que commencer, je réplique pour lui signifier que je ne suis pas près de lui obéir.

Je saisis sa main et l'oblige à s'installer sur une chaise pour que je puise m'assoir sur ses genoux.

Étant confortablement installé, je m'amuse à lui pincer les joues.

— Eva, tu me fais mal.

Ses mains chaudes viennent attraper les miennes pour mettre fin à la douleur.

Nos regards ne se quittent pas, même si nous ne faisons pas grand-chose.

— Elian... Elian...

— Oui Eva ? dit-il pour répondre au murmure de son prénom.

— Non rien.

Je l'enlace pour déposer ma tête sur son épaule.

Après cela, je ne me souviens de rien. J'ai dû m'assoupir grâce à sa chaleur corporelle.