31. L'affrontement
Finalement ma décision est prise. Je vais aller les sauver de l'emprise malsaine d'Argus. Pour cela, je vais devoir retrouver mon âme rebelle.
Pour ne pas inquiéter ma mère, je préfère ne rien lui dire.
Je contacte Sprite pour lui demander si l'un de ses gars peut me conduire à Rebirth, en lui exposant mon plan.
Il a accepté avec plaisir et m'a relancé pour son offre que j'ai à nouveau déclinée.
Après le repas, j'enfile ma tenue de combat.
C'est une chance que les mecs ne soient pas à la maison, comme ça, mon évasion sera plus simple.
Je descends les marches de l'escalier en prenant le plus grand soin de ne pas faire craquer le bois.
Heureusement la bâtisse n'est pas ancienne, sinon j'aurai eu du mal à me faufiler dehors.
Ma mère est devant la télé, à visionner paisiblement les infos.
Le son est assez fort pour couvrir les éventuels bruits de la porte.
La fraicheur de la nuit me saisit, je me dépêche d'enfiler mes chaussures avant d'attraper la crève.
Une voiture noire aux vitres fumées m'attend un peu plus loin dans l'allée.
Le chauffeur est en train de fumée une clope tout en étant accoudé au véhicule.
— Bonsoir Mlle Eva, je serai votre conducteur pour cette nuit. Sprite m'a ordonné de prendre soin de vous et de satisfaire vos moindres demandes. Le matériel est dans le coffre.
— C'est parfait ! Je déclare pour que nous partons le plus vite possibles.
Durant le trajet, je revois une dernière fois mon plan, bien qu'il ne soit pas si complexe à accomplir.
La route me semble longue par rapport à mon retour.
Je dois vraiment être impatiente pour avoir ce genre de penser.
J'ai dû m'assoupir par mégarde car j'entends une voix masculine m'interpeller d'assez loin.
— Mlle Eva, nous sommes arrivés.
Je récupère mon sac dans le coffre du véhicule et longe le mur jusqu'à trouver le bon coin.
Je sors la corde avec son grappin et lance de l'autre côté.
Je tire dessus pour m'assurer que mon ascension ne craint rien.
Je ne suis pas une pro de l'escalade, cependant, je parviens à me hisser sur l'obstacle.
Je m'élance dans le vide et atterris sans trop de difficulté.
Je frotte mes mains à mon pantalon pour enlever la terre.
Je sors ma lampe de poche et me rends facilement jusqu'à Rebirth. C'est un jeu d'enfant, grâce aux entrainements d'orientation d'Ernest.
Arrivé devant l'entrée, je sors une épingle pour la crocheter.
C'est un vrai jeu d'enfant pour une pro telle que moi, sinon comment est-ce que nous aurions pu pénétrer sur des sites privés dont les grilles ont de gros cadenas avec mon ex-gang.
Le silence règne dans la demeure, ce qui est bon signe. Comme tout le monde dort profondément, je vais pouvoir en profiter.
Je marche sur la pointe des pieds lorsque je ne passe pas très loin du bureau d'Argus.
À l'étage, j'entrouvre légèrement la porte de mon ancienne chambre pour y jeter un coup d'œil.
Rien n'a changé, tout est resté à sa place depuis mon départ.
Mon regard est attiré par le corps présent dans mon lit, je pointe ma lumière en direction de ma cible, il s'agit d'Ariel.
Je me demande pourquoi elle est là et non dans sa propre chambre.
Est-ce qu'Argus m'a déjà remplacé par quelqu'un d'autre ?
Je sens une pointe de colère m'envahir, mais je me retiens de vouloir vérifier toutes les pièces.
Je rentre dans la chambre d'Elian. C'est la première fois que je l'observe en train de dormir. Il est tellement beau et adorable que je n'ose pas le réveiller, de peur de devoir faire face à son mauvais caractère.
Je repousse une mèche de ses cheveux de son front. Au moment où je m'apprête à retirer ma main, il l'a saisi, me fixant de ses magnifiques yeux.
— Eva... Tu me manques tellement, dit-il, en me contemplant avec tendresse.
— Vous me manquez tous également.
— Même dans mes rêves, tu me sembles si réelle, débite-t-il, comme si je n'étais pas là.
— Idiot, je suis bien réelle.
— Tu arrives à m'engueuler, même quand tu n'es pas à mes côtés.
Ce mec va me rendre dingue.
— Veux-tu que je te tape ? J'énonce avec une folle envie de le faire.
— Oui vas-y !
Il l'aura voulu, après tout, je ne fais qu'obéir à son désir.
Je lui donne une pichenette sur le front assez fort pour qu'il prenne conscience de la douleur.
— Aie ! Ça fait mal ! Ronchonne-t-il, en émergeant enfin de son délire.
— C'était le but.
— Eva ? Que...
Je lui plaque ma main sur sa bouche pour qu'il fasse moins de bruit.
— Chut, moins fort. Tu vas réveiller tous les autres sinon, je murmure pour lui faire comprendre la situation.
Il réalise enfin que je suis bien là.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? Me questionne-t-il, en se redressant sur son lit.
Je m'installe sur son matelas pour faire la discussion.
— Je suis venue affronter Argus pour l'obliger à faire face à une vérité.
— Oh... Ce n'était pas plutôt pour profiter de mon innocence ? Dit-il avec ironie.
Je lui donne une tape dans l'épaule.
Il est d'humeur taquine.
— Pauvre petit trésor... Je suis tellement vilaine que je suis venue de très loin pour te dévorer.
Il affiche un air stupéfait à cause de mes propos, il s'attendait surement à ce que je le réprimande.
— J'accepte avec plaisir, je suis tout à toi.
Je me mets à rire sans faire trop de bruit.
— Prépare-toi car la nuit ne fait que commencer, j'énonce sensuellement.
J'enlève mes chaussures puis commence à retirer ma veste.
Il n'en mène pas large, il ne sait pas trop comment réagir.
— Heu... Eva... Ce n'est pas que je ne désire pas, mais... Je ne veux pas que nous allions trop vite. Je souhaite construire quelque chose de solide entre nous.
— Tu es un vrai comique aujourd'hui. Je me mettais simplement à l'aise pour dormir. Justement, peux-tu te décaler un peu pour que je puisse me coucher à côté de toi ?
Il s'exécute embarrasser.
— Tu ne pensais tout de même pas que j'allais passer la nuit à parler.
— Tu m'as bien eu cette fois en te prenant à mon jeu, même s'il y avait une part de vérité, déclare-t-il, un peu attrister.
— Navré, tu devras juste te satisfaire de ma présence dans ton lit sans la moindre galipette.
— Ne t'inquiète pas, je suis déjà très heureux, affirme-t-il, en déposant un doux baissé sur mon front.
Je suis tellement bien que je ne me suis même pas rendu compte que je m'étais assoupi.
C'est une chance que j'ai programmé l'alarme du réveil à l'avance sur mon portable.
En me réveillant, mes yeux s'ouvrent directement sur Elian, encore endormi.
Je peux sentir son bras autour de ma taille.
— Pourquoi as-tu mis ce stupide réveil ? Pouvons-nous profiter davantage de cet instant ?
— Désolé, mais non. Je dois être la première en bas pour confronter Argus.
Une fois prête, nous descendons prendre notre petit déjeuner en attendant les autres.
À cette occasion, j'ai piqué la place d'Océanne en bout de table pour pouvoir faire face à Argus le moment venu.
Ariel et Cécylia se sont jetées sur moi tellement qu'elles étaient heureuses. Les autres ont également été ravi de me voir, même Jade. Elle commençait à s'ennuyer sans sa rivale.
Notre avant-dernière participante vient de faire son entrée dans la pièce et nous dévisage tous.
— Eva, je ne pensais pas te revoir aussitôt, commente-t-elle en restant debout pour mieux affirmer son autorité.
— Il faut dire que ta gentillesse m'avait manqué, ma chère Océanne. Je ne suis venue ici que dans un seul but, celui de ramener le directeur à la réalité. Par conséquent, je te demanderais de t'asseoir à mon ancienne place et de rester à l'écart sagement.
Je suis sûre qu'elle veut avertir Argus de ma présence seulement elle a beau avoir un regard sombre, aucun d'entre nous n'est prêt à la soutenir.
Vaincue, elle décide d'obéir à ma recommandation.
Bras croisés et de mauvaise humeur, Océanne n'ose rien dire.
Au bout d'une trentaine de minutes, nous attendons enfin la porte de son bureau s'ouvrir dans son grincement habituel.
Ma présence ne semble pas vraiment le surprendre et agit comme d'habitude.
Il prend place à sa place avant de lancer la conversation.
— Je vois qu'une ancienne élève est parmi nous. Que fais-tu là, Eva ? Me questionne-t-il, tout en tartinant ses biscottes.
— Je suis venue sauver mes camarades de vous. Vous ne pourrez pas les garder éternellement enfermer à Rebirth. Avez-vous oublié que la fonction première de cet établissement disciplinaire est de nous guérir et ensuite nous offrir de quoi recommencer une nouvelle vie et non de nous protéger ?
— Bien évidemment que je sais déjà tout ça, où veux-tu en venir ? M'interroge-t-il, comme si cette discussion l'intéressait peu.
— Je veux parler de César.
Je lui jette sa lettre qui glisse jusqu'à lui. Après s'être essuyé la bouche, il récupère son bien.
Un très léger sourire s'affiche sur son visage, ce qui me met davantage hors de moi.
— Vous n'êtes en rien responsable de sa mort et celle de sa mère, c'était sa décision. Vous essayez de rattraper votre erreur en protéger des personnes qui n'ont plus besoin de vous. Nous ne savons jamais quand notre heure viendra alors ça ne sert à rien de vouloir à tout prix les garder enfermer à Rebirth. César savait que vous ne pourriez pas le protéger, la maladie le gagner de plus en plus chaque jour alors pour mettre à terme à votre souffrance, il a mis fin à sa vie.
— Tu as bien su déchiffrer le message qu'a voulu faire passer mon fils, seulement, c'est un peu tard. Il y a quelques années déjà, une ancienne étudiante m'a ouvert les yeux dessus le contenu de cette lettre. Je me dois tout de même te féliciter, tu viens de me prouver que tu étais apte à vivre à nouveau parmi la civilisation. Le fait que tu viennes jusqu'ici pour défendre la cause de tes camarades montre que tu es capable d'accorder ta confiance aux autres mais également, d'éprouver de l'affection. J'ai appris aussi que tu commençais peu à peu à communiquer avec ta mère, ce qui démontre que tu sais pardonner et ton envie d'avancer. Tu es guéri car tu ne veux plus de ta solitude, ni réfréner tes sentiments. Dans deux semaines, le mois de mai touchera sa fin, j'organiserai un évènement désignant les étudiants qui quitteront Rebirth. Bien évidemment, Eva, je serais ravie que tu y participes ce jour-là pour officialiser ton départ, même si tu n'es plus présence. Je remettrais à certains d'entre vous leurs diplômes et le commencement d'une nouvelle vie, énonce-t-il fièrement.
Il m'aura rendu dingue jusqu'à la fin.
— Ce sera avec plaisir. Du coup, d'autres élèves vont quitter Rebirth.
Tout le monde le fixe avec insistance, il est devenu une cible par ma faute.
— Vous le serez lors de la cérémonie et pas avant.
Les railleries se font entendre pour protester.
Comme Argus m'a autorisé à rester toute la journée, j'ai appelé ma mère pour la prévenir de mon absence. Il a même annulé les cours pour que nous puissions tous en profiter.
Elian garde ses distances et évite mon regard.
Il n'est pas venu une seule fois me voir pour discuter de l'annonce fracassante d'Argus.
Je décide d'en discuter avec Awen.
— Il m'en veut d'être parti ou ai-je commis une erreur pour qu'il est ce comportement ?
— Non, c'est un idiot. Il ne veut pas te dire au revoir car pour lui, ça serait te perdre, m'explique-t-elle, le plus simplement possible.
Elle m'apprend quelque chose que je savais déjà.
Je vais devoir avoir une conversation privée pour lui mettre ma main dans sa figure.
Par chance, il est parti à Knowledge pour s'entrainer dans le sous-sol. Il n'y a qu'une seule issue de sortie, je vais pouvoir le prendre au piège.
Je m'assure qu'il soit assez éloigné de la porte pour rentrer rapidement.
À ma demande, Ariel ferme la porte à clé pour n'être que tous les deux.
Il m'observe avec étonnement, il ne s'attendait pas à ce que je le piège.
Je vais devoir l'affronter pour pouvoir l'obliger à me parler.
Je me prépare à le combattre comme au bon vieux temps, bien que ça soit assez récent.
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