26.Bienvenue au SUNFLOWERS

Le soleil commençait peu à peu à décliner dans des teints enflammés, indiquant le début de notre soirée organisée par mon « adorable » Elian.

Il est resté très discret sur l'endroit où il compte nous emmener.

Lorsque nous descendons de la voiture, je suis subjuguée par la façade du restaurant qui est recouverte par un panel de fleurs. Cette charmante maison dégage une ambiance conviviale ainsi qu'un côté romantique avec la présence de guirlandes allumées, éclairant l'allée.

Nous nous présentons à l'accueil.

- Bonjour, bienvenue au Sunflowers, avez-vous une réservation ? Nous demande l'hôtesse en nous gratifiant d'un doux sourire.

- Bonsoir, au nom de Rice.

Elle feuillette l'agenda.

- Veuillez me suivre, s'il vous plaît.

Nous ne sommes pas conviés dans la même pièce que les autres clients, elle nous conduit sur une terrasse privée avec un point de vue incroyable.

Nous pouvons apercevoir des canards, des signes et d'autres oiseaux auprès d'un étang. Un jardin parfaitement entretenu, des poules en liberté qui picorent l'herbe grasse.

C'est un endroit empreint à la féerie, où tout peut se produire.

Nous nous installons tous autour de la table sans nous prendre la tête de savoir qui veut s'asseoir à côté de qui. Par le plus grand des hasards, je suis coincée entre Ariel et Elian.

La soirée se déroule agréablement bien, les plats sont vraiment savoureux, nos bavardages animent notre repas.

Je ne suis que spectatrice de ce moment, je reste en retrait pour mieux me recentrer sur mes pensées.

Je dois admettre que j'apprécie ce petit instant convivial, j'avais oublié ce qu'étaient la véritable amitié et l'absence de la solitude.

Je me surprends à avoir ce genre de pensée qui me terrifie quelque peu. Si je reste encore trop longtemps en leur présence, je risque de craquer.

Je ne peux pas me permettre de leur accorder ma confiance et encore moins m'accrocher à eux. Tôt ou tard, ils me trahiront pour leur propre intérêt.

Je reporte mon attention sur mes camarades et remarque que maintenant la présence de Ninon et Morgane, je ne savais pas qu'il les avait invité.

Elles ont beau avoir un statut de prof, elles sont dans la même tranche d'âge que nous donc très abordables.

En réfléchissant bien, il est également facile de communiquer avec Ernest.

- Alors cette soirée te plaît ?

Je pivote en direction de mon partenaire.

- Très réussite, cependant, je voudrais connaître la raison qui t'a poussé à l'organiser.

- C'est simple, je voulais te faire réagir. Tu ne prêtes assez attention aux personnes qui t'entourent, tu nous utilises pour quitter Rebirth, dit-il en se rapprochant de moi, afin que je sois la seule à entendre.

- C'est faux ! Sinon je ne vous parlerais pas et ne participerais pas à vos événements, je pense même que j'agirais en solo comme je l'ai toujours fait.

- Tu t'obliges à le faire, car tu ne penses qu'à toi. Tu ne te préoccupes pas de l'affection que te portent les autres. Je parie que tu n'avais pas remarqué que Ninon et Morgane étaient parmi nous, s'exprime-t-il sur un ton un peu agressif.

Mon cher coéquipier est d'humeur à me donner une leçon de moral.

- Bien sûr, je les ai vues, je me préoccupe peut-être de mes propres intérêts, mais je ne suis pas non plus hypocrite.

- Vraiment ? Serais-tu sincère en ce moment ?

Il cherche à me pousser à bout, cependant, je ne comprends pas la raison de son agissement.

- Où veux-tu en venir ? Si c'est une manière détournée de parler de « nous », tu n'as pas intérêt à dépasser les limites.

- Il n'est pas question de cela. Je veux juste que tu réalises que si tu continues dans cette voie, tu finiras par mourir. Pas par le chagrin, ni par ton abus d'alcool ou une quelconque trahison, mais par la solitude, affirme-t-il en étant certain de ce qu'il énonce.

- Tu devais davantage songer à ta propre personne, au lieu de te préoccuper celle des autres. Tu pourrais facilement être déçu par les gens en qui tu accordes ta confiance, en commençant par moi.

- Grâce à ta remarque quelque peu triste, je constate que mon égoïsme s'efface peu à peu pour laisser place à l'altruisme. J'espère qu'un jour, je parviendrais à te faire changer d'avis afin que tu puisses à nouveau ressentir le bonheur, celui de vivre.

Le bonheur... Un mot que j'ai banni de mon vocabulaire depuis que ma mère a brisé l'idée que je m'en étais faite étant enfant et la mort de mon père n'a fait qu'empirer mon aversion pour ce dernier.

- De quoi est-ce que vous parlez les amoureux ? Nous interrompt Jade, en ce croyant maline.

Ça remarque attire l'attention de tous les regards sur nous.

- Rien qui ne puisse te concerner. Comme d'habitude, mademoiselle Jade ne peut pas s'empêcher de faire chier les autres. Si tu es tellement en manque de câlins demande à Derek, au lieu de t'imaginer des scénarios obscènes entre moi et mon partenaire, j'énonce en sachant pertinemment qu'elle ne va pas apprécier mes remarques déplacées à son sujet.

En effet, une aura meurtri semble émaner de son corps. Elle a beau avoir un regard dur et tranchant, elle sait qu'elle ne me fait pas peur.

Elle est incapable de répliquer quoi que ce soit face à mon attaque assez violente, après tout, c'est elle qui a commencé à me provoquer.

- Les filles, ça suffit, commente Awen, pas très contente que nous gâchons cette super soirée.

- Et si nous prenons une photo de groupe, propose Lucien pour relancer l'ambiance.

- Excellente idée ! Je suis incroyablement photogénique, s'exclame Derek, le narcissique.

Le voilà déjà en train de prendre des poses sous toutes les coutures. Rien que de le voir faire, me donne la nausée.

Les autres sont également enchantés par cette proposition. Je ne suis pas vraiment pour à l'idée de laisser une trace parmi eux, toutefois, si je refuse de participer, je risque de plomber l'atmosphère.

La vérité, je ne veux pas qu'ils se souviennent de ma présence à Rebirth. Mon but était simple : entrée, guérir et sortir sans laisser de traces de mon passage. Je devais agir comme un fantôme pour ne pas souffrir lorsque la fin de ma quête touchera son but ultime. Néanmoins, je ne veux pas les blesser, car j'ai fini par les apprécier et leur avouer mon affection, ce n'est pas leur rendre service.

Tôt ou tard, je finirais par les décevoir, car si je dois choisir entre me protéger ou leur faire confiance, je suis certaine que je serais lâche et que je ne penserais qu'à mon intérêt, celui de me protéger.

Quant à Elian, je préfère souffrir seule en silence.

Awen est parti chercher une serveuse pour nous prendre tous ensemble. En attendant, nous nous plaçons.

Comme toujours sur la première ligne, se trouvent les gens de petite taille puis les plus grands en arrière-plan.

Je suis encadrée par Ariel et Cécylia. Elian n'a pas pu s'empêcher de se placer juste derrière moi. Je me demande ce qu'il manigance encore.

La serveuse semble ravie de se rendre utile.

- Commençons par une photo naturelle et simple, propose Awen, très contente de ce moment.

J'aborde un magnifique sourire sans en faire des tonnes comme Jade qui se croit en plein shooting.

- Pour la photo suivante, faisons un concept plus marrant.

Ils sont tous en train de faire des grimaces extravagantes, tandis que pour ma part, je tire bêtement la langue en essayant d'afficher un regard assassin.

C'est vraiment débile, mais je n'ai pas le choix d'y participer.

- Pour la dernière photo, pourquoi ne pas contextualiser votre amitié ? Nous soumet timidement la serveuse.

Hein ? Qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ?

Aussitôt, des bras puissants enlacent ma taille par-derrière, je ressens son corps contre le mien.

J'ai le souffle coupé et les joues en feu, sa respiration sur ma nuque me donne des frissons. Le vilain coquin profite de la situation.

À l'instant même où la jeune femme va pour cliquer sur l'appareil, Elian dépose ses lèvres tièdes sur ma joue. Je sursaute légèrement par surprise par son contact.

Si je tombe sur ce cliché, je risque de la faire disparaître. Je dois y faire une drôle de tête.

Je lui décroche un coup de coude dans le bas du ventre pour l'obliger à reculer.

Il s'exécute, satisfait de son petit effet. Son geste d'affection n'est pas passé inaperçu auprès de mes camarades, qui se sont empressés d'en faire un sujet de conversation.

La soirée se clôture sur cette note de joie.

Bien que je les avertis de ne plus en parler sous peine de subir ma colère, je sens constamment leur regard peser sur moi, telle une bête curieuse.

Je n'ose même pas épier mon partenaire, qui doit apprécier sa victoire.

En vérité, je ne suis pas vraiment fâché contre lui. A vrai dire, ça m'a beaucoup plus. Sa proximité, sa chaleur, son tendre baissé sur ma joue.

J'en voudrais tellement plus, seulement... C'est impossible.

La réalité me rattrape aussitôt que je m'égare à éprouver des sentiments quel qu'ils soient. Comme à chaque fois, je dois mentir afin de les protéger de moi.

Alors que je m'apprête à regagner ma chambre, j'aperçois Elian un peu plus loin dans le couloir.

Je m'empresse de le coincer, en plaçant mon bras devant lui pour le stopper aussi sec.

Il me fixe d'un air interrogateur.

- Je peux savoir ce qu'il t'a pris lors de la photo ? J'avais pourtant été clair sur notre relation.

- Comme tu n'es pas très coopérative, j'ai décidé d'être désinvolte et d'agir à ma manière. La manière douce ne marche pas sur toi alors je vais tout simplement me mettre à ta hauteur. Tu exploites mon corps et mon innocence à ta guise alors je vais faire de même. Je finirais certainement par te faire céder, énonce-t-il, en espérant me conquérir de cette façon.

- C'est ce que nous verrons ! N'oublie pas que je suis une coriace, je doute fort que tu y parviennes sans ma bonne volonté. Tu ferais mieux de te préoccuper de ta guérison et comment partir de Rebirth, car je ne compte pas y rester.

- Ma clé pour quitter ce lieu, c'est toi. Je dois tout bonnement te faire recoller les morceaux de ton âme et ainsi, nous serons libres, déclare-t-il, certain de sa théorie.

J'ai l'impression de parler à un mur. Il ne peut pas aller contre ma décision, celle de ne pas céder. Je dois renoncer à lui et à mes amies pour tous nous protéger.

Et voilà, que je sens une migraine arriver à cause de cet idiot.

- Abandonne, c'est mieux pour nous deux.

- Pas question ! Je t'aime et je ferais tout pour te sauver, confie-t-il, en s'approchant dangereusement de moi.

- Je vais me coucher.

- Quoi ? Je te déclare ma flamme et tu me sors cette phrase ? Proteste-t-il, déçu par ma réponse peu romantique.

- Tu sais très bien ce que j'en pense, bonne nuit.

Je le laisse sur place en train de faire la moue. Il aura au moins tenter le coup, pour essayer de me faire dire les mots magiques.

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