22. Une soirée magique

À peine levé, je m'apprête à aller prendre mon déjeuner lorsqu'en descendant l'escalier, je remarque la présence de tout le mondes dans le salon. Même Elian qui n'était pas en grande forme hier, est installé dans le canapé le sourire aux lèvres.

Je me demande si je n'ai pas loupé un chapitre ?

— Eva, vient prendre place parmi nous. Ernest était sur le point d'annoncer ceux qui étaient aptes à partir en mission, m'informe tendrement Argus.

Je me dis que j'ai dû foirer l'exercice pour que personne ne daigne me réveiller.

— Les heureux gagnants sont .... Tout le monde.

Je le fixe bouche bée. J'ai sûrement dû mal entendre.

— Vous avez tous réussi la simulation avec brio. Félicitations !

Alors là, il va falloir m'expliquer ce délire.

— Si c'est le cas, pourquoi aucun d'entre vous ne m'a réveillé ? Je m'exclame à voix haute, en croyant être seule.

— Hier, tu paraissais exténuer. J'ai donc ordonné à ce qu'on te laisse dormir pour que tu récupères, m'explique calmement Argus, en voyant mon incompréhension.

— Ah... d'accord. Merci.

Je ressens une immense solitude en l'espace de quelques instants. Je me sens trop bête. Toutefois, j'ai quand même du mal à accepter qu'Elian arrive à se remettre sur pied plus vite que moi.

— Pour récompenser vos efforts et votre assiduité à vouloir guérir, ainsi qu'il s'agit de votre dernière journée à Rebirth, je vous ai organisé une soirée festive, annonce Argus, satisfait par sa surprise.

Mes camarades semblent forts se réjouir de cette nouvelle sauf moi car je déteste ce genre d'événement.

— Vous avez toute la journée pour préparer et finaliser vos valises pour partir demain. J'ai fait venir un tas de vêtements pour la soirée qui se trouve au sous-sol. Je vous retrouve ce soir en espérant que vous serez tous beaux.

Au secours ! Il faut que j'évite cette soirée débile. Je vais prétendre avoir un mal de tête léger durant la journée et le soir, je dirais que je souffre davantage. J'admire mon intelligence.

Je prépare mes affaires tout en essayant de faire circuler la rumeur de mon mal de crâne. Finalement, ça n'a pas donné le résultat escompté. Elian a débarqué dans ma chambre avec un verre d'eau et un médicament. J'ai donc été obligé de le prendre et sans me rendre compte que le sommeil m'avait envahi.

À mon réveil, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller l'engueuler pour le temps qu'il m'a fait perdre. Bien sûr, voyant que j'étais en pleine forme, j'ai été contrainte d'accepter d'être sa partenaire à la petite fête. Je ne pouvais pas refuser devant autant de témoins qui m'ont également poussé à m'y rendre.

Sous les coups de dix-sept heures, j'aide Ariel et Cécylia dans le choix de leurs robes, en contrepartie, elles m'ont rendu le même service. Nous nous préparons toutes les trois dans ma chambre. Ariel a conservé sa coiffure habituelle et a opté pour une robe mousseline courte, de couleur rose pâle qui ne laisser nullement apparaitre la naissance de sa poitrine. Tandis que Cécylia, toujours fidèle à elle-même, a opté pour une robe gothique violette foncée arrivant au-dessus des genoux avec un revêtement noir par-dessus formant un nœud au centre du ventre et pour accentuer le côté classe, un nœud en cascade au niveau de la poitrine. Elle a laissé ses longs cheveux brun foncé ondulés détachés et a ajouté comme accessoire, un collier au ras du cou en dentelle avec une pierre noire pendante et des mitaines noires en dentelle. Malgré son look excentrique, elle reste classe en toutes circonstances. Les filles m'ont tressé les cheveux pour former une couronne et se sont amusées à y planter des petites fleurs blanches et bleu pâle. Elles m'obligent à porter une longue robe bleue cristalline à cause du tissu fin et lumineux. Le buste expose légèrement la naissance de ma poitrine. Le contour du corsage comporte des motifs de fleurs. J'ai même fait l'effort de mettre des escarpins bleu clair dont les lanières dessinent une sorte de croix en vague sur le dessus de mon pied laissant le reste de ma peau nu apparaître.

Nous passons toutes les trois ensemble la porte d'entrée de Rebirth. Je marche entre mes deux amies au cas où je viendrais à me casser la gueule dans l'escalier soit en marchant sur cette foutue robe ou en me tordant la cheville.

Lucien attend en bas des marches que Cécylia se pointe pour l'accompagner tel un chevalier servant jusqu'au lieu de la soirée.

- Je vais rejoindre Kaya, quant à toi, tu restes sagement ici que ton ravissant partenaire vienne te chercher, déclare Ariel à toute vitesse pour partir avant que je puisse l'obliger à rester.

Je suis la seule à attendre comme une idiote qu'Elian vient m'accueillir, j'ignore où il est car je ne l'aperçois pas parmi les autres au loin. Il est vraiment cruel, il espère que mes nerfs cèdent et qu'il puisse se moquer de moi lorsque je me serais cassé la figure en les rejoignant. Une présence se fait sentir derrière moi.

— Tu es en beauté ce soir, me complimente Elian, en me chuchotant à l'oreille.

— Profite bien car c'est la dernière fois que tu me vois habiller ainsi.

— Je compte profiter du spectacle mais je doute forte qu'il s'agisse de la dernière fois, dit-il sur de ses paroles.

— Bon ! Tu m'emmènes rejoindre les autres ou je dois le faire par moi-même ?

— Pourquoi faut-il que tu te fâches ? Tu ne peux pas simplement profiter de l'instant et te détendre ? Me demande-t-il déçu que je m'emporte à chaque fois qu'il m'adresse la parole.

Je commence à avancer seule pour lui faire comprendre que je n'ai absolument pas envie de poursuivre cette discussion qui finira sûrement mal.

Il me rattrape et accroche mon bras au sien. Une fois conduit jusqu'à la table, il lâche mon bras pour me laisser en plan. Je crois bien que cette fois, j'ai merdé.

La soirée se déroule agréablement bien. Il n'y a pas la moindre tension, tout le monde s'amuse et rit sauf moi. Je suis assise au fond de ma chaise a observé chacun d'entre eux. Ils ne se doutent pas que je connaisse une partie de leur histoire. Quand je les vois comme ça, heureux, bien dans leur peau, je me dis qu'ils méritent de goûter à la paix après tout ce qu'ils ont vécu. Tandis que moi, je me sens pathétique, minable. Depuis mon arrivée, je n'ai absolument pas changé et je n'ai toujours pas trouvé ma réponse. J'enchaîne les verres pendant que les autres dansent. Je dois dire que Derek sait mettre l'ambiance.

Argus vient à ma rencontre, je ne m'attendais pas à le voir.

— Allons faire un tour, me propose-t-il, en comprenant qu'il voulait me parler.

Nous marchons sur le sentier conduisant au lac.

— Je vais te révéler la raison de ta présence dans ce lieu.

Je l'écoute attentivement me raconter l'histoire de son fils.

— Mon fils, César, était atteint d'une grave maladie qui ne pouvait pas se soigner. Lorsque son diagnostic est tombé, je me suis davantage plongé dans le travail. Étant le président de mon entreprise, j'aurais pu m'absenter pour passer plus de temps en famille seulement, le voir me rendait triste. Il passait la plupart de son temps à l'hôpital et sa mère restait toujours auprès de lui. J'étais incapable d'assumer la maladie de César, je n'avais pas le courage de lui faire face. Tout ce que je voyais c'était sa maladie le rongeant à petit feu. Je ne me suis pas rendu compte de son état de détresse, mon éloignement n'avait fait qu'aggraver la situation. Je n'ai fait qu'accroître la culpabilité qu'il ressentait à cause de son état, il pensait que je lui en voulais. Il a fini par mettre fin à ses jours. Par la suite, ma femme a fait une dépression qui l'a conduit à son tour à rejoindre notre fils dans le royaume des cieux. Je m'en voulais tellement de n'avoir pas su protéger ma famille. J'ai donc décidé de tourner la page et de changer de vie. En vendant mon entreprise, j'ai acheté cette demeure et j'ai créé Rebirth. Sa signification comme tu le sais déjà veut dire : « Renaissance », je voulais un lieu où je pourrais venir en aide aux adolescents dans la détresse. C'est en quelque sorte pour me racheter auprès de mon fils que je n'ai pas pu sauver. Je veux te sauver à tout prix de la mort qui ne cesse de rôder autour de toi.

Je ressens une profonde tristesse pour lui mais également pour César. Son histoire m'ouvre les yeux, certes, mon histoire n'est pas la même, mais je ne peux pas m'empêcher de constater certaines similitudes.

— Je te la confie, tu la liras quand tu te sentiras prête, s'exprime-t-il, en tendant une lettre usée.

Je compris tout de suite, qu'il s'agissait de la lettre de suicide de César. Je ne suis pas très partante pour lire la vie privée d'un mort.

— Merci Argus, j'en prendrai soin.

— Je ne me fais aucun souci de ce côté-là, sinon je ne te l'aurais pas confié. Bon... je vais te laisser, je crois bien que ton partenaire désire danser avec toi, énonce-t-il tel un voyant.

Je me retrouve seule. Je ne vois pas pourquoi Argus pense qu'Elian serait là. Je regarde le reflet de la lune sur l'eau au mouvement des vagues. Des mains se posent sur mes épaules. Je sursaute de peur.

— Désolé ! J'aurais dû m'annoncer mais Argus m'a grillé en train de vous espionner. Je croyais qu'il t'avait prévenu de ma présence.

Je pivote pour faire face à Elian. Un jour, il faudra m'expliquer comment Argus fait pour sentir la présence des personnes. Je ne peux pas lui en vouloir de me surprendre car j'avais été prévenue.

— Il fait plutôt frais, allons rejoindre les autres prêts du feu, me propose-t-il, en me faisant signe de la main de le suivre.

— J'aimerais encore profiter du silence et du magnifique paysage qui s'offre à moi.

— Dans ce cas, m'accorderais-tu cette danse ? M'invite-t-il, en me tendant sa main.

Il ne se rend pas compte à quel point, il est séduisant à cet instant. Je retire mes talons pour être plus à l'aise sur le sable. Je me laisse guider par ses mouvements. Je suis envoûtée par cette atmosphère très romantique. La plage, la lune éblouissante, le son des vagues, la musique au loin et rien que nous deux. Ses yeux ne cessent de me fixer, gêner je préfère garder les yeux baissés. La musique va bientôt se finir. Prise par surprise, Elian me colle davantage contre lui.

— Regarde-moi, dit-il d'une voix suave.

Pourquoi me fait-il ça ? Quand je suis avec lui, j'agis bizarrement. Non, mais, qu'est-ce que je raconte ? Ce sont plutôt les nombreux verres d'alcools qui commencent à se faire ressentir.

— Regarde-moi, s'il te plait, me supplie-t-il.

Je relève timidement la tête. Son regard sombre me fait frissonner, il est tellement attirant. Je n'arrête pas de fixer ses lèvres qui ne sont qu'à quelques centimètres des miennes. Qu'est-ce qui se passe ? Suis-je devenue folle ? Je ne sais pas si c'est sa tête qui avance ou si c'est moi qui tangue. J'oublierais sûrement tout demain alors autant en profiter, comme il me l'a si bien conseillé en début de soirée.

— Elian....

Après avoir prononcé son prénom, c'est le trou noir. 

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