17.Provocations
Argus fait son apparition, à ses côtés se tient une jeune femme élégante d'environ notre âge. Elle a de magnifiques cheveux blonds très clair presque blanc selon l'exposition à la lumière, elle aborde une mèche à gauche tandis que le reste des cheveux sont attachés en chignon laissant des mèches bouclées s'échapper. Pourtant, ses yeux marron sont de glace, ils ne dégagent aucune émotion comparée à ceux de mon partenaire. On dirait une statue de marbre mais ... humaine.
- Bonsoir mes étudiants favoris ! Je vais laisser votre camarade se présenter.
Elle s'avance légèrement vers nous, comme un robot. Elle fait froid dans le dos, j'espère que c'est dû au fait que ça soi notre première rencontre. Je ne veux pas d'un deuxième Elian.
- Bonsoir, je m'appelle Océanne Witterman, j'ai 23 ans. Je ne suis pas là pour m'amuser et perdre mon temps, je veux vite régler cette mission. Je suis brute, sans cache, je dis tout ce que je pense sans détour. Je vais vous faire marcher droit et coordonner vos équipes pour que tout se passe correctement, déclare-t-elle sèchement, laissant planer un grand silence.
Elle a une drôle de présentation. Je craignais qu'elle soit comme mon idiot de camarade, en faite .... Elle est pire que lui !
- Tu n'as rien à envier d'elle, je chuchote à l'attention de Jade qui me toise, en faisant une grimace.
Elle a surement cru que je me moquais d'elle.
- D'où est-ce que tu viens ? s'exclame une voix féminine, rompant ce silence de mort.
Tout le monde se retourne vers Awen affichant un sourire suspicieux. Elle a dû ressentir quelque chose au sujet d'Océanne, je suis curieuse de savoir de quoi il s'agit.
- D'une maison d'arrêt à cause de mon mauvais tempérament.
J'ai la chair de poule. L'atmosphère devient de plus en plus écrasante. Pourquoi Argus n'intervient pas ?
Je jette un coup d'œil dans sa direction. Il est confortablement assis à sa place, sirotant sa boisson passivement. Il lève alors les yeux vers moi, que je détourne aussitôt.
- Qu'as-tu fait ? enchaine Awen, comme si elles n'étaient que toutes les deux.
- Je suis dominatrice, hostile, brutale et agressive. Dès que j'ai été en âge de prendre le dessus sur mon père, je n'ai pas hésité à le battre. Il m'était soumis car il avait laissé ma mère me donner naissance, en sachant que ça aller la tuer. On m'a souvent reproché d'être une tueuse alors pour me défendre, je me suis forgé ce caractère hautain. Dès que quelqu'un me manque de respect, je deviens extrêmement amer, en particulier envers les hommes.
Waouh ! J'ai envie de détaller à toute vitesse ! Je sens qu'il va y avoir de l'électricité dans l'air entre nous deux car je déteste l'autorité. Les autres aussi semblent pris d'effroi sauf Awen qui est ravi d'avoir obtenu ses réponses.
Je suis sure que si elle n'avait pas un tel caractère, elle serait parfaite.
- Bienvenue parmi nous ! installe-toi au bout de la table.
Elle se tient face à Argus. Elle est comprise entre Jade et Ariel qui ne lui prêtent pas la moindre attention à cette dernière.
Je dois avouer que je suis un peu jalouse, j'aurais aimé être celle qui se tient face au directeur et ne plus supporter la tête de cet imbécile.
Le lendemain, je m'habile en tenue de sport. Je me rends à KnowLedge, au sous- sol qui est réservé aux activités. Elian et Mr. Jensen sont déjà présent.
- Encore du mal à te réveiller ? Commente mon équipier, pour me mettre de bonne humeur.
Pfff ! Il ne peut pas changer de registre, toujours le même refrain.
- Mademoiselle est de mauvais poil ! Qu'est-ce qui t'a mis dans cet état ?
Je pivote vers lui, le regard énerver.
- C'est toi espèce d'idiot !
- Ah oui ! On m'avait parlé de vos chamailleries. Tout le monde dit que vous êtes comme chien et chat et que c'est dû à vos fortes personnalités. Mais moi, personne ne peut me tromper, ce sont des disputes de couples, intervient le prof, en balançant cette absurdité qui suscite naturellement chez moi, une folle envie de lui arracher sa langue.
- C'est quoi ces conneries ! Qui voudrait d'un mec égoïste et indifférent aux autres, comme petit ami ! Plutôt finir seule, que d'éprouver des sentiments pour cet individu ! je réplique avec agressivité.
- Tu t'es vu ? Tu ne vaux pas mieux que moi ! Qui voudrait aimer une fille sans cœur, qui ne croit pas à l'amour ? Tu finiras vieille, seule et aigrie ! Rétorque-t-il à mon attaque, irrité que je réagisse avec autant d'amertume contre lui.
Je bouillonne à l'intérieur, je me retiens de ne pas exploser. Il ne peut pas me laisser en paix, au lieu de me provoquer ! C'est un jeu pour lui de tourmenter les autres ! Je le déteste ! Cet idiot !
- Si ma mémoire ne me fait pas défaut, tu as clairement dit que : « L'amour est inutile », je pense que ce jour-là, tu voulais plutôt dire : « Que tu es inutile ».
C'est la goutte de trop qui fait déborder le vase. Il dépasse les bornes !
Je me précipite et me jette sur lui avec acharnement. Il parvient à me repousser mais, je continue de l'attaquer. Son sourire narquois m'agace de plus en plus, me rendant plus agressive.
Nous tombons au sol, sur les tapis. Je suis sur lui, le dominant. Il ne se débat plus. Ses yeux noirs ne quittent pas les miens. Il sourit toujours, ce qui m'insupporte. Je serre les dents aussi fort que possible, je souffre.
- C'est bon, tu t'es calmé ? murmure-t-il, déçu que le jeu cesse.
Je me redresse un peu pour davantage le contempler et lui décroche une gifle mémorable. Sa joue est marquée au fer rouge.
Je le déteste ! Je le déteste ! Je le hais !
Je me relève, le laissant se débrouiller pour se remettre sur ses pieds.
Il ne sourit plus. Je croyais qu'il m'en voudrait pourtant... son regard est tendre.
- Bon ! Votre relation semble s'être amélioré ! annonce le professeur, en mettant fin à notre dualité.
Je l'avais complètement oublié celui-là. Pourquoi est-ce qu'il ne m'a pas stoppé ?
Je le fixe interloqué, il parle de quoi ?
- Qu'est- ce que vous racontez ! Rien n'a changé ! C'est un crétin ! je proteste, en rejetant un regard noir à Elian.
Il ne semble pas préoccuper, ni perturber parce que vient de dire notre instructeur.
- Vraiment ? Dommage... j'aurais pensé que te laisser te défouler librement sur ton partenaire t'aurait fait du bien.
- Hein ! C'est quoi cette idée tordue ? Ça ne tourne pas rond dans votre tête ! je m'écris, complètement abasourdit.
- Eva ! Surveille tes manières ! C'est moi qui ai proposé à Mr. Jensen de te laisser me taper dessus pour que tu décompresses. Tu es une boule d'énergie remplit de colère, intervient Elian pour défendre l'enseignant.
Je serre mes poings. En quoi mon état d'âme le concerne ? C'est un égoïste qui ne se préoccupe que de son image, de sa réussite et je suis le bouler qu'il doit trainer. Je me tiens devant lui. Bien qu'il me dépasse d'une tête, je lui inflige une seconde gifle sur son autre joue.
Il est surprit, il ne s'attendait pas à celle-ci. Il scrute mon regard, pour comprendre ce geste.
- C'est pour équilibrer, je lâche, avant que je quitte la salle pour mon prochain cours à Rebirth.
Je retrouve Jade, Derek et le couple dans le salon.
- Bonjour Eva, nous n'attendions plus que toi, commente la femme avec gentillesse.
Je m'assois près de Derek qui est ravi.
- Ne te fait pas de fausses idées, je chuchote pour le mettre en garde.
Un immense rictus s'affiche sur son visage.
- Parlons d'amour, pas forcément des sentiments profonds, tel que tomber amoureux mais, apprécier une personne. Vous avez du mal à savoir comment exprimer ce que vous ressentez pour une personne ou alors vous réfutez cette affection.
C'est un sujet sensible, que je préfère éviter.
- Pourquoi refuses-tu les sentiments Eva ? me questionne Rachel, comme si elle me connaissait.
- Qui vous dit que je n'accepte pas l'affection des autres ? figurez-vous que j'ai des amies ! je clame, pour éviter qu'elle n'approfondisse le sujet.
- Pourtant « aimer » te fait défaut. Quelle en est la véritable raison ? Tu ne fais pas la différence entre apprécier tes amies et les aimer au point de te soucier d'elles, expose Aurélien sans tact pour que prenne conscience que j'ai besoin d'eux pour apprendre.
- Je ne vous permets pas de me parler ainsi ! J'ai assez entendu vos âneries pour aujourd'hui !
Je quitte la pièce précipitamment. Cette vérité fait mal, toute la rage accumulée contre ma mère refait surface. Si je venais à éprouver ce sentiment alors je serais surement capable de la pardonner et ça... je ne suis pas prête.
En ce qui concerne notre cours sur le terrain, nous ne faisons qu'écouter et observer ce que nous dit Ernest, il préfère que nous l'appelions par son prénom.
Au diner du soir, Océanne s'autorise à prendre la parole.
- J'ai parcouru vos dossiers sous la surveillance d'Argus afin de mieux vous cerner. Etant votre chef, je vous propose d'effectuer une mission, vous devrez confier à une personne de votre choix votre histoire et me faire un court rapport. L'objectif étant de consolider vos liens, renforcer l'esprit du groupe. Chacun de vous devra garder les histoires secrètes au risque de subir des sanctions. Je vous laisse un mois pour accomplir cette tâche, le temps que votre entrainement se finit. Si vous refusez ce devoir, Argus choisira votre punition.
Non mais pour qui elle se prend celle-là ! Elle débarque à peine et se croit supérieur à nous ! Elle se permet de nous donner des ordres. Il est hors de question que je confie la raison de ma présence. Je me lève, décider de ne pas l'écouter davantage.
- Où vas-tu ? m'interroge-t-elle, en me coupant dans mon élan.
- Je vais me coucher, tu m'as assez saoulé !
- De quel droit, tu oses me manquer de respect ! réplique-t-elle outrager par mon audace.
- Je n'ai pas de compte à te rendre, ni à t'écouter !
- Eva ! s'écrit Argus, mécontent de mon attitude.
Je soupire et part me réfugier dans ma bulle privée, quand une main me stoppe juste avant que je rentre dans ma chambre.
- Je peux savoir ce qu'il t'arrive ? Depuis ce matin, tu es agressive envers tout le monde, divulgue Elian, en gardant son sang-froid.
- Je suis fatiguée, ça te va comme réponse ?
- Non, dit-il, en restant courtois.
- Si tu es venue me faire la leçon, tu peux aller te ...
Il plaque sa main sur ma bouche. Je le regarde étonner par son geste.
- J'ai compris... tu as passé une journée éprouvante. Nous avons dû trop te pousser dans tes retranchements, ce qui explique que tu sois irritable. Argus, lui a demandé de te laisser un peu de répit. Il voudra surement te parler à un moment donné. Je voulais également m'excuser pour ce matin, si je t'ai offensé.
J'enlève sa main de mes lèvres.
- Si tu as fini, je vais dormir.
Alors qu'il s'éloigne, je rajoute une dernière parole.
- Merci.
Il pivote dans ma direction avec un sourire ravageur, je suis sûrement-là seule qui a dû le voir ainsi.
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