10.« ce que je cherche »

Je me réveille le plus tôt possible pour imprimer le dossier d'inscription. Ma mère et Simon m'observent tout en prenant le petit déjeuner. Nohan descend encore à moitié endormis.

— Bonjour tout le monde, s'exprime-t-il en baillant.

— Bonjour mon grand, réplique son père souriant.

Il vient dans ma direction, curieux de savoir ce que je suis en train de faire dès le matin.

— As-tu bien dormi Eva ? Que fais-tu ? me questionne-t-il en essayant de lire par-dessus mon épaule le document poser sur le bureau.

— J'ai bien dormi, merci. J'imprime mon dossier d'inscription pour le remplir, je déclare à voix haute pour que tout le monde entende.

Ma mère et Simon nous rejoignent.

— C'est une excellente nouvelle ! Pourquoi ne pas nous en avoir parlé ? Ton école se trouve où ? m'interroge-t-elle intéressée.

Je lui tends le document pour qu'elle le lise.

— Quoi ! C'est à Mightyheart ! C'est à environ six heures d'ici ! De plus, il s'agit d'un établissement disciplinaire ! Je ne veux pas que tu te retrouves parmi des délinquants ! c'est trop dangereux ! Je t'interdis d'y aller ! s'écrit-elle furieuse de mon choix.

— Ça ne te regarde pas ! c'est ma décision ! Je te rappelle que mon jugement ne précise nullement le type d'école que je dois fréquenter donc tu ne peux pas m'interdit d'y aller, je rétorque, agacée qu'elle veuille me contrôler.

— Tu n'iras pas là-bas ! Je veux te garder à l'œil pour éviter que tu ne fasses des bêtises.

— Tu n'as pas d'ordre à me donner ! Tu n'as pas à contrôler ma vie ! je m'énerve davantage contre elle.

— Je suis ta mère ! Tu me dois le respect !

— Je ne te dois rien du tout ! Tu n'es rien pour moi et ce depuis longtemps ! Comme tu ne sembles pas vouloir comprendre, je vais te le dire clairement : JE NE VEUX PAS RESTER ICI ! TE VOIR MET INSUPPORTABLE ! j' articule pour qu'elle me laisse en paix, une bonne fois pour toutes.

Elle se met à pleurer à cause de la dureté de mes paroles. Je monte m'enfermer dans ma chambre pour évacuer ma colère.

Je tape dans mon mur en bois pour me détendre jusqu'à m'écorcher les mains.

Nohan entre dans mon espace privé sans ma permission.

Il m'arrête et saisit mes mains pour les examiner.

— Tu t'es blessé... tu ne devrais pas te mettre dans un état pareil pour si peu, murmure-t-il, en caressant le contour de mes blessures aux phalanges.

— Ce n'est pas douloureux.

Nohan est quelqu'un de bien qui me soutient malgré mon caractère difficile.

— Je vais chercher la trousse à pharmacie pour te soigner et interdiction de protester.

Je m'assieds sur mon lit à l'attendre sagement. Il revient très vite et me soigne avec délicatesse.

— J'étais venu te dire que tu devrais retourner en bas, mon père a discuté avec ta mère pour lui faire changer d'avis.

— Simon est quelqu'un de bien, je relève timidement.

— Le tien aussi était un père formidable.

Je me fige en l'entendant évoquer mon défunt père.

— Tu as raison, il était le meilleur, je confie, en replongeant dans mes souvenirs passés.

— Tu veux bien me parler de lui ?

— Non, je ne suis pas prête. C'est trop douloureux de penser à lui, je conclue, en me dirigeant vers la porte pour me rendre en bas.

— Quand tu te sentiras prête, je serai ravi de t'écouter, lâche-t-il avant que je ne disparaisse dans le couloir.

Ma mère et Simon sont installés sur le canapé du salon.

Je me tiens face à eux.

— Nous avons discuté à propos de ton choix d'aller là-bas, à Mightyheart et nous acceptons ta décision à la seule condition qu'au moindre problème que ça vienne de toi ou non, tu rentres à la maison immédiatement, me propose-t-elle sérieusement.

Elle ne changera pas d'avis donc je dois me résoudre à accepter sa proposition.

— C'est d'accord.

Elle me rend les papiers complétés. Je me dépêche de les renvoyer au directeur par mail, je lui donnerais les originaux une fois sur place.

Je passe mon après-midi à attendre une réponse de mon inscription. Ma mère étant partie rendre visite à ses amies, je décide d'aller voir Simon pour lui exprimer ma gratitude.

Il est en train de préparer un gâteau pour ce soir, pour fêter mon admission.

— Eva, que puis-je pour toi ? me demande-t-il en me voyant hésitante à l'approcher.

— Je voulais te remercier de me soutenir et d'avoir convaincu Maude de m'autoriser à y aller.

— Je n'ai pas fait grand-chose. J'ai vu que cet établissement te tient à cœur, j'espère que tu trouveras ce que tu cherches, énonce-t-il, toujours souriant.

— Comment ça : « ce que je cherche » ?

— Oui, tu as perdu quelque chose de très important. J'ignore ce que sait mais cela est vital pour vivre. Sinon, tu ne serais pas aussi haineuse, remplie de colère envers ta mère, s'explique-t-il pleins de sous-entendus.

— Je présume que tu as raison.

— Aux moindres problèmes, n'hésite pas à me contacter ou Nohan, je suis sûre qu'il sera enthousiaste de te venir en aide, avoue-t-il avec un clin d'œil complice.

Sous les coups des dix-huit heures, j'obtiens enfin une réponse.

 De : <[email protected]>;

Pour : <EvaKline@rébellion.fr >;

Mlle Kline, je vous confirme votre inscription à Rebirth. Un chauffeur viendra vous récupérer demain à neuf heures chez vous pour vous conduire à Mightyheart. Je vous demande d'être ponctuel pour ne pas retarder le trajet. Je vous accueillerais personnellement afin que nous finalisons votre dossier et vous faire visiter le domaine.

Cordialement,

Le directeur

Durant le diner, je leur fais part de mon départ précipité demain matin. Ma mère ralle car tout va trop vite pour elle. Par chance, Simon est intervenu et la calmer. Celui qui est le plus attristé par cette nouvelle, c'est Nohan, seulement il garde le silence.

Je prépare ma valise et mes sacs, quand il vient dans ma chambre me présenter ses adieux.

— Tu vas me manquer, même si nous nous connaissons à peine.

— Toi aussi, tu vas me manquer. À ta manière tu as su me convaincre d'être ton amie, ce qui est un exploit.

— Je me sens honorer.

Il quitte la pièce pour que ma mère fasse son apparition.

— Eva, pouvons-nous discuter ?

— Désolé, mais je n'ai pas de temps à t'accorder, je réplique, en ignorant sa présence.

— Je veux être sûre que tu fais le bon choix.

— Je ne changerais pas d'avis ! je rétorque sur la défensive.

— Pourquoi est-ce que tu me détestes à ce point ? qu'ai-je fait de mal ? est-ce que tu m'en veux toujours pour ton père ?

— Tu n'as pas le droit de parler de lui ! Tu ne cherches pas à comprendre ! Puis, j'attends depuis longtemps quelque chose que tu ne me diras jamais alors je laisse tomber ! je dévoile froidement sans me retenir.

— Comment est-ce que je peux savoir ce que tu attends de-moi si tu ne me parles pas ? Dit moi ce que tu veux que je te dise pour apaiser ta colère envers moi.

— Ce serait trop facile de te dire ce que je désire entendre. Je ne veux que tu trouves par toi-même pour que tu comprennes mieux. Maintenant, laisse-moi, j' achève de mettre à terme à cette conversation sans fin.

Elle s'exécute sans protester. Je peux lire sur son visage la déception. Je suis attristée mais je n'irais pas lui demander pardon.

Je n'arrive pas à trouver le sommeil, j'appréhende la journée de demain.

Mon réveil sonne m'obligeant à me lever alors que je venais à peine de sombrer dans le sommeil. Je me prépare en faisant le moins de bruit possible.

J'attends patiemment dans le salon avec toutes mes affaires que le chauffeur arrive.

Simon, ma mère et Nohan se sont levés plus tôt pour me dire au revoir.

— Comment te sens-tu ? me questionne Simon pour détendre l'atmosphère plongée dans un pesant silence.

— J'ai hâte d'y être !

La sonnette retentit, je me précipite pour ouvrir.

— Bonjour, vous devez être Mlle Kline ? J'ai pour ordre de vous conduire à Rebirth, se présente-t-il sur un ton un peu trop formel à mon gout.

— Bonjour, en effet, je suis bien cette personne. Mes bagages sont dans le salon.

— Très bien ! Je vais les mettre dans la voiture pendant que vous faites vos adieux à votre famille, déclare-t-il, avant de commencer à charger le véhicule.

Je fais mes adieux chacun leurs tours. Je dis un simple au revoir à ma mère sans m'attarder. Puis vint le tour de Simon.

— Bon... je te souhaite de trouver ce que tu cherches et profites sans pour t'amuse également, dit-il, toujours souriant.

— Merci.

Je me place devant Nohan qui fait la tête.

— Tu vas me manquer, je confie peiner de devoir le laisser à nouveau seul.

Il me prend dans ses bras et m'étreint chaleureusement. C'est la première fois qu'une personne me démontre son affection depuis la mort de mon père.

— Je reviendrais vite, tu verras, je murmure, pour le rassurer.

Je leur fais un dernier signe d'au revoir de la main avant de m'engouffrer dans la voiture.

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