Chap XV
CHAP 15 :
La sortie du trou noir est comme un état de semi-conscience. Quelque chose qui enveloppe votre âme, vous ne ressentez que la moitié de votre corps, et vous sentez la texture pâteuse de votre palais. Les bruits sont à la fois faciles à entendre, mais si ensommeillés, ce qui provoque une sorte de flemmardise non voulue, vous ne pouvez pas vraiment entendre. Comme si vous étiez dans une transition où l'on vous transforme en sourd, pourtant, vous avez toujours l'ouïe !
La sensation de lourdeur qui prend votre être, votre esprit, est omniprésente. Tous comme vos paupières, qui s'obstinent à rester fermées.
Si quelqu'un m'avait dit que je me ferais avoir aussi facilement, je lui aurais ri au nez.
Je suis une Rebelle, une non soumise, une fille qui déteste les loups et ne vit que pour les tuer !
Soudainement, mes yeux s'ouvrent et je prends peu à peu conscience que mes forces me reviennent. J'ai soif, très soif, mes lèvres sont sèches, il me faut absolument trouver à boire. Rien que d'y penser, mon empressement à trouver un liquide glacé décuple.
Je tente de me lever mais ne parviens qu'à redresser ma tête. Je constate bien vite que je suis retenue par une corde. Ils n'ont pas trouvé mieux ?!
Je sens que mes cheveux sont répartis librement autour de moi, et que le chouchou, qui les retenait, a disparu.
Super, me voilà avec une touffe de cheveux façon « Rebelle de Disney ».
Je suis au milieu d'une petite pièce, ligotée au niveau de la taille sur une chaise en bois. Je prends le temps d'observer ma geôle, les murs sont gris, la pièce est faiblement éclairée.
Puis, j'entends des pas, des voix graves, sans oublier les ricanements forts d'individus à l'instant ou la porte s'ouvre.
Moi – Faîtes moins de bruits, je viens de me réveiller les abrutis.
Provoquer c'est comme jouer avec le feu, et je ne peux m'en empêcher. J'adore voir leurs tronches lorsque la rage les saisit.
Susceptibles !
Moi – On rit moins ?
Un homme s'approche de moi, tape sur ma chaise avec son pied et en retour à sa réaction, je ne peux m'empêcher de rire sans m'arrêter...
Homme – Il t'en faut peu pour rire sal*** !
Garde ton calme Mandy, provoque les, fais les suer.
Moi – Il en faut, peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux... !
Une gifle, Une !
Homme – Ta gue*** !
Je siffle en souriant, ressentant vivement la trace de sa main sur ma joue.
Moi – Mais il est en colère Balou !
L'homme serre les dents dévoilant un trou béant à l'intérieur de sa bouche vers le bas.
Homme – Ferme-la, et donne-nous la monnaie !
Je penche ma tête sur le côté, l'incompréhension montant en moi.
Moi – L'argent ?! Quel argent ?!
Et hop, un coup de poing ! La rage me saisit tandis que ma mâchoire me tire.
Homme – Te fous pas de moi ! Il a dit que tu nous apporterais 4 millions d'euro ce soir !
4 millions ? Si j'étais aussi riche, je serais sous une plage ensoleillée au mieux de rester avec ses débiles mentaux.
Il ? Qui il ?
Moi - Qui est ce « il » ?
Homme – On s'en casse ! Passe l'argent grognasse !
Je me balance sur ma chaise, me penchant en avant, puis m'arrête à l'aide de mes pieds. Une mèche de cheveux retombe sur mon faciès, et un sourire forcé apparaît sur mon visage rougi par le coup de poing et la gifle. Je profite de la proximité du type et de mes jambes libres pour lui envoyer un coup de pied, bien senti, dans ses parties sensibles.
Moi – Ecoute-moi bien bouffon, je t'ai laissé jouer trop longtemps, maintenant je te conseille de me décrire tout de suite ce « Il », avant que je te fasse bouffer ta langue ! Compris ? Oh, et tu pourras dire adieu à tes 4 millions.
Il serre les poings, résiste à l'envie de me coller une beigne, et après un long moment de réflexion, ou son cerveau doit sans doute penser aux quatre millions, me répond :
– Un loup garou, aux pupilles jaunes...
Encore cette enflure, j'aurais dû m'en douter.
Moi – Tu t'es fait rouler mon gros !
Il fronce les sourcils et me dévisage.
Moi – Le gars dont tu parles, en a après moi, et moi j'en ai après lui. Bref, on joue au chat et la souris tous les deux. Et détrompe-toi, ce n'est pas lui le chat. Je te résume, en gros, pour que tu me captures, et pour me faire tourner en bourrique, comme ça l'amuse à 1 000 %, il t'a fait croire que j'avais quatre millions. Risible lorsqu'on sait qu'il n'y a pas si longtemps, je vivais dans une cabane abandonnée. Capich le pois chiche ?
Il réfléchit quelques minutes, puis son visage prend, peu à peu, une couleur rouge. Il sort instantanément de sa poche de pantalon un couteau, je fronce les sourcils tandis que l'arme se dirige vers moi. Soudainement, dans un fracas assourdissant, un gros loup noir apparaît dans la pièce, de je ne sais quelle entrée, et se jette sur le bras de l'homme.
Un seul nom surgit dans mon esprit.
Kyle.
Ses crocs solidement ancrés dans la chair de mon agresseur, Kyle émet un grognement effroyable. Ne voulant pas rester sur la touche, je gigote dans tous les sens essayant d'enlever cette maudite corde, et alors que je mène un combat avec celle-ci, j'entends des pas approcher, sûrement alertés par le vacarme.
Un autre loup au pelage gris, marron et blanc entre dans la pièce. Son corps est plus fin, et j'en déduis que c'est une femelle.
Elle tourne sa tête vers moi, s'avance et agrippe prudemment ses crocs à la corde. Après une pression de quelques secondes, la corde tombe à terre et je peux me relever à l' instant où davantage d'hommes nous entourent.
La louve bondit rapidement vers l'un d'eux et lui arrache la trachée d'un seul coup bref.
Je ne fais qu'assister au carnage ne trouvant pas mes repères.
Une fois que les deux loups ont réglé leur compte à mes agresseurs, ils se tournent vers moi et modifient leur apparence sous mes yeux qui se ferment à nouveau.
Un rire féminin s'échappe dans la pièce puis un grognement masculin la fait taire, je me risque à ouvrir un œil et me focalise sur leur visage.
Moi – Kyle, Claire.
Ils se tiennent devant moi, leurs corps recouverts de sang et je ne me risque pas à regarder davantage.
Je me relève encore sonnée et fixe mes yeux dans celui de mon âme sœur.
Moi – Tu aurais dû rester avec ta meute.
Il m'offre un petit sourire carnassier et Claire me saisit par le bras ignorant mon regard mauvais.
Nous longeons les couloirs, et je dois me frayer un chemin parmi les dizaines de corps qui jonchent le sol.
Ils n'ont pas pu tous les tuer à eux deux, ils sont, certes, des loups mais ils ne sont pas invincibles.
Je ne dis rien malgré mon envie de les assassiner tous les deux. Nous continuons de marcher et je sens le regard pesant de Kyle sur mon dos.
Mes sentiments sont confus, je m'embrouille dans mes émotions. Il n'y a pas si longtemps, je le détestais, puis je l'ai aimé... Je suis tellement indécise, cela me rend complètement folle. Mon esprit de rébellion me pousse à m'éloigner de lui et le lien nous reliant, à me blottir contre lui.
Perdue dans mes pensées, je m'aperçois seulement que nous sommes parvenus à l'extérieur, et dès que mes yeux s'habituent à la lumière perçante du soleil, je distingue plusieurs silhouettes... la meute.
Ils sont là devant moi à me fixer avec soulagement. Comment peuvent-ils vouloir m'aider en sachant qu'a de nombreuses reprises, j'ai essayé de m'échapper des leurs, et ai causé de nombreux dégâts.
Visiblement rassurés, ils se « check » en découvrant leurs dents imbibées de sang et s'envoient rouler au sol à coups de cul. Claire, à mes côtés, vérifie les traces d'hémoglobine sous ses ongles et Kyle approuve de la tête leur débordement. Mon cerveau trace des triangles à 180°, me faisant perdre la tête et un message d'alerte très clair surgit dans mon cerveau comme si une lampe venait de s'allumer.
Je suis tombée dans une meute de tarés.
...
Malgré tous mes efforts pour les convaincre de me laisser encore quelque temps toute seule, me voilà embarquée dans une voiture, Kyle à ma gauche, Claire devant à côté du chauffeur.
Moi - Où est mon frère ?
Claire tourne la tête puis m'adresse un sourire contrit. Ses longs cils habituellement maquillés de mascara sont un peu rougis par du sang, et ses lèvres ont perdu toute trace de maquillage.
Kyle, lui n'arrête pas de me regarder, et même si mon ego est flatté de son regard rivé sur moi, j'ai une envie furieuse de lui faire avaler ses yeux. Maudit chien, à cause de lui, je n'ai pas été au bout de toutes les croix sur le plan.
Claire - Je ne sais pas.
Ses mots détachés me glacent le sang. Ne sont-ils pas toujours collés ensemble ? Cette histoire part vraiment dans tous les sens.
Moi – Comment ça, tu ne sais pas ?
Elle se concentre quelque peu sur la route, son regard est fixe et je remarque que ses mains s'ouvrent et se referment à la façon d'un poing. J'interprète immédiatement son silence, certaine à présent que quelque chose ne tourne pas rond. Je prends une grande respiration car je commence à bouillir à l'intérieur dans l'attente d'une réponse qu'il ne vient pas.
Je jette donc un regard à Kyle pour qu'il m'en dise plus, mais ce dernier semble m'ignorer alors qu'il y a quelques minutes il me dévorait des yeux.
Stupide loup !
Moi - S'il est arrivé quelque chose à mon frère vous allez mourir !
Ma voix est déterminée, même si tuer Kyle ne figure pas vraiment dans mes projets.
Claire – Ton frère « chéri » va bien.
Sa phrase emplie de jalousie me fait froncer les sourcils, il s'est passé quelque chose entre elle et lui. Elle habituellement d'humeur si joyeuse, je ne la reconnais plus, mon dieu que la vie est étrange !
Je la vois s'enfermer à nouveau dans son silence et je commence à en avoir marre que l'on me prenne pour une imbécile.
...
Enfin arrivée chez eux après un silence interminable, j'ouvre violemment la portière et me dirige à pas vers la villa.
Parvenue à l'intérieur, je cherche dans toute la maison mon crétin de frère, pour le trouver affalé sur le canapé d'où il me fait un geste m'invitant à prendre place à ses côtés.
Je le rejoins, m'installe sur le canapé et l'interroge.
Moi – Qu'est-ce qui s'est passé pendant mon « absence ».
Il me sourit amèrement et fraternellement à la fois.
Jack – Rien du tout !
Faux, faux et encore FAUX.
Moi – Dis-moi la vérité.
Je soupire, lasse de tous ses non-dits.
Jack – J'ai juste évité Claire pendant que tu n'étais pas là, c'est un peu de leurs fautes si...
Il n'a pas le temps de finir que je lui colle un petit coup de poing sur la tête devant son regard blasé.
Moi – C'est MON choix, je n'obéis à personne, pourquoi serait-ce de leurs fautes ? Et, n'étais-tu pas amoureux d'elle ?
Mon frère haussa un sourcil.
Jack – J'ai fait semblant...
Il ment, il ressent quelque chose de fort pour Claire, j'en suis sûre.
Moi - Bon, et bien, je ne parle pas avec des menteurs.
Je me lève, et pars me réfugier dans la chambre que j'occupais auparavant.
...
Moi – Kyle.
Je le regarde entrer dans la pièce, allongée sur le petit meuble canapé.
Kyle – Mandy.
Je roule des yeux devant sa répartie.
Moi – Ça fait longtemps.
Kyle – Pas tant que ça.
Un sourire taquin fleurit sur ses lèvres, et je ne pense qu'une chose :
C'était lui.
Moi – Tu m'as suivi pendant tout ce temps ?
Je ne suis pas énervée contre lui. Après tout, quelque part au fond de moi, je savais qu'il était là et sa présence était réconfortante.
Kyle – Oui. Tu m'as manqué.
Lui aussi.
Je me mords ma lèvre inférieure.
Moi – Pas toi.
Menteuse me souffla une petite voix.
Il sourit dévoilant ses dents.
Kyle - Ton cœur bat très vite.
Punaise de lien, je ne peux cacher mes points faibles.
Moi - Normal, je viens de me voir dans un miroir et je suis tombé amoureuse de mon reflet.
Il rit.
Kyle – Tu ne perds pas ton sens de l'humour.
Je regarde mes ongles puis lui montre mes dents.
Moi – Ni la forme.
C'est pour cela que je vais étriper l'assassin, mais pour cela, il faudrait qu'un gentil loup me laisse y aller.
Kyle – Tu veux y aller ?
Je l'observe, si je dis oui, acceptera-t-il ?
Je sais que même s'il refuse, j'irai tout de même. Pourtant, s'il acquiesçait, je serais en partie rassurée, car doucement, il prend une place dans mon cœur et la distance de ces derniers jours me l'a confirmée. Seulement, lui dire serait sans doute une grave erreur.
Je hoche donc la tête et attends sa réaction.
Il s'assoit sur le canapé, me regarde, attisant ma curiosité.
Il prend le temps de m'épier, lentement, et pendant ce long moment, ma confiance diminue.
Kyle – Je veux bien, mais tu sais qu'il y aura des conditions.
Je me renfrogne, redoutant la proposition à venir. J'espère pour lui qu'il ne va pas trop abuser, sinon mon genou va flancher.
Kyle – Tout d'abord je veux t'accompagner.
Ma respiration se coupe quelques instants.
Kyle – Et après, je veux que tu m'acceptes, je veux pouvoir te marquer.
Saisie d'une panique subite, je ne contrôle pas mes réflexes et mon genou m'échappe... Heureusement, le coup n'est pas fort. Kyle, tout en essayant de cacher sa faible douleur, attend ma réponse.
C'est sûr, on peut m'enterrer six pieds sous terre, je suis au bord de la mort.
Que dois je faire ?
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