Chap IX


CHAP 9 :

19h 30, Je descends l'escalier le plus discrètement possible, espionnant le long de ma lente progression l'assemblée. Il y a déjà beaucoup de monde, des loups, encore des loups, trop de loups. Tous sont habillés chic à l'exception de certaines filles. Elles semblent avoir oublié le bon goût et sont fringuées comme des prostitués.

Alors que j'atteins la dernière marche, je vois Kyle face de moi.

Dire qu'il est moche serait mentir. Il a revêtu un costume sobre mais élégant, le rendant époustouflant. Je le regarde de haut en bas comme s'il était une crêpe au Nutella et constate que lui aussi me dévore des yeux.

Il me fait un sourire craquant à faire fondre un iceberg.

Kyle – Tu es magnifique.

Moi - Oh, et toi qu'est ce que tu es sexy !

M'apercevant que j'ai pensé à voix haute, Je mets mes mains devant ma bouche. Je n'ai pas dit ça ?

Mes joues s'échauffent et je les maudis de me trahir en prenant une couleur écarlate. Je n'ais qu'une envie, creuser un trou pour m'enfoncer dedans !

Lui, sourit de plus belle dévoilant ses dents parfaitement blanches. Au lieu de me dire, comme certaines filles, que c'est « craquant », je ne peux m'empêcher de penser au chat « d'Alice au pays des merveilles », le chat de Cheshire qui sourit comme un psychopathe.

Alors que je me frappe mentalement, quelqu'un tape dans ses mains invitant tous les invités à s'installer à une grande table dressée pour l'occasion.

Kyle me tends la main que j'accepte avec réticence.

Il me conduit à une chaise située juste à côté de la sienne en bout de table.

Durant le repas, les conversations vont bon train, chacun parlant de tout et de rien.

Après diner, quelques invités aident à pousser la table et tandis que les lumières se tamisent, la musique envahit la pièce. Kyle en parfait hôte circulent entre eux et je mets en œuvre mon plan de découvrir les passagers secrets.

Je regarde Lucky, mais non, je ne le trahirai pas une deuxième fois sa confiance, je ne l'utiliserai pas.

Par contre, Augustin me semble la proie idéale. Je plaque un sourire enjôleur sur mon visage et me dirige vers lui.

Moi – Tu danses avec moi ?

Augustin – Et Kyle ?

Moi – Il est occupé

Augustin – Ok avec plaisir

Après un tour sur la piste de danse, je fais mine d'avoir chaud et me penche à l'oreille d'Augustin.

Moi – J'ai trop chaud, on sort ?

Augustin – Ouais si tu veux.

Augustin se dirige vers la porte et le je le retiens par le bras

Moi – Et si on empruntait le passage ? C'est plus sympa.

Augustin – Tu connais le passage ?

Moi levant les yeux au ciel – Kyle n'a pas de secret pour moi. Ne suis-je pas sa Luna ?

Augustin – C'est vrai. On y va

Moi – Après toi

Augustin passe devant moi, et après un rapide coup d'œil vers Kyle qui ne nous voit pas nous éloigner je lui emboite le pas.

Augustin se dirige vers les chambres du bas, et ouvre l'une d'elle.

Il pose sa main sur une veilleuse et par miracle j'entends un coulissement. Le mur et le lit qui était contre, se décalent tous seuls pour faire place à un trou béant donnant sur un escalier souterrain.

Nous descendons pas à pas le long de l'escalier, et un froid de canard se fait ressentir, et encore un canard y serait mort... !

Le noir règne au bas de l'escalier, impénétrable, enfin presque, une lampe posée dans une ouverture du mur attend d'être utilisée.

Je mets ma main sur l'épaule d'Augustin

Moi – En fin de compte, il fait si froid ici qu'il vaut mieux retourner à l'intérieur. Je crois que Kyle t'en voudrait si j'attrapais froid.

Augustin – Tu as sans doute raison, je préfère éviter qu'il n'amoche pour visage de séducteur.

Je pars d'un grand éclat de rire et nous remontons vers la chambre. Je laisse Augustin s'occuper de tout remettre en place, sors de la chambre et réapparais dans le salon.

A mon arrivée, toutes les têtes se tournent vers moi.

Claire – Tu étais où tout ce temps ?

Merde, merde, merde... Vite, vite, vite, il faut que je trouve un argument...

Moi - ... J'étais aux toilettes... faire mes gros besoins !

Je la plante là, la bouche grande ouverte, et avance vers le salon où Kyle et en grande discussion avec une fille qui me tourne le dos.

- Comment peux-tu être avec ce déchet ! Elle n'est pas plus belle que MOI ! Et puis elle fait partie des faibles, ses humains minables !

Je contourne la personne qui vient de me traiter de déchet et de faible, et je tombe sur la hyène. Elle est encore habillée comme si elle allait dans un bordel et maquillée façon clown maléfique.

Toutes les conversations se sont stoppées et les regards sont braqués sur elle, moi et Kyle.

D'un geste de la main, je fais signe à Kyle de ne pas intervenir.

Hyène - Elle ne sait rien faire, et puis elle est tellement pathétique que même ses parents ne sont pas présents à la fête, ils ne doivent pas être fiers de l'avoir pour fille !

Ok, elle peut dire ce qu'elle veut, mais dire ça non ! Je peux tout accepter mais pas ça, je serre les poings et me mords la langue si fortement que le goût du sang envahit ma bouche. Jack me regarde persuadé qu'elle a signé son arrêt de mort.

J'essaye autant que je le peux de garder mon calme.

Hyène – Une fille comme elle, ne mérite même pas de jeter mes poubelles !

Elle se redresse la tête haute. Fière de faires des rimes en plus ?

Moi – Tu veux faire des rimes ? On va en faire.

Je reste stoïque en apparence m'entourant d'un calme déstabilisant.

Moi – Tu es bonne qu'à être bouffonne. Tu te déhanches alors que t'es qu'une planche. Tu flambes alors que tu ne sais qu'écarter les jambes ! T'en veux d'autres ?

La catin est clouée sur place, rouge de rage et moi j'ai juste envie de lui enfoncer sa tête dans sa flûte de champagne.

Kyle – Mandy...

Je le toise de haut avec mépris. Quand on parle de mes parents, on déclenche une bombe.

Moi – QUOI ?! Tu veux la défendre ! Vas-y ne te gènes pas, j'en ai rien à foutre ! Mais toi la catin retiens bien ça dans ta tête, tu reparles encore une fois de mes parents et je t'explose compris ?!

J'ai toujours été impulsive alors avant de commettre un acte irrémédiable je me dirige vers la sortie.

J'ouvre la porte à la volée et sors, j'enlève mes talons qui me font un mal de chien et les tiens dans une main.

La rosée du soir me rafraichit les pieds et je marche à pas de géants vers je ne sais où...

Je continue de fulminer en avançant et entends une voix au loin.

- Mandy !

Je me retourne, la haine plein les yeux.

Kyle courre vers moi affolé.

Je me remets en marche ignorant ses appels incessants.

Puis en ayant marre, je me tourne vers lui.

Moi – QUOI ?!

Il arrive à ma hauteur et sans me demander mon accord, me prend la main et m'entraine en courant dans une autre direction.

Il ralentit le pas quand nous arrivons sur un petit pont au dessous duquel s'écoule une rivière. Les lucioles sont présentes partout autour de nous. Romantique ? Non ! Pathétique ? Oui !

Pourtant je me laisse emmener sur ce pont ou règne un calme apaisant. Je m'accoude au rebord me laissant transporter par la douceur du soir, et me calmant peu à peu.

Kyle reste à côté de moi et comme moi reste silencieux.

Sentant son regard lourd sur moi, je me tourne vers lui. Ses yeux brillent telles deux pierres précieuses.

Il passe sa main sur ma joue et d'instinct je me recule. Il laisse pourtant sa main sur ma joue attrapant au passage une mèche de mes cheveux qu'il replace délicatement derrière mon oreille. Je frémis à son contact oubliant toute haine. Mes yeux sont fixés sur les siens n'arrivant pas à s'en détacher.

Kyle – Mandy, je te comprends. Je ne sais pas ce qui est arrivé à tes parents mais vu ta réaction, je sais que cela a dû être difficile.

Sa voix est douce et réconfortante.

Kyle – J'avais un grand frère, il est mort d'une crise d'épilepsie. Peu de gens le savent mais l'épilepsie est parfois mortelle. C'est très rare chez un loup garou, mais c'est arrivé. Il a expiré dans son sommeil. Le système nerveux commandait ses fonctions vitales, dans la nuit sa respiration s'est coupée, et il a fini par en mourir. J'avais 4 ans à cette époque, il en avait 6.

Kyle regarde dans le vide, son visage empli de tristesse. Depuis que je l'ai rencontré, je ne l'ai jamais vu comme ça. Il a perdu un être cher, comme moi. Je ne le vois plus comme le loup garou que je hais, non, je le vois, à cet instant, comme une personne remplie d'une grande humanité. Comme à chaque fois que je découvre en lui une facette de sa personnalité inattendue et merveilleuse, mon cœur s'emballe à 1 000 à l'heure.

Kyle me regarde. Un frisson se propage sur ma chair alors qu'une boule se forme dans mon ventre. Ma bouche devient soudain sèche et je l'humidifie avec ma langue. Mes lèvres s'entrouvrent légèrement et ses yeux se posent sur celles-ci. Inconsciemment, je fixe à mon tour ses lèvres.

Kyle me murmure – Tu as un effet fou sur moi, Je ne veux pas te perdre, tu es la seule qui compte.

Je ne cesse de l'observer, sa main toujours posée sur ma joue.

Depuis sa confession sur son frère, il a perdu toute crédibilité d'être un féroce loup garou.

Il se penche lentement vers moi, je suis incapable de bouger. Nos nez se frôlent et son souffle chaud se répand sur mes lèvres. Puis lentement, comme s'il me laissait le choix de le repousser, il dépose ses lèvres sur les miennes.

Mon premier baiser, malgré mon caractère de femme libérée j'ai attendu pour l'offrir à celui qui le mériterait. Et il parvient à me le prendre. Son baiser est doux, délicat, tendre. Ses lèvres s'accordent aux miennes dans un ballet de plus en plus fougueux, et une armée de papillons emplissent tout mon être. Je me presse contre lui en savourant chaque sensation nouvelle.

Quand il se détache de moi à contrecœur, je me rends compte qu'il n'y a pas de retour en arrière.

J'ai embrassé un loup garou, et pire, j'ai aimé ça.


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