Je rentre dans le garage souterrain et L'Arbalète me suit avec le 4x4. On se gare et on descend de nos voitures respectives, prenant armes et sacs à dos. Je les vois dévisager l'endroit ainsi que l'autre voiture, une Jeep Wrangler, et les deux motos, des Suzuki 450 RMZ, dans le fond. À ma surprise ils ne posent pas de questions, sans doute intrigués de voir d'autres véhicules que la Camaro. Toujours en silence on quitte le sous-sol pour rejoindre les rues de Washington et regagner l'immeuble où je loge.

— Il n'y a pas d'ascenseur et quinze étages.

Ash et Douze grimacent mais ne disent rien. On monte les escaliers en silence jusqu'au loft où j'ai élu domicile. J'ouvre la porte et me décale pour qu'ils puissent entrer.

— Bienvenu chez moi.

Ils entrent et scrutent l'endroit, les meubles, la disposition des pièces, les lumières, la table  à dessin d'architecte et les écrans sur le bureau à côté.

— C'est...

— Incroyable.

— J'allais dire en plutôt bon état mais incroyable marche aussi.

— La lumière, les ordinateurs... Si on ne regarde pas à l'extérieur, ça a l'air d'un appartement normal.

— T'as fait tout ça toute seule ? Depuis que t'es arrivée ?

— Doucement les questions.

Je rigole nerveusement en me touchant le bras comme je le fais à chaque fois que je suis mal à l'aise. Après avoir refermé la porte, je reste adossée contre elle pendant qu'ils déambulent de manière plus approfondie dans le loft. C'est d'abord étrange de les voir ici, dans cette bulle d'intimité que je me suis créée. Mais je suis réellement soulagée qu'ils soient là, vivants.

— On s'assoit ? On a du temps à rattraper non ?

L'Arbalète acquiesce et part s'installer dans le canapé.

— Vous pouvez lâcher vos armes, personne n'entrera ici.

Ils hésitent un instant mais obéissent sans rien dire et je vais les rejoindre en m'asseyant sur le tapis derrière la table basse qui me sépare d'une bonne distance du canapé. Je remarque rapidement que Maxance me dévisage du coin de l'oeil.

— Tu as l'air... différente. En bonne santé. Mais différente.

J'ignore sa remarque, je ne veux pas encore parler.

— Racontez-moi d'abord comment vous êtes arrivés ici. Et avec l'un des véhicules du Bâtiment en plus.

La façon dont ils se regardent me confirme qu'il y a quelque chose qui cloche. Le même regard que l'on s'échangeait devant Ulrich après la rencontre avec le Dégénéré de la Zone 3. Aucun d'eux ne semble vouloir parler. Douze soupire et prend finalement la parole.

— Après que tu sois partie, le lendemain matin on t'a cherché dans la maison pendant qu'Ash et Maxance faisaient le tour du quartier pour voir si tu n'étais pas partie te balader...

— Des gardes du Bâtiment ont débarqués pour nous arrêter. Ils ont fusillé la maison et ils nous ont emmenés, Evie, Douze et moi.

Je regarde instinctivement Ash et Maxance.

— Vu qu'on rôdait dans le quartier, on a pu se cacher avec Ash. On a vu la scène et sur le coup on a vraiment cru qu'ils venaient pour les tuer avant de repartir ni vu ni connu. Mais non. Quand on est retournés dans la maison, Ash a trouvé les puces et il a compris pour les GPS dans les armes.

— Ces salauds savaient depuis le début.

Visiblement Douze ne digère toujours pas la situation.

— On est retournés au Bâtiment pour se séparer dans le but de retrouver les autres et partir mais on s'est fait prendre et ils nous ont mis en cellule avec le reste de l'Unité. Ils nous ont fait passer des interrogatoires avec les Dirigeants, les psychologues, les scientifiques...

— Ils nous ont posés tellement de questions, ça a duré des heures... Des jours...

— On ne mangeait pas, on ne pouvait pas boire, ni bouger. C'était interminable.

— Qu'est-ce qu'ils voulaient ?

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