Ils sont là. Je n'avais pas entendu mon prénom depuis plus d'un mois maintenant et je ne pensais pas l'entendre d'eux. Ils sont vraiment là. Ils sont venus. Tous les cinq. Ils trottinent entre les tombes jusqu'à moi. Leurs regards indiquent qu'eux non plus ne réalisent pas. Sans que je puisse réagir, Evie me fait une rapide accolade et j'avoue que j'aurais aimé qu'elle dure plus longtemps, que je puisse m'agripper à elle et prendre le temps de réaliser qu'elle est vraiment là.

— Vous êtes là.

— Oui. Et toi aussi.

— On avait tellement peur que tu ne sois plus là ou qu'il te soit arrivé un truc. Ça fait des mois.

— Il fallait attendre le bon moment.

— Il paraît.

À en juger le regard que lance le reste de l'Unité à Douze, je comprends qu'il a attendu comme je le lui avais demandé.

— Merci.

C'est à lui que je m'adresse et si je ne m'attends pas à ce qu'il me saute au cou, son signe de tête entendu me conforte dans l'idée qu'il ne m'en veut pas. Ou plus.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu as trouvé des infos ? Comment tu survis ?

— Doucement.

Je ramasse mes feuilles et mes crayons que je range dans mon sac avant de récupérer mon fusil posé au sol.

— On a loupé beaucoup de choses ?

— J'ai tellement à vous dire. J'espère que vous n'avez pas pris trop de risque jusqu'ici. Les Dirigeants vous ont laissés partir pour me récupérer ?

Ils se regardent tour à tour d'un drôle d'air. Plusieurs mois séparés et sans liens, si moi j'ai certaines choses que je veux leur raconter, eux aussi. Ça se voit rien qu'à leurs mines creusées et fatiguées. Ils ont l'air épuisés.

— Suivez-moi.

— Il faut qu'on récupère le 4x4.

— Il est où ?

— On l'a laissé à l'entrée de la ville, près d'un quartier résidentiel et d'un panneau qui indique la direction du Cimetière.

Je regarde autour de moi. Le Cimetière est entouré de végétations, ils ne pourront pas me rejoindre ici.

— Retournez-y et attendez-moi. Je récupère la voiture et je viens vous chercher. Le seul accès au Cimetière par la route c'est à côté du parc où je suis garée.

Ils acquiescent et on retraverse le Cimetière en silence avant de se séparer une fois arrivé à la Camaro. J'ouvre la portière et m'apprête à monter avant de me stopper dans mon élan.

— Une fois au 4x4, ne bougez pas d'où vous êtes.

Je ne dis pas ça pour leur faire peur mais vaut mieux qu'ils ne prennent pas de risque. Ils s'éloignent par la forêt d'où ils ont dû arriver et je monte en voiture pour prendre la route et longer la ville afin d'arriver de l'autre côté. Quand j'arrive je les vois en train de discuter autour d'un des 4x4 du Bâtiment, ils n'ont pas rigolé en leur confiant l'un de leurs véhicules. Je n'ai pas besoin de descendre de la voiture pour leur indiquer de me suivre. L'Arbalète s'installe au volant, Douze est à côté de lui et les trois autres montent à l'arrière. Je démarre et on roule jusqu'au pont Roosevelt pour rejoindre le centre de Washington. L'Unité est de nouveau au complet. Je ne suis plus seule.

💥💥💥