Chapitre 1

Jess.


Je tangue, je le sens. Tout mon corps est doucement balloté. Je reconnais la sensation de l'eau en dessous de moi. L'atmosphère est humide comme elle le serait proche d'une rivière ou d'un lac.

Je n'ai pas encore ouvert un œil. Une migraine tiraille bien trop férocement mon système nerveux pour cela. Je devine que nous sommes en pleine journée à l'intensité de la lumière.

Les clapotis de l'eau s'intensifient. Quelque chose approche.

-Vous allez bien ?

Cette voix m'est étrangement familière. Elle m'évoque un sentiment de déjà vu. Je concentre toute mon énergie sur la libération de mes paupières. Un ciel bleu sans nuages à l'horizon m'apparaît. La douleur s'évanouit.

-Miss ?

Je suis visiblement dans une barque. Incrédule, je me dresse, à présent en position assise, la vision à laquelle j'assiste m'effare. Ma bouche s'entrouvre sous l'ahurissement. Ce vieux château, je le reconnaîtrais entre mille.

-Excusez-moi d'insister Miss, mais vous m'inquiétez.

J'en avais presque oublié cette voix familière. Il est là, sur sa propre barque, légèrement penché vers moi. Mon dernier brin de rationalité se liquéfie. Je laisse le garçon me serrer la main.

-Harry Potter, enchanté. Je vais vous accompagner à l'infirmerie de l'école, d'accord ? Avec un peu de chance Miss Pomfresh n'aura pas pris sa retraite, marmonne-t-il plus bas.

Je le dévisage un instant. Les lunettes rondes, la baguette dans sa poche droite, mais surtout la cicatrice sur son front. C'est sans équivoque, je suis bien en face du protagoniste de J. K.Rowling.

-Quel est votre nom?

-Je-Jess Johnson.

En tentant de récupérer Lau, Jack m'a expédié ici. C'est invraisemblable.

Ne pouvant se soumettre à l'idée de me laisser naviguer seule, Harry m'invite à m'assoir à côté de lui. Aidée de son bras, j'embarque.

-À tout hasard...

Il acquiesce.

-Vous n'auriez pas eu vent de l'arrivée d'une certaine Laurene Cooper?

-Je ne connais pas ce nom, désolé.

Cela aurait été trop beau. Je soupire. La barque se dirige d'elle-même. Nous prenons la direction de Poudlard.


---

Lau.


Je me rappelle Jack. Je me souviens de son anxiété. Je suis presque certaine que nous étions dans sa chambre lorsque tout cela s'est produit. Je me souviens de ces drôles de fourmillements qui ont envahis mon corps, puis rien.

Je suis étendue sur un sol dur. Le brouhaha est lointain. Je masse doucement mes tempes avant de lever la tête. Deux yeux jaunâtres apparaissent devant les miens. Je pousse un hurlement, le spectre en fait de même. Un spasme m'entraine naturellement vers l'arrière. Je rampe aussi loin que possible de l'homme flottant. Je suis dans un long corridor, seule avec cette chose.

-Miss ! Ce n'est pas une façon de traiter vos aïeux, voyons !

-Qu-qui êtes-vous?

-Sir Nicholas de Mimsy-Porpington.

Deux adolescents passent, ils sont recouverts de capes et de cravates aux couleurs divergentes. L'une est bleue, l'autre verte. J'ai déjà vu cela quelque part.

Ils saluent poliment le fantôme qui abaisse sa tête en signe de respect. Je vois la nuque du mort s'ouvrir puis se restaurer. Je déglutis en constatant que je privatise à nouveau son attention. Dans quel guêpier Jack m'a-t-il encore fourrée ?

-Vous ne m'avez pas donné votre prénom en contrepartie, me fait remarquer Sir Nicholas.

-Laurene!

Le ton autoritaire de mon frère me parvient. Abasourdie, je tourne lentement la tête vers la gauche. Il se tient droit, les mains sur les hanches, prêt à en découdre. Je ne l'ai pas vu depuis des années et le voilà à mes côtés dans cette étrange situation.

-Je te cherche depuis des heures ! La directrice t'attend ! Tu me faisais déjà honte avant d'arriver ici, n'aggraves pas ton cas veux-tu.

-Professeur,

Le fantôme exécute encore ce drôle de salut avec sa tête décapitée.

-Vous pouvez prendre congé Sir Nicholas, je m'occupe de ma sœur.

J'ai conscience de ce qu'il se passe. Je sens la main de mon frère agripper mon poignet. Mes pieds peinent à suivre son pas pressé. Je vois les escaliers se mouvoir d'eux-mêmes. J'entends les portraits des murs de ce rocambolesque château me parler. Pourtant, je ne contrôle rien. Je suis dans un état second. Mon esprit requiert davantage de temps pour assimiler ce qu'il se passe. Où suis-je exactement ?

Peter s'adresse à la statue d'un lion. Celle-ci nous dévoile des escaliers. Tout ceci n'a pas de sens. Mon frère répète que nous sommes en retard comme un vieux disque rayé. Je n'aurais jamais cru le revoir.

Le bureau est impressionnant. Il regorge de trophées et de friandises. Le siège du bureau qui nous faisait dos finit par se retourner. Je comprends enfin où nous sommes.

-Harry Potter !

L'ancienne directrice de Gryffondor arque un sourcil. Jess me rabâchait les oreilles avec sa passion pour Minerva McGonagall. " C'est une grande femme Lau, une des meilleures". C'est donc dans cet univers que le vampire m'a expédié. Certaines choses prennent enfin du sens. Parmi elles, la présence d'un fantôme qui ne me semble plus si déboussolant.

-Navrée de vous décevoir, mais monsieur Potter n'est pas ici, s'étonne-t-elle.

-Excusez-la directrice, Laurene n'a pas toute sa tête aujourd'hui. Elle est complètement ailleurs.

Je sais peu de choses de cet endroit. Les informations dont j'ai eu écho sur le best-seller sont minimes, j'ai à peine entrevu quelques extraits de la saga. C'est bien l'unique occasion pour laquelle mon addiction à la fantaisie m'aurait été utile. Les yeux sévères de la sorcière me scrutent.

-Miss Cooper?

Je hoche la tête. Il faut que je reprenne mes esprits.

-Vous connaissez la raison de votre présence ici. Vous et votre amie n'avez pas terminé votre scolarité à Beaux-bâtons en raison de votre disparition soudaine durant une année.

Amie ? Jess est ici. Un sourire dessine mon visage, je ne suis pas seule dans cette panade. À la découverte de ma mine réjouie, Peter écrase mon pied. McGonagall poursuit,

-Il a été donc convenue que votre présence à Poudlard serait obligatoire durant les deux prochaines années à venir. L'indulgence que nous vous offrons est votre ultime chance. Comme convenu avec le ministère vous serez ici sous surveillance constante, à la moindre tentative de fuite un aurore viendra vous chercher. Quoi que vous ayez fait durant votre disparition, il est temps de nous l'avouer. Deux enfants ne devraient pas finir à Azkaban, votre devriez assurer votre futur.

Azkaban? Je n'ai pas le moindre souvenir de ce nom. Mon frère ne m'offre pas l'opportunité de poser des questions. De toute façon, il ne serait pas bénéfique pour mon cas de le faire. Comme dans Twilight, l'histoire s'est écrite pour nous. Nos alter égo n'ont pas été aussi dociles dans cette aventure qu'elles ne l'avaient été dans la précédente. Peter remercie la femme de sa bonté à mon égard et me traine hors du bureau.

-Tu n'as pas écouté un traitre mot de ce qu'elle a dit !

-Jess, je l'interromps, Jess Johnson, sais-tu où elle est ?

-Ne me parle pas de cette petite peste, si tu en es là, c'est entièrement sa faute. Plus elle sera loin, mieux tu te porteras, crois-moi. Je ne sais pas ce que vous nous cachez toutes les deux, mais ne pense pas t'en sortir si facilement.

Si je comprenais un traître mot de ce qu'il débite, je tenterai de lui répondre, cependant ce n'est pas le cas. Je réitère simplement ma demande.

-J'ai besoin de Jess, où est-elle ?

-Je n'en ai pas la moindre idée et je n'en ai que faire, souffle-t-il. J'ai des obligations à tenir, je me contenterai donc de t'accompagner à la grande salle et tu te débrouilleras pour le reste. Est-ce bien clair ?

Je roule des yeux,

-Je n'en attendais pas tant de ton infini gentillesse.

Il me délivre enfin de son emprise sur mon bras. Je me contente de le suivre, à l'affut de la présence de mon amie. Cette forteresse est gigantesque, je ne la retrouverai jamais. Pas seule.

Peter m'abandonne devant deux immenses portes. À l'intérieur rires et discussions abondent. Il m'ordonne d'attendre une dizaine de minutes avant d'entrer. Sa carrière de professeur est déjà assez compromise par ma faute, être vu en ma compagnie lui ferait défaut.

Dans un grognement, je me laisse tomber au sol. Jambes et bras croisés, je patiente. Je le méprise toujours autant. Son égoïsme n'a pour égal que sa traitrise.

-Lau!

Le cri est amplifié par l'écho du couloir. Jess se matérialise auprès de Harry Potter. Un Harry vieillit qui doit avoir notre âge si ce n'est pas légèrement plus. La Johnson accourt. Elle me serre si fort que je ne peux me mouver pour lui rendre la pareille.

-Je suis rassurée que tu sois ici, tu n'as pas idée ! Je me suis retrouvée inconsciente sur une barque, c'était assez glauque.

L'homme toussote,

-Il serait peut-être temps d'entrer vous ne croyez pas ? Si vous êtes les deux nouvelles élèves dont on m'a parlé, l'ensemble des professeurs doivent actuellement patienter.

Le sorcier ouvre l'une des portes.

-La grande salle, s'ébahit Jess, j'ai toujours rêvé de venir ici !

Elle n'a pas besoin de se faire prier pour bondir sur ses pieds et le rejoindre. J'entre d'un pas hésitant. Contrairement à elle, toute cette histoire ne m'enchante guère. Je viens agripper son bras tandis que les élèves attablés aux quatre tables deviennent étrangement silencieux. D'un pas singulier, ne faisant qu'une, nous traversons l'allée pour rejoindre l'estrade où la directrice nous fait signe.

-Azkaban, je lui murmure, qu'est-ce que c'est ?

Jess fronce les sourcils,

-Une prison pour sorciers dangereux, pourquoi me parles-tu de ça maintenant ?

Je savais que ce nom ne me présageait rien de bon.

-Je crois que nous ne sommes pas les bienvenues ici Jess.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Ils ne nous connaissent même pas. Qu'est-ce qui te fait penser cela?

-Je t'expliquerai.

Un tabouret nous est destiné. Le choixpeau s'apprête à sonder nos personnalités. Jess m'adresse un grand sourire.

-J'ai toujours su que ma maison était poufsouffle, tous les tests internet le prouvent. Le moment est enfin venu de confirmer les dires de sorciers.net ! s'extasie mon amie.

Je ne partage pas le moins du monde son euphorie.

Une tomate vient s'écraser contre mon front. La fille qui l'a lancé appartient à la maison gryffondor. Son regard haineux est accompagné d'injures en provenance des différentes tables. Nous sommes huées.

-Tu avais raison, constate Jess en essuyant mon visage, nous ne sommes pas les bienvenues ici.

Un projectile était prêt à s'abattre sur elle lorsqu'il est réceptionné de peu. Jack apparaît derrière elle. Le vampire nous adresse un clin d'œil.

-Je me suis toujours sentie l'âme d'un serpentard, affirme-t-il, il est temps de vérifié cela.

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