Chapitre 6
Ce chapitre est plus long que d'ordinaire, j espere qu il vous plaira ;)
Embry.
C'était pour le moins... inattendu.
Jess n'est stoïque que d'apparence. À l'intérieur, la tension est à son comble. Je m'installe à son chevet, bouche-bé.
-Il va me falloir quelques explications là.
-Ce crétin est le frère de Laurene, marmonne-t-elle.
-Ça j'avais réussi à le comprendre seul. La question serait plutôt, que fait-il ici ?
-C'est une famille de médecins. Lau avait aperçu son père dans le coin il y a quelques années. J'étais loin de me douter que son frère travaillait dans cet hôpital. Tout bien pensé, cela n'a rien d'étonnant.
-C'est déjà plus compréhensible.
-Je n'en reviens pas de son audace ! Il m'a fait sa requête avec une telle désinvolture.
La Johnson fulmine. En temps normal, j'aurai craint pour la sécurité de cet homme si elle avait été sur pieds. Avec ce comportement, il n'aurait définitivement pas quitté cette chambre intacte.
-Laurene m'a expliqué sa situation dans les grandes lignes. Ses parents l'ont exclu sans la moindre hésitation, c'est horrible. Mes parents m'ont rejeté aussi au début, mais ils ont vite reprit le contact. Je n'imagine pas ce qu'elle a dû ressentir.
Jess croise les bras puis grogne,
-Elle n'a eu le droit à aucun coup de fil et ils osent la convoquer auprès d'eux comme si ce n'était là qu'un repas de famille ordinaire, tu y crois toi ?
J'enfouis mon visage entre mes mains, massant mes tempes. J'anticipe sa réaction. Cette nouvelle va totalement bouleverser notre amie. Elle s'était accoutumée à l'idée de ne jamais les revoir, elle avait fait son deuil.
-Jess, je veux bien comprendre que tu ne l'apprécies pas, mais ce sont ses parents qui ont décidé de l'abandonner, pas lui. Cela soulagerait peut-être Laurene de renouer avec son grand frère, tu ne penses pas ?
La Johnson soupire. À l'expression qu'elle arbore, je fais fausse route.
-Embry, sais-tu quels étaient les plans de Lau avant qu'ils ne la rejettent ?
-Nous n'avons pas vraiment évoqué le sujet.
-Je me doutais qu'elle ne vous conterai pas cette partie de l'histoire.
Je me penche en avant, les coudes sur les genoux, les mains entrelacées dans un seul et même poing. Jess poursuit, le regard fixe.
-Après le lycée, elle s'est inscrite à l'université pour faire plaisir à ses parents. Elle avait prévu de terminer sa première année de médecine avant de leur annoncer qu'elle rêvait de devenir écrivaine. Laurene s'est tuée à la tâche pour leur présenter une ébauche digne de ce nom, elle a mise son frère dans la confiance et il la soutenu.
-Mais Lau n'a pas fini sa première année, elle me l'a dit elle-même.
Elle approuve.
-Peter était déjà en quatrième année à ce moment-là. Il avait beau avoir de bonnes notes, c'était loin d'être un enfant modèle. À l'époque, il empruntait des sommes astronomiques à ses connaissances. Il voulait continuellement vivre au-dessus de ses moyens, Laurene le savait. Elle essayait de le résonner, néanmoins, lorsque les choses tournaient mal, elle participait aux remboursements comme elle le pouvait.
-Ils étaient proches, je m'étonne.
-Très.Tu la connais, elle ferait n'importe quoi pour ses proches, alors pour son frère...
Je n'en avais pas la moindre idée. Laurene se confie peu, jusqu'ici j'étais persuadé qu'elle était enfant unique.
La Cooper a cette étrange capacité de se lier aux autres sans s'exposer. À son arrivée ici, cette fille a été plus présente pour moi en quelques mois que certains de mes amis de longue date.
J'éprouve un sentiment de culpabilité. Je n'ai pas été aussi présent qu'elle. Je lui ai dévoilé mon être sans parvenir à connaître ses propres démons.
-Que s'est-il passé Jess ? Pourquoi n'ont-ils pas préservé le contact ?
-Eh bien, comme je te l'ai dit, ils avaient tous deux leurs secrets. Leurs parents n'étaient au courant de rien, jusqu'au jour où quelqu'un est directement venu réclamer son argent chez eux. Peter s'est retrouvé au pied du mur. Laurene a entendu une dispute gronder et s'est précipitée au rez-de-chaussée.
-Elle l'a défendu ?
Jess tarde à répondre. Je fronce les sourcils et m'avance légèrement vers le lit.
-Elle s'est disputée avec ses parents en prenant sa défense, n'est-ce pas ?
-Lau n'en a pas eu le temps. Son frère a tout dévoilé, ses projets, son abandon des études pour l'écriture, il a préféré inverser la tendance. Cela a été une vraie douche froide pour elle. Les confrontations avec ses parents ont duré des semaines, mais elle n'a pas lâché son ambition. La dette de son frère est vite tombée dans l'oublie. Il était de leur côté, il validait chacune de leur décision et il a soutenu celle de la renier. Il s'est protégé.
-Mais c'est dégueulasse !
Je ne peux rester en place. L'injustice s'empare de tout mon être. Je tourne en rond, mes poings se crispent puis se détendent, l'adrénaline est insupportable. Je prends une grande inspiration. Cette agitation est inutile, toutefois je ne peux l'écouter passivement. C'est d'autant plus inexcusable que cela concerne Laurene.
Comment a-t-il pu lui faire une chose pareille ?
-Tu es entrain de me dire que pour eux, il est redevenu l'enfant modèle et qu'elle n'a rien dit ? Il n'avait pas qu'une pauvre dette, je n'imagine même pas ce qu'il faisait de tout cet argent !
-Elle n'a pas voulu le trahir.
Je refoule un cri de frustration. Je n'en crois pas mes oreilles.
-Mais c'est lui qui...
-Je le sais bien Embry, souffle-t-elle. Je n'aurai sans doute pas hésité une seule seconde à le faire plonger avec moi. C'était sa décision, cela appartient au passé enfin cela y appartenait avant qu'il ne se pointe ici après dix ans sans une pointe de remords.
-Quel petit salopard. Moi, vivant, il ne l'approchera pas !
-Qu'on le veuille ou non, nous devons lui annoncer,
Jess attrape du bout des doigts son téléphone dans sa poche. Elle pianote un message,
-mais pas aujourd'hui. Nous devons d'abord y réfléchir.
Lau.
Cette après-midi est lamentable. Le syndrome de la page blanche s'abat sur ma productivité telle une fatalité. J'ai le scénario, mais aucun mot pour l'accompagner. Comme si cela ne suffisait pas, Jess a annulé ma visite à l'hôpital dans la soirée. L'air de mon petit appartement m'asphyxie, toutefois je n'ai pas la force de sortir.
Je m'écroule sur le dossier de ma chaise de bureau. Mes bras, étendus de toute leur longueur, battent mollement le vent. Je déteste cette journée.
-Sourire c'est gratuit, tu sais ?
Le spasme qui accompagne mon hurlement, est si intense qu'il m'éjecte de mon assise.
-C'est décidé, je souffle, j'arrête tout et je retourne avec les humains ! Ma tension finira par succomber !
Jack, perché sur l'encadrement de la fenêtre, est hilare.
-Crois-moi Laurene, tu t'ennuierais trop avec cette partie de la population.
-Que fais-tu ici ?
Il lui suffit de l'espace d'un battement de cils pour s'asseoir sur mon lit.
-Je me suis simplement dit que cela faisait une éternité que je n'avais pas passé de temps en ta compagnie.
Ma lèvre inférieur tremble.
-Tu es d'une sensibilité...
Emportée par l'émotion, je récupère ma chaise et le contemple tendrement. S'il pouvait vomir, mon ami le ferait sûrement.
-Je ne savais pas que je te manquais Jack. C'est adorable.
Il se racle la gorge. Sa fierté s'exprime,
-Ce n'est pas ce que j'ai dit.
-C'est du pareil au même.
-C'est une infime sensation de manque alors. Si microscopique qu'elle est à peine discernable. Sinon, que faisais-tu mon humaine préférée ?
-J'attendais désespérément qu'un vampire me fasse prendre l'air. Tu t'en sens capable ?
-Je suis plus que qualifié pour cette mission.
Je lui souris. Ce jour n'est finalement pas aussi sinistre que je le présageais. Le garçon patiente le temps que je me prépare. Je me demande bien où il m'emmène. Contrairement à Jess, je raffole des surprises.
Le blond est étalé, bras et jambes écartées sur mon lit. Une véritable étoile de mer. Je lace ma première chaussure avant de lui confier,
-Je n'ai pas eu le temps de te l'annoncer plus tôt, mais Jacob est au courant.
-Il sait que j'ai failli te transformer ?
Je hoche la tête.
-Qui lui a rapporté ?
-Edward Cullen.
-Faux frère...
J'enfile ma basket gauche.
-Jake a une haine viscérale contre toi à présent, je suis désolée.
L'inquiétude imprègne soudain sa voix,
-Laurene, réponds-moi sincèrement.
Je cesse toute activité pour l'écouter.
-Est-ce que cela change quelque chose entre nous ? Nous ne nous fréquenterons plus dans le futur ?
-Quoi ? je m'esclaffe. Non, bien-sûr que non ! Tu es mon ami voyons, je suis la seule à décider de qui j'apprécie ou non. Contentes toi de ne plus m'expédier dans une réalité parallèle et tout devrait bien se passer.
-Je ferais de mon mieux.
-Ravie de l'entendre.
-Pour Black ça ne change pas grand-chose, on ne s'est jamais véritablement appréciés, tu sais.
Je me redresse. Il ne me manque plus que ma veste.
Tu es prête ?
-Un peu mon neveu !
L'activité que me propose le blond est l'un de mes plus grands rêves.
-Je peux vraiment ?
Je le questionne pour la quatrième fois. Las de répondre par l'affirmative, il marmonne,
-Non Laurene, tu ne peux pas. Je vais te laisser sur le perron de ma maison pendant que je te parlerai depuis l'autre côté de la porte.
-Sérieusement ?
-Évidemment que non ! Appuies sur cette fichue poignée, qu'on en finisse !
Visiter la résidence Cullen a toujours été un de mes plus irréalistes fantasmes. Mes doigts effleurent fébrilement la poignée.
-Mon père a accepté que tu passes, tu lui as fait bonne impression la dernière fois. Je sais combien cela comptait pour toi, j'ai été dans ta tête avant même de te rencontrer.
Je pousse la porte avec une précaution infinie. L'entrée se révèle sous mes yeux ébahis.
-C'est complètement insensé... je murmure.
-La décoration a légèrement changé par contre.
-On s'en fiche Jack, je suis chez les Cullen!
Le vampire m'offre une visite guidée. Mon attention s'arrête sur chaque détail. C'est prodigieux.
En moins d'une demi-heure, je lui rapporte l'entièreté des anecdotes en ma possession.
Nous explorons l'ancienne chambre de Carliste et Esmée lorsqu'une voix rauque se mêle à la discussion,
-Depuis quand ma chambre est-elle devenue un lieu touristique ?
L'homme a la peau pâle se joint à nous. Il s'empresse de ranger les vêtements éparpillés dans la pièce. Je ne lui donnerai pas plus de trente ans, sa carrure est relativement fine et ses cheveux resplendissent d'un splendide blond vénitien. Mon ami pose une main sur son épaule,
-Je te présente Lucas, il fait aussi partie du clan. C'est un ami de longue date.
-Enchantée, Lau...
-Laurene Cooper je sais, Jack parle souvent de toi. Lena aussi d'ailleurs. Tu es la fille qui a failli devenir la petite nouvelle de la famille.
" La fille qui a failli devenir vampire" ? Cela pourrait être pire. Cette définition de ma personne doit sûrement s'être étendue à l'ensemble de leur famille.
-Une éternité avec moi aurait été fantastique, n'est-ce pas ?
-Une éternité à subir tes différents avec ta cousine, tu veux dire ? corrige Jack. Très peu pour moi.
-Je ne te contredirai pas là-dessus. Nous aurions fini par nous entretuer.
Lucas rit,
-Deux mortes qui se souhaitent la mort, j'aurai adoré assister à cela.
Nous abandonnons son repère pour descendre à la cuisine. Je m'attable au comptoir avec Jack.
-Merci de la visite, c'était fantastique.
-Je savais que tu adorais. Il ne reste qu'une pièce, un invité de dernière minute la privatise. Je te la montrerai une autre fois.
-Un invité ?
-Il est ici depuis à peine quelques jours. Il a eu une soudaine envie de nous rendre visite, c'était assez étrange.
-Sinon Laurene,
Lucas m'offre un verre d'eau,
-quel pouvoir aurais-tu souhaité avoir si tu avais fait partie des nôtres ?
-Je n'y ai pas vraiment songé. Par contre, j'aurai adoré connaître les sensations que prodigues de telles capacités physiques.
-C'est quelque chose que je pourrai peut-être arranger.
Je le questionne du regard, perplexe,
-Que veux-tu dire par là ?
La malice se répand sur les traits de son visage cristallin.
-Suis-moi Cooper.
Il traverse le salon et ouvre la grande baie vitrée donnant sur l'extérieur. Je le talonne, incrédule quant à ses intentions. Le vampire m'incite à me poster devant lui. Jack, enraciné dans la cuisine, ne manifeste pas de signe d'inquiétude.
Je me retrouve sur la terrasse, dos à lui, peinant à comprendre où il souhaite en venir. Ses deux mains viennent empoigner mes hanches.
-Prête pour un aperçu, Laurene?
-Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne id...
Mes pieds se décollent littéralement du sol. Il me propulse dans les airs. Ce n'est pas tant la sensation de m'envoler, mais celle de chuter qui m'extirpe un cri. Lucas me réceptionne aisément. Il se moque à la vue de mon expression ahurie.
-Alors, c'était comment ?
Je calme mon pouls d'une main sur la poitrine.
-J-je veux recommencer !
-C'est ce que j'espérais entendre !
-De véritables enfants, désespère Jack.
Mon nouvel ami s'amuse à me lancer. Il le fait avec une facilité déconcertante, comme si je n'étais qu'une vulgaire balle.
Chaque vol est plus vertigineux. Bien que le paysage soit pluvieux, la vue est spectaculaire. J'aborde une nouvelle pose à chaque envolée. À la suite du nageur qui plonge, j'usurpe l'identité de supergirl.
Cette fois, je dépasse de loin l'un des arbres face à moi. Cette sensation n'a pas son pareil. Mon cœur fracasse ma cage thoracique, je me sens vivante. L'espace d'une seconde, rien que pour moi, le temps s'arrête.
Le vent souffle dans mes cheveux. Je suis seule, face à l'infini du crépuscule. Le ciel est revêtu de teintes chaudes. C'est magique.
J'abaisse légèrement la tête pour saluer Lucas. Mon sourire s'estompe. Le vampire a déserté les lieux, personne n'est présent pour me réceptionner.
Deux mois auparavant, je frôlais la mort, ici même, en quémandant à Jack de me mordre. Dans cinq secondes, je la perdrai après avoir supplié son ami de s'amuser avec moi. Je ne remettrai plus jamais les pieds dans cette maison, elle ne me réussit pas.
-LUCAS ? je beugle.
Le sol s'approche dangereusement.
-LUCAS, IL N'Y A PAS QUE LA DÉCAPITATION QUI PEUT M'ACHEVER JE TE RAPPELLE !
Je vais me cracher.
-JE SUIS DÉSOLÉE DE M'ÊTRE RENDU DANS TA CHAMBRE SANS PERMISSION, TU M'ENTENDS ? REVIENS S'IL TE PLAÎT !
J'aimerai tuer ce traitre, mais c'est déjà chose faite.
-LUCAS RAMÈNES TES FESSES PÂLES TOUT DE SUITE !
Une silhouette se faufile juste en dessous de moi. Sa rapidité serait presque indétectable à l'œil nu.
Des bras me réceptionnent avec douceur.
-Lucas est parti avec Jack, un appel de leur chef. Il m'a demandé de te récupérer au vol.
J'arque un sourcil,
-Ma chute a duré quoi, quinze secondes ? Ils ont eu le temps de se préparer, de partir et de déléguer en quinze secondes ?
-C'est la beauté de la condition de vampire, raille-t-il.
L'inconnu qui n'en est pas vraiment un, me tient blottit contre lui. Le brun ne se résout pas à me déposer. Je toussote. Ses yeux s'ecarquillent.
-Ah oui, pardon ! J'avais oublié.
-La sénilité, une autre des beautés de la condition de vampire.
Il rit. Le garçon m'offre une poignée de mains,
-Enchantée, je suis...
-Emmett Cullen je sais, on s'est croisé la dernière fois. Merci de ne pas m'avoir laissé m'écraser comme une crêpe. Je m'appelle...
-Laurene Cooper, je suis aussi à jour malgré ma sénilité.
Nous nous sourions. J'ai toujours adoré ce personnage. Il est plein d'entrain, emplie de gentillesse.
-Je ne me doutais pas que tu serais leur invité.
-Nous avons suffisamment sympathisé avec ce clan pour leur léguer nos territoires alors...
-Evidemment, je comprends.
Un silence.
Je suis affreusement intimidée. Je suis parvenue à m'accoutumer à voir la meute tous les jours, toutefois rencontrer de nouveaux personnages m'émerveille à chaque fois. J'ai dû mal à croire qu'il soit en face de moi, que je puisse réellement lui parler.
Telle une enfant, je balance mes mains en avant puis en arrière. Celles-ci clapotent à chaque rencontre.
Nous nous dévisageons longuement. Nul ne sait quoi ajouter.
-Eh bien, je balbutie, profites b-bien de... en fait il n'y a pas grand-chose à faire ici à part peut-être courir dans la forêt ? Cela semble être la passion favorite des loups comme des vampires.
-C'est vrai que les footings sont pas mal.
J'acquiesce. Il hoche la tête. Il est grand temps pour moi de mettre les voiles.
-Je vais y aller, c'était un plaisir Emmett.
Le garçon demeure interdit. Je m'introduis à peine dans le salon par la baie vitrée lorsqu'il m'interpelle tout à coup,
-Laurene?
Il semble tendu. Il se masse nerveusement la nuque.
-Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas revenu pour les footings dans la forêt. C'est toi que je suis venu voir.
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