Chapitre 16
Laurene.
Il y'a cette adorable librairie au bout de ma rue. Je m'y rend tous les matins.
Elle se situe juste en face de mon ancien lieu de travail, repoussant les limites de ma gourmandise.
Bien qu'il me reste de nombreux et diverses souvenirs de cet établissement, le plus marquant de tous est, sans nul doute, mon altercation avec l'alpha de la meute adversaire à celle de Jacob. La quileute était à la fois vicieuse et hargneuse, j'étais convaincue qu'elle referait surface.
La brune avait affirmé que nous n'en resterions pas là puis s'est volatilisée. D'après les dires d'Embry, elle effectue toujours ses rondes sur leurs territoires sans les provoquer de quelconque façon que ce soit. Les années défilent sans que je ne cesse de m'interroger sur l'origine de ce revirement de situation.
Les magazines et oeuvres sur la grossesse ainsi que l'éducation se multiplient entre mes bras.
Jack qui a accepté de m'accompagner se lamente depuis notre arrivée.
-Les humains sont incompréhensibles!
-Tu l'auras dit, je pouffe.
-Ça fait six ans que c'est un pas en avant puis deux en arrière avec Embry, qu'est-ce qui le freine tant?
J'échange le magazine entre mes mains par un autre avant de le taquiner,
-Je croyais que six ans étaient un battement de cils dans la vie d'un vampire?
-Arrêtes de citer le Hobbit et aides moi plutôt. Tu penses qu'il a honte de moi, parce que je suis un vampire?
Bien que le Call se confie d'ordinaire à moi, il reste vague sur les avancées de sa relation avec le vampire. Il n'officialise rien sans pour autant nier. Je le perçois davantage pudique que honteux.
-J'aimerai t'aider mais je ne sais quoi te dire, il ne sait sans doute pas s'y prendre?
-Espèrons le.
Je peine à déambuler naturellement. Je chancèle depuis un petit moment déjà lorsque le vampire me dévisage soudain. Comme s'il prenait conscience de son environnement, un sourire s'étale sur son visage.
-Mais au fait, félicitations! Qui aurait cru que tu pardonnerais à cet abruti d'alpha.
J'arque un sourcil.
-Félicitations pour?
-Pour ta grossesse pardi!
Je m'étouffe presque. Mon ami reste incrédule face à mon hilarité.
-Mais je ne suis pas enceinte Jack, qu'est-ce que tu racontes?
-Mais alors...
Ses lèvres s'entrouvrent avant qu'il ne s'écrit,
-JESS! L'EMMERDEUSE EST EN CLOQU...
Je plaque ma main contre sa bouche. Jess me lapidera si nous émettons tout le voisinage.
-Chut, ce n'est pas Jess! Je me renseigne pour mon prochain roman imbécile!
La manière qu'à Jack de me lorgner me laisse entendre que je ne dois pas le faire passer pour plus sot qu'il ne l'est.
-Tu te crées une véritable bibliothèque avec tant d'enthousiasme et tu comptes réellement me faire croire que tous ses efforts ne sont pas pour Jess? Je commence à te connaître Lau, tu ne m'auras pas comme cela.
-Très bien, je capitule! Mais promets-moi que tu seras une véritable tombe.
-C'est ironique de faire cette requète auprès d'un vampire, s'esclaffe-t-il.
Je soupire. Il reprend son sérieux,
-Mais je marche, elle ne m'a toujours pas pardonné ta petite escapade d'il y'a six ans alors m'imiscer dans sa vie privée ne serait pas très judicieux de ma part.
Mon acolyte, qui ne m'a pas été d'une grande aide jusque là, participe en portant mes ouvrages. Il les dépose sur une table sans le moindre effort.
-Tu comptes réellement lire tout cela?
Sa question ne fait que raviver mon engouement.
-Bien-sûr! J'en saurais plus sur la grossesse que sur moi-même en sortant d'ici.
-Les rejetons très peu pour moi, Embry est dans le périmètre je te laisse.
Plongée dans ma documentation je lui adresse un évasif geste de la main.
Je n'ai jamais particulièrement désiré donner la vie ni fonder une famille.
Je ne conçois pas de contradiction entre être une femme et ne pas vouloir d'enfants, bien que souvent celle-ci est établie dans l'esprit des gens.
Cependant, être présente pour voir Jess devenir maman a toujours figuré dans mes objectifs de vie. Je souhaite assister à sa revanche sur son enfance. Elle deviendra la mère qu'elle n'a jamais eu.
Elle y arrivera, je n'en doute pas, mais comme le dit le proverbe derrière chaque grande femme se cache une meilleure amie prête à tout.
Un petit coup de pouce ne lui enlèvera pas de mérite mais lui permettra d'en obtenir d'avantage.
Une main effleure mon épaule, provoquant une lègère décharge électrique le long de ma colonne vertébrale.
-Je savais que tu serais là, ta frimousse a manqué à mon comptoir tu sais?
Après la terreur vient la joie. Nolan, le sypathique barman qui est prétexte pour Jess à tous les sous-entendus possibles, emprunte la chaise à ma gauche. Embarassée, je fais une place à son thermos de café parmi ma foule d'articles.
-M...mais qu'est-ce que tu fais ici?
-Quil m'a confié un jour que tu venais souvent le matin ici et comme tu n'es pas passée au bar depuis un moment je me suis dit... Mais si je te dérange, je peux très bi...
Je dépose ma main sur la sienne. Il se détend.
-C'est adorable Nolan, je ne m'y attendais pas c'est tout.
Il me sourit. En dehors de son caractère, j'adore le visage de cet homme. De petites mèches bouclées viennent parfois chatouiller son front tandis que ses joues sont soupoudrées de petites tâches de rousseur contribuant à son charme. Je l'ai rencontré par hasard au supermarché il y'a deux ans de cela, nous avons sympathisé entre le rayon des fromages et celui des soupes. Puis, comme dans les films, comme s'il avait prévu le coup, il m'a glissé la carte du bar qui l'emploie dans ma poche de manteau avant de disparaître.
Je me replonge dans ma lecture. Mon corps réagit instinctivement à ma concentration si bien que mes dents viennent titiller le bouchon de mon stylo bic par habitude.
-Sur quoi bosses-tu cette fois? Ton prochain roman avance à vive allure à ce que je vois.
Il jette un coup d'oeil aux couvertures avant de relever brusquement la tête.
-Laurene tu...
Je marmonne sans pour autant perdre le contact visuel avec mon travail,
-Négatif, je n'abrite aucun clandestin dans le bas de mon ventre.
-Mais alors, de qui est-il? Jessalie?
Mon poils se hérisse, mes yeux quittent les étendues de papiers pour se lever vers lui comme deux radars. J'arque les deux sourcils.
-Son prénom l'insupporte elle ne le révèle à personne d'ordinaire, comment peux-tu en avoir connaissance? Je ne savais pas que vous étiez si proches, même Paul n'est pas dans la confidence.
Il hausse les épaules.
-Elle a dû faire une exception pour moi.
-Si tu le dis.
-Alors...pour l'enfant?
-Oh, c'est juste quelques recherches sans intérêt.
-Je vois.
Mon alarme sonne. Il ne reste que quarante secondes avant qu'un intrus de plus ne vienne m'importuner. Sans pouvoir résister à un brin de moquerie, je chantonne le décompte.
-Qu'est-ce que tu fais?
-D'ici précisément trente secondes Jacob va apparaître ici en faisant croire à une coincidence. J'ai beau venir tous les jours, il simule toujours une certaine surprise en me croisant.
Ma réponse le laisse perplexe,
-Votre relation est... particulière.
-Nous n'avons pas de relation.
Je n'en suis qu'à vingt lorsque le Black fait son entrée dans le commerce.
-Je dois te laisser il faut que je m'occupe de l'ouverture du bar, déclare Nolan.
Je le salue. Les deux garçons se croisent avant que l'alpha ne se dirige vers moi.
-Tiens tiens mais qui voilà, s'exclame-t-il. Tu...
Son regard s'arrête sur les magazines à ma disposition avant d'alterner entre mon ami s'éclipsant et ma personne. Son air abasourdi me donne envie de le chercher.
-Déjà trois mois. D'après l'échographie il est en bonne santé, j'espère qu'il héritera des cheveux bouclés de son géniteur. D'autres questions?
Jacob n'est pas d'humeur à plaisanter. Ses yeux se voilent, laissant transparaître sa colère. Il s'apprête à partir à la rencontre de Nolan quand je le rattrape par le bras.
-Ce sont de simples recherches pour perfectionner mon récit, ne fais pas cette tête.
Le quileute laisse échapper un soupir de soulagement. Au fond j'ignore pourquoi je m'explique, ma vie ne le concerne plus depuis longtemps déjà. Mais comme par habitude, je m'évertue à ce qu'il n'y ai pas de malentendus. Il retrousse ses manches avant de s'installer à mes côtés.
-J'ai ma matinée de libre, tout cela ira bien plus vite si nous nous y mettons à deux.
J'avale une gorgée de chocolat chaud avant de soupirer,
-Quand est-ce que tu arrêteras de me pister?
-Il n'y a rien de mal à ce que deux personnes se retrouvent au même endroit au même moment, tu ne penses pas?
Comme un adolescent maladroit, il dépose deux tickets de cinéma sur la table.
-On pourrait même se retrouver au même endroit pour la même scéance avec la chance qu'on a.
Je ris. Il n'y a ni méchanceté ni raillerie dans mon hilarité mais je ne peux m'en empêcher.
-Dé...désolée, mais là c'était...
Je reprends doucement ma respiration entre deux bouffées d'air,
-Ne me dis pas que tu orchestre cette demande depuis plusieurs jours!
-Actuellement ma fierté est trop en péril pour être honnête alors on va dire que non. Mais j'insiste, je ne lâcherai pas l'affaire avant que tu m'ai accordé une seconde chance. Le temps m'a fait murir, j'aimerai te le prouver.
-Non.
-S'il te plaît Lau...
-Non.
-Un seul rencard?
-D'accord.
-VRAIMENT?
Ses yeux s'ouvrent en grand.
-Non.
-Tortionnaire.
-J'avais croisé les doigts alors ça ne compte pas vraiment comme un mensonge.
Je pouffe sous son regard méprisant. La clochette du commerce retentie. Quil apparaît, les yeux cernés d'une nuit blanche et tendu comme un arc.
-DITES- MOI OÙ SE TROUVE JESS J'AI DEUX MOTS À LUI DIRE!
Je savais qu'encourager tant Claire à se confesser lui retomberai dessus. Le sort s'acharne sur mon amie j'en ai bien peur.
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J'espère que ce chapitre vous a plu!
Bonne rentrée les loulous, courage 😊
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