XXIV.

 Dans ce salon chaleureux, chaque bouchée du gâteau préparé par la maman d'Elio est un véritable délice. Les saveurs se marient harmonieusement, m'offrant une expérience gustative mémorable. Pendant que je me régale, Elio partage des détails passionnants de sa vie étudiante, notamment ses récents apprentissages en psychologie. Ses yeux pétillent d'une lueur fascinée, tandis que ses parents boivent chacune de ses paroles, captivés par ses propos. Quand la conversation marque une pause, sa mère lui déclare :

— Tu devrais montrer à Noa où est sa chambre, mon chéri. Prenez un peu le temps de vous reposer par la même occasion, le trajet a été long.

Le Latino se lève d'un mouvement fluide et me propose :

— On y va ?

Je l'imite et quitte à mon tour le canapé, réfrénant une grimace de douleur, et je lui adresse un léger signe de tête, signifiant que je suis prêt à le suivre. Nous laissons derrière nous les quinquagénaires, auxquels j'offre un sourire timide. Elio, qui me précède, gravit les marches jusqu'à l'étage et me guide vers une porte qu'il ouvre avec assurance. Il m'invite d'un geste à entrer dans la pièce.

— C'est ta chambre.

J'inspecte les lieux, dont les murs sont peints dans des nuances apaisantes de bleu et de gris. Au centre de la chambre, un lit large est recouvert de draps d'un blanc éclatant et de coussins disposés avec soin. Dans un coin, un bureau en bois au design élégant ajoute une touche de sophistication. Des étagères, garnies de livres, complètent le décor. Chaque détail semble avoir été pensé pour que les invités se sentent chez eux. Une salle de bains adjacente ajoute une note de confort supplémentaire à ce petit nid douillet. Elio attire ensuite mon attention vers une porte attenante à la pièce qu'il ouvre pour me montrer ce qui se trouve derrière.

— C'est ma chambre, m'annonce-t-il.

Je choisis de ne pas franchir le seuil, préférant demeurer là, laissant mes yeux errer parmi les détails qui ornent les lieux. Les posters sur les murs me semblent dater de bien des années. Tout comme le salon, les lieux semblent figés dans le temps ; la chambre n'est pas modernisée pour un homme et reste celle d'un adolescent, reflétant la diversité des passions d'Elio au fil des ans. Des étagères débordant de médailles et de coupes complètent le tableau, offrant un aperçu éloquent des activités que le brun a pu embrasser au cours de sa jeunesse.

— Si tu as besoin de quoi que ce soit, entre sans frapper, tu ne me dérangeras pas, m'assure-t-il.

Son invitation est empreinte de sincérité. Je sais qu'il tente de dissiper toute réserve que je pourrais avoir. Pourtant, je sais qu'en aucun cas je ne passerai cette porte et n'entrerai dans son sanctuaire. Malgré le nombre de nuits durant lesquelles nous avons dormi ensemble, une barrière invisible semble me retenir. J'aurais l'impression d'envahir son espace, comme si cette chambre était son domaine personnel, un territoire sacré et infranchissable.

Le Latino referme la porte avec précaution, m'invitant ensuite à m'asseoir sur mon nouveau lit. À peine suis-je installé que sa voix résonne :

— Tu n'as pas trop mal ?

Mes lèvres s'apprêtent à former une réponse, mais Elio, anticipant sans doute le mensonge à venir, passe un bras derrière moi et soulève délicatement le tissu de mon pull pour examiner mon dos et vérifier lui-même l'état de mon corps.

— Ça va, lancé-je en tentant de tirer mon sweat vers le bas pour l'empêcher de l'observer à nouveau. Cependant, il insiste et remonte le vêtement pour une inspection plus approfondie. Finalement, je me laisse faire, car il semble déterminé et je sais que je ne réussirai pas à le dissuader de ne pas s'appesantir sur le sujet.

Une fois qu'il en a fini avec son examen, il s'agenouille devant moi et relève ma tête en soulevant lentement mon menton pour me forcer à lui faire face. De nouveau, il réitère une question posée cette nuit, à laquelle j'avais habilement évité de répondre.

— Et là-dedans, comment ça se passe ? demande-t-il, en pointant mon torse du doigt.

Surpris qu'il m'interroge encore sur ce ressenti qui transcende le physique pour toucher à mes sentiments, je tente de contrôler le trop-plein d'émotions qui m'accable soudainement. Mon regard se perd dans le sien, et l'intensité de cet instant suspend le temps. C'est comme s'il pouvait lire au plus profond de moi, sondant non seulement les traces visibles de ma douleur corporelle, mais aussi les cicatrices plus profondes qui résident dans mon cœur.

— J'aimerais vraiment que tu t'ouvres un peu à moi. Tu peux crier, jurer, pleurer, si ça te soulage, ne serait-ce qu'un peu. Je ne te jugerai absolument pas, tu sais. Rien de ce que tu pourras dire ou faire devant moi ne sera raconté à qui que ce soit.

Ces mots résonnent profondément en moi, ébranlant les barrières que j'ai érigées. Mon cœur, lourd du poids des non-dits, se met à battre plus fort. Dans un geste impulsif, je me jette dans ses bras, enroulant les miens autour de son cou. C'est la première fois que je me permets une telle vulnérabilité.

Mon corps, jusque-là maîtrisé, se libère. Des sanglots que je croyais enfouis remontent à la surface, m'envahissant. Les larmes coulent librement, sans retenue, et je m'abandonne à cette cascade d'émotions refoulées depuis trop longtemps. Elio, surpris, mais compréhensif, me serre contre lui avec une tendresse infinie.

Il n'y a pas de jugement, juste une présence rassurante. Les mots ne sont pas nécessaires dans cet échange muet, où mes larmes deviennent le langage de mes tourments intérieurs. Le brun, attentif à chaque sanglot, caresse doucement mon dos comme pour apaiser les douleurs qui vont au-delà des blessures physiques.

C'est un moment de délivrance, où je me permets enfin d'être vrai, même si cela signifie révéler des aspects de moi que j'ai longtemps dissimulés. Et dans les bras d'Elio, je découvre un réconfort que je n'avais jamais osé chercher auparavant, laissant mes émotions jaillir librement, comme un torrent trop longtemps retenu qui trouve finalement sa voie.

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