XVII.

Le brun ne trahit pas sa promesse, il ne pose aucune question. Maintenant qu'il voit tous ces horribles stigmates boursouflés qui ornent mon dos, je redoute que l'aversion que j'éprouve pour cette partie de mon corps soit à présent un ressenti partagé.

J'ai mille fois envie de lui demander s'il trouve ça laid, si ça le répugne, tandis qu'il tapote des compresses stériles imbibées de désinfectant sur mes nouvelles plaies à vif. Cependant, j'ai bien trop peur d'affronter la vérité pour oser l'interroger.

Un frisson incontrôlable me parcourt l'échine par anticipation d'une réponse malheureuse. Elio, qui pense vraisemblablement que ce frémissement résulte du soin douloureux qu'il accomplit, me déclare doucement :

— Je suis désolé, je te fais mal.

Certains de mes traumatismes antérieurs se sont infectés et m'ont fait souffrir pendant des semaines, tandis que d'autres guérissaient plus facilement, mais jamais aucun n'avait reçu la moindre médication. Cette attention apportée à mes blessures me fait certes légèrement souffrir, mais est aussi étrangement appréciable.

C'est la première fois que quelqu'un s'attelle à s'occuper de mon dos meurtri. Fils unique, n'ayant qu'un père violent comme membre de ma famille, je n'ai jamais été materné et cette première fois emplit mon cœur d'un sentiment nouveau. Incapable d'extérioriser la réaction de mon corps que je tortille dans tous les sens dans l'espoir d'intensifier le contact avec les doigts du brun qui effleure ma peau, je souffle mal à l'aise :

— Ce n'est pas grave.

Après de trop courtes minutes, mon colocataire rebouche le désinfectant me signifiant ainsi qu'il a terminé sa tâche.

Pressé d'à nouveau camoufler mon dos, j'attrape mon tee-shirt posé à portée de main, mais le latino qui me voit faire me déclare aussitôt :

— Laisse à l'air, ça cicatrisera mieux.

— Je préfère le remettre, réponds-je d'emblée. Mais alors que je m'apprête à passer la première manche de mon maillot, Elio interrompt mon geste en saisissant doucement mon poignet.

— Tu n'as plus à les cacher devant moi Noa, ni en avoir honte.

Mes bras retombent le long de mon corps, lorsque je renonce à enfiler le tissu que je m'emploie alors à triturer nerveusement.

— Elles sont si laides, murmurai-je en retenant mes pleurs.

Le brun qui s'agenouille devant moi relève d'un doigt mon menton pour me forcer à le regarder. Sur sa joue, une larme solitaire que je suis surpris d'apercevoir, dévale, tandis qu'il me répond avec aplomb :

— Ce qui est laid, c'est l'acte, pas le résultat qui en découle. Ce qui est laid, c'est la personne qui t'a fait ça, pas toi Noa. Et ce qui serait encore plus laid, c'est ce que je ferais à cet enfoiré s'il était avec nous dans cette pièce. Compris ?

J'acquiesce, bien que je ne sache pas s'il dit vrai. Malheureusement, dans cette histoire, mon colocataire n'a pas tous les tenants et aboutissants. S'il les connaissait, penserait-il toujours de la même façon ?

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Mini chapitre, juste pour vous signifier que je ne suis pas morte. J'ai eu une crise de boulimie de lecture cette semaine et j'ai réalisé que je n'avais rien posté depuis longtemps. Donc voilà, désolée encore pour la petitesse du texte, mais c'est mieux que rien, non?

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