XII.
N'appréciant pas d'avoir à corriger de grands chapitres, j'ai donc coupé celui-ci en deux. Voici la première partie:
Bonne lecture
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Le regard du brun oscille entre mon visage et celui de son amie.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Comment peut-il avoir l'alcool triste sans boire une goutte ? lance le latino qui semble plonger en pleine incompréhension.
— Il a pris quelques verres pendant ton absence, lui explique sa fiancée avant d'avaler une nouvelle rasade de vodka.
— De son plein gré ? l'interroge aussitôt Elio suspicieux.
— Bien sûr. Comment veux-tu forcer quelqu'un à picoler ? Allez va, Millie m'a dit qu'il n'était pas du genre loquace. Ça va le débrider un peu. Je cherche juste à mieux le connaître et m'assurer qu'il n'est pas....
Le râle d'irritation qui interrompt la jeune femme l'incite à ne pas terminer sa phrase. Elle ne pense même pas à tergiverser lorsqu'elle darde un regard vers son fiancé, sans doute consciente que celui-ci ne cautionne pas ce qu'elle s'apprêtait à prononcer.
— Noa, tu as déjà bu avant ? m'interroge le brun qui se place à ma hauteur pour attirer mon attention sur lui.
— Non, marmonné-je en tentant de dissimuler les perturbations visuelles dont je suis désormais victime.
En voyant une nouvelle fois de l'inquiétude dans les yeux d'Elio, je réalise que ma décision d'ingérer quelques verres n'était pas judicieuse pour qu'il cesse de se faire du mouron pour moi.
— Et tu te sens bien ? continue de me questionner celui-ci.
D'un léger signe de tête, je lui signifie que c'est le cas.
— Arrête de le prendre trop à cœur chéri, ce n'est pas une demoiselle en détresse, OK ? Tu n'as pas à venir à son secours. Il a juste bu quelques verres avec nous. Ça n'a rien de bien méchant. Pourquoi te soucier autant de ce gars ? s'agace Alix de l'intérêt que me porte son compagnon.
Elio semble embarrassé l'espace d'une seconde en entendant les dires de sa fiancée, mais se ressaisit très vite.
Tout à coup, ces pupilles claires dérivent en direction des deux jeunes femmes et par imitation je fais emprunter le même chemin aux miennes. Je m'aperçois alors que les filles, elles aussi dans un état d'ivresse avancé, ne focalisent pas leur attention sur nous. Le latino qui doit profiter de l'occasion de ne pas être vu m'offre lorsque mon regard revient vers lui un sourire rassurant.
La douce quiétude que cette expression m'accorde est de courte durée, car le brun qui me quitte des yeux se met soudain à vociférer :
— S'il dégueule partout, c'est toi qui vas ramasser ? Je te ferais remarquer que c'est moi qui dors avec lui.
Alix qui semblait irritée jusque-là part dans un éclat de rire sonore avant de déclarer amusée :
— Si ce n'est que ça qui t'inquiètes, glisse-toi discrètement dans ma chambre pour cette nuit.
— Tes colocs et toi avez un accord : "Pas d'hommes chez vous", rappelle Elio à sa fiancée.
— Tu t'en iras avant leur réveil.
— N'insiste pas, nous devons respecter les règles que vous avez fixées. Lâche l'affaire.
Le soupir bruyant de la jeune femme est la dernière chose sur laquelle je réussis à me concentrer, avant de me retrouver dans un état de demi-conscience avancée.
Les propos du brun me rendent morose, tout comme le devient la soirée.
Les filles qui pensaient que l'alcool activerait ma loquacité se sont fourvoyées, car c'est tout le contraire qui se produit, plus un mot ne sort de ma bouche. Muet, j'attends patiemment que l'évènement prenne fin, luttant contre la fatigue qui s'installe à mesure que le temps passe.
Les deux jeunes femmes tentent de discuter avec Elio, mais celui-ci n'est plus de bonne compagnie d'après ce que j'arrive encore à assimiler.
Lasse, Millie finit même par aller se coucher, me laissant avec le couple qui s'adresse à peine la parole.
— Je te raccompagne, lance soudain le latino à sa compagne, alors que je viens de poser mon front sur la table accablé par l'épuisement.
— Déjà ? demande la jeune femme qui malgré sa question se lève docilement et tangue jusqu'à la porte d'entrée.
Dans un léger souffle qui caresse subtilement mon oreille, le brun qui est revenu doucement vers moi le temps qu'Alix se chausse me chuchote :
— Va te coucher. Je rentre vite.
J'obéis sagement à cette directive en me redressant non sans mal.
Le latino et sa fiancée qui quitte l'appartement m'abandonnent alors que je m'évertue à faire quelques enjambées pour rejoindre ma chambre.
Pourtant je stoppe ma périlleuse ascension lorsque je prends conscience qu'il serait indécent d'aller dormir en laissant le salon dans un tel état.
Revenant difficilement sur mes pas, je dessers péniblement la table. Il me faut de longues minutes pour ranger les bouteilles d'alcool, car je dois reprendre sans cesse mon équilibre en m'accrochant aux meubles pour ne pas glisser.
Lorsque je m'attelle à débarrasser les verres, l'un d'eux m'échappe des mains et se casse violemment au sol. Je panique aussitôt de ma maladresse et tente pour réparer mon erreur de ramasser les morceaux brisés, tandis que des larmes incontrôlables commencent à inonder mes joues.
Malgré tous les efforts que je fournis, je ne réussis pas à venir à bout de ma tâche. N'y tenant plus, je tombe brutalement sur les fesses et me mets à pleurer, me sentant plus minable que jamais.
Je suis toujours dans cette position quand mon colocataire refait son apparition dans l'appartement. Sans me prêter la moindre attention, le brun se dirige rapidement dans notre chambre, me laissant là, seul en tête à tête avec mon humiliation.
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