Chapitre 7

Courir, courir, courir. Le plus vite possible. C'était la seule chose à laquelle je pensais. Le pont était très long, mais j'arrivais finalement au bout.
S'y trouvait un quartier résidentiel, constitué d'un immense bâtiment relié à différents étages par de magnifique tube de verres. Visiblement, je n'étais pas dans le quartier le plus pauvre de la ville...

Derrière moi, je n'entendais plus rien. Ils étaient répartis à leur base dès que j'étais arrivée près du quartier. Tant mieux pour moi.
J'étais essoufflée mais je n'avais pas, comme avant, cette brûlure dans les côtes. Si ce qu'il m'avait dit sur l'expérience était vrai, c'était quand même un progrès scientifique inimaginable.

J'étais arrivée tout au bout du pont, sur une grande platforme au milieu d'immenses tours de verres. Maintenant que j'étais dessous, je comprenais enfin où j'étais. Je me trouvais au coeur d'Utopia.
J'étais dans le quartier le plus riche de la ville, nommé Oméga. Ici, tous les excès étaient possibles. Les nantis de cet endroit avaient réussi à se créer une réputation d'excentriques, ne se refusant absolument rien. Ils étaient prêts à payer une somme astronomique pour tester les nouveautés scientifiques, et ainsi pouvoir se vanter auprès de leurs voisins. Ils m'avaient toujours répugnée. Tandis que des milliers de gens mouraient de faim à leur trentième ou cinquantième étage, ils enchaînaient les fêtes somptueuses et hors de prix.
Je ne voyais le quartier que de l'extérieur pour l'instant encore, mais on pouvait facilement percevoir la richesse qui s'en dégageait.
L'architecture du district en elle même était luxueuse. Il se constituait d'un immense pilier central, entouré d'une carcasse, qui faisait ressembler le tout à un sablier.

J'étais ébahie par tant de grandeur. Devant moi se trouvait une immense arche, et même si je n'arrivais pas à voir ce qui se passait de l'autre côté, j'avais déjà deviné que c'était la place centrale d'Oméga. Elle grouillait sûrement d'activité. Une clameur se faisait entendre déjà d'ici, et je commençais à entrevoir la foule. Il fallait que je trouve un endroit pour changer de vêtement, qui était une combinaison blanche immaculée, et qui me rendait bien trop repérable.

Je passais l'arche magnifique et je me mêlais à la population. Le mélange de couleurs vives de leurs cheveux et habits me donnait l'impression d'être dans un autre monde. Rouge, violet, émeraude, turquoise... J'avais toujours vécu dans ma petite tour uniforme, sans grande nuance. Cela m'impressionnait.

J'essayai de me frayer un passage à travers tout ce rassemblement. Je poussai quelques nantis, qui me regardaient comme si j'amenais la peste avec moi. Cela devait faire longtemps qu'ils n'avaient plus vu de mèches blanches et d'habits aussi neutres.

Mais tout d'un coup, je vis une couleur qui jurait dans tout cet arc-en-ciel. Des habits noirs de jais tranchaient considérablement au milieu de la foule. Des gardes.

Je croisais le regard de l'un des trois personnages. Ils m'avaient vue.

"Elle est là ! Attrapez la !"

Je me mis à courir, bousculant tout ceux qui se mettaient en travers de mon chemin. Certains criaient, apeurés.

Mes jambes étaient lourdes, la fatigue commençait à se faire sentir. J'essayais d'aller le plus vite possible, mais je savais que je ne tiendrai pas longtemps. Il fallait que je trouve une cachette, et vite. Je m'écartai du centre de la place, me dirigeant vers les immeubles qui la bordaient.

Plus vite.

Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres derrière moi.

Plus vite.

Tout était fermé. J'entendais leurs pas lourds approcher de plus en plus.

Plus vite.

Il y avait une petite ruelle sombre. Une porte était entrouverte. J'y entrai et la claquai à toute vitesse.

Je sentis les pas s'éloigner. J'étais sauvée. Ils ne m'avaient pas vue.

Je me laissai glisser sur le sol. Je n'avais pas mal aux jambes. C'était simplement une sensation extrêmement désagréable, elles étaient lourdes et me picotaient terriblement. Je reprenais mon souffle petit à petit. Je me redressai et ouvris finalement les yeux.

J'étouffai un cri.

Un jeune homme se trouvait face à moi. Il me fixait avec attention.

Je ne fis pas un geste. Je ne savais pas pourquoi. Je devais le mettre hors d'état de nuire, il allait sûrement me dénoncer. Mais je ne bougeai pas.

"Qui es-tu ?"

Il avait une voix douce, presque enfantine. Après tout, c'était encore certainement un enfant. Il devait avoir quatre ou cinq ans de moins que moi. Son visage mutin, avec ses grands yeux noirs, ses cheveux vert amande, son petit nez, tout chez lui inspirait une innocence que j'avais rarement vu dans toute ma vie. J'avais soudainement envie de lui faire confiance.

"Tu es muette ? Les miséreux ne savent pas parler ?"

La réalité me reprit d'un seul coup. Nous n'étions pas du même monde. Il restait un riche. Et je n'était pas amie avec les riches.

"Nous savons très bien parler, petit insolent"

J'avais été glaciale. J'espérais que cela allait le faire taire, toute naïve que j'étais...

"Oh c'est super ! Dans ce cas, comment t'appelles-tu ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi viens-tu dans ma maison ? Dis, dis, les rumeurs sur les pauvres, est-ce qu'elles sont vraies ?..."

Il continua son babillage, plus enjoué que jamais. Je compris d'un seul coup qu'il pouvait m'être très utile pour m'aider à me cacher, et à... Je ne savais même pas ce que j'allais faire après.
Mais pour l'instant, autant amadouer ce petit.

"Je m'appelle Niro, et toi ? dis-je avec mon plus grand sourire.

-Moi c'est Levo, mais tu peux m'appeler Lev !

- Oh c'est si mignon... Quel âge as-tu ?"

J'essayais de parler le plus gentiment possible, mais cela puait le mensonge. S'il ne me grillait pas, j'aurais beaucoup de chance.

"J'ai onze ans ! Et toi ?"

Onze ans ? Les enfants riches étaient vraiment tels que le disaient les rumeurs. Tellement insouciants et dépourvus de problèmes qu'il paraissait toujours plus jeunes.

"J'ai dix-sept ans. Dis moi Lev, elle est très belle ta maison, tu me fais visiter ?"

Je doutais fortement qu'il accepte. Je le pensais naïf, mais pas à ce point là.

"Et bien... je ne sais pas... il faudrait que je demande à Mère !

-Non, non attends ! l'arrêtais-je, un plan ayant germé dans ma tête. J'ai un jeu pour toi.

-Un jeu ? C'est vrai ? me dit-il en ouvrant grand ses yeux d'excitation.

-Oui ! Alors je t'explique, tu vas devoir me trouver une cachette dans ta belle maison. Et tu ne dois dire à personne que je suis là.

-Mais ca a l'air nul comme jeu, souffla-t-il, dépité. C'est quoi le but ?

-Le but ? Et bien, si personne ne me trouve et si tu tiens ta langue, je t'offrirais une grosse surprise!

- Une surprise ? Un cadeau? Qu'est-ce que c'est? Allez dis moi ! babilla-t-il, soudainement plus intéressé.

- Mais c'est une surprise! Je ne peux pas te dire ce que c'est, sinon ce ne sera plus une surprise...

-Ah...Mais combien de temps dure ce jeu ?

-Oh, euh..."

Je n'avais pas pensé à ça. Combien de temps me fallait-il pour que je reprenne les esprits à propos de tout ce qui m'était arrivé, et que je sache ce que je devais faire ? Sûrement plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

"Une semaine. Pas un jour de plus, dis-je avec mon plus grand sourire.

-Super ! Ça va être une semaine géniale ! Je suis sûr qu'on va être de bons amis !

-Oh ça, je n'en doute pas une seule seconde..."

/Voilà, voilà... Que pensez vous de ce nouveau personnage ? Et du chapitre en général ? Dites moi tout !/

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