Chapitre 6
Le noir autour de moi changea brutalement. Un tourbillon de formes, de couleurs, de "sensations". Mais qu'est ce qui se passait enfin ?!
Je pris soudain conscience d'un seul coup que j'étais à nouveau dans un corps matériel et non plus dans l'état lethargique dans lequel je flottait depuis... je ne saurais même pas dire combien de temps s'était déroulé.
Le noir devint blanc. Ma vision se stabilisait. Je bougeai mes bras, qui rencontrèrent un "mur". J'avais l'impression qu'ils flottaient. Au prix de nombre d'efforts, je pus tourner ma tête. Une paroi de verre. J'étais donc dans un tube et je flottais dans un liquide indéfini. Jusque là, je comprenais à peu près ce qui m'entourait.
Le tube était relié à une paroi, qui me montrait une chose assez pertubante.
Je voyais une jeune fille de mon âge qui me regardait. Un regard apeuré, une expression de profonde incompréhension, des cheveux blancs avec des mèches turquoises, des yeux vairons. Je voudrais tant qu'elle réussisse à sourire, mais cela semble impossible. Elle a vécu trop de choses qui l'ont transformée à jamais.
Curieux personnage.
Je détournais le regard du miroir pour me replonger dans mes pensées. Les questions tourbillonaient dans ma tête, comme les bulles qui s'échappaient de ma bouche, pour se dissoudre dans le liquide transparent.
Pourquoi n'étais-je pas morte ?
Que faisais-je ici ?
Qu'était-il arrivé à mon frère ?
Mais une question plus terre-à-terre me vint à l'esprit. Comment est-ce que je respirais ?
Au même moment où l'idée germa, je sentis un étau serrer ma gorge. Je n'arrivais plus à "respirer", mais qu'est ce qui se passait ??
Je tapai de toutes mes forces sur la paroi qui me retenait prisonnière. Brise-toi, brise-toi !!
Je commençais à voir apparaître des points blancs devant moi, et je n'avais plus beaucoup de force. Le monde tourbillonait devant mes yeux.
Je tapai un dernier coup. Une fissure.
L'espoir remonte.
De nouveaux coups.
Une explosion de verre.
La liberté.
Je glissai sur le sol, en prenant une profonde inspiration. C'était sûrement la meilleure bouffée d'air de toute ma vie. Un soulagement intense résonnait au creux de ma poitrine.
Je m'assis sur le sol froid et dénué de tout ornement. Je ne comprenais plus rien. Au moment où j'avais assimilé le fait que je n'étais pas censée respirer, je m'étais étouffée. La douleur dans ma tête était elle aussi revenue, et elle continuait à bourdonner douloureusement dans mon esprit.
J'étais plongée dans mes réflexions, lorsque la porte s'ouvrit d'un seul coup. Deux hommes en noir en sortirent. Ils étaient au détail près semblables à ceux qui m'avaient enlevé. J'étais toujours au même endroit...
L'un deux me prit dans ses bras dans aucune douceur, ce qui eut pour effet de faire craquer mon épaule. Mais, je ne sais pourquoi, je ne ressentis qu'un faible choc électrique. Au moins, la douleur dans ma tête s'était stoppée, c'était déjà ça.
Tandis que j'essayais vainement de me débattre tout en réfléchissant, ils m'avaient transporté dans une autre pièce.
Elle était assez petite, constituée simplement d'un bureau et deux chaise. Se trouvait sur une chaise un homme.
Mon ravisseur me fit assoir, et je pus enfin disséquer le personnage en face de moi. Il me semblait de taille moyenne, assez mince, le teint blafard. Ses yeux gris métalliques me fixaient sans flancher, et ses cheveux rouges sang flamboyants m'inspiraient, je ne sais pour quelle raison, un profond sentiment de dégoût. S'ajoutait à cela une profonde cicatrice qui partait du haut de son front à gauche, fendait son oeil gauche, et s'arrêtait à l'arête de son nez. Je lui aurais donné 18 ans.
Il m'inspirait une terreur pure. Tout simplement.
Il prit la parole :
"Te voilà enfin."
Une voix cassante, faible. Un murmure déterminé.
"Que me voulez-vous ?"
J'avais moi aussi murmuré.
"Oui je vais tout t'expliquer. Je suppose que tu as le droit de savoir.
Par où commencer ?
-Par le commencement ?
-... Je ne suis pas ici pour rire.
- Tant mieux moi non plus. Donc, s'il vous plaît, je veux comprendre."
Il eut un grand soupir. En l'analysant de plus près, je compris qu'il était très fatigué. Mais, je sentais qu'il ressentais autre chose, de plus profond. Une sorte de... désespoir haineux ? Il me coupa court dans mes réflexions :
"Bon. Tout d'abord, je me prénomme Wanhyo, je suis le directeur de cet établissement, et tu n'as pas besoin d'en savoir plus.
- Wanhyo ... je peux vous appeler Wan ?
- Non.
- D'accord Wan. Vous n'êtes pas un peu jeune pour être le directeur ?"
Je ne savais pas comment je faisais pour être aussi impertinente. Je me sentais différente, un peu comme lorsque j'étais dans le R.L.S.
"Laisse aux adultes les affaires des adultes. Parlons plutôt de toi."
Je me redressai, tout ouïe.
"Nous avons fait une expérience sur toi. Ne me demande pas comment, mais nous avons réussi à te combiner au programme informatique du Real Life Simulator. Tu es une hybride, mi-femme, mi-"robot".
-Comment ça ? Ça n'a absolument aucun sens... La technologie n'est pas assez évoluée pour réussir à faire cela et...
-Si. Nous sommes en 7405. C'est possible. Laisse moi finir.
Tu peux passer du jeu à la réalité en un instant, et tu peux même combiner les deux. Avoir les aptitudes que tu possèdes dans le jeu, ici dans la vraie vie, et vice-versa. Seule la douleur présente dans le jeu a été atténuée, mais après tout est resté le même."
Cela expliquait beaucoup de choses : ma mort qui n'en étais pas une, l'apparition du pistolet dans ma main, la douleur que je ne ressentais presque pas, les cheveux blancs et bleus.
Malgré tout, une question persistait.
"Et la douleur dans ma tête ?"
Il se raidit. Visiblement, il ne s'attendait pas à ce que je lui en parle.
"Et bien, tu sais que nous sommes les meilleures personnes pour conserver ta sécurité, commenca-t-il d'une voix douce. Pour te surveiller, nous t'avons mis un implant dans ton avant-bras qui va surveiller ta position et tes pensées, pour que tu ne fasses pas de mauvais choix. Comme tout à l'heure par exmple, tu n'avais pas besoin de savoir que tu avais besoin d'oxygène, tu vivais c'est tout... Tu n'étais pas censé sortir aussi vite...
Mais cet implant est inoffensif.
Parce que les gentils c'est nous...
-Non c'est faux !!!"
Douleur incontrôlable. Cri fulgurant venant du plus profond de mon âme.
"Si. Nous sommes gentils. Les rebelles sont méchants. Et tu vas nous aider à les tuer."
Cela me semblait très vrai, et en même temps totalement faux. Je ne savais pas quelle partie de mon esprit croire.
Je commençai à respirer de plus en plus fort. Je ne savais pas qui suivre. Doute, doute, tout mon être doutait.
"Niro. Calme toi. Écoute moi. Nous ne te voulons que du bien, murmura Wan d'une voix étonnamment douce. Je ne t'ai rien caché sur ce que nous avons fait, et tu vas servir des causes justes."
Je me calmai. Ma respiration se dit plus calme.
"Je pense que je t'en ai assez dit pour aujourd'hui. On va t'emmener dans une chambre. Je viendrai te voir demain. Et pour information, ton frère n'est pas mort, mais si nous ne lui trouvons pas une utilité rapidement, nous le tuerons."
Il parlait à nouveau avec froideur. Sa douceur me manquait. Il pouvait donc être gentil...
Et mon frère qui n'était pas mort... Je ne savais qu'en penser.
Après quelques minutes, j'arrivai dans une toute nouvelle pièce.
Murs blancs, sol blanc, plafond blanc, lit blanc, salle de bain blanche. Seule la fenêtre était ouverte. Je j'étais un coup d'oeil par dehors. Je devais être au 600ème étage, et un pont était situé à une vingtaine de mètres sous ma vitre.
Il n'y avait pas de barreaux à la fenêtre. Wan avait raison, ils ne me retennaient pas prisonnière, et peut être servirais-je réellement une bonne cause.
Dans la salle de bain, il y avait simplement une minuscule douche, des toilettes, un lavabo et une trousse de secours. Dans cette trousse, seulement des médicaments et un couteau.
Je m'assis sur le lit. Je ne savais pas quoi penser. J'avais confiance en mon frère et en Wanhyo. Il fallait que je décide de qui j'allais suivre.
Wan ? Je ne souffrirais pas, et je servirais une noble cause.
Hyrio ? Je souffrirais et je passerais ma vie à être une traître avec les rebelles.
Je devais suivre Wan.
Oui mais Hyrio était mon frère. Mon frère.
Des dizaines de souvenirs avec lui dans mon enfance remontèrent. Mon frère.
Je courus à la salle de bain, prit le couteau le plus vite que je pus. Il fallait que je le fasse avant qu'ils n'arrivent, ayant capté mes pensées.
Je me positionnais près de la fenêtre. Je plantai mon couteau dans mon avant-bras, et j'extrayai l'implant. Je ne ressentais aucune douleur, juste quelques picotements. L'engin informatique se cassa sous ma peau tant je tremblais. J'entendis les bruits de courses des gardes. Vite, vite !!
Je retirai comme je pus à peu près la moitié de l'implant avec mes doigts. Ils défoncerènt la porte.
Je sautais sur le rebord de la fenêtre. Et je me laissai tomber.
J'atteris avec un bruit sourd sur le pont. Cette fois, j'avais senti une petite décharge douloureuse dans ma jambe droite.
Mais je n'avais pas le temps de m'en préoccuper. Les gardes commençaient à sauter eux aussi.
Alors je courus.
/Le voilà enfin ce chapitre !! Dites moi ce que vous en pensez !
Je vais essayer de publier plus souvent mais je ne promets rien 😆
Merci beaucoup pour les 200 vues, c'est vraiment énorme pour moi...
Kiss kiss ^^ /
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