Chapitre 1
/Niro en média/
J'observais, fascinée, mon vieux poste de télévision à cristaux des années 4030, le spectacle qui se déroulait sur la place. Les hologrammes sortaient à peine de l'écran d'une lueur faiblarde, mais je n'en perdais pas une miette. Toutes les personnes présentes y enfilèrent leur R.L.S et quelques secondes plus tard, sourirent d'un air béat.
D'un geste rageur, j'éteignis ma petite télé. Moi, je ne pouvais pas avoir le privilège de découvrir cette mise à jour, tant attendue. Mon R.L.S. était tombé en panne il y a quelques jours. Et je ne pourrais même pas apprendre d'autres personnes de quoi il s'agissait, à cause de cette foutue loi sur l'anonymat. Elle nous obligeait à ne jamais dévoiler ce que nous faisions dans ce monde à part. Question de sécurité publique selon les dirigeants.
Au vu de ma situation financière très compliquée, je ne pouvais pas me permettre de dépenser le moindre argent pour des "futilités". Car j'étais assez pauvre, enfin, en tout cas je n'étais pas riche.
Je me dirigeais vers ma chambre. En passant devant le grand miroir tactile, je touchais délicatement sur le verre mes cheveux blancs, symbole de ma pauvreté.
En effet, ici à Utopia, la couleur de cheveux naturelle variait du blanc au noir, en passant par le gris. Seuls les riches pouvaient se payer une coloration, et ils s'en donnaient à coeur joie, avec des cheveux bleus, mauves, rouges... Les perruches comme je m'amusais à les appeler.
J'entrais dans ma petite chambre. Elle était tout à fait banale, mais ce qui me faisait tant l'aimer était sa vue imprenable sur un petit jardin d'un grand immeuble, assez riche. Je m'étais toujours demandée ce que ce bâtiment faisait dans un quartier aussi pauvre, et surtout à un étage aussi bas.
Car nous, les pauvres, étions souvent séparés des riches.
Je vivais au 143ème étage de mon gratte-ciel, qui en comportait 792. Dans ma ville, il n'y a que des gratte-ciels, avec au minimum 500 étages et la classe sociale dépendait de l'étage où l'on se trouvait. Je trouvais cette séparation injuste, mais je m'étais peu à peu habituée. De toute façon, je n'avais pas vraiment d'autre choix que d'accepter. Ce n'était pas moi qui pouvait y changer quelque chose.
En rangeant un peu ma pièce pour m'occuper et Mr vider l'esprit, je tombai sur une vieille photo de famille. On y voyait mon frère Hyrio qui aujourd'hui avait 23 ans. J'en avais actuellement 17.
Nous étions avec nos parents, souriant de toutes nos dents. Les choses avaient bien changé. Ils étaient morts il y a longtemps, mais, ne les ayant pas connus, je n'éprouvais pas particulièrement de tristesse. Cette photo devait avoir plus de 14 ans.
Je pensais à mon frère, qui n'était pas encore rentré.
Il réussissait à nous faire vivre tous les deux, en travaillant toute la journée dans son entreprise d'informatique.
Je devais moi aussi travailler à mi-temps, après mes cours, dans une société de journaux.
Je scrutais mon horloge.
Aujourd'hui était un jour férié, Hyrio aurait du rentrer depuis longtemps. Je ne m'inquiétais pas pour lui, mais je n'aimais pas rester seule. Mon étage était mal famé et, même si je savais me défendre, cela ne me rassurait pas particulièrement.
Je me concentrai pour stopper ce flot de pensées qui ne semblait jamais se tarir.
Mon regard était irrémédiablement attiré par le R.L.S. J'avais tellement envie de l'essayer ! Mais on m'avait répété des dizaines de fois qu'un simulateur en panne pouvait être extrêmement dangereux pour mes capacités cérébrales. Malgré tout, je m'approchai doucement de la commode où il reposait, et d'un rapide coup de doigt, je dévérouillai la serrure à empreinte, sans le perdre des yeux.
Je soupirai. J'aurais tant voulu être riche. La seule façon pour moi de le devenir était de me marier avec un homme qui l'était.
Mais même si j'étais, à l'université, considéré comme belle avec les yeux bleus et mes formes, je savais que mon caractère ne me permettrait jamais de briller en société. En effet, je pouvais être très gentille et compréhensive, mais j'étais surtout égoïste et très impulsive. Bref, tout ce qu'un riche n'aimait pas. Ils préféraient plutôt les filles faciles, qui ne les contrediraient jamais et qui se tairaient si besoin. Enfin, ça c'étaient les rumeurs qui couraient. Je n'avais jamais eu de discussions avec eux.
Je n'avais pas cessé de fixer la machine. La nouvelle mise à jour. J'avais tant envie de la voir. Et si je l'essayais juste quelques minutes ? Cela ne me ferait pas grand mal.
Je le mis sur ma tête, lançai le programme, passai le traditionnel message la loi sur l'anonymat, et me retouvai dans le menu.
Continuer la partie ou tout recommencer ? Je ne savais que choisir. J'avais créé sur mon ancienne partie une belle vie, je vivais au 830ème étage d'un bel immeuble d'Utopia et mes moments passés sur la simulation étaient magnifique. Le R.L.S permettait de créer une nouvelle vie à Utopia, de façon à être le simulateur le plus réaliste jamais créé. Les ingénieurs avait réussi à créer une machine dans laquelle tout, absolument tout, était comme dans la vie réelle. On pouvait manger, pleurer, ressentir presque toutes les choses de la vraie vie. C'était magnifique. Si on ne savait pas que l'on était dans un jeu, on aurait facilement pu se croire dans la réalité. De plus, le temps se déroulait comme dans la vraie vie. Deux minutes dans le R.L.S, c'était deux minutes dans la vie.
J'avais créé une partie en multijoueur, donc tous les habitants d'Utopia jouaient sur ce serveur. J'avais fait de belles rencontres. C'était ça aussi, la magie de cette autre réalité.
Je choisis de continuer cette partie. C'était si beau, je me retrouvais dans un bel appartement, à regarder la vue splendide, en jouant avec une mèche de mes cheveux turquoises. Comme il n'y avait pas vraiment de classes sociales dans le jeu, j'en avais profité pour me constuire une vie meilleure. Nous commencions tous avec une certaine somme d'argent, et il ne tenait qu'à nous de la faire grossir. Mais je n'étais pas dupe, tout pouvait s'effondrer du jour au lendemain. Les développeurs avaient décidé de pouvoir faire disparaître aléatoirement tout le capital de plusieurs joueurs, pour ne pas trop s'accrocher indéfiniment aux richesses, mais plutôt d'en profiter pendant qu'on le pouvait.
Pour l'instant, j'étais assez chanceuse. Je n'avais jamais subi cela.
Alors, où était donc cette mise à jour ?
Soudain, je sentis quelque chose de désagréable sur ma tempe. Un picotement qui augmentait en puissance.
D'un seul coup, mon champ de vision devint noir. Je titubais... dans le jeu, dans la vie...? Je n'en avais aucune idée. Je me sentais tomber, paniquée. Mais le flot de mes inquiétudes se stoppa net lorsque je m'évanouis.
Lorsque je me reveillai, je vis son frère assis à mes côtés. Son visage était fermé, dur, et je sentis que j'allais passer un mauvais quart d'heure. En parlant de quart d'heure, combien de temps avais-je été inconsciente ? Je n'en avais pas la moindre idée, et j'essayais de me concentrer sur le pourquoi du comment, mais Hyrio semblait ne pas vouloir me laisser une minute de plus de répit.
« Tu es folle ? Tu aurais pu te tuer ! me cria-t-il
-Mais enfin, qu'est-ce que tu me racontes? Je ne suis pas morte. Je voulais juste savoir en quoi consistait la nouvelle mise à jour !
-Tu veux vraiment savoir en quoi elle consiste ? Et bien c'est un virus que les dirigeants ont implantés dans le code du jeu !
Et à cause de cela, nous sommes en danger de mort toi et moi ! »
L'apparente neutralité sur mon visage se brisa peu à peu sous le coup de l'incompréhension, de la panique, et de dizaines d'autres choses que je n'arrivais pas à comprendre.
Qu'est ce qu'il disait ? Je n'osais pas le croire...
Était-il sérieux ?
/Et voilà, deuxième chapitre fini ! Dites moi ce que vous en pensez dans les commentaires !/
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top