Arc 4 - Chapitre 2

Le doute et la vigilance

Je suis appuyé contre un arbre à proximité du tombeau, surveillant l’entrée d’un œil attentif. Emilia est à l’intérieur, confrontée à la première épreuve, et chaque seconde qui passe me semble interminable.

Mais ce n’est pas seulement l’attente qui me met sur les nerfs. Garfiel me fixe depuis un moment déjà, son regard perçant ne quittant pas ma silhouette. Il joue avec une pierre entre ses doigts, la faisant rouler d’un mouvement presque absent, mais je sais qu’il est prêt à bondir au moindre signe de danger.

Le combo "étranger" et porteur de l’odeur de la Sorcière n’est pas exactement une combinaison gagnante, et je sens que ça le démange de me poser des questions – ou pire, de me casser la mâchoire.

Je croise son regard et lève un sourcil, un sourire sarcastique sur les lèvres.

— Tu comptes rester là toute la soirée, ou tu veux discuter ?

Il plisse les yeux et laisse échapper un grognement.

— T’es bien audacieux pour un type qui sent aussi mauvais que toi, mon gars.

Je soupire intérieurement. L’odeur de Satella. Elle doit être plus forte ici, amplifiée par la proximité du tombeau. Pourtant, Garfiel ne devrait pas pouvoir la sentir... à moins que quelqu’un d’autre ne l’ait remarquée.

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La silhouette mystérieuse

Plus tôt, j’ai aperçu une silhouette étrange dans les bois. Une femme en robe blanche, avec des cheveux roses, qui m’a fixé un instant avant de s’éclipser rapidement.

Un clone. Je n’ai aucun doute là-dessus. La constitution parfaite, la démarche mécanique... Elle ressemble beaucoup à ce que j’ai vu dans d’autres circonstances. Mais pourquoi un clone serait-il ici ?

Et surtout, pourquoi aurait-elle fui en me voyant ?

Je serre les poings.

— Wilfried ?

Je tourne la tête. Ram s’approche, son expression froide comme d’habitude.

— Tu sembles tendu, dit-elle simplement.

— Je suis toujours tendu quand je sens qu’un combat peut éclater à tout moment, répliqué-je en haussant les épaules.

Elle plisse les yeux, comme si elle essayait de lire en moi. Je sais qu’elle est méfiante, surtout après tout ce qui s’est passé.

— Tu devrais surveiller tes émotions, ajoute-t-elle. Garfiel est très réactif.

Je laisse échapper un rire amer.

— Oh, je le sais. Il me surveille comme un chien de garde.

Ram ne répond pas, mais je vois un léger froncement de sourcils. Elle sait quelque chose.

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Les trois autorités

Je me concentre un instant sur mon propre corps. Depuis mon arrivée au Sanctuaire, une sensation étrange s’est installée en moi, comme si quelque chose de nouveau s’éveillait.

Trois odeurs.

Je ne porte pas seulement l’autorité de la Mort Réversible, mais il y en a deux autres, tapies en moi, inactives pour l’instant.

— La Paresse et... Gourmandise ?

Je murmure ces mots pour moi-même, mes yeux se perdant dans l’horizon. Ces autorités doivent être celles des archevêques que j’ai éliminés. Mais pourquoi seraient-elles toujours en moi ?

Un frisson me parcourt. Ces pouvoirs sont dangereux, et je le sais mieux que quiconque. Si l’un d’eux s’éveille ici, je risque de tout compromettre.

Je serre les poings. Pas question de perdre le contrôle.

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Un faux pas

Alors que je réfléchis, Garfiel s’avance brusquement vers moi, sa pierre toujours en main. Il me regarde de haut, son expression méfiante.

— Alors, l’étranger, qu’est-ce que tu mijotes ? T’es trop calme à mon goût.

Je croise les bras et le fixe droit dans les yeux.

— J’attends, comme tout le monde ici. Tu veux que je fasse des saltos pour te distraire ?

Son regard s’assombrit, et je sens qu’il lutte pour contenir son irritation.

— Fais gaffe à ce que tu dis, sinon...

Il s’interrompt, son nez frémissant légèrement. Son expression change, devenant plus alerte.

— T’as vraiment une odeur bizarre, toi.

Merde.

Je garde mon visage impassible, mais je sens mon cœur s’accélérer.

— Je prends pas de douche avec des parfums de luxe, désolé, dis-je avec désinvolture.

Mais Ram, qui se tient à quelques pas de nous, plisse les yeux. Elle semble avoir remarqué quelque chose elle aussi.

— L’odeur de la Sorcière est plus forte ici, murmure-t-elle.

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La confrontation

Avant que les choses ne dégénèrent, un bruit attire notre attention. Une silhouette émerge des bois, et je reconnais immédiatement la femme en robe blanche aux cheveux roses.

— C’est elle, murmuré-je pour moi-même.

Garfiel se retourne brusquement, ses muscles tendus comme un ressort prêt à bondir.

— C’est quoi, ça ?!

La femme reste immobile un instant, puis disparaît à nouveau dans les ombres, rapide comme l’éclair.

Je me redresse, prêt à la suivre, mais Garfiel me bloque le passage, son regard brûlant de suspicion.

— Pas question que je te laisse courir après ça, étranger.

— Et pourquoi pas ? Peut-être que cette... chose a des réponses, répliqué-je.

Ram s’interpose, levant une main pour calmer les choses.

— Assez. Wilfried, reste ici. Si cette personne est liée au Sanctuaire, nous le saurons tôt ou tard.

Je serre les dents, mais je sais qu’elle a raison. Un seul faux pas, et tout peut basculer.

Je détourne les yeux et murmure pour moi-même :

— Très bien. Mais si elle revient, je serai prêt.

La nuit tombe sur le Sanctuaire, le froid se mêlant à l’obscurité, et c’est à ce moment qu’Emilia émerge enfin du tombeau. Elle a l’air différente, fragile, presque brisée. Ses pas sont lents, et sa tête reste baissée comme si elle portait un poids invisible.

Je veux m’approcher d’elle, l’interroger, la soutenir... mais un obstacle me barre le chemin.

Garfiel.

Il se plante devant moi, ses bras croisés et son regard perçant, un sourire en coin qui trahit sa méfiance.

— Pas un pas de plus, l’étranger. Elle a besoin de repos, pas d’un curieux qui va la chambouler encore plus.

Je le fixe, mes yeux passant brièvement derrière lui pour voir Emilia. Nos regards se croisent un instant. Ses yeux argentés me supplient silencieusement : Ne t’en mêle pas. Pas maintenant.

Elle détourne rapidement le regard, s’appuyant sur Ram, qui commence à la guider vers le chalet.

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Une fracture invisible

Je reste immobile un instant, ma main légèrement tendue vers Emilia avant de la baisser. Quelque chose a changé. Elle garde une distance avec moi, et je sais exactement pourquoi.

Le souvenir de la sélection royale, où elle a été critiquée et ridiculisée, me revient en mémoire. Ce n’était pas seulement contre elle : j’ai aussi été attaqué, accusé à tort, et isolé. Mais malgré cela, j’ai avancé seul, affrontant le Culte de la Sorcière et ses horreurs.

Pourtant, mon indépendance, ma capacité à survivre là où d’autres auraient échoué... cela a dû lui laisser un goût amer. Peut-être qu’elle ressent que, dans cette lutte, je n’ai pas eu besoin d’elle.

Et maintenant, elle se retrouve face à un échec cuisant au premier test du tombeau, et son instinct est de s’isoler encore plus.

Je serre les poings.

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Une confrontation froide

Alors que je me détourne pour m’éloigner, je sens une main brutale saisir mon col. Je me retourne immédiatement, les muscles tendus.

C’est Garfiel, bien sûr.

— Écoute-moi bien, l’étranger, commence-t-il, sa voix basse et menaçante. Si tu fais un seul faux pas ici, je te jure que...

Mais je n’attends pas qu’il termine sa phrase. Je saisis son bras avec ma main, et dans un mouvement instinctif, je le repousse avec une force que je n’ai pas mesurée.

Il recule d’un pas, visiblement surpris, mais son expression se transforme rapidement en colère. Avant qu’il puisse dire quoi que ce soit, je le fixe droit dans les yeux, mes pupilles glaciales, et je parle d’une voix calme mais tranchante.

— Sinon quoi, Garfiel ? Tu veux me tuer ?

Un silence tombe entre nous, tendu et lourd. Je ne bouge pas d’un centimètre, mes mots claquant comme un défi.

— Je suis le Survivant Brun, que je sache, continué-je, ma voix plus basse mais chargée de détermination. Tu crois que tes menaces vont m’effrayer ?

Garfiel plisse les yeux, mais il ne bouge pas. Il doit sentir que je suis sérieux, que je ne suis pas quelqu’un qui recule face à une menace.

— T’as vraiment pas peur de crever, hein ? grogne-t-il en grinçant des dents, son poing serré tremblant légèrement.

Je croise les bras, toujours calme en apparence, bien que je surveille chaque mouvement de son corps.

— Si j’avais peur de mourir, Garfiel, je ne serais pas là, dis-je, le ton aussi froid que ma posture. Je suis pas venu au Sanctuaire pour qu’un gamin trop impulsif m’empêche de faire ce qu’il faut.

Ses crocs se dévoilent dans un rictus menaçant, mais il ne répond pas tout de suite. Ses yeux jaunes m’examinent, cherchant une faille, un signe de faiblesse.

— Toi, t’es qu’un mystère ambulant, marmonne-t-il finalement, son ton empli de méfiance. T’es pas normal, je le sens... et ça me plaît pas.

Je hausse les épaules, délibérément provocateur.

— Tant mieux, je ne suis pas ici pour plaire.

Un silence tendu s’installe, comme si chacun attendait que l’autre fasse un faux pas. Mais Garfiel finit par reculer d’un pas, relâchant légèrement la tension.

— Fais gaffe à toi, l’étranger, lâche-t-il, un doigt pointé vers moi. Si t’essaies quoi que ce soit contre le Sanctuaire, je te réduirai en miettes.

— Bonne chance pour ça, dis-je simplement, avant de tourner les talons et de m’éloigner, laissant ses menaces derrière moi.

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Réflexion dans l’obscurité

Alors que je m’éloigne de Garfiel, le calme apparent ne fait que masquer la tempête qui gronde en moi. Ce garçon est plus qu’un simple obstacle : il est une bombe prête à exploser. Son instinct, son agressivité, sa force... tout cela pourrait être un problème majeur si je ne fais pas attention.

Mais ce n’est pas lui le plus urgent. Emilia est en danger, que ce soit physiquement ou mentalement. Son état après le test, son regard évitant, ses épaules affaissées... tout crie qu’elle est au bord de la rupture.

Et pourtant, je ne peux rien faire. Pas maintenant. Ram, toujours aussi stoïque, m’a lancé un regard significatif avant de s’éloigner avec Emilia : Pas encore. Attends.

Je serre les poings. Attendre n’est pas dans ma nature, surtout quand je sais que l’inaction pourrait tout empirer. Mais pour une fois, je vais devoir jouer le jeu, suivre le courant, et trouver une autre manière d’agir.

Ma priorité reste claire : découvrir ce que cache ce Sanctuaire et les vérités qui s’y terrent. Si Roswaal a voulu que nous venions ici, ce n’est pas sans raison. Et ce tombeau... il cache bien plus que ce qu’il n’y paraît.

Dans la nuit froide et silencieuse, une seule pensée me hante : à quel point vais-je devoir aller loin pour tout résoudre ?

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