Arc 4 - Chapitre 1
.Le manoir Roswaal est étrangement silencieux, presque oppressant. Cela fait maintenant quatre jours qu’Emilia et Ram sont parties au Sanctuaire, et leur absence commence à devenir inquiétante. Je sens une tension croissante dans l’air, un mélange de suspicion et d’incertitude. Quelque chose ne tourne pas rond.
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L'arrivée de Petra
En attendant, un autre événement est venu perturber cette atmosphère déjà lourde : l’arrivée de Petra.
La jeune fille, avec son énergie juvénile et son sourire éclatant, a décidé de devenir domestique au manoir. Elle semble déterminée à prouver sa valeur et se montre particulièrement attentive à mes besoins.
Je dois admettre que son enthousiasme est... déconcertant. Elle est souvent là, à chercher des prétextes pour me parler ou me proposer son aide. D’une certaine manière, je trouve cela réconfortant. Mais cela n’échappe pas à Rem, qui arbore parfois un regard... disons, peu amical envers Petra.
La jalousie de Rem atteint un nouveau niveau ce matin. Après que Petra m’ait apporté un thé parfaitement préparé et se soit attardée un peu trop près de moi, Rem passe en mode yandere. Ses yeux brillent d’une intensité troublante, et elle me lance un regard qui semble dire : "Tu m’appartiens, alors arrête de t’attarder sur d’autres filles."
Je soupire profondément, posant ma tasse.
— Rem, calme-toi. Petra est juste... Petra.
Mais cela ne suffit pas à la convaincre, et je passe une bonne demi-heure à apaiser sa jalousie, promettant que rien ne changera entre nous.
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La menace Meili
Cependant, il y a un problème encore plus délicat que la jalousie de Rem : Meili.
Je l’ai placée dans une chambre close pour sa sécurité et celle des autres, mais cela complique les choses. Si Petra découvre qu’elle est ici, cela risque de dégénérer. Après tout, Meili a attaqué le village d’Arlam et kidnappé Petra, ainsi que d’autres enfants. L’hostilité entre elles serait inévitable.
Pour l’instant, je confie à Rem la tâche de former Petra tout en lui cachant l’existence de Meili. Rem accepte, bien qu’elle me lance un regard inquiet.
— Tu es sûr que c’est une bonne idée ?
— Non, mais je n’ai pas d’autre choix.
Elle hoche la tête et retourne à ses tâches, me laissant seul face à mes pensées.
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Une discussion avec Béatrice
Déterminé à obtenir des réponses, je me rends à la bibliothèque. Depuis les récents événements – mon lien étrange avec Roswaal, mes confrontations avec Petelgeuse, et les révélations sur Puck et Emilia – des questions sans réponses m’obsèdent.
Je pousse la porte de la bibliothèque et trouve Béatrice assise dans son fauteuil habituel, plongée dans un livre ancien. Elle ne lève même pas les yeux en me voyant entrer.
— Qu’est-ce que tu veux, je suppose ?
Je referme la porte derrière moi, m’approchant lentement.
— Des réponses.
Elle tourne une page, indifférente.
— Tu demandes beaucoup pour quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il cherche, en vérité.
— Oh, je sais ce que je cherche, Béatrice. Je veux savoir pourquoi tout semble tourner autour de ce maudit manoir, pourquoi Roswaal joue un double jeu, et pourquoi tu restes enfermée ici sans jamais vraiment intervenir.
Cette fois, elle lève les yeux, son regard perçant rencontrant le mien.
— Tu es plus perspicace que je ne le pensais, je suppose. Mais tu es aussi terriblement naïf si tu crois que je vais te donner toutes les réponses si facilement.
Je croise les bras, déterminé.
— Alors donne-moi ce que tu peux.
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Les secrets du passé
Béatrice reste silencieuse un long moment, comme si elle pesait le pour et le contre. Finalement, elle referme son livre avec un soupir.
— Tu veux savoir pourquoi Roswaal agit ainsi ? C’est simple : il poursuit un objectif vieux de plusieurs siècles, je suppose. Un objectif qui te dépasse largement.
— Et toi ? Pourquoi es-tu liée à tout ça ?
Elle hésite, puis murmure :
— Parce que j’ai un contrat. Et tant que ce contrat existe, je n’ai pas le droit de m’éloigner de ce manoir.
— Un contrat avec qui ?
Elle me regarde avec une lueur de défi dans les yeux.
— Devine.
Je serre les dents, frustré par ses demi-réponses.
— Très bien, Béatrice. Garde tes secrets. Mais sache que je trouverai la vérité, avec ou sans ton aide.
Elle esquisse un sourire mystérieux, puis retourne à son livre.
— Bonne chance, je suppose. Tu en auras besoin.
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Une décision à prendre
En quittant la bibliothèque, je ressens une étrange détermination. Peu importe ce que Roswaal manigance, ou les vérités que Béatrice refuse de partager, je sais une chose : je dois protéger ceux qui comptent sur moi.
Et pour cela, je dois être prêt à tout.
Le froid me frappe comme un coup de massue dès que je franchis le seuil de la bibliothèque. Le manoir, tout entier, est figé dans une prison de glace immaculée. Ce n'est pas seulement une baisse de température. Non, c'est bien pire. C'est comme si le temps lui-même s'était arrêté, chaque particule d'air figée dans une étreinte glaciale.
Je serre les dents, mes pas crissant sur le sol givré alors que je tente de comprendre ce qui se passe. Le silence est assourdissant, presque surnaturel. Pas un souffle de vie, pas un bruit, rien.
Trois possibilités me viennent immédiatement en tête.
1. Roswaal. Il pourrait avoir orchestré ça pour une raison tordue qui lui échappe à tous sauf lui.
2. Emilia. Peut-être un accès de panique ou un pouvoir incontrôlé, mais c’est peu probable.
3. Puck. Le plus plausible. Et si c'est Puck, cela ne signifie qu'une chose : Emilia est morte.
— Bon sang, marmonné-je entre mes dents, le souffle se condensant devant moi.
Mes doigts glissent sur la garde de mon kukri, comme si une arme pouvait m’aider face à ce genre de catastrophe. Mon instinct hurle qu’il faut bouger, agir, mais mes membres sont alourdis par la panique.
Je fais un pas, puis un autre, avançant lentement dans ce manoir transformé en mausolée de glace.
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La vérité cruelle
Les couloirs sont comme des tombes, chaque pièce figée dans une scène de vie suspendue. Une serviette gelée en l'air, des flammes immobiles dans l'âtre. Je m’arrête devant la salle de séjour. Rem.
Je pousse la porte, le cœur battant à tout rompre.
Et là, je la vois. Rem, assise dans une posture figée, les mains tendues vers une tasse de thé. Son visage est paisible, endormi dans un cauchemar glacé.
— Pas toi aussi...
Ma voix résonne dans l’immensité vide du manoir, mais je sais qu’elle ne m’entend pas.
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Le piège
Un grondement sourd me tire de ma contemplation. L’air devient encore plus lourd, oppressant. Une silhouette massive se dessine à l’autre bout du couloir.
Puck.
Mais ce n’est pas le Puck que je connais, cette petite créature espiègle. Non, c’est une entité monstrueuse, une bête gigantesque aux yeux emplis de rage et de tristesse. Le Grand Esprit du Froid dans toute sa puissance.
Je comprends immédiatement ce que cela signifie : Emilia est morte.
— Alors, c’est comme ça que ça finit ? dis-je, plus pour moi-même que pour lui.
Puck avance lentement, sa taille immense remplissant l’espace. Son regard est fixe, implacable.
— Je suis désolé, Wilfried, mais je dois honorer ma promesse.
Sa voix résonne dans ma tête, un mélange de tristesse et de résolution.
— Honorer ta promesse ? Tu veux dire tout détruire ? C'est ça ton plan ?
Il hoche la tête, et un frisson d’effroi me traverse.
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Le combat désespéré
Je serre mon kukri dans ma main, l'autre sur la poignée de mon épée de la vie. Les chances de vaincre une entité comme Puck sont nulles, mais je ne suis pas du genre à me laisser mourir sans me battre.
Je m'élance, mais l'air glacé entrave mes mouvements. Puck lève une patte massive, et avant que je ne puisse esquiver, une vague de glace me projette contre le mur.
La douleur est immédiate, mais je me relève, haletant.
— Tu ne peux pas tous nous tuer, Puck !
— Ce n’est pas personnel. C’est juste... nécessaire.
Je serre les dents, refusant de céder.
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La fin inévitable
Malgré mes efforts, la glace gagne du terrain. Mon corps commence à se figer, mes mouvements ralentissent. Le froid mord jusqu’à mes os.
— Tu veux détruire ce monde ? Alors je te jure que, d’une manière ou d’une autre, je t’arrêterai.
Mais mes paroles se perdent dans le vide. Puck avance, implacable, et une lumière blanche envahit ma vision.
Puis, le froid m’emporte.
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La dernière pensée qui traverse mon esprit avant que tout ne s'éteigne est une promesse silencieuse :
Ce n’est pas la fin. Je reviendrai.
Quand j'ouvre les yeux, je suis de nouveau dans le hall du manoir, juste à l'instant où Emilia et Ram se préparent à partir pour le Sanctuaire. Tout semble identique : l'air est lourd, la tension palpable, et Otto ajuste les rênes de la calèche avec une nervosité visible.
Mais je suis différent.
Les souvenirs du Jardin des Ombres me frappent comme une avalanche. La boucle, le gel, la mort. Puck. Ce regard désolé mais implacable avant qu'il ne détruise tout. Je frissonne en y repensant.
Ram me fixe avec ses yeux pénétrants, comme si elle pouvait sentir que quelque chose ne va pas.
— Wilfried, restez ici et...
Je la coupe net, mon regard sombre ancré dans le sien.
— Pas un mot de plus.
Elle plisse les yeux, mais elle ne proteste pas. Elle sait que je ne reculerai pas.
Je me tourne vers Otto, qui semble hésiter à demander quoi que ce soit.
— Monte sur le siège et fais avancer la calèche, dis-je d'un ton ferme.
Il acquiesce, sans un mot. Je monte dans la calèche à côté de Ram et Emilia, qui reste silencieuse, confuse mais trop préoccupée pour poser des questions.
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En route vers le Sanctuaire
Le voyage se déroule dans un silence tendu. Je réfléchis à toute vitesse, mes pensées tournoyant autour de ce que j'ai vu et déduit dans le Jardin des Ombres.
1. Roswaal. Son rôle est clair. Ce bâtard sait que je peux remonter le temps, mais pas les conditions qui pousent à ça, et il manipule tout pour atteindre ses propres objectifs. Son évangile en main est une preuve évidente.
2. Le Sanctuaire. Les trois épreuves d’Echidna : le passé, le présent, et le futur. Emilia a dû échouer, encore et encore, et cela l’a brisée.
3. Ram. Elle est le lien entre Roswaal et tout ce chaos. Il l’a manipulée pour éliminer Emilia, soit directement, soit en orchestrant des événements pour provoquer sa chute.
Je dois agir rapidement pour briser ce cycle.
— Wilfried ? murmure finalement Emilia, interrompant mes pensées.
Je lève les yeux vers elle. Ses mains tremblent légèrement, mais son regard est déterminé.
— Pourquoi viens-tu avec nous ? C’est... interdit pour les humains, tu le sais.
Je croise les bras et m’adosse contre le bois de la calèche.
— Je suis là pour m'assurer que tout se passe bien. Si tu veux devenir reine, tu ne peux pas te permettre d’échouer encore une fois.
Elle fronce les sourcils, mais elle ne répond rien.
Ram, cependant, ne détourne pas son regard de moi.
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L’arrivée au Sanctuaire
Lorsque nous arrivons, le Sanctuaire est exactement comme je me l’étais imaginé : un mélange de désolation et de mystère. Les arbres morts, les bâtiments en ruine, et cette atmosphère oppressante qui semble peser sur nos épaules dès que nous descendons de la calèche.
— C’est... ici, murmure Emilia en regardant autour d’elle.
Otto reste en retrait, tirant les rênes pour guider la calèche dans un endroit sûr. Ram, elle, marche devant, sûre d’elle, mais je sens son dos raide, comme si elle était sur ses gardes.
Au loin, une silhouette se dessine : Garfield, le protecteur du Sanctuaire. Son expression est aussi farouche que dans mes souvenirs, mais il ne semble pas hostile pour l’instant.
Je m’approche d’Emilia.
— Tu devras passer les épreuves, lui dis-je calmement.
Elle tourne un regard surpris vers moi.
— Comment... comment le sais-tu ?
Je me contente de répondre d’un ton neutre :
— Appelle ça de l’intuition.
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Préparer le plan
Le soir venu, alors que Emilia se prépare à entrer dans le tombeau pour la première épreuve, je reste à ses côtés. Ram et Otto se sont éloignés pour discuter avec les villageois.
— Wilfried, murmure-t-elle. Je suis nerveuse.
Je pose une main ferme sur son épaule.
— C’est normal. Mais tu peux le faire. Souviens-toi que tu n’es pas seule.
Elle hoche la tête, visiblement rassurée, avant de s’avancer vers le tombeau.
Je reste en retrait, observant son dos disparaître dans l’obscurité.
Le Sanctuaire est la clé. Si je veux briser ce cycle infernal, je dois comprendre les épreuves d’Echidna, Roswaal, et les intentions de Ram. Mais surtout, je dois m’assurer qu’Emilia ne soit pas brisée par ce test.
Je plisse les yeux en fixant l’horizon.
— Cette fois, je ne mourrai pas.
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