Arc 3 - Chapitre 9

La nuit est tombée, et un silence oppressant s’installe autour de nous. L’air est froid, tranchant, presque hostile, comme s’il portait en lui les murmures de ceux que je vais affronter. Mes yeux balayent les environs, chaque ombre, chaque mouvement devient suspect. Je suis vêtu de mon uniforme de collège, symbole absurde d’un passé qui me semble si lointain. Cette tenue n’a rien à faire ici, mais je m’y accroche comme à une ancre, un rappel que j’ai encore quelque chose d’humain.

Autour de moi, tout le monde est prêt. On se prépare pour le lendemain, mais moi, je sais que ma nuit sera longue. Mon esprit calcule, anticipe, refait les scénarios encore et encore. Je ne peux pas échouer, pas cette fois. La forêt, sombre et dense, est le théâtre de l’affrontement à venir, et je dois m’assurer que tout soit parfait.

Ma cape noire, accrochée à mon côté, me rassure. Elle peut me rendre invisible et furtif, un atout crucial face aux monstres que je vais affronter. Quant à mon sniper, il repose à mes côtés, chargé de deux cartouches. Deux. Pas une de plus. Deux opportunités de mettre fin à ce cauchemar.

Je serre la poignée du fusil, inspirant profondément pour calmer les battements de mon cœur. Mes cibles sont là : Petelgeuse Romanée-Conti, L’Archevêque de la Paresse, dans un corps grotesquement féminin ; Lye Batenkaitos, le Gourmet, dont le simple regard donne la nausée ; et Regulus Corneas, l’incarnation de la cupidité. Ces trois-là réunis sont une aberration, une menace que je ne peux ignorer.

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Minuit.

Je suis en position, accroupi dans les feuillages denses, la cape autour de moi, m’imprégnant de l’obscurité comme si elle était une seconde peau. Le vent siffle doucement, portant jusqu’à mes oreilles des bribes de voix. Les Archevêques sont en mouvement. Je fixe mon viseur, les repérant enfin à travers les branches épaisses.

Petelgeuse avance d’un pas étrange, son corps féminin déformé par des gestes compulsifs et désordonnés. Ses yeux fous brillent dans l’obscurité, et je peux entendre son rire hystérique même d’ici. Derrière elle, Regulus marche d’un pas calculé, arrogant, comme si tout lui appartenait, y compris la forêt elle-même. Lye, quant à lui, traîne légèrement derrière, ses yeux avides observant tout ce qui l’entoure avec une faim insatiable.

— « Trois monstres en un seul endroit… » Je murmure pour moi-même, la tension montant dans ma poitrine.

La situation est plus complexe que prévu. Petelgeuse semble être sous l’impression que je suis le nouvel Archevêque de l’Orgueil, une méprise qui, pour l’instant, joue en ma faveur. Ses paroles délirantes résonnent entre les arbres.

— « Ah ! Orgueil, Orgueil, Orgueil ! » hurle-t-elle, ses mains se contorsionnant dans un ballet grotesque. « Vous avez osé m’humilier, moi, le plus dévoué des fidèles ! »

Je plisse les yeux, mon doigt se resserrant sur la gâchette. Pas encore. Pas maintenant.

Regulus s’arrête soudainement, pivotant légèrement pour observer Petelgeuse avec un dédain à peine dissimulé.

— « Pourriez-vous vous taire un instant ? Vos bavardages sont une insulte à ma présence. »

Petelgeuse se fige, son visage se tordant dans une expression de rage et de confusion. Elle commence à trembler, puis à rire. Un rire brisé, plein de folie.

— « Vous osez !? Moi, une insulte ? Moi, une simple distraction à vos yeux ? »

La tension entre eux est palpable, et je me rends compte que c’est ma chance. Leur conflit d’intérêts est une opportunité que je ne peux pas laisser passer.

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1h du matin.

Je prends une profonde inspiration, mon fusil parfaitement aligné sur Lye. C’est lui ma priorité. S’il me mange, si mon nom disparaît, tout sera fini. Mon doigt tremble légèrement sur la détente, pas par peur, mais par anticipation.

— « Lye Batenkaitos… » Je murmure, mon regard fixé sur son visage sournois.

Il s’arrête, comme s’il avait entendu quelque chose, ses yeux balayant les environs. Mon cœur s’arrête une fraction de seconde. Puis il se remet en mouvement, ses lèvres s’étirant en un sourire carnassier.

C’est maintenant ou jamais.

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Je tire.

Le coup de feu déchire la nuit, un bruit sourd et brutal qui fait écho dans la forêt. Ma cartouche, spécialement conçue pour tuer en un coup, file droit vers Lye, visant sa tête avec une précision chirurgicale.

Pourtant, au moment où elle aurait dû l’atteindre, quelque chose se passe. Lye pivote légèrement, presque par instinct, et la balle effleure sa joue avant de s’écraser contre un arbre derrière lui.

— « Quoi ?! » Je murmure, incrédule.

Lye tourne lentement la tête dans ma direction, son sourire s’élargissant.

— « Oh, mais c’est un jeu ? Quelqu’un essaie de me tuer ! » Ses yeux brillent d’une lueur malsaine, et je sens un frisson glacé parcourir ma colonne vertébrale.

Regulus et Petelgeuse se tournent également vers moi, leurs expressions variant entre l’agacement et l’excitation.

— « Alors, le prétendu Orgueil se dévoile enfin, hmm ? » dit Regulus, un sourire arrogant se dessinant sur son visage.

Je serre les dents, reculant lentement dans l’ombre. Ma cape me rend invisible, mais pas invincible.

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Le combat commence.

Ils s’avancent, leurs présences écrasantes rendant l’air presque irrespirable. Je réarme mon fusil, une dernière cartouche. Une chance. Une seule.

Mon esprit tourne à toute vitesse. Qui dois-je abattre ? Lye est toujours la priorité, mais Regulus et Petelgeuse sont trop imprévisibles pour être ignorés.

— « Il ne faut pas paniquer. Reste calme. Réfléchis. » Je murmure pour moi-même, ma voix à peine audible.

Lye se rapproche, sa langue passant sur ses lèvres comme un prédateur prêt à dévorer sa proie. Regulus reste en retrait, observant, tandis que Petelgeuse continue de gesticuler frénétiquement, ses rires brisés résonnant dans l’obscurité.

Je prends une décision.

Je vise à nouveau, cette fois en ciblant le cœur de Lye. Une fraction de seconde, mon doigt presse la détente.

Arc 3 - Chapitre 9 : Le souffle d'une nuit sans fin (Suite)

La balle fend l’air comme un cri silencieux, une force brute et implacable guidée par ma volonté. Le canon encore chaud vibre légèrement entre mes mains, mais mes yeux ne quittent pas ma cible. Je vois tout, comme si le temps ralentissait autour de moi.

Lye Batenkaitos, le Gourmet, tourne la tête au dernier moment, son sourire carnassier toujours accroché à son visage. Mais cette fois, ce ne sera pas suffisant. La balle frappe sa poitrine avec une précision chirurgicale, traversant ses défenses comme une lame chauffée à blanc.

Le choc le projette en arrière, son corps s’effondrant lourdement au sol. Une étrange lueur traverse ses yeux alors qu’il porte une main tremblante à sa blessure, une expression de surprise, presque d’incrédulité, déformant son visage.

« C’est… impossible… » murmure-t-il, sa voix faible, comme si l’idée même de sa mort lui était inconcevable.

Il s’effondre complètement, et une seconde de silence glacé s’étire dans la clairière.

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Je reste immobile, figé dans ma position de tir, incapable de relâcher la tension dans mes muscles. La forêt elle-même semble retenir son souffle.

Puis vient le vacarme.

Un rugissement sourd, comme un écho lointain des profondeurs, résonne autour de nous. Un souffle éthéré traverse les arbres, faisant frissonner chaque feuille. C’est la présence du Grand Cetus, la constellation liée à Lye, qui s’efface peu à peu, emportant avec elle les dernières traces de son influence.

Je déglutis difficilement. Mon raisonnement était juste. Lye Batenkaitos partageait une essence avec la Baleine Blanche, l’une des trois grandes bêtes démoniaques. Une monstruosité qui dévore les noms et les souvenirs, et lui, il en était l’incarnation humaine.

« Une contradiction vivante... » Je murmure, fixant son cadavre.

L’archevêque de la Gourmandise, celui qui ne se nourrissait pas de nourriture mais des identités mêmes, gît désormais à mes pieds.

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Regulus Corneas s’avance alors, ses pas légers mais chargés d’une arrogance insupportable. Il observe le corps de Lye, puis relève les yeux vers moi, un sourire satisfait accroché à son visage comme un masque.

— « Eh bien, c’est une performance intéressante, je dois l’admettre. Ce misérable m’irritait parfois avec son appétit insatiable. Vous avez fait preuve d’une certaine utilité, ce qui est rare. »

Il croise les bras, son regard brillant d’un mélange de curiosité et de condescendance. Je sais qu’il est dangereux, bien plus que je ne peux l’imaginer, mais pour l’instant, il ne semble pas vouloir m’affronter.

— « Mais tout de même, quelle audace. » ajoute-t-il en inclinant légèrement la tête, comme s’il réfléchissait.

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Petelgeuse, de son côté, est dans un état d’agitation frénétique. Son rire éclate dans l’air, brisé, hystérique. Elle se balance d’avant en arrière, ses mouvements grotesques accentués par la silhouette féminine qu’elle habite.

— « Ah ! Ah ah ! Mon cher Gourmet, dévoré par sa propre faiblesse. Quelle IRONIE ! Quelle DOULEUR ! Quelle INJUSTICE ! » hurle-t-elle, ses mains se tordant en un ballet macabre.

Elle s’arrête brusquement, ses yeux se plantant dans les miens, une lueur de haine pure illuminant son regard.

— « Toi... L’Orgueil incarné, toi, tu oses me défier, MOI ? »

Sa voix monte d’un cran, son corps tremblant de rage. Mais je n’ai pas le temps pour ses délires.

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Regulus secoue la tête, visiblement irrité par les cris de Petelgeuse.

— « Encore ces hurlements insupportables. Franchement, je me demande comment quelqu’un peut supporter d’être aussi bruyant. Tu me fatigues, Paresse. »

Il se tourne vers moi, levant une main pour souligner sa prochaine déclaration.

— « Je vais partir maintenant. Tout cela ne m’intéresse plus. Tu peux bien t’amuser avec elle, Orgueil, ou peu importe comment elle t’appelle. Mais souviens-toi : ce monde m’appartient, et toi, tu n’es qu’un invité temporaire. »

Son ton est glacial, mais je vois dans ses yeux une certaine satisfaction. Regulus n’a aucune loyauté, aucune volonté de travailler en équipe. Avec Lye mort, il n’a aucune raison de rester ici.

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Il disparaît dans un souffle d’air, me laissant seul avec Petelgeuse.

Je sens mes muscles se détendre légèrement, mais je sais que le danger n’est pas encore passé. Petelgeuse est toujours là, plus instable que jamais.

— « Bien, bien, bien... Nous sommes seuls maintenant, toi et moi, mon cher ORGUEIL. »

Je réarme mon fusil, cette fois avec des balles yang. Je n’ai plus de cartouches spéciales, mais je suis prêt à tout.

— « Tu veux jouer, Paresse ? Alors viens. Je suis prêt. »

Arc 3 - Chapitre 9 : Le souffle d'une nuit sans fin (Suite 2)

Le rire frénétique de Petelgeuse résonne à travers la clairière, ses mouvements désarticulés défiant toute logique. Ses bras se tordent, ses jambes se plient à des angles impossibles, comme si elle n’était qu’une marionnette brisée animée par une force sinistre.

De mon côté, mes mains serrent fermement mon sniper, mais je sais que je dois jouer avec précaution. La balle tirée sur Lye m’a offert un avantage temporaire, mais ce monstre face à moi est un tout autre défi.

"Ne le tue pas. S'il meurt, il te possédera." Cette pensée tourne en boucle dans ma tête, un avertissement que je ne peux ignorer. Petelgeuse n'est pas simplement un fou ; il est un esprit parasite, prêt à prendre le contrôle du corps de son assassin.

Mais il y a une idée, un fragment de souvenir qui émerge dans mon esprit. Quelque chose que j’ai préparé, au cas où.

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Petelgeuse bondit, ses doigts griffant l’air comme des serres, ses yeux injectés de sang fixés sur moi. Je recule d’un pas, esquivant son attaque de justesse, mais je sens la pression monter.

— « TU TE MOQUES DE MOI, ORGUEIL ?! TU OSES ME TESTER ?! TU OSES... ! » hurle-t-il, sa voix brisée par une rage sans limite.

J’arme rapidement une autre balle dans mon fusil, mais cette fois, je vise ses jambes. Une détonation retentit, et la balle traverse son genou, le faisant vaciller.

Petelgeuse tombe à terre, mais il rit encore, comme si la douleur n’était qu’un autre carburant pour sa folie.

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Je profite de cet instant pour fouiller dans ma cape, tirant une épée dissimulée dans un fourreau banal.

"L’épée de la vie."

C’est une arme que j’ai récupérée auprès d’un collectionneur excentrique de Lugnica. Une des dix épées légendaires, elle est dotée d’un pouvoir unique : celui de couper non seulement la chair, mais aussi l’âme.

Pour éviter les convoitises, j’ai utilisé un sort Yin pour altérer son apparence, la faisant passer pour une simple épée standard des chevaliers. La véritable épée standard que je possédais est restée en sécurité à l’académie.

Je dégaine l’arme. Même dissimulée sous cette forme, je ressens son poids inhabituel, comme si elle pulsait d’énergie vitale.

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Petelgeuse semble soudain intrigué, son regard fou se posant sur l’arme.

— « Qu’est-ce que c’est que ça ? Une épée ? Une PATHÉTIQUE ÉPÉE ?! »

Il rit encore, mais son corps commence à se tordre, des bras invisibles émergeant autour de lui. Je peux sentir la pression de sa magie, les "Mains invisibles" prêtes à m’écraser.

Je bondis en avant, esquivant de justesse une attaque. L’épée fend l’air, brillant d’une lumière étrange lorsqu’elle traverse l’un de ses bras invisibles. L’effet est immédiat : la main se désintègre dans un hurlement strident.

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— « QUOI ?! » crie Petelgeuse, reculant brusquement, son visage marqué par l’incompréhension.

— « Ce n’est pas une épée ordinaire, Paresse. Tu ne vas pas me posséder aujourd’hui. »

Je me tiens prêt, l’arme levée, mon esprit concentré. Je sais qu’il va devenir encore plus imprévisible, mais cette épée est ma meilleure chance.

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Le combat devient une danse mortelle. Il se jette sur moi avec une furie incontrôlable, ses attaques venant de toutes les directions. Chaque coup de son pouvoir invisible fait trembler l’air autour de nous, mais l’épée répond à chaque mouvement.

Je tranche, esquive, contre-attaque. Petelgeuse hurle de rage à chaque coup, et ses Mains invisibles disparaissent les unes après les autres.

Mais je sens aussi mon endurance faiblir. Cette arme, bien que puissante, semble drainer mes forces à chaque utilisation.

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Enfin, dans un ultime échange, je vois une ouverture. Petelgeuse bondit une dernière fois, ses bras visibles et invisibles tendus vers moi. Je fais un pas de côté, pivotant sur moi-même, et en un mouvement fluide, je plante l’épée directement dans sa poitrine.

La lame brille d’un éclat aveuglant, une lumière qui semble aspirer quelque chose hors de son corps. Petelgeuse hurle, un cri déchirant qui semble résonner jusque dans mon âme.

Son corps se fige, puis s’effondre au sol. Je reste immobile, haletant, l’épée toujours en main.

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Je sais que je dois agir vite. L’arme a non seulement détruit son corps, mais aussi son essence, empêchant toute tentative de possession.

Je regarde le cadavre devant moi, mon cœur battant à tout rompre.

— « C’est fini. Enfin… fini. »

Mais quelque chose en moi me dit que ce n’est qu’une victoire temporaire. Dans ce monde, la mort n’est jamais la fin, et les ténèbres ne font que se dissimuler, attendant leur prochaine occasion.

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