Arc 3 - Chapitre 8

Je suis devant la grotte. L’air glacé qui s’échappe de son entrée semble chargé de mort, une invitation morbide à m’y aventurer. Mes pensées tourbillonnent, une stratégie se formant dans ma tête. Je n’ai pas le luxe d’improviser. Rem est là-dedans, probablement blessée, peut-être même sur le point de mourir.

M’infiltrer ? Non, c’est hors de question. Si Rem a parlé, ils savent déjà trop de choses sur moi. Ils seraient sur leurs gardes, et un mouvement maladroit suffirait à nous condamner tous les deux. Non, la seule solution est d’agir rapidement et efficacement.

Phase 1 : Élimination à distance

J’ajuste mon sniper, vérifie mes munitions et active ma cape d’invisibilité. Lentement, je m’approche, me fondant dans les ombres qui entourent l’entrée. La forêt autour de la grotte est remplie de cultistes, certains patrouillant, d’autres discutant en petits groupes.

Un à un, je les vise. Le premier, une balle Yang en pleine tête. Le second, une flèche silencieuse en plein cœur. Pas d’alerte. Leur organisation chaotique joue en ma faveur. Les corps tombent dans un silence macabre, absorbés par l’obscurité de la nuit.

Phase 2 : Appâter Petelgeuse

Quand le dernier sbire tombe, je me redresse, ajustant ma tenue. Il reste Petelgeuse. Ce monstre, cet esprit qui s’accroche aux corps humains pour propager sa folie. Je connais son jeu, et je sais que l’affronter de front serait du suicide.

Je prends une grande inspiration avant d’élever la voix, ma posture fière et imposante :
— « Paresseux ! »

L’écho de mon cri résonne dans la grotte. Une seconde de silence suit, puis une cacophonie de rires hystériques s’élève. Des pas rapides se rapprochent, et finalement, il apparaît.

Petelgeuse Romanée-Conti, vêtu de ses haillons de culte, ses yeux injectés de sang et ses mains tremblant d’excitation maladive. Son sourire tordu s’élargit en me voyant, mais je ne lui laisse pas le temps de parler.

— « Tu es si paresseux ! » Je poursuis, la colère dans ma voix résonnant avec une autorité que je ne m’attendais pas à posséder. « Oser utiliser mon humble labeur sur ce domaine, tout en gardant la réceptacle aux côtés de ta misérable personne. »

Ses yeux s’écarquillent d’étonnement et de plaisir. Je continue, sachant que les mots sont mon arme la plus puissante contre cet esprit.
— « Personne n’ose toucher à ce qui a humblement décidé de rejoindre mon camp. Petelgeuse Romanée-Conti, archevêque de la paresse, par ta flemmardise, tu as poussé l’orgueil à se montrer ! C’est impardonnable ! »

Il vacille, pris entre confusion et admiration.
— « Mon labeur… votre labeur… Mais qui… qui êtes-vous pour m’accuser ainsi ?! »

Je souris intérieurement. Sa folie est une faiblesse que je peux exploiter.

Phase 3 : Leurrer et attaquer

Petelgeuse avance, ses Mains Invisibles se déployant autour de lui. Elles scintillent sous une lumière surnaturelle, prêtes à me déchirer en morceaux. Mais je ne bouge pas, ma posture calme et confiante.

— « Tu veux savoir qui je suis ? Je suis celui qui met fin à ta folie. »

Avant qu’il ne puisse réagir, j’active mon talisman de lumière, aveuglant temporairement ses Mains Invisibles. Je cours vers lui, esquivant ses attaques désorganisées, et plante mon khukuri dans son flanc.

Petelgeuse hurle, mais je ne m’arrête pas. Chaque coup que je lui porte est précis, méthodique, et alimenté par ma rage. Il vacille, son corps humain incapable de supporter davantage de blessures.

Mais ce n’est pas fini. Il quitte son hôte, son esprit cherchant un nouveau corps à posséder. Je lance immédiatement un sort d’enfermement avec l’un des talismans, emprisonnant son essence dans un cercle magique.

— « Ton jeu est terminé, Petelgeuse. »

Phase 4 : Sauver Rem

Je me précipite dans la grotte, suivant les échos de ses gémissements. Rem est attachée à un pilier, blessée mais consciente. Ses yeux s’écarquillent en me voyant.
— « Wilfried… » murmure-t-elle, faiblement.

Je la détache, la soutiens alors qu’elle vacille sur ses jambes.
— « Tout va bien, Rem. Je suis là. On rentre à la maison. »

Ensemble, nous sortons de la grotte, laissant derrière nous un silence lourd, mais une menace enfin éradiquée, pour l'instant.

En arrivant au manoir, je descends de ma monture sans un mot, Rem affaiblie dans mes bras. Son souffle est court, son teint pâle, mais elle est toujours consciente, bien qu’à peine. Ram, Emilia, et Béatrice accourent à notre rencontre dès qu’elles nous voient franchir les portes.

— « Ram, prends soin d’elle immédiatement. Elle a perdu beaucoup de sang. »
Ram ne dit rien, mais son regard est lourd de reproches. Elle s’empresse de saisir Rem et de l’emmener dans une des chambres pour commencer les soins. Emilia veut dire quelque chose, probablement pour demander des explications, mais je l’interromps.

— « Plus tard, Emilia. Béatrice, aide Ram. Je dois réfléchir. »

Je monte directement dans ma chambre, claquant la porte derrière moi. Mes vêtements sont trempés de sueur et de sang, l’odeur métallique envahissant mes narines. Je commence à me déshabiller, mais mes pensées tourbillonnent, plus sombres à chaque instant.

Le poids de la situation

Le sceau magique que j’ai placé sur Petelgeuse est une solution temporaire. Je le sais. Je les connais, ces fanatiques. Ils n’ont pas besoin d’un vrai plan, ni de se faire confiance entre eux. Si leur maudit évangile leur ordonne de libérer Petelgeuse, ils le feront. Ils ne poseront aucune question, et je n’ai pas la force de les arrêter tous.

Pire encore, deux autres présences ont fait vibrer mon instinct de survie sur le chemin du retour. Deux archevêques. Ils sont proches, bien trop proches pour que ce soit une coïncidence. Est-ce qu’ils m’observent déjà ? Est-ce qu’ils attendent que je m’effondre pour attaquer ?

Je m’assois sur le bord du lit, la tête entre les mains. Rem. Si elle vient à mourir... Non, je ne peux pas laisser cela arriver. Si cela se produit, je me tirerai une balle dans la tête. Pas pour échapper à la souffrance, mais pour recommencer. Pour avoir une autre chance de la sauver.

Le problème des archevêques

Je me lève brusquement, jetant mes vêtements ensanglantés dans un coin. Les deux autres archevêques... Ils ne s’entendent probablement pas entre eux, mais cela ne les empêchera pas d’agir si leur évangile leur dicte un objectif commun. Je serre les poings.

Si je n’agis pas rapidement, ce manoir sera leur prochain champ de bataille. Et contrairement à la dernière fois, je doute que nous puissions évacuer tout le monde à temps. Emilia, Béatrice, Ram, et même Rem encore affaiblie... Elles sont toutes ici, vulnérables.

Je dois me préparer.

Un plan d’action

Je sors de l’armoire une tenue propre, plus légère, conçue pour la vitesse et la discrétion. Je vérifie mes armes : mon sniper, mon khukuri, et mes talismans. Tout doit être en parfait état.

Je vais également devoir parler à Emilia, lui expliquer la gravité de la situation, même si cela risque de l’effrayer. Mais elle doit savoir.

Un autre point me préoccupe : la présence de Roswaal. Ce manipulateur est absent, comme d’habitude, et cela ne me surprend pas. Mais s’il est à la capitale, il a sûrement déjà une idée de ce qui se passe ici. Et s’il sait, alors il cache quelque chose d’important.

Une décision cruciale

Une fois prêt, je me tiens devant la porte de ma chambre. Mon cœur bat rapidement, mais ma détermination est intacte. Les prochains jours décideront du sort de tout ce que je protège ici.

Je murmure pour moi-même :
— « Petelgeuse, tes collègues, peu importe leur force, je les arrêterai tous. Mais si je dois mourir mille fois pour le faire, alors qu’il en soit ainsi. »

J’ouvre la porte et descends pour rejoindre Emilia et les autres. Le combat est loin d’être terminé.

Dans le salon, l’atmosphère est tendue. Emilia, Rem, Ram, Otto, et Béatrice me fixent, attendant des explications. Le crépitement d’un feu dans l’âtre est le seul son à briser le silence lourd. Puck, fidèle à ses habitudes, s’est endormi après 17 h, et je ne peux pas compter sur son aide. Je prends une grande inspiration et commence :

— « J’ai deux nouvelles à vous annoncer. Je vais commencer par la mauvaise. »

Tous retiennent leur souffle.

— « Il y a probablement deux autres archevêques du péché quelque part, pas trop loin d’ici. Ils sont probablement en route pour libérer Petelgeuse. »

Une onde de choc traverse la pièce. Emilia porte une main à sa bouche, ses yeux s’élargissent d’angoisse. Otto serre les poings, visiblement effrayé. Ram garde son calme, bien qu’elle plisse les yeux, son cerveau tournant déjà à pleine vitesse.

Je lève une main pour leur indiquer que je n’ai pas terminé.

— « La bonne nouvelle, c’est que j’ai éliminé tous ses sbires, y compris les dix doigts. J’ai également tué Petelgeuse lui-même et scellé son âme dans un sceau magique. »

À ces mots, le soulagement semble se propager parmi eux, mais seulement un instant.

Avant que je ne puisse continuer, Béatrice traverse la pièce, lève la main, et me met une claque sonore en plein visage.

— « Idiot ! Absolument idiot, en fait ! » s’écrie-t-elle, ses yeux brillant d’une colère rare.

Je reste immobile, surpris, mais je ne bouge pas.

— « Tu t’es lancé là-dedans tout seul sans nous donner plus d’informations, je suppose. Et si ça avait mal tourné, qui aurait réparé tes erreurs, je me demande ?! »

Je garde mon calme, mais mes mâchoires se crispent.

— « Béatrice... »

Elle ne me laisse pas parler, enchaînant avec un autre point :

— « Deuxième chose, idiot. Avec ton affinité pour les esprits, tu aurais pu te faire posséder ! Et ensuite ? Tu serais devenu une marionnette de cet imbécile de Petelgeuse. Est-ce que tu y as pensé, je me demande ?! »

Je baisse les yeux un instant, conscient qu’elle n’a pas tout à fait tort. Mais je relève rapidement la tête.

— « Béatrice, tu as raison. Mais dis-moi, si je n’y étais pas allé, qui aurait pu m’accompagner ? Toi ? Non, tu dois rester dans ta bibliothèque, c’est ton rôle. Emilia ? Elle est la cible. Rem a déjà essayé d’y aller seule, et tu vois où ça l’a menée. Ram ? Elle n’a plus sa corne, et Otto n’a pas la force pour ça. Alors qui d’autre, Béatrice ? »

Elle reste silencieuse, ses lèvres tremblant légèrement. Je poursuis d’un ton plus doux :

— « Ce n’était pas une question de choix, mais de nécessité. J’ai fait ce que je devais faire pour protéger tout le monde ici. »

La salle retombe dans le silence

Emilia, toujours choquée, prend enfin la parole :
— « Wilfried… est-ce que ça veut dire qu’ils vont revenir ? Même sans Petelgeuse, ils viendront encore ? »

Je hoche la tête.
— « Oui. Leur objectif n’a pas changé. Mais maintenant, nous savons à quoi nous attendre. Nous avons une chance de nous défendre. »

Ram croise les bras, son ton acerbe.
— « Tu aurais pu mourir. Et ensuite ? Nous n’aurions même pas su où tu étais. »

— « Si je meurs, je m’arrange pour que ce ne soit pas en vain, » réponds-je avec une pointe d’amertume.

Je ne peux pas leur expliquer tout. La Mort Réversible, l’obsession de Satella… tout cela reste un fardeau que je dois porter seul. Mais je sens leurs regards, lourds de reproches, et cela me pèse plus que je ne veux l’admettre.

— « Maintenant, écoutez-moi. Il reste beaucoup à faire. Nous devons nous préparer pour ce qui va venir. »

Un plan pour le manoir

Je leur donne mes directives :

Emilia : Continue à s’entraîner avec Puck pour maîtriser ses pouvoirs, s'il se réveille.

Béatrice : Vérifie les barrières autour du manoir et renforce-les autant que possible.

Ram : S’assure que Rem récupère au plus vite et prépare des provisions.

Otto : Se charge d’un plan d’évacuation rapide le manoir si nécessaire.

Je termine en leur disant :
— « Nous devons rester vigilants. Si les archevêques attaquent, nous devons être prêts. »

Ils acquiescent, bien que l’atmosphère reste lourde. Tandis qu’ils se dispersent pour accomplir leurs tâches, je me retrouve seul un instant. Je serre le médaillon dans ma poche, une preuve de ma rencontre avec Petelgeuse.

Deux archevêques. Peut-être plus. Et aucune garantie de victoire. Mais je ne reculerai pas.

---

Point de vue de Beatrice

Le silence du manoir est lourd. Les couloirs semblent plus sombres qu’à l’accoutumée, bien qu’il soit encore tôt. Je suis retournée dans ma bibliothèque, mais mes pensées s’agitent comme un livre dont les pages seraient retournées violemment par le vent.

— « Idiot, » murmuré-je en fermant un grimoire que je n’arrive même pas à lire.

Je repense à ce que Wilfried a dit, à son regard déterminé lorsqu’il nous a fait son rapport. Il a l’air si sûr de lui, si confiant dans ses décisions… mais c’est précisément ce qui m’exaspère.

— « Toujours à agir seul, je suppose. Il croit tout porter sur ses épaules, en fait. »

Je serre les poings, mes ongles s’enfonçant dans mes paumes.

Pourquoi cela m’énerve ?

C’est une question que je n’arrive pas à élucider. Est-ce parce que je m’inquiète pour lui ? Parce que je vois une ressemblance troublante avec ceux qui, autrefois, m’ont abandonnée pour poursuivre leur propre voie ? Ou est-ce parce qu’il ne se confie jamais vraiment à nous, préférant garder ses secrets enfouis ?

— « Il aurait pu se faire posséder par cet esprit, » dis-je à voix haute, le ton acerbe.

Je m’appuie contre l’une des étagères, le regard perdu dans le vide. Cet idiot a raison sur un point : je ne pouvais pas aller avec lui. Mon rôle est de protéger ce manoir et cette bibliothèque. Mais cela ne signifie pas qu’il avait le droit de se jeter dans la gueule du loup sans prévenir personne.

— « ... S’il avait échoué, s’il avait été tué, je suppose que… »

Ma voix s’éteint. Je ne veux même pas imaginer ce scénario.

Une solitude familière

Wilfried me rappelle quelqu’un. Pas dans son apparence ou dans ses manières, mais dans son entêtement, dans cette volonté absurde de tout affronter seul.

— « Tu me rappelles trop Mère, en fait… »

C’est cette ressemblance qui m’effraie. Mère avait aussi cette manière de prendre des décisions, de ne jamais demander d’aide. Et à la fin, qu’a-t-elle laissé derrière elle ? Moi, seule, enfermée dans ce lieu pour attendre quelque chose qui ne viendra jamais.

Je retourne m’asseoir à mon bureau, mais mes mains tremblent légèrement. Je les regarde avec agacement.

— « Pourquoi je me sens ainsi, je me demande ? Ce n’est pas comme si je me souciais, en fait. »

Mais c’est un mensonge. Un mensonge que je me répète depuis des siècles.

Une colère mal dirigée

Je repense à la claque que je lui ai donnée. Ce n’est pas dans ma nature d’être violente, et pourtant je n’ai pas pu me retenir. Ce n’était pas seulement pour son imprudence ou son manque de communication. Non, cette claque portait tout ce que je ressens depuis que je l’ai rencontré : une frustration sourde face à son insouciance, mais aussi une crainte de perdre quelqu’un encore.

— « Idiot… »

Je soupire et ouvre un autre livre, mais les mots ne me captivent pas. Une idée me traverse l’esprit : il a parlé de deux autres archevêques. Cela signifie que nous sommes loin d’être hors de danger.

— « S’il continue ainsi, je vais devoir intervenir, que cela lui plaise ou non. »

Un rôle à jouer

Je me redresse. Si Wilfried refuse de nous inclure pleinement dans ses plans, je n’ai pas l’intention de rester passive.

— « Je protégerai ce manoir et ses habitants, même si tu t’entêtes à tout porter seul, idiot. »

C’est une promesse que je me fais, à lui, et à moi-même. Mais au fond, une inquiétude continue de me ronger. Et si, malgré tout, il décidait de sacrifier quelque chose de plus précieux que sa vie ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top