Arc 3 - Chapitre 2
Le jour tant attendu est enfin arrivé, et je me tiens devant le manoir, prêt à faire face à la sélection royale. Aujourd’hui, je ne suis plus un simple majordome. Je suis un chevalier au service d'Emilia, et il est temps que le monde le sache. Emilia, Puck, et moi, nous partons ensemble pour la capitale, et ce jour va marquer un tournant dans nos vies.
Je suis vêtu de ma tenue de chevalier, ma cape noire flottant derrière moi comme un symbole de mon statut. Le vent hivernal fait danser le tissu autour de mes jambes alors que je m’ajuste un peu, touchant les ceintures qui supportent mes armes. À ma droite, mon katana, la lame qui m’a permis de maîtriser l’art secret de la famille Astrea, trône fièrement à ma taille. À ma gauche, l’épée standard que tous les chevaliers portent, un rappel que je n’ai pas abandonné mes origines. Ces deux armes, associées à mon pistolet et mon cher AK-47, représentent mes capacités, mais aussi mes secrets. Le Khukuri, que j’ai caché dans ma cape, reste une réserve de sécurité, au cas où. Mais aujourd’hui, je n’ai pas l’intention de montrer ma vraie force tout de suite.
Rem, Beatrice et Ram sont restées au manoir, une absence palpable pour moi, mais j'ai confiance en elles. Meili est encore dans sa chambre close, probablement en train de se préparer à sa propre épreuve, qu’elle vivra à sa manière. La scène aujourd’hui, ce n’est pas pour elle.
Le chemin vers la capitale
Nous avançons dans les rues, notre petite procession se faufilant entre les habitants de la ville. Les gens nous regardent, et je remarque bien sûr les murmures qui accompagnent notre passage. Il n’y a pas de doute : les rumeurs sur la princesse demi-elfe se propagent, et aucun d’eux ne sait que le chevalier mystérieux à ses côtés, celui qui porte une cape noire et qui semble aussi étrange qu’intimidé par la foule, est en réalité moi. Emilia porte une cape blanche avec des oreilles de chat, tentant de dissimuler son visage et de préserver son anonymat. Elle est bien plus vulnérable qu’elle ne le laisse paraître, mais je veille sur elle sans un mot, mon regard furtif balayant la rue à la recherche de toute menace.
C’est là que je les aperçois. Priscilla Barrielle. La princesse de l'autre maison royale, accompagnée de son chevalier Aldebaran. Sa descente de la carrosserie est aussi majestueuse que tout ce qui la concerne. Elle se tient droite et fière, le genre de personne qui attire instantanément l'attention. Mais mes yeux se portent rapidement sur trois hommes, Chin, Ton, et Kan. Leur posture indique clairement leur intention : ils veulent l’agresser, ou du moins, leur attitude semble le suggérer. Ils ne savent pas encore ce qui les attend.
Emilia semble percevoir la même menace que moi, et je la sens légèrement tendue. Mais je n’interviens pas encore. Tout à l’heure, j’ai pris le temps de réfléchir à ce moment et j'ai conscience qu’il faut être vigilant, mais aussi stratégique.
L’entrée du château
Nous arrivons finalement devant le château. L'immense porte s'ouvre devant nous, et Julius nous accueille à l'entrée. Il est habillé de manière impeccable, ses cheveux blonds parfaitement coiffés. Lorsqu’il me voit, il semble hésiter un instant, une lueur de surprise traversant ses yeux. Il me scrute un moment, comme s'il me reconnaissait à peine. Il s’approche et fait un baise-main à Emilia, et même si j’ai appris à apprécier le fait que la noblesse respecte les traditions, je ne peux m’empêcher de rester calme et silencieux, observant la scène sans un mot.
— "Princesse Emilia, je suis honoré de vous voir, et… vous aussi, chevalier."
Je réponds par un simple hochement de tête, et une poignée de main respectueuse. Nous échangeons quelques mots amicaux, et je reste en retrait, conscient que l’attention doit être sur Emilia, pas sur moi. Julius a des airs de quelqu’un qui n’aime pas être éclipsé, mais il semble accepter ma présence sans trop de réserve. Nous parlons de la journée à venir, de l'importance de la sélection royale, et des enjeux de cette journée pour chacun d’entre nous.
Emilia, de son côté, ne semble pas particulièrement détendue, mais c’est normal. Elle a toujours porté une certaine pression sur ses épaules, et aujourd’hui, elle doit faire face à un événement historique. Le regard que nous échangeons avant d’entrer dans le château est lourd de sens. Je sens son besoin de se retirer dans sa propre réflexion.
La conversation privée avec Emilia
Une fois à l'intérieur, nous sommes escortés dans une salle privée. Emilia me fixe un instant, son visage sérieux et tendu. Elle prend une profonde inspiration avant de s’adresser à moi, d’une voix plus douce, presque intime.
— "Wilfried, quoi qu'il arrive, tu ne dois pas intervenir, peu importe ce qui se passe ici. Promets-moi que tu resteras en retrait."
Je fronce les sourcils, surpris par sa demande.
— "Pourquoi ? Qu’est-ce qui va se passer ?"
Emilia baisse les yeux un instant, comme si elle cherchait les mots justes. Puck, toujours à ses côtés, fait une légère grimace. Je sais que quelque chose ne va pas, mais je n’ai pas toutes les réponses.
— "Il y a… des choses que je dois affronter seule. Je ne veux pas te mettre en danger, et je préfère que tu restes à l'écart. Ce n’est pas le moment de risquer quoi que ce soit."
Je la regarde profondément dans les yeux, pesant chaque mot qu’elle prononce. Je connais Emilia assez bien pour savoir que sa décision n’est pas prise à la légère. Mais je ne peux pas m’empêcher de douter.
— "Tu es sûre de ça ? Je peux t’aider, Emilia. Tu sais que je ferai tout pour toi."
Elle hoche la tête, son regard sérieux.
— "Je sais, mais ce n’est pas le moment. Promets-moi que tu attendras, et que tu resteras calme."
Je soupire et ferme les yeux un instant, me demandant si je devrais insister. Mais à la fin, je sais qu’elle a raison. Je lui fais un petit sourire et hoche la tête.
— "D'accord. Je ne ferai rien sans ta permission."
Elle semble légèrement soulagée. Nous restons un moment en silence, et Puck fait une remarque sur la situation, brisant finalement le calme. Mais une partie de moi reste alerte, prêt à agir si jamais quelque chose de grave se produisait.
Aujourd’hui, la sélection royale marque un tournant. Pour Emilia, pour moi, et pour tout ce qui va se jouer à partir de maintenant.
La sélection royale continue, et cette fois, c’est Crusch Karsten qui prend le devant de la scène. Avec son charisme naturel et son chevalier, Felix Argyle—ou plutôt, Ferris, comme il insiste qu’on l’appelle—elle dégage une aura imposante. Il n’est pas difficile de voir pourquoi certains la surnomment la Valkyrie Verte.
Crusch est tout ce qu’on attend d’un leader : noble, déterminée, stratège, et dotée d’un grand sens de la justice. Elle a une force de caractère qui force le respect, mais qui peut aussi intimider. À ses côtés, Ferris est plus léger, presque espiègle, mais son talent et sa fidélité envers elle sont indéniables. Ensemble, ils forment un duo qui inspire autant qu’il inquiète.
Je les observe en silence, me tenant légèrement en retrait, mais analysant chaque mot, chaque geste. Crusch parle avec assurance, posant les fondations de sa vision pour Lugnica. Sa voix est claire, forte, et remplie de conviction.
Une vision ambitieuse, mais risquée
Crusch a une vision de Lugnica qui semble à la fois inspirante et terrifiante. Elle veut créer un royaume où chacun peut vivre librement, où les inégalités sont réduites, et où la dépendance envers des entités extérieures, comme Volcanica, est éliminée.
Ne plus dépendre de Volcanica.
C’est là que réside son point de divergence majeur avec les autres candidates. Je comprends son raisonnement : il est logique de vouloir bâtir un royaume qui ne se repose pas sur une force extérieure pour sa sécurité et sa prospérité. Être indépendant, ne pas compter sur un dragon millénaire pour protéger le pays, c’est une idée séduisante.
Mais couper complètement les liens avec Volcanica ? C’est une autre histoire.
Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils en écoutant ses discours. Si Volcanica a protégé Lugnica depuis sa création, ce n’est pas par hasard. Le dragon est une pierre angulaire de la stabilité du royaume, autant sur le plan symbolique que sur le plan pratique. Renier cette relation pourrait avoir des conséquences désastreuses à long terme.
Un royaume pour les forts
Ce qui me dérange encore plus, c’est la manière dont Crusch semble concevoir son royaume. Elle veut un monde où chacun peut avancer par ses propres forces, mais qu’en est-il de ceux qui ne peuvent pas marcher à son rythme ?
Les faibles, les pauvres, ceux qui n’ont pas les moyens de suivre ses idéaux de grandeur… que deviendront-ils ? Même si Crusch n’a pas l’intention de les abandonner, sa vision pourrait involontairement les laisser derrière. Et ce qui est pire, c’est qu’elle ne sera pas directement coupable de leur sort, mais elle en sera responsable.
Un royaume dirigé par Crusch pourrait devenir une nation de guerriers et de leaders, mais cela risquerait de creuser encore plus les inégalités.
Une discussion avec Emilia
Alors que nous quittons la salle après le discours de Crusch, je me tourne vers Emilia. Elle reste silencieuse, les sourcils légèrement froncés, réfléchissant à ce qu’elle vient d’entendre.
— "Tu en penses quoi ?" je lui demande doucement, brisant le silence.
Elle hésite un instant avant de répondre, choisissant ses mots avec soin.
— "Crusch est impressionnante. Elle a une force et une détermination que j’admire beaucoup. Mais… je ne sais pas si je suis d’accord avec tout ce qu’elle a dit."
Je hoche la tête, partageant son hésitation.
— "Tu parles de Volcanica, n’est-ce pas ?"
Elle acquiesce.
— "Oui. Je comprends qu’elle veuille que le royaume soit indépendant, mais couper complètement les liens ? Ça pourrait créer plus de problèmes que ça n’en résout. Et puis, il y a aussi les gens… tout le monde ne pourra pas suivre sa vision."
— "Exactement. Ceux qui ne peuvent pas marcher au même rythme seront laissés derrière. Crusch n’est pas une mauvaise personne, mais ses idéaux risquent d’être trop exigeants pour beaucoup."
Emilia semble pensive, et je sais qu’elle réfléchit à sa propre vision pour Lugnica. Contrairement à Crusch, elle a un cœur qui se préoccupe profondément des autres, des plus faibles, des marginalisés.
— "Je suppose que c’est pour ça que nous avons cette sélection royale," dit-elle finalement. "Pour que les gens puissent choisir la personne qui correspond le mieux à leurs besoins."
Je ne réponds pas tout de suite, laissant ses paroles flotter dans l’air. Emilia a raison, mais une partie de moi ne peut s’empêcher de penser que peu importe qui est choisi, les conséquences seront lourdes.
Le rôle de Ferris
Un autre aspect que je ne peux ignorer, c’est le rôle de Ferris. Ce "chat bleu" est bien plus qu’un simple chevalier ou un soigneur. Il est le cœur émotionnel de l’équipe de Crusch, la personne qui tempère ses ambitions et adoucit son image auprès des autres.
Ferris a une personnalité espiègle et joueuse, mais c’est aussi un stratège brillant, capable de lire les situations avec une précision déconcertante. Je l’ai vu à l’œuvre plus d’une fois, et je sais qu’il est capable de désamorcer les tensions avec un sourire ou une remarque légère.
Mais derrière son apparence légère, il y a une détermination féroce à protéger Crusch. Si quelqu’un menace ses idéaux ou sa sécurité, il n’hésitera pas à devenir impitoyable.
Un avenir incertain
Alors que nous avançons dans le processus de sélection royale, je ne peux m’empêcher de me demander quel avenir attend Lugnica. Si Crusch remporte la couronne, le royaume deviendra sans doute plus fort et plus indépendant, mais à quel prix ?
Je jette un coup d'œil à Emilia, qui marche à mes côtés. Son visage est calme, mais je sais qu’elle réfléchit intensément à ce qu’elle vient d’entendre.
— "Tu seras une meilleure reine qu’elle," dis-je doucement, presque sans réfléchir.
Elle sursaute légèrement, me regardant avec surprise.
— "Pourquoi tu dis ça ?"
Je lui souris.
— "Parce que tu vois les choses différemment. Tu ne veux pas seulement diriger un royaume fort, tu veux diriger un royaume où tout le monde a sa place. Et c’est ça qui fait de toi la meilleure candidate."
Elle rougit légèrement, mais elle ne répond pas, ses yeux retournant à l’horizon. Peu importe ce qui se passe aujourd’hui, je sais que mon rôle est de rester à ses côtés et de l’aider à construire le futur qu’elle imagine.
Ahhhh, que Od Laguna, créateur de ce monde, me pardonne, mais là… parlons de Priscilla Barielle, ou comme je la surnomme intérieurement, la Bimbo solaire, et de son chevalier, Aldebaran, que j’appelle personnellement Monsieur Casque.
Priscilla, un éclat de soleil… et d’arrogance
Par où commencer avec elle ?
Dès qu’elle entre dans une pièce, on ne peut ignorer sa présence. Tout en elle est fait pour attirer l’attention : sa posture impeccable, sa grâce naturelle, son port de tête digne d’une impératrice. Elle dégage une confiance en elle qui frôle l’arrogance, non, qui explose littéralement l’arrogance façon Escanor à midi pile. Et sa chance ? Astronomique. Ce n’est même plus une qualité à ce stade, c’est une compétence innée.
Mais regardons au-delà de l’apparence et du charisme. Priscilla est un leader naturel. Elle sait exactement ce qu’elle veut et comment l’obtenir. Pas de demi-mesures, pas d’hésitations. Si quelque chose lui déplaît, elle le balaie sans la moindre hésitation. Dans un autre contexte, dans un autre monde, elle aurait fait une impératrice redoutable.
Le problème de Priscilla
Et c’est là qu’est le problème.
Priscilla n’est pas à sa place dans un royaume comme Lugnica. Elle incarne une figure de pouvoir brut, d’autorité absolue. Dans un pays comme l’empire de Vollachia, où seuls les plus forts survivent et où la loi du plus puissant règne, elle aurait brillé comme une étoile. Je parie même qu’elle est une rescapée de la sélection impériale de là-bas. Peut-être qu’elle a perdu face à quelqu’un d’encore plus impitoyable. Et maintenant, avec le trône de Lugnica vacant, elle y voit sa chance de prendre ce qu’elle n’a pas pu avoir à Vollachia.
Mais Lugnica n’est pas Vollachia.
Ici, les gens ne cherchent pas à suivre aveuglément un leader autoritaire, quelqu’un qui impose sa vision sans compromis. Ce royaume est en crise, il a besoin de stabilité, de diplomatie, de compréhension. Peut-on vraiment se permettre d’avoir une figure comme Priscilla sur le trône ?
Aldebaran, un homme à part
Et que dire d’Aldebaran ? Lui, c’est tout l’opposé de Priscilla. Où elle est flamboyante, il est discret. Où elle est arrogante, il est humble. Et pourtant, il reste à ses côtés, fidèle, presque stoïque. Monsieur Casque, comme je l’appelle, cache quelque chose. Il ne se contente pas de suivre Priscilla aveuglément. Il l’observe, il la soutient, mais il semble aussi prêt à intervenir si elle va trop loin.
Je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi il reste avec elle. Peut-être qu’il voit en elle quelque chose que nous ne voyons pas, un potentiel caché, une lumière derrière l’arrogance. Ou peut-être est-ce juste un devoir qu’il s’est imposé.
Un cœur sous l’arrogance
Je ne peux pas nier qu’il y a un cœur qui bat sous toute cette arrogance. Priscilla n’est pas insensible, loin de là. Elle est simplement façonnée par son environnement, par son passé. Je suis convaincu qu’elle serait une meilleure reine que Crusch à long terme.
Pourquoi ?
Parce qu’elle a une capacité unique à imposer son autorité, à inspirer et à diriger. Mais cela demande du temps, du travail, et une compréhension plus profonde de ce que signifie vraiment diriger un royaume.
Mais pour l’instant…
Lugnica n’a pas ce luxe.
Le royaume est en crise, et ce dont il a besoin actuellement, c’est de quelqu’un comme Crusch Karsten : une figure pragmatique, capable de gérer les urgences, de reconstruire les bases. Priscilla pourrait briller dans une Lugnica stable, mais dans ce chaos ? Elle risquerait de tout faire imploser.
Je regarde Priscilla d’un œil critique alors qu’elle fait son entrée. Sa robe est somptueuse, ses bijoux scintillent sous les lumières. Elle est l’image même de la royauté… ou de l’arrogance incarnée, selon la perspective.
Emilia me donne un petit coup de coude, interrompant mes pensées.
— "Tu la regardes depuis un moment. Tu penses quoi d’elle ?"
Je hausse les épaules avec un soupir.
— "Elle est impressionnante, c’est sûr. Mais… c’est une étoile qui brille trop fort. Si elle ne fait pas attention, elle risque de brûler tout ce qu’il y a autour d’elle."
Emilia fronce légèrement les sourcils, pensive.
— "Tu crois qu’elle pourrait être une bonne reine ?"
Je prends une profonde inspiration avant de répondre.
— "Peut-être. Mais pas maintenant. Lugnica a besoin d’autre chose en ce moment. Quelqu’un de plus… ancré dans la réalité. Mais je pense qu’un jour, elle pourrait surprendre tout le monde."
Emilia hoche lentement la tête, ses yeux se posant sur Priscilla. Elle aussi semble réfléchir à ce que l’avenir pourrait réserver à cette femme extraordinaire.
Et moi, dans tout ça ?
Je me tiens là, au milieu de cette sélection royale, et je me demande quel rôle je joue vraiment. Est-ce que je suis juste un observateur, un soutien pour Emilia ? Ou est-ce que je suis destiné à influencer ce monde d’une manière que je ne comprends pas encore ?
Je n’ai pas de réponse. Mais une chose est sûre : Priscilla Barielle, avec tout son éclat et son arrogance, est une force qu’il faudra surveiller de près.
Anastasia Hoshin.
Ce nom résonne comme une douce mélodie empoisonnée. Une sorte de paradoxe incarné : fragile en apparence, mais d’une redoutable puissance.
Je l’appelle intérieurement "mademoiselle capitaliste", et croyez-moi, c’est un surnom mérité.
La renarde blanche : un mélange fascinant de grâce et de danger
La première chose qui frappe chez Anastasia, c’est son aura. Elle dégage une élégance presque innée, amplifiée par son sourire rusé et ses manières soignées. "La renarde blanche", c’est le surnom qui lui va le mieux. À la fois dans le bon sens — celui d’une personne rusée, intelligente et calculatrice — et dans le mauvais, car sous cette façade se cache une ambition effrayante.
Une disciple d’Echidna… philosophiquement parlant
Je la soupçonne fortement d’être une fervente disciple philosophique de la sorcière de l’Avarice, Echidna. Pas dans le sens où elle aurait conclu un pacte avec elle ou quelque chose du genre, mais plutôt dans sa vision du monde. Tout, absolument tout, est vu à travers le prisme de l’acquisition et de l’échange. L’argent, les informations, les relations humaines : pour Anastasia, tout a un prix, tout peut être monnayé.
Cela dit, je respecte son parcours.
Elle n’est pas née marchande. Non, on ne naît pas avec ce genre de talent ; on le forge en affrontant les pires défis, en naviguant dans le vrai nid de vipères qu’est le monde du commerce. Si elle est arrivée là où elle est aujourd’hui, c’est en trichant le système, en le ployant à sa volonté. Et pour ça, il faut reconnaître son génie.
L’intelligence effrayante, mais le corps fragile
Son esprit est une arme, une machine bien huilée qui tourne sans arrêt, toujours à chercher le prochain avantage, la prochaine opportunité. Mais cette intelligence a une contrepartie. Son corps est aussi fragile que de la porcelaine, un obstacle qu’elle compense par son armée de mercenaires, son réseau d’informateurs, et son chevalier, Julius Juukulius.
Elle n’a pas besoin d’être physiquement forte. Elle fait partie de ceux qui manipulent les pièces, pas de ceux qui les déplacent.
La menace de sa cupidité
Mais c’est précisément là que le bât blesse.
Son ambition et sa cupidité sont aussi impressionnantes que dangereuses. Ce n’est pas seulement qu’elle veut réussir ou devenir riche ; non, elle veut tout. Ce royaume, ses habitants, ses terres, tout doit lui appartenir. C’est une philosophie qui frôle l’esclavagisme, même si elle n’a pas (encore) franchi cette ligne.
Je ne dis pas qu’elle est une mauvaise personne.
Au contraire, je pense qu’elle est capable d’agir pour le bien commun, mais uniquement si cela sert ses intérêts. Lugnica, dans sa vision, n’est pas un royaume, mais une propriété. Et c’est là que réside le véritable danger.
Julius Juukulius : le chevalier parfait pour une telle dirigeante
Que dire de Julius ? Je n’ai pas encore trouvé de surnom pour lui, mais il est indéniable qu’il est le complément parfait à Anastasia.
C’est un chevalier modèle, loyal, charismatique, puissant et incroyablement dévoué. Il est l’exemple même de la discipline et de l’honneur. Pourtant, je ne peux m’empêcher de me demander s’il réalise à quel point il est une pièce maîtresse dans le jeu d’Anastasia.
Julius, c’est l’épée et le bouclier d’Anastasia, son moyen de conquérir sans se salir les mains. Leur relation est fascinante, presque symbiotique. Mais dans quelle mesure Julius soutient-il Anastasia par devoir, et dans quelle mesure est-il réellement convaincu par sa vision ?
Un équilibre précaire
En réfléchissant à tout ça, je ne peux m’empêcher de voir le potentiel d’Anastasia. Elle pourrait être une dirigeante exceptionnelle. Avec sa maîtrise du commerce, son intelligence stratégique et ses réseaux, elle pourrait transformer Lugnica en une puissance économique sans précédent.
Mais cet avenir brillant est conditionné par une chose : le contrôle de son ambition. Si elle laisse sa cupidité prendre le dessus, elle pourrait plonger le royaume dans une spirale de servitude économique et sociale.
Mes pensées en silence
Alors qu’Emilia et moi observons Anastasia entrer dans la salle, je murmure à voix basse :
— "Une femme dangereuse, mais brillante. Tout dépendra de ce qu’elle choisira de faire avec son pouvoir."
Emilia me regarde, intriguée.
— "Tu penses qu’elle pourrait être une bonne reine ?"
Je prends une profonde inspiration avant de répondre.
— "Elle a le potentiel, oui. Mais si elle ne trouve pas un moyen de maîtriser son avarice, elle pourrait devenir le pire cauchemar de ce royaume."
Emilia hoche lentement la tête, ses yeux se posant sur Anastasia. Elle aussi semble peser le pour et le contre, comme moi.
Je me tiens là, silencieux, mais vigilant. Lugnica est à un tournant, et les choix que feront ces prétendantes auront des répercussions qui dépasseront tout ce que nous pouvons imaginer.
Felt.
Juste Felt.
Pas de titre, pas de nom prestigieux, pas de posture de grande dame. Elle est brutale, authentique, et totalement hors des codes. Et pourtant, elle est là, debout parmi les prétendantes au trône de Lugnica.
La cinquième candidate : une énigme imprévisible
Felt, c’est l’opposé parfait de ce qu’on attend d’une future reine. Elle vient des bidonvilles, un endroit où la politique est une blague cruelle, où les lois ne sont qu’un mensonge, et où chaque jour est une lutte pour la survie.
Elle est franche, directe, et ne fait aucun effort pour masquer son mépris pour la noblesse et leur système pourri.
Elle est aussi, ironiquement, la dernière membre connue de la famille royale. Une ironie si puissante qu’elle pourrait faire rire Od Laguna lui-même.
Son rejet de la royauté : une raison qui résonne
Felt ne veut pas du trône. C’est aussi simple que ça.
Pour elle, devenir reine serait un pas de plus dans ce système qu’elle abhorre. Les nobles, la bureaucratie, la corruption rampante — tout cela est à l’origine des souffrances qu’elle a endurées, et elle veut y mettre fin de la seule manière qu’elle connaît : par la destruction totale.
— "Je vais détruire ce royaume," a-t-elle déclaré sans détour.
Et, bizarrement, je ne peux m’empêcher de comprendre son point de vue.
N’est-elle pas, en un sens, la plus honnête de toutes ? Parmi toutes les prétendantes, elle est celle qui se soucie le plus des habitants, mais pas d’une manière calculée ou stratégique. Son empathie est brute, pure, née de ses propres expériences.
Le potentiel sous la colère
Mais voilà où réside son paradoxe.
Détruire, c’est facile. Rebâtir, c’est une autre histoire. Felt a un potentiel immense, mais il est enfoui sous des couches de colère, de méfiance, et de désillusion.
C’est là qu’intervient Reinhard van Astrea, que j’appelle affectueusement Rei, mon meilleur ami masculin et probablement le seul chevalier que j’admire sans réserve.
Reinhard : la lumière dans l’ombre de Felt
Reinhard est l’antithèse de Felt à bien des égards. Il est noble, courtois, discipliné, et incarne tout ce que Felt méprise. Et pourtant, ils forment une équipe improbable mais étrangement complémentaire.
Reinhard croit en Felt, non pas malgré ses défauts, mais à cause de ce qu’il voit au-delà de ces défauts : une âme capable d’un immense changement.
Il est son guide, son bouclier, et, d’une certaine manière, son professeur. Il sait que si elle accepte de prendre la sélection royale au sérieux, de s’instruire et de maîtriser l’art de gouverner, elle pourrait devenir une force imparable, une reine qui incarne réellement les espoirs du peuple.
Mais le chemin sera long. Felt devra surmonter ses instincts destructeurs, apprendre la patience, et, surtout, accepter que le changement peut venir par d’autres moyens que la révolution brute.
Mon rôle dans tout ça
En tant qu’observateur et ami, je vois clairement ce qui est en jeu. Felt n’est pas seulement une candidate au trône. Elle est une symbolique vivante, une représentation de tout ce que le royaume a négligé et brisé.
— "Je compte sur toi, Rei," murmuré-je souvent dans mes pensées.
Je sais que Reinhard a les épaules pour porter ce fardeau, mais cela ne rend pas la tâche moins ardue.
Felt, la reine improbable
Si Felt accepte ce défi, si elle dépasse ses colères et ses peurs, elle pourrait devenir la reine que personne n’attendait mais dont tout le monde avait besoin.
Elle est brute, imparfaite, mais elle est vraie. Et dans un monde où la politique est souvent synonyme de mensonge et de manipulation, cette vérité pourrait être son plus grand atout.
Je la regarde, debout à côté de Reinhard, et pour la première fois, je vois non pas une enfant des rues, mais une possibilité, une promesse.
Peut-être que ce royaume n’a pas besoin d’être détruit. Peut-être qu’il a juste besoin d’être reconstruit… par quelqu’un qui sait ce que cela signifie de n’avoir rien.
Nous avançons, Emilia et moi, au milieu de l’assemblée qui attend avec une attention froide et calculatrice. La tension dans l’air est palpable, presque suffocante, mais je reste droit, calme, les bras croisés. Emilia marche à mes côtés, la tête haute, même si je devine l’effort qu’elle fournit pour maintenir cette posture face aux regards venimeux.
Ceux qui s'opposent à elle ne cachent pas leur mépris, et ceux qui la soutiennent restent prudents, silencieux, craignant de se montrer trop bruyants. Pourtant, tout change légèrement à ma vue. Wilfried Brownvivor, le "survivant brun", le plus jeune aspirant chevalier, celui dont les rumeurs ont secoué le royaume en un temps record.
Les murmures fusent de tous les côtés :
— "C’est lui ? Le chevalier de la demi-elfe ?"
— "Comment l’a-t-elle obtenu ?"
— "Est-il sous son contrôle, ou bien aurait-elle acheté sa loyauté ?"
— "Mais d’où sort-il exactement ?"
Des spéculations, des insinuations. Rien de tout cela ne m’atteint. Emilia, elle, continue de marcher, digne, mais je vois dans sa démarche une légère hésitation. Elle sait que ces mots me visent indirectement, et elle se demande si elle aurait dû insister pour que je reste en retrait.
Elle commence à exposer ses projets, sa vision pour Lugnica. Elle parle de justice, d’égalité, d’un avenir meilleur où chacun aurait sa place. Mais ses paroles sont accueillies par des remarques acerbes et des éclats de rire narquois.
Une voix parmi les sages se lève, celle de Bordeaux :
— "Une demi-elfe à la tête du royaume ? Cela suffit de jouer avec nos traditions !"
Je reste de marbre, fidèle à ma promesse de ne pas intervenir, même si mes doigts démangent légèrement à l’idée de leur répondre. Mais Emilia tient bon. Elle défend ses positions avec calme, détermination, et une conviction qui force le respect… chez ceux qui sont prêts à écouter.
L'attaque de Priscilla
Mais tout bascule lorsque Priscilla Barielle, avec son arrogance solaire, décide de passer à l’attaque.
— "Oh, mais regardez-le, votre chevalier silencieux," dit-elle en me fixant, son sourire narquois creusant ses joues. "Est-ce qu’il est aussi décoratif que sa cape noire le suggère ? Ou bien a-t-il peur de dire quoi que ce soit pour ne pas vous embarrasser davantage ?"
Je ne réagis pas. Je garde mon calme, les bras toujours croisés. Son jeu est clair comme de l’eau de roche : elle essaie de me faire sortir de mes gonds pour que je lui donne une raison de discréditer Emilia.
Voyant que je reste impassible, elle change de stratégie et dirige ses attaques directement contre Emilia, mais cette fois en usant de moi comme prétexte.
— "Peut-être est-ce lui qui tire les ficelles ? Après tout, une demi-elfe comme vous aurait besoin d’un chevalier fort et mystérieux pour masquer son incompétence."
Mais avant qu’elle n’aille plus loin, Mikolov, l’un des sages, intervient :
— "Priscilla, calmez-vous. Chevalier Brownvivor, avez-vous quelque chose à dire pour défendre votre maîtresse ?"
Je réponds, d’une voix calme et posée :
— "Non, je n’ai rien à dire."
Un silence s’installe, suivi d’une explosion de murmures et de commentaires négatifs. Cette réponse simple semble avoir déclenché une vague d’indignation chez ceux qui voulaient me voir intervenir. Mais mon silence est calculé, réfléchi.
La réaction des autres candidats
Dans la salle, Felt explose de colère.
— "Pourquoi tu ne dis rien ?!" hurle-t-elle, pointant un doigt accusateur dans ma direction. "Contre Elsa, tu nous as tous sauvés ! Tu n’avais pas peur de te battre pour ce qui était juste, alors pourquoi tu restes là comme un lâche à écouter ces foutus nobles se moquer de vous deux ?"
Reinhard, toujours calme et patient, la retient doucement par l’épaule et murmure quelque chose à son oreille pour la calmer. Je ne bouge pas. J’ai une promesse à tenir.
De l’autre côté de la pièce, Priscilla tente de profiter de l’agitation, mais Aldebaran intervient rapidement pour la contenir.
— "Laisse-les, Priscilla," dit-il d’un ton sérieux. "Tu sais très bien ce que tu fais."
Je sens aussi le regard perçant de Ferris sur moi, une certaine déception dans ses yeux. Quant à Julius, il me fixe, son expression indéchiffrable, mais je devine qu’il est troublé par mon attitude. Lui, l’archétype du chevalier parfait, doit probablement penser que mon comportement est une trahison de mes responsabilités.
Le début de la sélection royale
Mais je ne fais rien. Je reste là, silencieux, les bras croisés, impassible face à leurs réactions. Emilia voulait se défendre seule, prouver qu’elle n’avait pas besoin de moi pour montrer sa force. Elle voulait que je sois un témoin, rien de plus.
Mais intérieurement, je pense :
"Emilia, tu as oublié quelque chose. Si tu es visée, je le serai aussi par ma simple présence. Alors évite de prétendre me protéger, car je ne suis pas juste ton chevalier. Je suis ton allié, ton soutien, et je ne te laisserai jamais seule, même si cela signifie rester silencieux comme tu l’as demandé."
C’est ainsi que, sous une tension palpable et des regards pleins de jugements, le coup d’envoi de la sélection royale est lancé.
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