Arc 3 - Chapitre 13
La lueur froide de la lune éclaire la plaine où nous sommes installés. Otto et moi sommes positionnés sur une petite colline, légèrement à l’écart des forces principales. Mon sniper est chargé avec des balles imbibées de magie Yang, chaque cartouche soigneusement calibrée pour infliger un maximum de dégâts.
Otto est déjà en train d’utiliser sa bénédiction divine, son visage tendu de concentration. Il parle doucement aux oiseaux perchés sur les branches autour de nous, leur voix à peine audible, mais assez claire pour qu’il comprenne.
— Ils l’ont repérée, murmure-t-il, son ton légèrement tremblant. Elle est à deux kilomètres au nord-ouest, volant bas. Ils disent que la brume commence à s’étendre.
Je hoche la tête, ajustant mon viseur pour aligner la direction indiquée.
— Bien. Continue de surveiller ses mouvements. Préviens-moi dès qu’elle change d’altitude ou de trajectoire.
Il acquiesce, essuyant une goutte de sueur sur son front.
En contrebas, l’armée de Crusch commence à se mettre en formation. Wilhelm est en tête, son épée prête à l’action. Crusch, stoïque, dirige ses troupes avec précision, tandis que Felix se tient prêt avec les soigneurs en arrière. Emilia, Rem, et Ram se tiennent ensemble, leurs positions stratégiques décidées.
— Otto, dis-je, les yeux rivés sur mon viseur. Que disent les oiseaux ?
Il ferme les yeux, écoutant les réponses silencieuses dans son esprit.
— Elle descend. Altitude plus basse, mais vitesse constante. Les clones ne sont pas encore apparus.
— Parfait.
Je prends une profonde inspiration, puis je bloque ma respiration, stabilisant mon tir. À travers le viseur, je vois enfin la Baleine Blanche, une silhouette massive et imposante, illuminée par la lumière pâle de la lune.
— Cible verrouillée, murmuré-je.
Otto acquiesce.
— Les troupes avancent.
En effet, Wilhelm mène la charge. Les soldats se lancent avec un cri de guerre, leurs armes brandies. Les mages, en arrière, préparent leurs sorts. L’impact initial est imminent.
— Tirs de suppression, annoncé-je calmement.
J’appuie sur la détente, et la première balle fuse à travers l’air. Elle atteint la Baleine Blanche directement sur son flanc, provoquant une explosion d’énergie Yang. Le monstre hurle, un cri perçant qui fait vibrer la terre sous nos pieds.
— Belle frappe, dit Otto, un sourire nerveux sur les lèvres. Mais elle bouge maintenant.
— Continue de me guider.
Il reprend sa bénédiction, parlant à d’autres oiseaux.
— Elle monte à nouveau. Les troupes essaient de l’encercler, mais elle est rapide.
Je recharge rapidement, mes mouvements précis et calculés. Une fois la balle en place, je vise à nouveau.
— Transmission des coordonnées, Otto.
— Flanc droit, légèrement au-dessus. Tu as une ouverture.
Je tire une deuxième fois. La balle frappe près de l’aile, déstabilisant légèrement la créature.
— Les mages, murmuré-je pour moi-même. Ils doivent frapper maintenant.
Comme prévu, une volée de sorts s’élève des lignes arrière de l’armée de Crusch. Des éclairs, des boules de feu, et des rafales de vent frappent la Baleine Blanche, la forçant à reculer légèrement.
Otto grimace.
— Les oiseaux disent qu’elle prépare quelque chose. Un mouvement soudain.
Je serre les dents, observant à travers mon viseur.
— Si elle active son cercle rouge, on aura un problème. Otto, garde les oiseaux prêts à nous donner une mise à jour immédiate.
— Compris.
En contrebas, Emilia lance un sort de glace massive, créant un mur protecteur pour les troupes avancées. Ram utilise sa magie pour perturber la brume, tandis que Rem, avec sa masse, frappe violemment les tentacules qui se forment autour de la créature.
— La brume s’épaissit, dit Otto soudainement, alarmé.
Je regarde à travers mon viseur et vois la Baleine Blanche projeter une épaisse couche de brume.
— Mauvais signe.
Je sors une balle différente, une munition conçue pour disperser la brume.
— On change de stratégie, dis-je. Otto, prépare-toi à relayer mes tirs aux autres.
Je tire à nouveau, cette fois en visant directement au cœur de la brume. L’explosion disperse partiellement le nuage, offrant une visibilité temporaire.
— Ils ont besoin d’une ouverture, dis-je à Otto.
— Je leur transmets.
Otto hurle dans son esprit, relayant les informations aux troupes à travers les animaux. Wilhelm réagit immédiatement, chargeant à travers l’espace dégagé, son épée brillant d’une lumière féroce.
— Ils frappent, dit Otto avec excitation.
La bataille se poursuit, chaque tir, chaque sort, et chaque coup d’épée rapprochant un peu plus notre victoire contre ce monstre légendaire. Mais je sais que ce n’est que le début, et que la Baleine Blanche n’a pas encore révélé tout son arsenal.
Le rugissement sourd me fait tourner la tête, et je vois l'un des clones de la Baleine Blanche apparaître dans mon dos. Son ombre massive obscurcit la lumière de la lune, et son œil cruel se fixe sur moi. Mon instinct se déclenche immédiatement : ce n’est pas un hasard.
Elle me vise.
D'abord, parce qu’éliminer celui qui contrôle la stratégie est toujours le moyen le plus efficace de désorganiser une équipe. Ensuite, à cause de ce foutu parfum de Satella qui semble la rendre complètement folle.
— Otto, prends ça ! dis-je en lui passant rapidement mon sniper.
Il me regarde, stupéfait, ses yeux s’écarquillant.
— Quoi ?! Mais qu’est-ce que tu fais ?
— Pas le temps de discuter. L’arme est réglée pour être simple à utiliser. Vise là où les oiseaux te disent et tire. Je te fais confiance, frère.
Je vois l’hésitation dans ses yeux, mais il attrape l’arme, la tenant fermement malgré ses mains tremblantes.
— Fais gaffe à toi, murmure-t-il.
Je souris, une lueur de défi dans le regard.
— Toujours.
Je me retourne et commence à courir sans attendre, utilisant tout ce que j’ai appris dans ma vie pour esquiver et mettre de la distance entre le clone et Otto. Si je reste ici, nous sommes morts tous les deux.
La terre tremble derrière moi, chaque pas du clone résonnant comme un coup de tonnerre. Ses hurlements me lacèrent les tympans, mais je continue de courir, accélérant encore plus.
La technique secrète des Joestar : fuir comme si ta vie en dépendait.
Et pour cause, c’est exactement le cas.
Je zigzague à travers la plaine, me servant des rochers et des arbres comme couverture. Le clone est rapide, beaucoup plus que je ne l’avais anticipé, mais je le suis aussi. Ma survie ne repose pas sur ma force brute, mais sur ma capacité à penser vite et à agir encore plus vite.
— Viens, enfoiré, murmuré-je entre deux respirations, sentant l’adrénaline inonder mes veines.
Le rugissement se rapproche, et je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Le clone est presque sur moi, sa gueule béante dévoilant des crocs capables de m’arracher en un seul coup.
— Trop près, trop près, trop près...
Je dérape brusquement, changeant de direction à la dernière seconde. Le clone, emporté par son élan, s’écrase contre un arbre massif, l’abattant dans un craquement sinistre.
— Touché, marmonné-je avec un sourire.
Mais ce n’est pas fini. Il se redresse rapidement, son regard encore plus enragé.
— Otto, crié-je dans mon communicateur. Dis-moi que tu es prêt !
— Je fais ce que je peux ! Les oiseaux disent qu’il y a une ouverture sur le flanc gauche, mais il bouge trop vite !
— Alors fais-le ralentir ! Je vais l’attirer encore plus loin.
Je continue de courir, mais cette fois, je change de tactique. Plutôt que de simplement fuir, je commence à guider le clone vers une zone où le terrain est moins stable. Un ancien marécage asséché, où le sol pourrait céder sous son poids.
— Allez, suis-moi...
Il mord à l’hameçon, me suivant aveuglément. Quand il entre dans la zone que j’ai repérée, je m’arrête brusquement, me retournant pour le confronter.
— Tu veux ma peau ? Viens la chercher.
Le clone charge, et au dernier moment, je plonge sur le côté. Son poids massif fait céder le sol, et il s’enfonce partiellement dans la terre meuble.
— Otto, maintenant !
Un tir retentit, précis et puissant. La balle imbibée de magie Yang frappe le clone en plein milieu de son corps. Il hurle, son cri déchirant l’air, mais il ne tombe pas encore.
— Encore ! hurlé-je.
Otto recharge rapidement, une deuxième balle partant immédiatement. Cette fois, le clone vacille, sa forme instable commençant à se désintégrer.
Je m’effondre sur un genou, respirant lourdement.
— Bien joué, murmuré-je dans le communicateur.
— Toi aussi, dit Otto, sa voix tremblante mais teintée de soulagement.
Le clone s'effondre finalement, se dissipant dans un nuage de brune sombre. Mais je sais que ce n'est pas terminé.
Il reste encore deux Baleines Blanches à affronter.
La respiration saccadée d’Otto grésille dans mon communicateur, et je ferme les yeux un instant, devinant la scène de l’autre côté : il doit être plié en deux, crachant du sang après avoir poussé sa bénédiction divine à ses limites.
— Otto ? demandé-je doucement.
Un silence lourd me répond, suivi par un gémissement.
— Je... je vais bien, dit-il finalement, mais sa voix est faible, presque rauque.
Je fronce les sourcils.
— Repose-toi un moment. Ne fais rien d’imprudent.
Un bip retentit, signalant un autre appel entrant. Je bascule rapidement sur la ligne et reconnais la voix de Crusch, froide et autoritaire.
— Wilfried, que faites-vous ?
Je prends une grande inspiration avant de répondre, calmement et méthodiquement :
— Un clone m’a pris pour cible. Otto l’a éliminé, mais il est hors service pour l’instant. Il se repose.
J’insiste sur le mot "repose" pour qu’elle comprenne qu’il n’y a pas de négociation là-dessus.
— Et vous ?
— Je vais attirer le deuxième clone pendant que le reste des troupes se concentre sur l’original.
Un silence suit, mais je devine qu’elle réfléchit rapidement.
— Très bien. Si vous pensez que cela peut fonctionner, je ferai en sorte de remonter le moral des troupes.
Je souris malgré moi.
— Merci, Crusch-sama.
Elle raccroche sans un mot de plus, et je reviens sur la ligne avec Otto.
— Otto, es-tu prêt ?
Un soupir, suivi d’un rire fatigué.
— Pas vraiment... mais je vais pas lâcher maintenant, hein ?
Je hoche la tête, même s’il ne peut pas me voir.
— Bien. Parce que l’autre clone m’attend, et cette fois, ce n’est pas une simple course.
Je dégoupille mon katana, le laissant briller faiblement sous la lumière lunaire, puis je dégaine l’épée de la vie. Les deux lames reposent dans mes mains avec un poids familier, presque réconfortant.
— On va le finir ensemble, murmuré-je.
Je prends une grande inspiration, puis je commence à courir en direction du deuxième clone. Cette fois, je ne vais pas seulement fuir.
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Le rugissement du deuxième clone retentit à travers la plaine, résonnant comme un tonnerre. Il est là, immense et menaçant, ses yeux rouges me fixant avec une haine presque palpable.
— Otto, dis-moi où il est, et tiens-toi prêt.
— Il est légèrement sur ta gauche, avance encore dix mètres, et tu seras à portée.
Je m’arrête, me plaçant au centre de la plaine. Le clone charge immédiatement, sa gueule béante prête à me dévorer.
— Allez, viens...
Au dernier moment, je pivote, déviant son attaque avec mon katana. La force de l’impact me fait reculer, mais je tiens bon.
— Otto, à toi !
Une détonation éclate, et la balle frappe le clone sur le flanc, le faisant reculer. Il rugit de colère, son attention se divisant entre moi et cette nouvelle menace invisible.
— Bien joué, Otto ! Encore une !
Je profite de la distraction pour me rapprocher, mes deux lames scintillant sous la lumière. Le clone se redresse, prêt à me frapper à nouveau.
— Tu veux jouer ? Alors joue.
Je charge, mes lames dansant dans l’air. Avec ma main droite, je fends l’air avec le katana, tranchant profondément dans son flanc. Avec ma main gauche, l’épée de la vie dégage une lumière brillante, et je l’enfonce directement dans son corps.
Le clone hurle, une énergie sombre s’échappant de ses blessures.
— Otto, maintenant ! Finis-le !
Une deuxième balle part, frappant le clone en plein milieu du front. Sa tête éclate en une gerbe de lumière sombre, et il s’effondre dans un dernier hurlement.
Je tombe à genoux, haletant, mais satisfait.
— Un de moins, murmuré-je.
— Et un de plus, réplique Otto, sa voix tremblante mais triomphante.
Je me relève, essuyant la sueur de mon front.
— Prépare-toi, frère. Il reste encore l’original.
Je serre mes lames, prêt à en finir avec cette bataille.
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