Arc 3 - Chapitre 11

Point de vue de Wilfried Brownvivor
Au présent, première personne

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Je me tiens dans la grande salle du manoir Roswaal, face à toutes les personnes qui, au cours des derniers jours, ont été mes alliés et mes victimes collatérales. L’air est lourd, chargé de tensions non dites, et tous les regards sont braqués sur moi. Je me sens exposé, vulnérable, mais il faut que je parle.

Je prends une inspiration profonde, cherchant mes mots, avant de me lancer.

— Je veux m’excuser.

Un silence de plomb s’abat dans la pièce. Emilia est la première à réagir, les sourcils légèrement froncés, mais ses yeux restent bienveillants. Ram, en revanche, croise les bras et me fixe, son expression froide me coupant presque dans mon élan. Beatrice, perchée sur un fauteuil, détourne ostensiblement les yeux.

— Je ne m’excuse pas d’avoir agi, dis-je enfin, ma voix ferme. Je ne m’excuse pas parce que j’ai pris les bonnes décisions. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. Mais ce que je regrette… ce que je regrette profondément, c’est de ne pas vous avoir tous consultés. Pas seulement deux ou trois d’entre vous, mais tous.

Je balaye la pièce du regard, tentant de croiser leurs yeux l’un après l’autre.

— Même si je pouvais y arriver seul, ce n’était pas la bonne façon de faire. Je vous ai traités comme des pions dans une partie d’échecs, alors que vous êtes mes alliés, mes amis.

Rem, qui se tient un peu en retrait, me regarde avec douceur. Je sens qu’elle comprend, qu’elle veut m’aider, mais elle attend que je termine. Emilia, toujours immobile, reste attentive, son regard scrutant mes moindres gestes.

Ram, elle, ne me laisse pas le luxe de continuer sans interruption.

— Tu crois que des excuses vont tout réparer ? demande-t-elle sèchement.

Sa voix est comme un coup de fouet, mais je m’y attendais.

— Non, je réponds. Je ne cherche pas à tout réparer. Je sais que mes excuses ne suffiront pas. Mais c’est un début.

Ram serre les dents, mais elle ne dit rien de plus. Beatrice, en revanche, intervient, sa voix tranchante et chargée de reproches :

— Tsk, tu ne comprends rien, espèce de faux héros. Ce n’est pas juste une question d’excuses. Tu joues avec des vies, y compris la tienne, et tu penses que ça passera avec quelques mots mielleux ?

Je me tourne vers elle, encaissant ses critiques sans broncher.

— Tu as raison, Beatrice. Ce que j’ai fait était égoïste. Mais je veux changer. Je veux faire mieux.

Elle me dévisage un moment avant de détourner les yeux, mais je sens qu’une partie de sa colère s’estompe, même si elle ne l’admettra pas.

Emilia prend enfin la parole, sa voix douce mais ferme :

— Wilfried, je comprends pourquoi tu as fait tout ça. Tu voulais protéger tout le monde, et je respecte ça. Mais tu dois nous faire confiance. On est là pour t’aider, pas pour être mis de côté.

Son soutien me réchauffe le cœur, mais je sais que ses paroles portent un avertissement.

— Je comprends, Emilia, dis-je sincèrement. Je veux changer ça. Et justement, il reste une menace que je ne peux affronter seul.

Je fais une pause, sentant l’attention de tous se recentrer sur moi.

— La Baleine Blanche.

Un murmure d’étonnement parcourt la salle.

— Pourquoi parler de ça maintenant ? demande Ram, méfiante.

— Parce que cette créature est directement liée à ce qu’il s’est passé récemment, dis-je. Vous avez tous vu les effets de la mort de Lye Batenkaitos. Il représentait la Grande Cetus, une constellation liée à la Baleine Blanche.

Je marque une pause, laissant le poids de mes paroles s’installer.

— Lye pouvait créer des bêtes démoniaques et les contrôler. Cela signifie que leur créatrice originelle n’est pas Satella, mais Daphné, la Sorcière de la Gourmandise.

Beatrice hoche la tête, son expression sérieuse.

— Betty le savait déjà, en fait, mais c’est bien que tu aies enfin mis les morceaux ensemble, je suppose.

Son ton est acerbe, mais je sens une lueur d’approbation dans ses mots.

— Si c’est vrai, dit Emilia, alors pourquoi la Baleine Blanche est-elle encore en vie ? Pourquoi Crusch achète-t-elle plus d’armement que d’habitude ?

Je m’attendais à cette question, et je réponds sans hésiter :

— Parce qu’elle veut l’affronter, dis-je. Crusch veut éliminer la Baleine Blanche, mais elle ne sait pas ce qu’elle affronte vraiment.

Puck intervient, sa voix grave et posée :

— Tu penses qu’elle sous-estime la menace ?

— Pas exactement, dis-je. Mais elle ne connaît pas l’origine de la Baleine Blanche. Si elle échoue, cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques.

— Et qu’est-ce que tu comptes faire ? demande Ram.

Je les regarde tous, un à un, avant de répondre :

— Je vais participer à cette bataille. Mais cette fois, je ne le ferai pas seul.

Un silence tombe, mais cette fois, ce n’est pas un silence de tension. C’est un silence d’acceptation.

Beatrice, toujours assise dans son fauteuil, croise les bras.

— Très bien, dit-elle. Mais Betty te prévient : ne dis à personne que tu portes ce parfum de Satella. Ce serait trop dangereux.

Je hoche la tête, comprenant l’importance de son avertissement.

— Merci, Beatrice. Je ferai attention.

Emilia s’approche de moi, posant une main réconfortante sur mon épaule.

— On te soutiendra, Wilfried, dit-elle. Mais souviens-toi, cette fois, on le fait ensemble.

Je sens un poids quitter mes épaules. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens vraiment compris.

Nous avons une bataille à mener, une menace à éliminer, et cette fois, je ne serai pas seul.

Tout se passe comme prévu.

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Otto et moi marchons lentement dans la forêt qui entoure le manoir Roswaal. Les rayons du soleil percent à peine les cimes des arbres, dessinant des ombres mouvantes autour de nous. Le silence est pesant, mais je sais qu’il a des choses à dire, et moi aussi.

Finalement, c’est moi qui brise le silence en premier.

— Merci, Otto.

Il tourne la tête vers moi, un peu surpris.

— Hein ? Pourquoi tu me remercies ?

— Pour avoir prévenu les autres de rester où ils étaient cette nuit-là. Je sais que ça n’a pas dû être facile pour toi, mais tu as fait ce qu’il fallait.

Otto reste silencieux un moment, les mains dans les poches. Puis il lâche un soupir et secoue la tête.

— Tu sais, Wilfried, cette nuit-là, tu m’as fait flipper. Vraiment.

Je baisse légèrement les yeux, conscient du poids de mes actes.

— Je m’en excuse.

Otto me jette un coup d'œil, comme pour évaluer ma sincérité, avant de hausser les épaules.

— Bah, ça va. On est encore en vie, c’est l’essentiel. Mais franchement, tu pourrais prévenir avant de jouer au héros, surtout quand il s’agit de trois fichus archevêques du péché.

Je souris légèrement, amusé par son franc-parler.

— Tu avais tout préparé pour faire évacuer le manoir, Otto. Tu étais prêt à agir.

Il s’arrête un instant, me fixant avec intensité.

— Évidemment. Mais tu sais, une partie de moi aurait voulu rester avec toi.

Je secoue la tête.

— Face à trois archevêques, Otto, personne à part moi n’aurait fait le poids.

— Peut-être, mais ce n’est pas une excuse pour tout porter tout seul, réplique-t-il. Sérieusement, pourquoi tu n’as pas demandé un contrat temporaire à Beatrice ?

Je ne peux m’empêcher de sourire à cette question, un rire léger échappant de ma gorge.

— Honnêtement, Otto, c’est une bonne question. Mais la vérité, c’est que ce n’est pas dans mes habitudes de demander de l’aide.

Otto arque un sourcil, intrigué.

— Et pourquoi ça ?

Je prends une profonde inspiration avant de répondre.

— D’où je viens, j’ai grandi dans une famille d’accueil assez… spéciale. Des bandits, pour tout dire.

— Des bandits ? répète-t-il, visiblement confus.

Je me rends compte qu’il ne connaît pas le terme « Yakuza », alors je me contente de hocher la tête.

— Disons qu’ils étaient plus habitués à enfreindre les lois qu’à les respecter. Mais malgré ça, on était une famille, et j’ai appris à leur faire confiance bien plus qu’à n’importe qui d’autre.

Otto me regarde avec un mélange d’incrédulité et de curiosité.

— Donc, tu veux dire que tu faisais plus confiance à eux qu’à… disons, Emilia et les autres ?

Je hoche la tête, un sourire triste étirant mes lèvres.

— C’est exactement ça. Emilia est une princesse. Rem et Ram travaillent pour Roswaal. Puck protège. Et Beatrice reste enfermée dans sa bibliothèque. Au milieu de tout ça, je suis un étranger. Ce que j’ai, c’est ma survie.

Otto reste silencieux un moment, réfléchissant à mes paroles. Puis il esquisse un sourire.

— Tu sais quoi, Wilfried ? Je crois que je comprends.

Je le regarde, intrigué.

— Oh ?

— Moi aussi, j’ai eu mon lot de mésaventures, dit-il avec un sourire en coin. Alors, disons que je deviens ton ami. Et ton confident, si tu veux.

Ses paroles me surprennent, mais elles réchauffent quelque chose en moi.

— Merci, Otto, dis-je sincèrement.

Nous continuons à marcher, et finalement, nous arrivons à destination. Devant nous, Russell Fellow nous attend, une grande bourse posée sur une table improvisée. Otto s’arrête net, ses yeux s’écarquillant en voyant la somme colossale devant nous.

— Wilfried, c’est quoi ce bazar ? s’exclame-t-il, clairement paniqué.

Je lui lance un sourire tranquille, les mains dans les poches.

— Je viens payer ta dette, dis-je simplement.

Otto reste figé, incapable de répondre.

— Pourquoi ? demande-t-il enfin, sa voix tremblante.

Je détourne légèrement le regard, pensant à quelqu’un qui m’a tendu la main, un jour où j’en avais désespérément besoin.

— Parce qu’une personne m’a tendu la main, il y a longtemps. Et maintenant, c’est à mon tour de faire pareil.

Dans mon esprit, une image se forme, celle d’Akagami Hakurei, toujours stoïque, toujours inébranlable, mais toujours là.

Otto baisse les yeux, visiblement ému, avant de se redresser et de me fixer avec un sourire reconnaissant.

— Tu es vraiment une sacrée pièce, Wilfried.

Je ris légèrement, le cœur un peu plus léger.

— Et toi, Otto, tu es vraiment effrayant quand tu comprends tout si vite.

( Mon trio de rêve c'est Otto, Reinhard, et Wilfried. Et pour le quatuor, ohhhh je vous cook la présence de Garfiel. )

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