Arc 2 - Chapitre 5

Le matin est encore frais lorsque je me retrouve assis dans le bureau de Roswaal. Il est revenu au manoir à l’aube, arborant son habituel sourire énigmatique, un masque qui cache probablement des intentions bien plus calculées que ses mots ne le laissent entendre. Je me prépare à entendre tout ce qu'il a à dire, sachant pertinemment que chaque mot sera chargé d'implications.

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1 - Les exploits reconnus

— Félicitations, Wilfried ! commence Roswaal, un éclat malicieux dans ses yeux dépareillés. Tes récents exploits sont désormais reconnus par tout Lugnica !

Je le fixe, un mélange de méfiance et de lassitude dans le regard.

— Mes exploits, vraiment ? demandé-je, incrédule.

Il hoche la tête avec enthousiasme.

— Oh, mais bien sûr ! Blesser Elsa, sauver Emilia, prendre son Khukuri, détruire ce petit shaman... Et bien sûr, avoir arrêté cette chère Meili... Tout cela n’a pas échappé aux anciens du royaume. Tu es désormais un héros pour le village d’Arlam !

Un héros, hein ? Cette ironie ne m’échappe pas. Tout ce que je voulais, c’était une vie tranquille, pas attirer l’attention de tout un royaume.

— Ne me dis pas que tu as balancé tout ça à Lugnica ? grogné-je en me passant une main sur le visage.

Son sourire s’élargit encore.

— Oh, je l’ai fait, bien sûr, mais pas sans raison, rassure-toi.

Et voilà, il y a toujours un « mais ».

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2 - La citoyenneté et une offre dangereuse

— Tu seras ravi d’apprendre, poursuit-il sans se laisser interrompre, que ta demande de citoyenneté a été acceptée.

Je relève la tête, surpris.

— Sérieusement ?

— Absolument. Et en plus de cela, tu recevras bientôt une récompense du royaume. Peut-être même... une offre pour devenir chevalier.

Ces mots tombent comme un couperet. Devenir chevalier ? Moi ? L’idée aurait pu m’enthousiasmer autrefois, mais ici, dans ce monde où tout semble être un jeu d’échecs géant, c’est une autre histoire.

— Tu crois vraiment qu’ils acceptent les « prolétaires » comme moi ? demandé-je, sceptique. Et les gens qui ont soi-disant 513 ans ?

Roswaal rit doucement, l’air de savourer une plaisanterie personnelle.

— J’aurais pu dire que tu as 13 ans, tu sais.

Le bruit de ma main qui empoigne le manche de mon Khukuri emplit la pièce.

— Je plaisante, je plaisante !

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3 - Une offre inattendue

Après avoir repris son souffle, il pose un regard plus sérieux sur moi.

— Parlant de chevalier... vu ta relation avec Emilia, voudrais-tu, à tout hasard, devenir le sien ?

Je cligne des yeux, surpris.

— Son... chevalier ?

— Oh, rien n’est officiel, bien sûr. Mais Emilia semble t’avoir en haute estime. Et puis, cela serait un pas intéressant pour toi... et pour elle.

D’ordinaire, j’aurais accepté sans hésiter. Mais ce n’est pas une demande innocente. Elle vient de Roswaal, et cela signifie que cette proposition cache quelque chose.

— Je vais y réfléchir, dis-je simplement, sur mes gardes.

— Bien, bien, répond-il avec un sourire satisfait.

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4 - Une mission délicate

Enfin, il aborde le dernier sujet, et je sens d’avance que ce sera le plus compliqué.

— Maintenant, pour le point le plus délicat, annonce-t-il.

Je fronce les sourcils.

— Quoi encore ?

— Tu as désormais un nouveau titre.

— ...Un titre ?

— En effet ! Puisque tu as blessé Elsa et arrêté Meili, tu es considéré comme... disons, un acteur clé dans ces affaires. Cela implique des responsabilités.

Je le fixe avec un mélange de confusion et de méfiance.

— Et ces responsabilités incluent... quoi, exactement ?

— Oh, simplement d’être celui qui s’occupe de l’interrogatoire de Meili.

Je me redresse brusquement, le regard perçant.

— Attends, quoi ?

Roswaal croise les mains devant lui, son sourire toujours en place.

— Meili sera enfermée dans les douves du manoir au lieu d’être envoyée dans une prison du royaume. Et c’est toi qui seras chargé de... tirer des informations d’elle.

Un test. C’est un test, je le sens. Roswaal cherche à me manipuler, à m’évaluer, peut-être même à m’utiliser.

— Pourquoi moi ? demandé-je d’un ton froid.

— Oh, disons simplement que personne n’est mieux placé que toi pour gérer cela. Après tout, tu as déjà montré une... affinité particulière avec ce genre de situations.

Il veut me manipuler en jouant sur plusieurs facteurs : les domestiques, Emilia, Lugnica, et Meili elle-même.

— Réfléchis bien, Wilfried, conclut-il en se levant. Tes décisions aujourd’hui auront des conséquences bien plus grandes que tu ne l’imagines.

Et sur ces mots, il quitte la pièce, me laissant seul face à mes pensées.

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Les dominos commencent à tomber.

Une confrontation avec Ram

Dès que je sors du bureau de Roswaal, je tombe nez à nez avec Ram. Elle est là, les bras croisés, le regard perçant. Ce n’est pas vraiment une surprise. Ram est le genre de personne qui semble toujours savoir où être et à quel moment.

— Alors ? commence-t-elle avec sa voix habituelle, froide et teintée d’un sarcasme subtil. Tu as terminé ta discussion avec notre maître bien-aimé ?

Je soupire. Je n’ai pas vraiment envie de discuter, mais quelque chose me pousse à ne pas laisser passer cette occasion. Si Roswaal joue un jeu complexe, Ram est sûrement une pièce importante de son échiquier.

— Ram, je peux te poser quelques questions ? demandé-je, direct.

Elle hausse un sourcil mais ne refuse pas.

— Vas-y.

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1 – Pourquoi travaille-t-elle pour Roswaal ?

— Pourquoi tu travailles pour Roswaal ? demandé-je sans détour.

Elle me fixe longuement, ses yeux roses sondant les miens.

— Pourquoi pas ? répond-elle d’abord, évasive.

— Ram. Sérieusement. Avec ton caractère, ton intelligence et tes capacités, tu pourrais être ailleurs. Alors pourquoi lui ?

Elle laisse échapper un soupir et détourne le regard.

— Roswaal m’a sauvée, commence-t-elle finalement, d’une voix plus douce. Lui et ce manoir sont tout ce qui reste de... ce que j’étais.

Elle ne développe pas, mais je comprends que c’est un sujet sensible. Cela n’explique pas tout, mais c’est suffisant pour le moment.

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2 – Ce qu’en pense Rem

— Et Rem ? Qu’est-ce qu’elle pense de tout ça ?

Le regard de Ram s’assombrit légèrement, comme si ma question touchait un point délicat.

— Rem... suit ma voie, dit-elle après un moment.

— Suivre ta voie ?

Elle acquiesce.

— Rem est... influencée par mes décisions. C’est ma petite sœur. Elle m’écoute, me respecte, et me suit aveuglément.

Je hoche lentement la tête. Cela correspond à ce que j’ai observé. Rem est dévouée à Ram presque à l’excès.

— Mais ça ne veut pas dire qu’elle accepte tout ce qui se passe ici, ajoute-t-elle. Elle est méfiante. Surtout envers toi.

Un demi-sourire se dessine sur mes lèvres.

— Oui, je l’ai remarqué.

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3 – Son objectif personnel

— Dernière question, dis-je en la regardant droit dans les yeux. Est-ce que ton objectif personnel, si tu en as un, s’est émoussé avec le temps ?

Son visage reste impassible, mais je sens que mes mots ont touché une corde sensible.

— Mon objectif personnel, répète-t-elle.

Elle reste silencieuse un moment, ses pensées semblant vagabonder loin d’ici.

— Il ne s’est pas émoussé, finit-elle par répondre. Mais...

— Mais ?

— Disons simplement que certaines choses... prennent plus de temps que prévu.

Sa réponse est vague, presque frustrante, mais elle ne me laisse pas le temps de creuser davantage.

— Si tu n’as pas d’autres questions, Wilfried, dit-elle en se tournant pour partir, je te conseille de ne pas trop penser à ce que tu ne peux pas contrôler.

Je reste là, seul dans le couloir, à réfléchir à ce que je viens d’entendre.

Ram travaille pour Roswaal pour une raison bien à elle. Rem suit sa sœur, mais reste méfiante. Et l’objectif de Ram... existe toujours, même si je ne sais pas encore ce qu’il est.

Dans les douves : l’interrogatoire de Meili

Je descends lentement les escaliers menant aux cellules des douves, suivi par Rem. L’air est lourd, chargé d’humidité et d’une odeur métallique. Meili est là, assise sur le sol froid de sa cellule. Ses mains et ses pieds sont entravés, mais elle garde cet air de défi, ses yeux violets me fixant comme si elle cherchait encore une opportunité pour inverser la situation.

Je m’arrête devant les barreaux et me retourne vers Rem.

— Si tu descends avec moi, tu seras témoin de quelque chose d’abominable, dis-je d’un ton neutre. Et si tu restes, tu seras complice.

Rem fronce les sourcils, mais ne recule pas.

— Je ne reculerai pas. Mon rôle est de surveiller ce que tu fais.

Je hoche la tête, satisfait de sa réponse. Elle peut penser ce qu’elle veut de moi, mais elle reste.

Je pousse la porte de la cellule et entre. Ma cape se soulève légèrement, dévoilant le Khukuri à ma ceinture et ma sacoche contenant mon matériel. Meili me fixe avec un mélange de méfiance et de défi.

— Meili, je commence en m’accroupissant devant elle. Tu te rappelles de cet homme qui t’a mis dans cette situation ?

Elle ne répond pas, mais son expression change. Je dégaine lentement mon Khukuri et le place devant elle.

— Cet arme. Tu la reconnais, pas vrai ?

Son regard s’assombrit, et même si elle ne dit rien, ses yeux la trahissent.

— Tu sais à qui elle appartenait. Elsa.

Je vois une lueur d’émotion passer dans ses yeux. C’était prévisible.

— Elle était comme une sœur pour toi, pas vrai ? Une figure fraternelle ?

Toujours aucun mot, mais son silence en dit long.

— Et elle t’a parlé de moi ? Je suppose qu’elle t’a sous-estimé. Je vais te prouver qu’elle avait tort.

Je me relève, croisant les bras, et la fixe de haut.

— Écoute bien, Meili. Tu as une chance aujourd’hui. Réponds à mes questions, et je te récompenserai. Mais si tu refuses ou si tu mens...

Je sors une seringue remplie d’un liquide transparent et l’agite doucement.

— ...ce produit te fera ressentir une douleur telle que tu supplieras de mourir. Et Rem, ici présente, te soignera. Parce que c’est son rôle.

Rem reste silencieuse, mais je sens son regard sur moi. Je ne sais pas si elle est horrifiée ou simplement fascinée par ma méthode.

Je m’avance d’un pas.

— Première question : qui t’a payé pour attaquer le village d’Arlam ?

Meili me dévisage, serrant les dents.

— Deuxième question : la guilde des assassins est-elle dirigée par un archevêque du culte de la Sorcière ? Si oui, lequel ?

Je laisse un moment de silence avant de poser la dernière question.

— Troisième question : ton employeur ou le chef de ta guilde possède-t-il un Évangile ou un livre de la sagesse ?

Je la fixe, patient, tandis qu’elle reste silencieuse.

— Réponds, Meili. Tu peux choisir. Parle et je trouverai une récompense, peut-être même une protection. Refuse, et tu connaîtras la douleur. C’est à toi de voir.

Je tiens la seringue entre mes doigts, prêt à agir si nécessaire. La balle est dans son camp.

Dans la cellule de Meili : l’interrogatoire continue

Je la fixe, la tension palpable dans l'air, alors que je garde mon regard fixé sur Meili. Elle reste là, luttant intérieurement, mais son silence ne fait qu’augmenter la pression. Je sais que le temps joue en ma faveur.

Lorsque je pose ma première question, Meili se montre d’abord déterminée à jouer les fortes têtes. Mais je n’ai pas l’intention de la laisser continuer dans son jeu de dupe. Je sors la seringue et l’enfonce lentement dans son bras.

Meili se raidit immédiatement. Ses yeux s’ouvrent grands, une douleur sourde se diffuse à travers son corps.

— Dites-moi, qui vous a payé pour attaquer le village d'Arlam ?

Elle serre les dents, son visage se tord de douleur, mais elle finit par céder. Ses lèvres tremblent légèrement alors qu’elle parle enfin.

— C’est un marquis… un homme puissant… Il m’a payé et payé Elsa pour attaquer la demi-elfe, Emilia… mais je ne peux pas… je ne peux pas vous dire son nom…

Je vois la peur dans ses yeux. Elle sait que tout peut s’effondrer pour elle. Je hoche la tête, me doutant déjà de la réponse. En réalité, je connais déjà l’identité de cet homme. Roswaal L. Mathers, le marquis. C’est lui qui a tout orchestré, il manipule tout autour de lui. Je le savais, mais entendre Meili le confirmer est une confirmation plus cruelle que je ne l'avais imaginé.

— Je sais déjà qui il est, Meili. C’est Roswaal, n’est-ce pas ? Vous vous êtes fait manipuler…

Elle évite de répondre, son regard fuyant, mais je vois qu’elle a compris qu’elle vient de perdre une carte importante. Elle semble encore plus effrayée par l’implication de Roswaal dans toute cette histoire. Je m’attends à ce qu’elle m’en dise plus, mais la peur de Roswaal la paralyse encore.

Je passe à la deuxième question. Cette fois, l’envie de ne pas répondre est plus forte. C’est un autre terrain miné. La peur envahit ses traits, je vois la terreur se peindre sur son visage alors que je la regarde intensément.

— Le chef de la guilde des assassins… est-il un archevêque du péché ?

Elle ferme les yeux, luttant intérieurement. Mais c’est trop tard. Sa réaction trahit tout. J’ai déjà compris, mais je veux qu’elle l’admette.

Elle hésite encore, mais à son regard, il ne fait aucun doute. Elle a peur, vraiment peur.

— Lequel ?

Meili se crispe, sa respiration s’accélère. Le silence s’étend. Je laisse quelques secondes de plus pour accentuer la pression.

Puis, elle finit par baisser la tête, chuchotant enfin, tremblante.

— C’est l’archevêque de la luxure. La plus exécrable des cinq…

Je serre les dents. La luxure. Le péché que je déteste le plus. Le lien avec la guilde des assassins est évident maintenant. La cruauté et la perversion de ce péché, manipulant tout, qu’il s’agisse des émotions humaines ou des créatures démoniaques.

Je sors la seringue, et en voyant la peur se profiler dans ses yeux, je sens une satisfaction froide m'envahir. Elle tremble, hurlant frénétiquement.

— M-Mama… Maman…

Elle est totalement brisée. Le nom de cette « mère » me frappe soudainement. Je ne connais pas cette figure, mais il est clair que cette personne est d'une cruauté absolue.

Meili s’effondre, à la merci de ses peurs, et moi, je reste calme, calculateur. La luxure, l'archevêque de ce péché détesté… Cela ne fait que rendre les choses encore plus claires.

Je n’ai pas encore fini. Je passe à la troisième question, mais déjà, l’issue de cet interrogatoire me semble évidente.

— Votre employeur, et la cheffe de la guilde des assassins, possèdent-ils chacun un évangile ou un volume du livre de la sagesse ?

Elle hésite un instant, le regard fuyant, mais les circonstances l’obligent à répondre. Elle parle enfin, tremblante.

— L'employeur… je n’ai jamais vu l'Évangile de cet homme, mais pour la cheffe… Oui, elle en possède un. C’est un volume, un des livres sacrés, liés à la Sorcière, à Echidna…

Un sourire involontaire se dessine sur mes lèvres. La confirmation que le volume du livre de la sagesse, l’Évangile, est bien en possession de l’archevêque de la luxure, le fait que tout soit lié à la Sorcière… Tout s’éclaire enfin. Roswaal n’est qu’un pion dans ce jeu macabre, mais il est un pion important.

Meili, quant à elle, est maintenant complètement brisée. Elle sait qu’il n’y a plus de retour possible pour elle.

Je range ma seringue lentement. Elle tremble de la tête aux pieds, et je me tourne vers Rem.

— Elle a répondu, comme prévu. Ce que je cherchais est là.

Je lui lance un dernier regard froid, et alors que Rem me suit dans le silence, je me dis qu’au fond, tout cela n’est que le commencement d’un plus grand jeu, bien plus vaste que ce que j’avais imaginé.

Je ferme la porte derrière moi avec un soupir. C’est une journée épuisante, trop de révélations, trop de manipulations, trop de souffrance autour de moi. Je sens encore la lourdeur de l’interrogatoire, de la douleur infligée, la terreur qui s’était emparée de Meili. Mais maintenant, une autre forme de tension m’envahit.

Je me rends dans ma chambre, m’apprêtant à réfléchir à tout ce qui s’est passé, à ce qui m’attend. Mais avant même que je puisse poser un pied sur le sol, j’entends la porte se refermer derrière moi. Une silhouette se profile dans l'ombre.

C’est Rem.

Je me retourne brusquement, l'étonnement sur le visage. Pourquoi elle me suit ? Après tout ce qui s'est passé, après tout ce qu'il s'est joué dans la cellule, je pensais qu'elle aurait eu assez de distance. Mais non, elle est là, presque trop proche, ses yeux remplis d'une sorte de confusion.

— Pourquoi tu es là ? Je lève un sourcil, ne cachant pas mon agacement. Jusqu’à présent, tu voulais ma mort, à cause de ce parfum, n’est-ce pas ?

Elle ne répond pas immédiatement. Elle semble hésiter, cherchant les mots. Je sens son regard sur moi, lourd de quelque chose que je n'arrive pas à identifier.

Puis elle s’approche lentement, comme si chaque pas était une victoire sur sa propre hésitation. Je la fixe, me préparant à tout. Elle finit par se glisser tout près de moi. Je sens son souffle, presque imperceptible, mais il est là, réchauffant mon visage. Elle pose une main sur mon épaule, hésitant juste un instant avant de me répondre.

— Je… Je suis désolée, Wilfried. Pour tout ce que j'ai fait. Pour tout ce que j'ai voulu faire.

Je reste là, figé. Sa voix est calme, mais il y a quelque chose de vulnérable dans ses mots. Quelque chose que je n'avais pas vu venir. Elle baisse légèrement la tête, comme si elle n'osait plus me regarder en face.

Elle poursuit, sa voix presque un murmure, mais la sincérité brille à travers ses mots.

— Je ne comprenais pas. Je t'en voulais, à cause de Satella, à cause de ce parfum… mais… je comprends maintenant. Je ne voulais pas… je ne voulais pas te faire du mal.

Je la regarde longuement, ses yeux toujours évitant les miens. Mais je peux lire dans son regard la culpabilité, la confusion, l’incompréhension. Elle cherche quelque chose, et je le vois. Elle veut comprendre ce qu’il s’est passé en elle. Pourquoi elle ressent ça maintenant.

Je ferme les yeux un instant, laissant la tension se dissiper. Rem est là, debout, face à moi, mais cette fois-ci, elle n’a plus cette froideur qu’elle affichait avant. Elle est vulnérable, et étrangement, ça me touche.

Je ne dis rien au début. J'essaie juste de comprendre ce qui vient de se passer, pourquoi elle est là, pourquoi elle s’excuse, pourquoi tout cela semble si… lourd.

Puis je me rends compte. C’est tout un processus pour elle, de comprendre ses émotions, de les accepter. Peut-être qu'elle n'avait jamais vraiment eu à faire face à ce genre de conflit intérieur avant. C’est étrange, mais je me sens… calme. Calme de savoir qu'elle reconnaît son erreur.

Je souris, doucement, puis je me rapproche un peu d’elle. Je pose une main sur son bras, avec une simplicité presque réconfortante.

— Tu n'as pas à t'excuser, Rem. Je sais pourquoi tu agissais ainsi. C’est… compliqué pour moi aussi, mais ça ne change rien. Ce parfum, cette guerre entre nous, tout cela ne sera jamais facile. Mais tu n’as plus à porter ce poids seule.

À cet instant, elle semble se détendre. Les muscles de son corps se relâchent. C’est comme si tout à coup elle comprenait. Elle n’avait plus besoin de me fuir, de cacher ses sentiments.

Sans un mot, Rem se glisse doucement contre moi, me prenant dans ses bras. Je suis surpris, mais je ne me dégage pas. Ses bras m’enveloppent, et je reste là, dans cette étreinte silencieuse, la chaleur de son corps contre le mien.

Elle s'excuse une dernière fois, mais cette fois-ci, il n'y a plus de doute dans sa voix. C’est sincère. Elle a enfin compris.

— Je suis désolée pour tout, Wilfried. Je… je ne voulais pas. Je n'avais pas compris.

Je ferme les yeux, doucement. Les choses ne sont pas simples, mais je me rends compte que, même au milieu du chaos, des gestes comme celui-ci, aussi silencieux et discrets soient-ils, sont plus que suffisants pour me rappeler que parfois, la véritable compréhension naît d’un moment aussi banal qu’un simple contact humain.

Nous restons là, dans cette étreinte, sans mots, mais avec une sorte de compréhension silencieuse entre nous. Une paix fragile, mais présente. Une paix qui, pour l’instant, suffit.

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