9 | Amour
Je suis assise à genoux dans la chambre.
La porte est fermée et j'attends patiemment que Maître revienne.
C'est mon anniversaire aujourd'hui, le premier que l'on fête ensemble et je ne sais pas trop quel genre de surprise il a préparé.
Il m'a seulement dit de rester dans cette position jusqu'à son retour, mais j'ai l'impression que ça fait une éternité.
Je souffre le martyr.
Cependant je ne bouge pas puisque je ne veux pas être punie, pas aujourd'hui.
Finalement j'entends la porte d'entrée s'ouvrir ainsi que de petits gémissements.
Serait-ce... une autre soumise ?!
Non, impossible, il m'en aurait parlé.
Il ouvre ensuite la porte de la chambre mais je n'ose pas le regarder.
Je fixe toujours le sol lorsqu'une petite boule de poil fait son apparition et court jusqu'à moi, en poussant de petits gémissements plaintifs puis se colle à mes cuisses.
D'un coup je regarde mon Maître, les yeux écarquillés comme jamais tandis qu'il m'affiche un grand sourire.
« - Bon anniversaire ma belle. »
Le petit chiot se colle à moi et je le prends dans mes bras.
C'est un berger australien avec l'œil gauche marron et l'œil droit bleu, il est vraiment trop craquant.
« - Mais Maître c'est... c'est trop je... je sais pas comment vous remercier.
- T'as pas à me remercier. Tu le mérites, c'est tout. Et pour information c'est une femelle de deux mois, toujours en manque d'affection. Sa mère a été abandonnée par ses anciens propriétaires et elle a donné naissance, seule, à trois chiots sur le bord d'une route. Elle est la seule à avoir survécu. Les agents de la SPA l'ont nommé Mila mais on peut le changer.
- Non, Mila c'est très bien ! »
Je sers fort cette petite qui n'a pas connu la chaleur d'une mère et qui, comme moi, a toujours ce besoin d'affection que je lui comblerai chaque jour.
Maître m'aide ensuite à me relever, mes jambes sont plus que douloureuse alors il me porte, ou plutôt nous porte, jusqu'au canapé du salon.
« - Je vous adore Maître.
- Moi aussi Félicie. »
Je me réveille ensuite doucement avec Mila collée contre moi dans le lit.
Je crois que ma longue absence l'a beaucoup marqué, elle ne m'a pas lâché de toute la journée et a refusé de dormir sauf en ce moment.
J'essaie de sortir en faisant le moins de mouvements possibles mais loupé... elle est réveillée. Elle vient alors poser sa tête sur ma cuisse comme pour me forcer à rester dans le lit mais je la rassure en lui caressant la tête.
Je me lève ensuite, Mila me suivant comme mon ombre.
Je me prépare de quoi manger un peu, n'ayant rien avalé depuis hier soir. Tous ces événements m'ont quelque peu déstabilisée.
Je prends ensuite mon téléphone et enregistre le numéro de Luck puis lui envoie un message. Je change la sonnerie de ce contact comme ça je saurais si c'est lui ou non qui me répond.
Mon téléphone sonne une première fois mais ce n'est pas la sonnerie que j'ai choisi pour lui alors je ne regarde pas. Je n'ai vraiment pas la tête à parler à d'autres personnes, déjà que ce n'est pas mon point fort en temps normal là je fais totalement l'impasse.
C'est quand je finis enfin mon repas qu'il me répond.
" Moi aussi j'aimerais qu'on reprenne contact mais je ne veux pas te forcer la main, prends ton temps
Je ne veux plus attendre, j'ai trop attendu, j'ai vraiment besoin qu'on discute tous les deux, sur nous "
Ce " nous " lui fait très peur, je le sais, mais il ne peut pas nier, encore une fois, qu'il existe bel et bien. Il faut qu'il assume ce qu'il ressent une bonne fois pour toutes.
Et si t'étais la seule à encore l'aimer aujourd'hui, t'y as pensé ?
Oui ma chère conscience... Mais j'ai besoin de réponses sinon je ne pourrai pas avancer.
Six mois de silences n'ont pas suffit à me faire tourner la page, cela a même aggravé mon état.
" D'accord, tu veux qu'on se retrouve où et quand ?
Chez moi, ce soir "
Je critique Raphaël alors que moi-même je précipite les choses.
Ce type n'est pas un bon exemple poulette.
Oui je sais ! Mais difficile d'oublier...
" Cela me semble tôt mais c'est toi qui vois. Je serai là vers 18h, ça te va ?
Oui
Bien, à tout à l'heure "
Mon cœur bat à cent à l'heure. J'ai hâte de le revoir même si ça ne fait que quelques heures mais en même temps j'ai peur qu'il me rejette comme la dernière fois...
Je me mets alors une claque, plus forte que je ne l'aurais pensé, pour essayer de ne plus dire à moi-même des conneries.
~
À 18h00 on sonne à la porte.
Ton Roméo n'a apparemment pas perdu sa ponctualité.
Lorsque j'ouvre je remarque qu'il a fait un effort au niveau des habits et qu'il s'est même rasé. Hier j'avais remarqué qu'il se laissait aller, un peu comme moi, mais là il est nickel !
Puis une fusée débarque et s'abat sur lui avec une avalanche de coups de langues. Luck est mort de rire, allongé au sol tandis que Mila est toute heureuse de le voir.
Quand des inconnus entrent elle ne sort pas de son panier mais dès qu'il s'agit d'Estelle ou de Luck c'est la fête !
Je réussis finalement à la faire sortir pour laisser Luck se redresser.
Il avance ensuite timidement dans mon salon et regarde autour de lui.
« - Toujours aussi maniaque du rangement ? »
Si tu savais...
« - En vérité j'ai rangé ce matin. Ma maison était autant en désordre que ton appart'.
- Menteuse. »
Sa remarque me fait un peu mal. Est-il vraiment convaincu que je n'ai pas également souffert de son absence ?
En voyant ma tête il comprend assez vite que je ne mens pas et ne dis plus un mot.
« - Tu veux boire quelque chose ?
- Whisky ?
- Euh... J'en ai pas.
- Vodka.
- Non-plus, désolé.
- T'inquiètes je rigole, je sais que tu ne bois pas ça. Un verre d'eau me suffira. »
Il me sourit gentiment et cela me réconforte. Je nous sert à boire et l'invite à s'asseoir sur le canapé. Mila se dresse ensuite entre nous deux, comme une femme jalouse qui me fait comprendre que c'est son homme chéri.
Mais je ne peux pas lui en vouloir, je sais qu'il lui a manqué à elle aussi. Il était tellement gaga avec elle, un peu comme un papa poule et son gosse, même s'il n'aimait pas que je lui dise ça.
« - Bon du coup, tu veux qu'on parle de quoi ? »
Il fait exprès ?
« - À ton avis ? »
Ma remarque est plus sèche que je ne le voulais et il n'a pas l'air d'apprécier.
« - Évite ce ton avec moi.
- Sinon quoi ? Je ne suis plus ta soumise je te rappelle. »
Ce petit pic semble l'avoir vexé. Tant mieux puisqu'il m'a vexé aussi.
« - C'est toi qui a décidé de ne plus l'être.
- Parce que tu ne m'as pas laissé le choix !
- Évidemment que si !
- NON ! »
Cette fois-ci je m'emporte et impossible de faire machine arrière à présent.
« - Quand je t'ai enfin avoué que je t'aimais, alors que tu t'en doutais depuis longtemps, tu m'as demandé de faire un choix. Sois je restais ta soumise mais je ne devais plus t'aimer, sois je partais.
- Tu vois, tu avais le choix.
- Mais quel choix ?! Tu crois vraiment que les sentiments se contrôlent ? Tu me forçais à ne plus t'aimer alors que toi-même t'avais des sentiments ! Et n'essaies pas de me dire le contraire, je sais que ce que je dis est vrai. »
Il me regarde toujours mais cette fois il ne dis plus rien. Il se contente seulement de baisser la tête, comme pour fuir une nouvelle fois la réalité.
« - Je sais qu'on s'était mis d'accord au départ, je sais que je n'avais pas le droit de tomber amoureuse de toi, mais je n'y suis pour rien si c'est arrivé. Et t'as pas le droit de me rejeter une nouvelle fois la faute dessus alors que tout est de la tienne.
- Félicie...
- Ça ne te dérangeait pas que l'on s'aime. Tu le savais et ça ne te gênait pas. Ce qui t'a dérangé c'est que moi je me l'avouait et pas toi. Tu n'as jamais voulu assumer tes sentiments envers moi, jamais, et t'as préféré fuir ou plutôt me faire fuir. Mais tu vois bien que ce n'est pas la solution. Alors... pourquoi ne veux-tu pas de ce "nous" ? »
Cela ne changerait rien, on aurait une relation tout aussi fusionnelle à part qu'aux yeux de nos proches nous serions en couple et non juste amis. On peut très bien concilier une relation de domination/soumission et une vie de couple, puisqu'on s'aime et qu'on est accro à l'autre.
L'un sans l'autre on a bien vu les ravages que cela causait...
« - On a besoin de cette relation BDSM qu'on avait, mais on a aussi besoin de s'aimer librement. Tant que tu ne te l'avouera pas, on ne sera jamais heureux.
- Tu serais donc prête à te mettre en couple avec moi, même après tout ça ?
- Évidemment, tout ce que je veux c'est être heureuse et la seule personne qui me procure ce bonheur c'est toi. J'ai besoin de notre ancienne relation et j'ai aussi besoin de pouvoir te dire à quel point je t'aime, j'ai besoin de nous et...
- Moi aussi. »
Sa réponse me prend alors de court.
« - Putain... Félicie je t'aime. »
Il m'embrasse alors avec intensité et passion. Des larmes coulent sur mes joues, foutue émotivité ! Mais je profite de l'instant.
Ce baiser semble durer une éternité, mais c'est si bon... J'en ai tellement rêvé de ce moment.
« - Je suis sincèrement désolé pour tout ce que je t'ai fait. J'étais juste paumé et peut-être un peu con aussi mais j'ai jamais arrêté de penser à toi et honnêtement si t'as toujours envie de moi dans ta vie même après ça alors oui je vais assumer mes sentiments, déjà devant toi... Je t'aime Félicie, je t'aime comme j'ai jamais aimé personne. Je veux être avec toi, c'est le plus important. Je ne veux plus te perdre. Quoique je dise ou fasse, ne me laisse plus. »
Il me sert ensuite dans ses bras comme une bouée de sauvetage qui le ferait mourir s'il la perdait.
Je le serre alors également dans mes bras jusqu'à ce qu'une certaine envie soudaine et incontrôlée me prenne...
« - Luck ?
- Oui Félicie ?
- Prends-moi. »
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