8 | Pressentiments

Je suis attachée au lit, les membres écartés telle une étoile de mer.
Un homme s'approche tout doucement de moi puis vient caresser mon corps de ses doigts, me procurant ainsi des frissons.

« - Maître... S'il vous plaît je...

- La ferme ! C'est moi qui commande ici, pas toi. »

Ses mots sont durs et j'ai du mal à reconnaître la voix de mon Maître.
Est-il fâché ?
Même dans ces conditions il ne me parlerais pas ce cette façon.
Quand enfin son visage se trouve à hauteur du miens, je constate que ce n'est pas mon Maître mais Raphaël.

« - Non ! »

Mon propre cri me réveilla en sursaut. Mon cœur bat la chamade et tout mon corps transpire. C'est alors que je me rend compte que la pièce dans laquelle je me trouve ne ressemble en rien à ma chambre.

« - Ça va ? Tout va bien ? Qu'est-ce qui se passe ? »

C'est un Luck affolé qui entre dans la chambre puis se précipite vers moi.
De mon côté je suis toujours abasourdie de le voir, là, devant moi.

Je crois que mes yeux sont vraiment très grands ouverts puisqu'il se met à rire devant ma tête.

« - Eh oui, c'est moi. »

Je suis en train de rêver, c'est pas possible !
Puis les souvenirs de la veille refont surface et je me souviens enfin de cette bagarre avant que je ne perde connaissance. C'était lui, c'était Luck qui était venu à mon secours.
Hasard ? Bizarre... Mais je suis si heureuse de le revoir enfin !

Ma main se pose sur son visage pour le caresser et sa main se pose sur la mienne.

« - Comment...

- Je vais t'expliquer. En attendant tu devrais prendre une douche et te changer. »

Il me montre les vêtements qu'il a préparé posés sur une chaise. Tout a l'air neuf, à mon avis il vient d'aller les acheter exprès.

Là je le reconnais bien, m'ordonnant fermement, ni trop ni pas assez, de faire quelque chose pour mon bien. Ça m'avait manqué. J'ai presque envie de lui répondre " Oui Maître " mais ce serait déplacé vu ce qu'il s'est passé la dernière fois... D'ailleurs, il faudra qu'on en parle et vite, j'en ai vraiment besoin.

L'eau chaude de la douche me procure un bien fou.
Une fois habillée je me regarde dans le miroir, Luck a toujours aussi bon goût.

Je touche ensuite de mes doigts mes lèvres. Et dire qu'il a faillit...

Non, n'y pense pas ! Luck était là, c'est le principal.
Ne réfléchis pas à ce qui aurait pu arriver.

Facile à dire...

Je m'assois ensuite sur le canapé et attend le récit de Luck sur les évènements de cette soirée. Il reste debout près de la fenêtre puis quand ses yeux marrons me fixent il ne peut s'empêcher de sourire, malgré qu'il soit triste.

« - J'étais à table, près des toilettes, quand t'es passée près de moi en marchant très vite, comme à ton habitude quand quelque chose te stresse. J'ai tout de suite reconnu ta tignasse rousse mais j'ai mis un peu de temps avant de me l'avouer. »

Il marque une pose puis détourne le regard pour observer la rue à travers la vitre.

« - Un homme est entré pas longtemps après toi dans les toilettes des femmes, ce qui m'a parut assez étrange. Et là j'ai eu comme un très mauvais pressentiment. Alors par peur pour toi j'y suis allé et je t'ai vu en pleure au sol et ce... ce taré qui... Enfin voilà. »

Les larmes me montent lentement aux yeux. À la fois par rapport à Raphaël mais aussi de joie d'être là près de Luck, à l'entendre de nouveau me parler.

Cependant je me demande comment j'ai pu ne pas le voir... Il était pourtant tout près de moi, dans le café. Je me sens alors vraiment conne.

Trop d'émotions d'un coup, il faut que je m'exprime sinon je vais étouffer. Alors je ne me retiens pas et pleure à chaudes larmes puisque je sais qu'il ne me jugera pas.
Et en effet il vient seulement s'asseoir près de moi, poser sa main délicatement sur ma jambe et la caresser de son pouce. Ce contact me fais du bien, contrairement à l'autre dans le café.

Je me colle à lui puis me calme petit à petit.

« - Il faut que je te ramène chez toi, Mila va s'inquiéter sinon. »

Cela me fait de la peine de devoir déjà me séparer de lui mais il a raison.
Il se lève et me tend mes affaires puis me conduit jusqu'à sa voiture. Je lui indique ensuite le route à suivre jusqu'à ma maison, toute riquiqui, en espérant qu'il la retienne.

« - Attend ! »

Je n'ai pas le temps d'ouvrir la portière qu'il me retiens. Son expression est plus que sérieuse.

« - Le café, c'est celui dans lequel je me rends certains soirs après le boulot, tu t'en souviens ?

- Euh... Oui. Mais sur le coup je n'y avais pas pensé, je veux dire j'ai pas fait exprès.

- Tu l'as fait inconsciemment ? »

J'hoche alors la tête et il sourit légèrement.

« - Allez rentre. Si tu souhaites qu'on reprenne contact, appelle-moi. »

Après un au revoir timide, je me précipite chez moi et une énorme boule de poils se jette sur moi pour m'accueillir.

« - Oh ma Mila, si tu savais qui j'ai vu aujourd'hui ! »

Pour toute réponse elle me renifle avec attention puis se met à aboyer et tourner sur elle-même.
A-t-elle reconnu son odeur ? J'aimerais bien le savoir mais je ne parle malheureusement pas le langage des chiens.

Les paroles de Luck me trottent dans la tête. C'est vrai que j'ai choisi ce café sans réellement penser à Luck, je l'ai fait car j'avais le pressentiment que c'était un endroit où je me sentirais en sécurité.
C'était en réalité lié à Luck.

Alors quoi que je fasse, je serais toujours accro à lui, amoureuse de lui ?
Mais lui ne veux rien de tout ça...

J'essaie de ne plus y penser pour le moment et ouvre mon sac pour en sortir mon téléphone. Un bout de papier tombe alors au sol et j'y découvre un numéro de téléphone.

Il m'avait demandé de l'appeler si je le souhaitais, alors ça veut dire que... il veut réellement que l'on se revoit !

Une joie immense m'envahit et des larmes de bonheur me montent aux yeux.

« - Ma petite Mila... Tu vas bientôt revoir ton maître ! »

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