4 | Retrouvailles
« - Alors avec ta copine, ça va ? »
C'est le genre de sujet que je déteste aborder mais mon ami est un vrai romantique et il me parle de sa copine à chaque fois qu'on se voit, sauf ces derniers temps.
Étant donc inquiet pour lui, il est normal que je lui pose la question malgré moi.
« - Elle m'a quitté il y a un peu plus d'une semaine.
- Oh merde, mais pourquoi tu m'as rien dit ?
- Vu ton état je préfère te parler de choses positives que négatives. »
Oh Éden... Si attentionné même avec des connards dans mon genre. Cette petite attention me fait alors rire comme un abruti.
« - Quoi ?
- Non mais sérieux, t'aurais dû me le dire ! C'est toi qui souffre là pas moi.
- Menteur, ça fait 6 mois que t'es mal à cause de la même fille, que t'arrives pas à l'oublier. Alors que moi ça y est j'ai tourné la page. »
À ces derniers mots je vois un petit sourire se former sur son visage.
Serait-ce lié à une nouvelle rencontre ?
Puis, comme s'il lisait dans mes pensées, Éden me répond avec un grand sourire aux lèvres.
« - J'ai couché avec une fille ce matin, on s'était mis d'accord pour que ce soit la seule fois, tu vois ? Mais il y a comme quelque chose chez elle qui m'attire et... je crois bien que je suis piqué. »
En entendant ces mots je suis à deux doigts de m'étouffer avec la bière que je vient d'avaler, je décide de reposer la bouteille sur la table et regarde mon ami droit dans les yeux.
« - Et elle ?
- J'en sais rien. Elle a l'air d'avoir vécu quelque chose de difficile et de s'être fait une carapace, un peu comme toi. »
Dans quel bordel s'est-il mis encore celui-là ?
J'espère qu'elle n'est pas du tout comme moi en ce moment sinon il va souffrir c'est sûr.
« - Fais attention à toi.
- Tu t'inquiètes ? »
Je le frappe à l'épaule, pas trop fort non-plus évidemment, juste de manière à lui faire comprendre de se taire.
Il sait que oui mais que je n'aime pas forcément l'admettre. Il est mon meilleur ami, mon seul véritable ami, bien-sûr que je ne veux pas qu'il souffre, qu'il devienne comme moi.
~
Au bout de plusieurs heures, je décide de rentrer chez moi.
Mais avant cela, je pars prendre un peu l'air dans le parc pas très loin de mon immeuble, essayant ainsi à tout prix de ne pas rester encore une fois seul dans mon appart' avec mes pensées sombres.
Une fois là-bas, je m'assieds sur un banc face au petit lac, regardant les canetons suivre leur mère et la tortue bronzant sur son rocher.
Je me dis qu'être un animal ne doit pas être si mal au final. Toujours le même cycle : grandir, se reproduire, mourir. Pas de questionnements sur l'avenir, le travail, la vieillesse. Vivre au jour le jour, en ignorant la complexité du système social humain.
Le seul hic, c'est le sexe. Pour les animaux c'est uniquement utilisé pour la reproduction, ce n'est pas vraiment pour le plaisir. Je suis donc finalement content d'être un humain et de connaître cela, cette envie de faire l'amour ou de baiser juste pour le plaisir que cela procure.
Cependant, cela fait des mois que je n'ai pas ressenti de réel plaisir. Physiquement oui, mais psychologiquement il n'y avait qu'avec elle que je prenait réellement mon pied, cette rousse au rire contagieux.
Ce serait mentir de dire qu'elle ne me manque pas malgré l'erreur qu'elle a commise, la plus grosse à mes yeux pour une soumise.
Mais une voix me sort rapidement de mes pensées.
« - Mila ?! Attends ! »
Et cette voix... je la connais.
« - Mila, où es-tu ? »
Je me lève d'un coup, regardant autour de moi en cherchant désespérément à la voir. Cependant, hormis des couples avec gosses et des personnes âgées je ne vois personne.
Puis, un chien, fendant l'air comme une fusée, courant dans ma direction. Le berger australien me saute à travers me faisant ainsi perdre l'équilibre. Je m'écroule de tout mon poids au sol puis des coups de langues puissants remplissent mon visage de bave.
« - Eh arrête, assis ! »
À cet ordre, se voulant le plus ferme possible, la jeune chienne s'arrête et s'assoit à côté de moi pendant que je me redresse avec difficulté.
Ses yeux vairons me dévisagent et une immense joie m'envahit alors.
« - Mila, tu sais que tu m'as manqué ? Allez, vient voir papa ! »
J'ouvre mes bras et la p'tite chienne se jette de nouveau sur moi, me faisant éclater de rire et pleurer de joie.
Les passants doivent me prendre pour un fou mais rien à foutre, c'est l'un des plus beaux jours de ma vie.
Une fois tous les deux calmés, Mila tourne sa tête d'un coup. Les oreilles pointées vers l'entrée du parc.
Et sans prévenir, elle détale à toute vitesse, me laissant là, seul comme un con.
« - Non, attends ! Mila, aux pieds ! »
Mais elle est déjà trop loin, je décide donc de lui courir après mais une fois dans la rue, impossible de savoir dans quelle direction elle est partie. Je décide de tourner à gauche, fais le tour du pâté de maison, puis reviens sur mes pas. Je demande à certaines personnes s'ils auraient croisé un berger australien ou une petite jeune femme rousse mais personne ne semble les avoir vu.
~
Au bout d'une heure je rentre enfin chez moi. Je m'effondre rapidement sur le sol et laisse les larmes prendre le dessus tout en donnant des coups de poing dans le mur.
C'était elle, c'était sa voix, je la reconnaîtrait entre mille ! J'étais à deux doigts de la revoir, enfin, mais j'ai laissé passer cette chance.
Cependant un sourire se dessine tout de même sur mes lèvres au souvenir de Mila ayant abandonné sa maîtresse pour venir me voir. Elle avait dû me repérer de très loin et qu'elle m'ait reconnu me touche. Elle au moins tiens encore à moi, mais qu'en est-il de Félicie ?
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