15 | Courte grève
Cette journée de travail est interminable. J'aime mon métier mais maintenant que Luck et moi sommes de nouveau ensemble, être loin de lui pendant plusieurs heures me démoralise.
« - Félicie, tu peux t'occuper de cette cliente ? »
Ma collègue préférée me montre une grande blonde aux formes plus que généreuses, attendant à l'entrée du bâtiment.
« - Voici Stéphanie, une de nos meilleures clientes. Je devais m'occuper de la déco de sa cuisine mais j'ai une urgence personnelle alors peux-tu prendre ma place s'il te plaît ? J'ai peur que la patronne me vire sinon, elles sont super amies. »
Sachant qu'elle est plus que sévère, ce ne serait pas étonnant qu'elle la vire juste pour ça... Ici on sert parfois des clients fortunés et aux exigences élevées. La réputation de l'agence est donc primordiale pour la patronne. Cependant, ça ne veut pas dire que le salaire est plus élevé ici...
« - Ne t'inquiètes pas, je vais le faire.
- Oh merci, t'es un amour. Je me ferais pardonner, promis ! »
Je la regarde partir, les sourcils froncés. Je ne comprends pas pourquoi elle me dit ça, ce n'est pas la première fois que je prends en charge un de ses clients attitrés.
De plus, cette Stéphanie n'a pas l'air bien méchante. Certes elle a un aspect assez superficiel mais, comme on dit, l'habit ne fait pas le moine !
« - Bonjour, je suis Félicie, c'est moi qui vais m'occuper de votre cuisine. Stéphanie c'est ça ?
- Pour vous ce sera Madame. »
Bon... Ça commence bien.
De toute façon sa remarque ne me fait pas grand chose, j'ai l'habitude de m'occuper de personnes dont la richesse les a rendu hautain.
« - J'habite à deux pas d'ici. Ça ne vous dérange pas de marcher ? »
Elle regarde alors fixement mes chaussures à talons hauts, comme si elle pensait que je n'allais pas réussir à marcher avec. Ils sont pourtant plus petits que les siens.
« - Non, je vous suit. »
Elle commence alors à marcher, rapidement, sans prendre le temps de voir si je suis toujours derrière elle.
Mais effectivement son appartement n'est vraiment pas loin. En plein centre-ville, avec un grand balcon. Il doit faire trois fois la taille de l'ancien appartement de Luck. Je ne savais même pas que c'était possible, ici.
La cuisine est très grande également pour un appartement en centre-ville, tout est vraiment démesuré.
Un peu comme ses seins tu ne trouve pas ?
Ça sent la chirurgie à plein nez !
Chut, c'est pas bien de juger. Et puis c'est son corps, elle en fait ce qu'elle veut.
« - Maintenant que vous avez fini de regarder, vous pourriez vous mettre au travail. »
Je sens qu'on ne va pas s'entendre...
Elle me détaille ensuite ce qu'elle aimerait modifier, c'est-à-dire à peu prêt tout, pendant que je prends des notes. Je lui donne quelques conseils de temps en temps mais elle ne semble pas vouloir en tenir compte.
« - Et pour le plan de travail, on le laisse tel quel ?
- Je verrai avec ma domestique, c'est elle qui cuisine pas moi. Tout ce qui touche à l'esthétique me concerne et pour le pratique faut voir avec elle. »
D'accord... Une " domestique " carrément ?
« - J'attendrai de vos nouvelles alors.
- Non, c'est votre collègue qui en aura.
- Pardon ?
- Elle n'était pas là alors vous avez prit sa place, pour aujourd'hui, pas pour tout le projet. Vous lui donnerez vos notes et ça s'arrête là. Je suis sûre qu'elle saura me faire des merveilles. »
Whouah, finalement je crois que je ne suis jamais tombée sur un client pire qu'elle. J'essaie tout de même de ne pas le prendre mal, elle ne me connait pas et ne sait pas de quoi je suis capable en matière de déco. C'est juste une femme avec des goûts compliqués qui choisit la facilité. Ma collègue s'est déjà occupée d'elle donc elle sait qu'elle peut lui faire confiance, moi elle n'en sait rien.
Elle me raccompagne ensuite en bas de l'immeuble et de loin j'aperçois Luck, m'attendant devant l'agence. Il semble m'avoir vu puisqu'il s'approche rapidement de nous.
« - Qui est-ce ? »
Oh, je vous intéresse maintenant ?
« - Mon compagnon. »
Une fois arrivé devant nous, il vient m'embrasser puis me demande si j'ai passé une bonne journée.
« - Tiens donc, comme on se retrouve. »
C'est cette Stéphanie, ou plutôt devrais-je dire " Madame ", qui vient de parler. Elle fixe Luck tout en souriant faussement.
Lui semble la reconnaître à présent mais n'a pas l'air d'apprécier sa présence.
« - Qu'est-ce que tu fais là ?
- Eh bien figure-toi que j'habite ici et que ta très chère euh... Félicie est là pour faire son métier. Je dois bien avouer que c'est un drôle de hasard. En tout cas ça a été un plaisir de faire votre connaissance Félicie, je vous souhaite tout le bonheur du monde. »
Sa déclaration sonne vraiment faux et, je ne comprends pas pourquoi, depuis que Luck est arrivé elle semble me haïr. Bon, elle ne m'aimez pas non-plus tout à l'heure, mais là c'est pire.
« - Bon allez, on rentre. »
Il a l'air en colère et je préfère donc ne pas poser de questions pour le moment. Cependant, une fois à la maison, il faudra qu'il me donne de sacrées explications.
~
« - C'est qui cette fille ? »
À peine a-t-il refermé la porte que déjà je lui pose la question. Le trajet en voiture m'a semblé interminable, un silence pesant y régnait.
À présent il faut que je sache tout ce que cela signifie.
« - Juste une ancienne conquête un peu jalouse, rien de plus.
- Oh vraiment ? C'était une soumise ?
- Non elle n'a jamais été ma soumise, je n'en ai jamais vraiment eu d'autres après que tu sois partie.
- Pourquoi a-t-elle l'air aussi en colère contre toi ? Elle t'aime ?
- Mais non ! Elle essaie juste de me briser, de briser notre couple, et tu vois ça marche ! »
Je ne sais alors plus quoi penser. Un ancien plan cul un peu trop possessif ça existe, c'est possible... Mais il me dit que ça n'a rien à voir, qu'elle n'a pas de sentiments. Alors pourquoi s'en prendre à lui, à nous ? C'est vraiment bizarre.
« - Je fais la grève.
- Quoi ?
- Je fais la grève du sexe, tant que tu ne m'aura pas dit la vérité, on ne fera rien. Et c'est non discutable ! »
Je pars ensuite dans la salle de bain et m'enferme à clé. Je l'entends toquer et me demander d'ouvrir mais rien à faire. Je ne bougerai pas tant qu'il ne m'aura pas tout dit.
~
Au bout d'un moment je me réveille, m'étant endormie par terre dans la salle de bain. Je ne sais pas depuis combien de temps j'y suis restée et sincèrement je m'en fiche.
J'aurais aimé cependant que ce ne soit pas la seule pièce de la maison dont la porte peut se fermer à clé, un lit aurait été plus confortable pour me reposer.
À un moment je remarque un bout de papier que Luck a fait glisser sous la porte. C'est un mot d'excuse. Sauf que ce n'est pas d'excuses dont j'ai besoin, mais de réponses.
Mon ventre se met ensuite à gargouiller et j'ouvre discrètement la porte. À pas de loup je me dirige dans la cuisine pour grignoter un peu et boire.
« - Tu me fais encore la tête ? »
Je sursaute en attendant sa voix derrière moi. Il a l'air en colère... Aïe. Bon c'est pas très étonnant.
« - Dois-je te rappeler qu'en temps que soumise t'as pas à décider de ce genre de chose ?
- Et moi je te rappelle que je suis d'abord et avant tout ta petite amie ! »
Un point pour moi. Mais ça ne semble pas le décourager à m'approcher.
Je l'esquive mais il finit par m'attraper, bien trop rapide pour moi.
« - Non, lâche-moi ! »
Pour toute réponse il me donne une tape sur les fesses et m'entraîne dans la chambre.
Il me jette ensuite sur le lit, se positionne au-dessus de moi et attrape mes poignets. Il m'écrase légèrement de son poids mais je continue de me débattre jusqu'à en pleurer.
Je m'arrête ensuite et pleure à chaudes larmes. Il relâche alors mes poignets pour prendre mon visage dans ses mains.
« - Excuse-moi Félicie. Je ne veux pas te faire du mal.
- Alors dis-moi la vérité... s'il te plaît ! »
Il acquiesce de la tête et attends que je sois calmée puis me prends dans ses bras.
« - Ce que je vais te raconter est du passé, d'accord ? Je ne suis plus cet homme maintenant que je t'ai retrouvé mais je comprendrais que tu m'en veuilles. J'ai juste peur que ton regard sur moi change. »
Ses paroles me font un peu peur. Qu'a-t-il bien pu faire de si mal ?
« - J'ai couché avec pas mal de filles pendant ces six mois, dont cette Stéphanie. Cependant, je me comportais comme un salaud avec elles, je leur manquait pas mal de respect alors qu'elles n'avaient rien fait de mal. J'avais juste la haine contre toi et je l'ai déversé sur ces filles.
- Attends... tu les as quand-même pas...
- Non non Félicie, je n'ai violé personne, je n'ai rien fait de sexuel sans leur consentement. Cependant j'ai été vraiment odieux avec elles et c'est pour ça que cette fille est autant en colère contre moi, tu vois ? »
Je l'embrasse alors de manière à lui faire comprendre que je ne lui en veut pas. Comme il a dit cette histoire est du passé, mais il aurait été préférable qu'il lui présente des excuses plutôt que de fuir.
« - Durant cette période je te haïssais et en même temps je ne souhaitais qu'une chose : te revoir.
- Au moins c'est réciproque. »
Ma remarque le fait sourire et il m'enlace bien plus fort.
« - Félicie ?
- Oui ?
- Je m'excuse de ne pas l'avoir dit plus tôt. J'avais juste peur que tu partes de nouveau.
- Je comprends, mais toi comprends aussi que c'est en essayant de me cacher des choses pareilles que tu risques de me perdre, car ça me fait vraiment mal. »
Je caresse ensuite son visage puis l'embrasse. Sa main se fait baladeuse et l'excitation commence à monter.
« - C'est pas le meilleur moment pour faire ça.
- Tais-toi et profite.
- Oui Maître. »
Un sourire pervers se dessine sur son visage puis il me déshabille entièrement et je fais de même pour lui. Il me met mon collier et le ferme à l'aide du cadenas puis il m'ordonne de m'allonger sur le lit, les membres écartés au maximum telle une étoile de mer puis il m'attache les chevilles et les poignets aux pieds du lit.
« - Comment te sens-tu ?
- Bien Maître.
- Parfait. »
Mon Maître me bande ensuite les yeux et sort de la chambre. Mais que compte-t-il me faire ?
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