Terre regardait son portable et faisait descendre la barre pour avoir une idée de sa classe. Elle était devant le collège Sympan et c'était désormais la rentrée des classes. Elle allait désormais devoir gérer une classe de sixième et elle en était assez fière. Il lui restait plus que 4 années avant de prendre sa retraite, elle préférerait gérer des enfants encore innocents plutôt que des adolescents capables de causer pleins de problèmes...
Elle s'installa dans la salle des profs et commença à boire son café quand son collègue, l'un des professeurs les plus appréciés du collège s'approcha d'elle:
-Salut Terre ! Ça va ?
« Bonjour Saturne. Oui, ça va très bien. »
« Alors, tu es prête pour cette nouvelle rentrée ? »
« Oui...même si je me rapproche de plus en plus de la retraite et de la mort. »
« Ne sois pas pessimiste ! Je suis sûr que ces nouveaux élèves te redonneront la jeunesse d'avant ! »
« Héhé...si tu le dis. »
« C'est quoi ta classe ? »
La vieille femme donna à son camarade son portable où était affichée toute la liste des élèves. Pour l'instant, leurs noms ne lui disaient rien et c'était tant mieux, cela voulait dire qu'ils n'avaient pas de casiers judiciaires pensa elle en rigolant intérieurement. Mais sa joie fut de courte durée quand Saturne écarquilla les yeux et fit un petit cri:
« Un problème ? »
« Bon sang je te plains ! Tu as États-Unis...ce sale gosse exagère toujours pour rien, c'est un véritable clown et il est extrêmement stupide ! L'année dernière, il a mangé de la colle en pensant que ça allait faire fuir les extraterrestres ! »
« ...Oh. Mais il n'a que 11 ans, je suis sûr que c'est juste son jeune âge qui... »
« Allemagne et Russie ensemble ?! Je te préviens, elles ne vont pas arrêter de se disputer ! Leurs parents sont des ennemis depuis longtemps et voisins d'immeubles. C'est déjà horrible chez elles alors imagine à l'école... »
« Euh...elles finiront par se calmer ? »
« Corée du Nord ? Cette gamine fait peur à tout le monde, on sait jamais ce qu'elle veut mais par contre c'est une très bonne élève ! »
« ...Au moins une bonne nouvelle. »
« Angleterre aussi. Mais c'est son frère Royaume Uni qui aurait dû venir dans cette classe, Angleterre n'a aucune empathie pour ses semblables. Elle était déléguée avant mais elle n'a pas écouté les demandes de ses camarades ! »
« Elle est peut-être timide... »
« France n'est pas méchant mais bon sang, il pleure tout le temps ! Il est super collant et il se plaint toujours pour rien. Il s'est plaint l'année dernière d'avoir eu 9/20 à un contrôle où il prétendait que 2x2 c'était égale à 22 ! »
« Euh...et ben...euh. »
« Oh l'horreur, tu as Chine ! Ce gosse jette ses détritus partout et il ramène toujours pleins de jouets alors qu'on a lui a dit que c'est interdit ! Il fait même payer des élèves pour leur donner ses jouets, on a dû le convoquer chez le directeur ! »
« ... »
« Corée du Sud respecte pas le code vestimentaire, Italie ne fait que de se plaindre de la cantine, Iran ne cesse de chercher la bagarre avec États Unis, Égypte ça fait dix fois qu'on lui dit de pas ramener son chat à l'école, Suisse couvre toujours ses camarades qu'ils soient délinquants ou pas, Afghanistan est super sexiste fait gaffe avec elle, Mexique ne fait que dormir en classe... »
Pendant que son collègue énumérait les défauts de presque tous les élèves, Terre se tenait la tête, se demandant comment elle allait gérer ce cirque et si ce que disait Saturne était vrai. Finalement, ce dernier s'arrêta:
« ...Arménie arrive toujours en retard...mais sinon c'est franchement pas mal ! C'est une bonne classe. T'as de la chance ! »
« Ouais...de la chance. »
La sonnerie retentit, c'était le signal pour aller en cours. Terre soupira et attrapa ses affaires, elle marcha lentement vers sa salle de classe, la troisième salle après le bureau du directeur. Elle s'arrêta devant la porte en se disant que Saturne avait dû exagérer et qu'elle arriverait à s'en sortir. Elle tourna doucement la poignée et entra dans la salle.
-Bonjour les enfants !
À peine elle fut rentrée qu'elle manqua de recevoir un ciseau à la figure. Elle se baissa à temps et le ciseau se planta dans le tableau, elle regarda sa classe, les yeux écarquillés. Les élèves avaient renversés les bureaux et ils étaient en train de se bagarrer avec tout ce qu'ils pouvaient trouver tandis que d'autres se cachaient en dessous des chaises pour leur échapper.
-Maintenant que nous avons fini de discuter comme de vraies princesses...TU VAS ME RENDRE MON STYLO SALE PETIT CONNE DE ROUQUINE !
« TU AVAIS DIT QUE TU ME FRAPPERAIS PLUS À LA RENTRÉE ALLEMAGNE ! ON AVAIT SIGNÉ UN ACCORD ! »
« TU PEUX TE LE FOUTRE OÙ JE PENSES L'ACCORD RUSSIE ! »
De l'autre côté, une autre bagarre prenait place entre une jeune fille avec un long pull et un blondinet avec des baskets lumineuses:
-États-Unis...j'avais pourtant demandé à ne pas être dans ta classe. Qu'est ce que tu fais là ?
« J'ai suivi ton odeur Corée du Nord. Pouah c'est répugnant ! »
« Mes parents nous ont acheté à moi et à ma soeur un nouveau compas. TU M'EN DIRAS DES NOUVELLES ! »
Elle planta alors l'objet pointu dans la main du jeune garçon qui se mit à crier et à pleurer en voyant tout le sang:
-T'ES FOLLE ! Mon père est policier, il va t'arrêter !
« Ton père arrête que des gens innocents et vu que je suis coupable il ne m'arrêtera pas sale crâne d'œuf ! »
« Ne t'en fait pas États-Unis ! Je vais te débarrasser de cette sorcière ! »
Un garçon métis aux cheveux noirs et avec un t-shirt à manches longues oranges s'approcha des deux garnements. États Unis cracha en le voyant arriver:
-Dégage Mexique ! Tu restes de ton côté de la salle de classe ! Je peux me débrouiller tout seul !
« Frangine, je vais t'aider ! »
Une autre jeune fille, similaire à Corée du Nord, sûrement sa jumelle mais sans lunettes et avec des habits plus colorés et moins présentables courut en direction de la dispute. La fille, encore énervée lui cria dessus:
-Va t'en Corée du Sud ! T'as pas mieux à faire que de te mêler de mes affaires ?!
« ÇA SUFFIT ! »
Terre venait de crier le signal d'arrêt. La classe de garnements arrêta de se disputer et rejoignit lentement sa place tandis que la professeure s'installa à son bureau:
-Je m'appelle Madame Terre. Je suis votre professeure principale et d'Histoire-Géographie pour cette année de sixième. Autant vous dire que ce n'est pas avec un comportement pareil qu'on va finir le programme !
Les élèves n'écoutaient même pas leur maîtresse, ils se lançaient à chacun des regards haineux tandis que d'autres faisaient passer des petits mots dans des bouts de papiers. Terre en intercepta un et commença à le lire:
-Voyons ce que vous manigancez. De la part de Pologne: France, Angleterre, États Unis finalement est ce que je peux être dans votre groupe pour le sport ? Allemagne me fait peur avec Russie...
Un tout jeune blondinet qui se cachait derrière un long sweat avec des oreilles d'ours se laissa glisser sous sa chaise comme si il était en train de se dissoudre. Russie et Allemagne le regardèrent en frappant leurs poings dans leurs mains et en marmonnant:
-À la sortie de l'école, on te défonce.
« Ça suffit vous deux ou je vous envoie chez le directeur ! »
À ce moment là, un garçon aux longs cheveux noirs avec un t-shirt à bretelles blanc commença à se diriger vers la sortie de la classe. Terre l'arrêta, perplexe:
-Tu fais quoi ?
« Je fais comme Pologne. Je veux pas être dans le groupe d'Allemagne, donc je préfère aller chez le directeur. »
« C'est quoi ton nom ? »
« Autriche. »
« Et bien Autriche...TU VAS TE RASSOIR ! »
« Mais madame c'est pas juste, je suis entouré de fous ! Regardez, même Australie il est bizarre ! »
L'intéressé était en train d'écrire avec une énorme araignée sur sa main. Terre sursauta en reconnaissant l'espèce:
-AUSTRALIE ! Enlève cette araignée, elle est dangereuse !
« Vous inquiétez pas Madame je me suis déjà fait mordre. »
« QUOI ?! Va à l'infirmerie ! »
« Mais non c'est trop cool, j'ai débloqué des pouvoirs ! »
Une substance blanche comme celle de Spider-Man sortit des mains du jeune garçon devant la classe, très impressionnée. Terre avala un cachet pour se calmer et regarda sa liste:
-...Je vais faire l'appel.
Elle ne se sentait pas bien, elle ne voyait vraiment pas comment elle allait réussir à passer cette année.