Début
-« Au bûcher ! Au bûcher ! »
Un cri effrayant retentit. C'était à vous glacer les os. L'odeur de la fumée s'élevait dans cette forêt neigeuse et l'odeur décomposée du cramé et du cadavre s'estompait au loin. Un petit village en France, des enfants dansaient, des femmes chantaient, des hommes riaient. Toutefois, ce bienfait de l'humanité ne plaisait pas à tout le monde. Tremblantes, maigres et attendant leur tour, des femmes au teint pâle et aux cheveux de cendres ou de feu regardaient le bûcher avec horreur. De la tristesse, de l'effroi et des cauchemars se voyaient dans leur regard. La mort est facile à affronter. Sauf quand on est en vie. Une charogne, car à cet état nous pouvions la rabaisser au niveau animal. Une charogne de jeune fille entièrement couverte d'un noir charbonneux était à peine visible sur ce sol blanc. Un homme habillé en tunique blanche s'approcha du bûcher géant et regarda la femme gisant par terre dans ses cendres:
-« Le mal est éradiqué. Notre Royaume va enfin être en paix. »
-« Je ne suis pas sûre... »
-« Hein ? »
Une autre femme, ligotée, crachait sur l'homme. Elle avait de longs cheveux blonds et des yeux bleus purs. Elle ressemblait à un ange. Mais sa langue fourchue et son vocabulaire de paysan rappela à l'homme quelle abomination se trouvait devant lui :
-« La colère de Satan va s'abattre sur vous ! Les protégés de Dieu se verront offrir jusqu'à la fin du monde une série de malheurs et de pestes ! »
-« Tait toi donc femme ! Tu es une créature immonde. Notre Seigneur réserve une place en enfer pour les gens de ton espèce. Puisse ton sang se vider, tes poumons éclater et ton coeur s'arrêter. Si seulement tu en as un. Tuez la ! »
Deux hommes en armures portèrent l'intéressée sur une estrade. Il placèrent sa tête sur un morceau de bois. Un homme masqué, ressemblant à un démon ou à un monstre leva sa hache. Et l'abaissa. La tête disparut, le sang gicla et les oiseaux poussaient des cris. Le ciel gris s'éclaircit légèrement et des petits flocons tombèrent des nuages. Les enfants voulaient s'amuser à les attraper dans leur bouche mais un homme d'une vingtaine d'année les arrêta:
-« Ne mangez pas mes chérubins. Car ce sont les esprits démoniaques qui tombent dans notre monde pour aller en enfer. En les mangeant, la graine de l'Antéchrist grandira en vous. »
Un petit rebelle ou tout simplement un innocent ne l'avait pas écouté. La petite fille sautait dans la neige et avait déjà attrapé pleins de flocons. Cela avait un goût froid mais doux en même temps. Ce n'était qu'un jeu pour elle. Quand elle entendit un chuchotement:
-« Anne... »
La petite se retourna étonnée. Il n'y avait personne. Elle fut prise d'un léger frisson et s'approcha de la ruelle où elle avait entendu le bruit. Une ruelle éclairée, silencieuse mais où elle avait l'habitude de jouer avec ses amis. D'une voix tremblante et enfantine elle demanda:
-« Il y a quelqu'un ? Je ne vous vois pas... »
-« Ma petite Anne...ce n'est pas parce que tu nous perçois pas...que l'on existe pas. »
Une main blanchâtre attrapa d'un coup la fillette et l'entraîna avec elle. Cette dernière lâcha un hurlement aigüe.Les flocons de neige arrêtèrent de tomber. Un paysan se retourna ayant entendu le cri:
-« Anne ?! »
Les oiseaux arrêtèrent de crier et s'en allèrent avec un air fier et un battement d'ailes assuré. Les bruits de fêtes s'estompèrent laissant place à la terreur.
L'enfant ne fut jamais retrouvé.
Et il le restera.
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