31. Le phare de ton désir
SETHY
30 décembre 2003
Année de terminale
— C'est une mauvaise idée, grommelé-je entre mes dents, m'engageant toutefois derrière mon partenaire de soirée.
Ce dernier se retourne et m'adresse un sourire éclatant qui apaise malgré moi l'agacement que je ressens à son égard.
La nuit est d'une noirceur lugubre ce soir : les nuages bloquent la luminosité de la lune et aucune étoile n'est visible dans le ciel. Seul le vent qui hurle dans nos oreilles et projette les pans de nos anoraks dans tous les sens nous sert de compagnon de route.
Une bourrasque rabaisse brusquement ma capuche en arrière et je jure en sentant le froid s'infiltrer dans ma nuque. Qu'est-ce qui m'a pris de suivre cet imbécile jusqu'ici ? Je ne peux donc rien lui refuser ?
Mes baskets butent contre les rochers escarpés du sentier et il me faut toute ma concentration pour ne pas trébucher à chaque pas. D'autant plus qu'une chute de trente mètres en contrebas n'aurait rien d'agréable.
Nos chaussures glissent par terre et nos cheveux emmêlés par le vent obscurcissent notre vision. Pourtant, rien ne semble arrêter Hazel qui crapahute avec une agilité déconcertante le long de la falaise, ignorant les vagues qui s'écrasent à ses pieds dans un fracas assourdissant.
Une nouvelle fois, la pensée qu'il est stupide et inconscient me traverse l'esprit. Il n'y a que lui pour avoir une idée pareille au beau milieu de la nuit !
Enfin, les premières pierres de l'édifice tant attendu font leur apparition et je ne peux m'empêcher de grogner de soulagement.
Hazel s'empresse de sortir une clé de sa poche et j'écarquille les yeux en le voyant l'insérer dans la serrure rouillée.
— Attends, mais où t'as trouvé ça ? crié-je pour me faire entendre à travers les bourrasques.
Le concerné se retourne le temps de m'adresser un clin d'œil avant de s'engouffrer dans l'entrée obscure qui empeste le renfermé.
Lorsque la porte claque derrière nous, mon nez se fronce sous les relents d'algue et de moisi qu'exhalent les murs, et mon corps frissonne au milieu de l'humidité ambiante.
Hazel allume deux lampes de poche puis m'en tend une d'un air ravi.
— On monte ?
Sa question se solde par un regard noir de ma part et je l'entends ricaner alors qu'il s'engage gaiement dans l'escalier en colimaçon qui s'élève au-dessus de nous. Les marches sont trempées à cause des fuites d'eau et je me retiens au mur glissant pour ne pas dégringoler jusqu'en bas et me briser la nuque.
Au bout de quelques mètres, nous atteignons l'ancienne salle de contrôle dont il ne reste plus rien. Un bureau vermoulu et une chaise rouillée sont entassés au fond de la pièce et une vieille lampe à pétrole a roulé sous la fenêtre.
Nous ne nous attardons pas et montons à l'étage pour découvrir la chambre à coucher, seulement constituée d'un vieux matelas crevassé et d'une couverture miteuse. Mon visage se tord de dégoût en imaginant les quantités de poussière et de parasites qu'elle doit renfermer.
Hazel continue son ascension et je le suis pour cette fois débouler dans la salle de séjour. La pièce est un peu mieux conservée : les murs laissent passer moins d'eau et le sol n'est pas défoncé comme dans les étages au-dessous. Une immense fenêtre occupe la moitié du mur et nous nous y précipitons pour admirer la mer mouvementée qui se déchaîne contre la base du phare.
En dépit de toutes mes réticences, je ne peux qu'admirer la majesté du paysage – sa dangerosité aussi, puisque les vagues s'élèvent si haut qu'on dirait qu'elles cherchent à engloutir la tour de pierre qui nous sert de refuge.
Je suis tellement obnubilé par la vue que j'en oublie le froid et l'humidité qui ankylosent mes membres. Je ne vois même pas Hazel reculer pour sortir une couverture de son sac à dos et l'étendre près de la fenêtre. C'est en me retournant que je l'aperçois assis dessus, les yeux rivés vers moi, un petit sourire au coin des lèvres.
Il sait qu'il a gagné.
Je grogne pour la forme avant de m'accroupir devant lui et d'attraper sa mâchoire entre mes doigts pour l'attirer dans un doux baiser. Nos lèvres se meuvent tendrement les unes contre les autres et sa main s'échoue sur ma joue, la caressant de ses doigts gelés.
Je cesse le baiser le temps de m'allonger à ses côtés puis l'attire contre moi, satisfait de sentir ce poids si familier peser sur mon corps. L'une de mes mains rabaisse sa capuche pour s'enfouir dans ses cheveux ébouriffés et je le sens se blottir un peu plus contre moi, enfonçant par la même occasion son visage dans mon cou.
Je souris en le sentant y déposer quelques baisers, amusé par ce comportement qu'il essaie de cacher aux autres. Depuis que notre relation a évolué vers quelque chose de plus charnel, Hazel a du mal à concilier la personne qu'il a toujours été avec celle qu'il est entre mes bras. Si son caractère de base reste le même, je lui découvre un aspect plus timide, plus tendre aussi, qu'il refuse catégoriquement d'assumer au quotidien. C'est devenu trop simple de l'embarrasser et de le faire sortir de ses gonds : un simple baiser sur la joue, une caresse en bas du dos, un compliment chuchoté à l'oreille, et le voici en train d'arborer un air horrifié censé camoufler les rougeurs de ses joues.
Il m'amuse.
Parce qu'en dehors de cette gêne tenace, Hazel ne se comporte pas comme un connard irrespectueux lorsque nous sommes en public. Il ne se cache pas de me fréquenter, sans non plus le crier sur tous les toits. Ni lui ni moi ne sommes réellement démonstratifs alors toute personne nous croisant dans la rue pourrait penser que nous sommes amis. Ou ennemis, vu le temps passé à nous chamailler et à nous faire des coups bas. Non, le réel problème, le vrai tiraillement qui habite Hazel, est une lutte interne. Une lutte qui l'oblige à remettre en question tous les fondements de son identité et à détruire les certitudes sur lesquelles il a difficilement construit sa vie. Je sais qu'un tel processus est difficile pour lui, et j'aimerais dire que je traverse le même, mais en réalité, rien de tout cela ne m'affecte vraiment.
J'aborde ma relation avec Hazel comme j'ai abordé toutes celles qui ont ponctué ma vie : comme quelque chose d'abstrait dont j'ai du mal à cerner les contours et qui ne m'impacte pas de façon considérable. La seule différence, c'est que j'apprécie passer du temps avec lui. Il n'est pas rare que je me réveille avec l'envie de le voir ou que je sourie en le voyant heureux.
J'apprécie Hazel. Sincèrement. Mais ce constat ne me bouleverse pas outre mesure.
Perdu dans mes pensées, je réalise avec un peu de retard que Hazel s'est relevé et agite désormais une bouteille de whisky sous mon nez.
— Sérieusement ? lâché-je d'une voix désabusée.
Le concerné ricane avant de porter le goulot à ses lèvres. Je l'observe avaler de longues gorgées sans ciller, la tête rejetée en arrière et la gorge déployée dans le froid nocturne. Cela fait quelques semaines qu'il s'est mis à boire de manière considérable. Sûrement trop même, mais qui suis-je pour le lui dire ? Et puis, son sourire est tellement plus éclatant lorsqu'il finit une bouteille. Il rayonne. Il rit beaucoup aussi. J'ai l'impression qu'il oublie le temps de quelques heures la misère de sa vie et la rancœur qui le ronge de l'intérieur.
Alors je ne le laisse pas boire seul et arrache la bouteille de sa main pour la porter à mes lèvres. L'alcool me brûle l'œsophage et glisse ardemment jusqu'à mon estomac. Je me retiens de grimacer sous cette sensation qui, contrairement à ce que ne cesse de répéter Hazel, ne me procure aucun plaisir particulier.
Désormais assis dos au mur, j'écarte les jambes et fais signe à Hazel de me rejoindre. Un léger rictus déforme les lèvres de ce dernier tandis qu'il avance sur ses genoux jusqu'à se retrouver à quelques centimètres de moi. Là, il passe ses jambes de part et d'autre des miennes pour se placer à califourchon sur mes cuisses, le regard brillant d'amusement et de cette envie charnelle qui ne nous quitte plus.
Je souris à mon tour et pose la bouteille par terre pour venir empoigner ses fesses si tentantes. En dépit de mon envie, nous n'avons toujours pas franchi le cap ultime ; nos deux corps ne se sont toujours pas unis. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'en trépigne d'impatience, mais je suis conscient de mon désir. J'ai envie de ce gars, de l'envelopper de mes bras et de partir à l'assaut de ce corps qu'il s'obstine à me refuser. Je sais que franchir cette étape est un point de non-retour qu'il n'est pas prêt à assumer, et je respecte bien trop sa décision pour le forcer à quoi que ce soit. Et puis, ce n'est pas comme si nous ne nous étions jamais fait plaisir autrement.
Depuis quelques semaines, nos corps se découvrent mutuellement, nos mains explorent la peau de l'autre. Alors que Hazel refusait jusqu'alors que je le touche sous la barrière de ses vêtements, il s'est progressivement détendu au point de finalement s'offrir à moi malgré une pudeur encore tenace.
Je me rappelle parfaitement bien de cette matinée où, m'éveillant à ses côtés, j'ai croisé dans son regard une étincelle d'assurance qui n'y avait encore jamais brillé. Alors j'ai osé. Osé glisser mes doigts le long de son torse hâlé, osé caresser cette peau brûlée par le soleil, osé flatter ce ventre plat dont les abdominaux se crispaient à mon passage, osé descendre plus bas, enfin, pour la première fois. Je me souviens de son souffle court et de ses lèvres entrouvertes lorsque ma main a découvert son sexe pour la première fois, de ses halètements gênés lorsque le plaisir a commencé à se frayer un chemin dans ses veines et de son regard désemparé lorsqu'il a compris qu'il ne pourrait plus y résister. Je me rappelle de son visage rougi lorsque l'orgasme l'a fauché et de ses mains crispées sur mes épaules alors que sa tête roulait en arrière, sûrement pour se dérober à mes yeux trop intrusifs.
Je me souviens parfaitement de tout cela. Et je n'ai pas connu de plus belle vision depuis.
Alors ce soir, à le voir ainsi désinhibé par l'alcool, s'accrocher à moi et plaquer son corps au mien, tous les souvenirs de son visage dévasté par le plaisir me reviennent en tête. Et mon désir devient incontrôlable.
Doucement, je capture ses lèvres des miennes et le pousse lentement en arrière pour l'obliger à s'allonger au sol. Il m'attire dans sa chute et ses mains se perdent dans mes cheveux avec une urgence qui réchauffe mon bas-ventre. Très vite, ma bouche dérive sur sa mâchoire, dans son cou, effleure son oreille et migre vers le haut de son torse. Il ouvre lui-même son anorak et je suis presque surpris de le voir tirer sur le col de son pull pour me dévoiler un peu plus de peau.
Je ne me fais pas prier et retrace ses clavicule de mes lèvres, renonçant à aller plus bas car cela supposerait de lui retirer son haut et de l'exposer au froid mordant qui règne dans la pièce.
A la place, je descends plus bas, relevant légèrement les pans de son pull juste pour le plaisir d'exposer une partie de son ventre que je m'empresse de couvrir de baisers.
Les soupirs de Hazel sont balayés par le rugissement du vent et le fracas des vagues contre les rochers et je ne devine son envie que par ses doigts qui tirent impatiemment mes cheveux.
Amusé, je fais glisser ma langue vers la frontière de son jogging informe et je le sens prendre une inspiration plus brusque. Ses mains se figent sur ma tête et mon cœur tambourine un peu plus dans ma poitrine.
Je n'ai besoin que d'une chose. Que d'un petit signe de sa part. Que d'une autorisation, aussi timide soit-elle, pour enfin concrétiser le désir qui me dévore depuis plusieurs minutes.
Finalement, au bout de quelques secondes, ses doigts viennent caresser mes tempes et je comprends qu'il m'offre son accord, en dépit des légers tremblements qui agitent ses cuisses.
Il sait ce que je m'apprête à faire. Et il le désire autant qu'il le redoute.
Au lieu de me précipiter, je relève les yeux vers son visage et croise les siens, plein de doute et de sensualité. Ses sourcils sont légèrement froncés et l'une de ses mains est restée crispée dans mes cheveux, prête à me stopper à tout moment.
Je garde mon regard rivé au sien assez longtemps pour lui faire comprendre que je ne dépasserai pas ses limites. La ride entre ses sourcils s'estompe un peu.
Avec précaution, je descends son jogging et pose mes lèvres sur le renflement qui déforme son boxer. En réponse, un glapissement retentit dans la pièce, mais mon esprit semble ne pas l'entendre, obnubilé par cette nouvelle sensation contre ma bouche, par cette odeur moite qui envahit mes narines et agite furieusement mon estomac.
Soudain tremblant d'impatience, je rabaisse assez brusquement l'élastique de son boxer et me retrouve nez-à-nez avec son sexe. Aussitôt, Hazel se redresse sur les avant-bras et sa main tire brusquement mes cheveux en arrière pour éloigner ma tête de lui.
— Attends ! s'écrie-t-il avec effroi.
Mes mains agrippent un peu trop fortement ses hanches tandis que je tente de calmer mon excitation pour consentir à relever les yeux vers lui.
Son visage est tordu par l'affolement et ses yeux sont tellement écarquillés que l'on dirait qu'ils essaient de sortir de leurs orbites.
— Qu'est-ce qu'il y a ? articulé-je d'une voix rauque en me penchant pour déposer un baiser sur son aine.
Ce geste fait cogner mon menton contre son sexe et je dois me mordre l'intérieur des joues pour m'empêcher de faire glisser mes lèvres sur ce dernier. Merde, le désir me consume tellement que j'ai l'impression qu'il va m'étouffer.
Impitoyable, Hazel tire une nouvelle fois mes cheveux en arrière, une expression de pure frayeur collée au visage.
— Non, non, attends, fais pas ça, c'est... C'est bizarre, je...
La gêne enflamme ses pommettes et je vois sa mâchoire se crisper, signe de l'énervement qu'il ressent envers le fait de ne pas parvenir à exprimer correctement ses pensées.
— Qu'est-ce qui est bizarre ?
Je ponctue ma question d'un nouveau baiser sur son ventre et ses dents viennent capturer sa lèvre inférieure en réponse.
— Je... Ça... Tu peux pas poser ta bouche ici...
— Pourquoi pas ?
— Putain mais parce que ! C'est... C'est dégueu !
Mes sourcils se haussent de manière sarcastique et Hazel froncent un peu plus les siens, visiblement incapable de maîtriser ses émotions. Je sais autant que lui que son énervement est dû à un manque de lâcher prise et à une déferlante d'émotions qu'il n'arrive pas à s'approprier. Je sais aussi que je dois me montrer patient et compréhensif pour l'aider dans ce processus psychologique d'acceptation de soi. Mais bordel, je ne suis pas psy et, visiblement, l'appel de la chair anesthésie le peu de bon sens qu'il me reste lorsque Hazel se trouve à mes côtés.
Prenant une profonde inspiration, je consens à éloigner mon visage de lui mais remplace ma bouche mais mes mains qui se mettent à caresser son aine, ne laissant aucun doute quant à mes réelles intentions. Hazel s'étrangle lorsque mes doigts viennent effleurer son sexe qui a perdu de sa vigueur à cause du froid environnant.
— Je vois pas ce qu'il y a de dégueu, exprimé-je d'une voix enrouée par le désir, incapable de dévier mon regard de ce corps à moitié dénudé qui s'offre à moi. Je te trouve magnifique.
Nous nous figeons de concert et mon regard surpris croise le sien, abasourdi. Je n'ai encore jamais proféré de tel compliment à son égard et, bien que je puisse faire passer cela pour ma légendaire franchise, les battements désorganisés de mon cœur martèlent qu'il ne s'agit pas que de ça.
— Qu... Quoi ? coasse-t-il en rougissant furieusement.
Les mots me manquent et la situation m'échappe le temps de quelques secondes. Pourquoi je suis aussi chamboulé par cette phrase si banale qui a osé s'échapper de ma bouche ? Elle est pourtant vraie : je trouve Hazel magnifique. L'ironie de ce constat ne m'échappe pourtant pas car, à vrai dire, je ne pense pas qu'il soit objectivement magnifique : ses cheveux sont trop emmêlés, ses paupières trop lourdes, ses lèvres trop fines, ses pommettes trop saillantes, son air trop agressif. Il n'est pas attirant à proprement parler, sûrement même est-il assez repoussant, mais ne dit-on pas que la beauté est subjective ? Et bien celle de Hazel me ravit. Entièrement. Elle me chamboule jusqu'au plus profond de mon être.
— Je te trouve magnifique, répété-je cette fois d'une voix plus assurée. Je trouve ton corps magnifique et tu sais très bien que j'ai envie de toi. Ne te cache pas de moi. N'aies pas honte de toi. Jamais.
Les joues de Hazel rougissent un peu plus – si cela est possible – et son avant-bras vient barrer son visage, sûrement pour le dissimuler de mon regard intense.
— T'es vraiment trop con, marmonne-t-il d'un ton faussement agacé.
Je souris et penche enfin à nouveau ma tête vers le ventre impudiquement exposé à mon regard. Au moment où mes lèvres effleurent sa peau, Hazel retire son bras et pose ses yeux sur moi. Mais il ne dit rien. Il n'esquisse aucun geste pour m'empêcher d'aller plus loin alors je reprends mon opération initiale : dévorer son corps.
Lentement, ma bouche explore son bas-ventre avant de venir retracer la courbe de ses hanches saillantes. Contre mon cou, je sens son sexe durcir progressivement et mon ego en frissonne de satisfaction.
Je prends le temps de migrer vers la fine toison brune qui court sous son nombril et y enfonce mon nez, lui soutirant un violent frisson. Sa main se crispe une nouvelle fois dans mes cheveux mais se contente de cela, sûrement aussi avide que moi de découvrir quelle sensation créera ma bouche contre son intimité.
Enfin, j'ose poser mes lèvres sur son gland et les fais glisser autour, enfonçant ses premiers centimètres dans ma bouche. Un juron sonore répond à mon initiative et le bassin de Hazel se cambre contre moi.
Mes doigts plongent plus brusquement dans ses hanches et je tente d'enfoncer un peu plus le sexe dans ma bouche, veillant toutefois à ne pas m'étouffer avec.
Je ne saurais pas dire si la sensation est agréable ou non. Je crois qu'elle n'est ni l'un ni l'autre. Elle est nouvelle. Sentir cette grosseur emplir ma bouche et appuyer contre ma gorge est inédit et me laisserait sûrement indifférent si elle n'engendrait pas de délicieux gémissements chez Hazel.
Ce dernier maltraite sa lèvre inférieure pour tenter de contenir les sons qui s'acharnent à fuir hors de sa bouche.
Il a désormais replié les genoux et ses cuisses enserrent mon visage comme un étau. Je crois que je pourrais m'étouffer à cause la compression de mes tempes entre ses jambes. Bêtement, je me fais la réflexion que c'est ainsi que je souhaiterais mourir : asphyxié par le plaisir de ce mec qui s'accroche désespérément à moi.
Au fur et à mesure que j'accentue mes caresses buccales, sa respiration se fait rauque et son bas-ventre se contracte spasmodiquement. Je tente plusieurs choses avec ma langue, me laissant porter au gré de mes envies et de mes inspirations : je la fais tournoyer autour de son gland, la fais glisser le long de sa hampe, creuse mes joues pour aspirer son sexe, effleure à peine son méat trempé. Je mentirais si je disais que je sais ce que je fais, mais les réactions spontanées de Hazel me plongent dans un état de transe dans lequel son corps et mon désir ne semblent faire plus qu'un. J'ai l'impression d'être en harmonie avec lui et de deviner instinctivement ce qui lui fera du bien.
Au bout de quelques minutes, sa main tire violemment mes cheveux en arrière et son corps se redresse d'un coup.
— A... Attends Seth... Merde, je vais jouir si tu continues.
Grognant de frustration, je retire sa main de ma tête et pousse son torse de l'autre pour le forcer à se rallonger. Aussitôt, je reprends mon occupation première et m'empresse d'avaler l'entièreté de son sexe. Le corps de Hazel s'arque brutalement et un juron s'échappe de ses lèvres.
Avec un plaisir qui dépasse l'entendement, je me hâte de le mener jusqu'à l'orgasme et en frissonne d'extase lorsque je le sens se tendre sous moi puis se déverser dans ma bouche.
Le goût amer me tire une grimace mais j'avale pour parachever l'expérience.
Dégueulasse.
Je m'essuie la bouche d'un revers de main et me redresse, juste à temps pour apercevoir l'expression de profonde béatitude qui plane sur le visage de Hazel avant que ce dernier ne tourne brusquement la tête sur le côté pour me la dissimuler.
Amusé, je me couche sur lui et plaque mes avant-bras de part et d'autre de son visage. De si près, je peux voir ses pommettes encore rouges de plaisir et ses yeux larmoyants, vision qui m'enchante outre mesure.
Mes lèvres viennent s'échouer sur son nez et je plaque davantage mon torse contre le sien.
— Magnifique, confirmé-je pour clore la discussion que nous avons eu quelques minutes plus tôt.
Le visage de Hazel s'enflamme davantage mais ses bras s'enroulent avec hâte autour de mes épaules pour m'attirer à lui. Il enfonce son nez dans mon cou et me serre si fort qu'on dirait qu'il cherche à fusionner mon corps avec le sien. Finalement, sa voix s'élève, rauque, cassée.
— Qu'est-ce que t'es en train de me faire ?
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