- Chapitre 9 -

—C'est curieux? tu ne trouves pas ? commença le Prédateur en s'avançant, et Stella reconnut le visage de son agresseur quand la lune l'éclaira. Ces pulsions animales, cette soif de sang... elles appartiennent plutôt aux miens et pourtant... (Il indiqua d'un coup de tête la porte qui tremblait sous les coups de Latro.)

Stella recula, les questions affluant dans sa tête. Comment était-il rentré chez elle ? Comment l'avait-il retrouvée ? Était-ce pour ça qu'il l'avait laissée en vie ce soir-là, pour pouvoir la dévorer un jour plus propice ? Était-ce à cause des Nuits Calmes qui arrivaient, avait-il besoin de se nourrir plus avant ?

—Je ne suis pas venu pour te tuer, dit-il en la sortant de ses pensées. Lui, si, ajouta-t-il en indiquant de nouveau la porte.

Il commença à avancer dans sa direction et Stella tenta de reculer un peu plus, mais elle ne rencontra que le mur.

—Mais visiblement, rajouta-t-il en apercevant son chemisier déchiré, ce n'est pas seulement ce qu'il est venu chercher.

—Qu'est-ce... qu'est-ce que tu veux ? demanda Stella d'une voix tremblante.

Il haussa les épaules nonchalamment et lui tendit une main.

—Suis-moi.

Elle secoua vivement la tête.

—Je peux t'aider. Si tu me suis dehors, je pourrais t'emmener quelque part où tu seras en sécurité. Je ne te ferais pas de mal.

Stella avait du mal à réfléchir clairement. Sa tempe la lançait et elle avait le goût amer du sang dans la bouche.

—Non... Tu mens. Tu mens ! Tu me tueras dès qu'on sera dehors !

Il se rapprocha dangereusement d'elle jusqu'à être assez près pour qu'elle puisse sentir son souffle sur elle.

—Peut-être que tu dis vrai. Peut-être que c'est juste un piège et que j'attends juste que l'on soit dehors pour t'attaquer. Ou peut-être que je dis la vérité. Il est assez dangereux de me faire confiance... Mais c'est toujours une chance de plus de rester en vie que si tu restes ici, non ?

Le bruit singulier d'une hache s'abattant contre la porte de sa chambre la fit sursauter et elle émit un cri étouffé en voyant le bois de la porte se fissurer. Stella se sentait piégée, et peut-être l'était elle après tout. Mais elle avait le choix entre la probabilité de se faire dévorer en suivant la créature dehors et la certitude de se faire tuer par Latro en restant ici.

Un deuxième coup de hache retentit et un morceau de bois tomba sur la commode.

—Je crois que le temps presse... Est-ce que tu viens avec moi ou pas ? murmura-t-il.

Elle le regarda de ses grands yeux effrayés et acquiesça lentement la tête. Il lui attrapa la main avec une vitesse étonnante et l'entraîna vers la fenêtre, attrapant au passage le sac qui attendait sur le lit.

—C'est trop haut, dit-elle d'une petite voix. Je ne peux pas sauter comme ça, je vais...

—Moi si, la coupa-t-il en jetant le sac par la fenêtre.

Il attrapa la jeune fille et la posa sur son épaule comme si de rien n'était avant de sauter par la fenêtre. Il atterrit sans problème quelques mètres plus bas et courut un peu pour s'éloigner du bâtiment avant de la reposer sur le sol.

Stella mit quelques secondes avant de se stabiliser sur ses jambes et regarda le paysage autour d'elle, sans savoir si elle était vraiment rassurée d'être dehors ou non. Elle posa son regard sur celui qui l'avait emmené ici, un peu inquiète, comme si elle s'attendait à ce qu'il se jette soudain sur elle. Au lieu de ça, il retira son sweat et lui tendit.

—Mets ça, ça masquera un peu ton odeur. Et tu auras moins froid.

Elle sembla alors réaliser pour la première son chemisier déchiré qui laissait voir son soutien-gorge et son ventre nu, et elle enfila la veste sans se faire prier.

—Est-ce que tu as quelque part où aller ? lui demanda-t-il.

Elle le regarda sans rien dire, ne sachant toujours pas si elle pouvait lui faire confiance et hésitant à le mener jusqu'à chez son père.

—Je ne veux pas te faire de mal, assura-t-il en voyant son hésitation.

—C'est peut-être un peu tard pour dire ça, non ? répondit-elle de sa voix tremblante en plaquant la main sur son cou.

Il fronça les sourcils.

—Je suis désolé. Je n'avais pas le choix, je pensais que tu l'aurais compris. Neb' est peut-être idiot, mais il fallait au moins un minimum de preuve pour qu'il croie que tu sois morte. Il ne t'aurait pas lâchée, tu sais ?

—Pourquoi ? cracha-t-elle alors. Pourquoi est-ce que tu m'as laissée m'enfuir ce soir-là ?

Il la fixa de ses yeux jaunes sans rien dire pendant quelques instants et elle frissonna.

—Excuse-moi si ma manière d'agir ne correspond pas aux critères que tu donnes à ceux de mon espèce, répondit-il d'un air renfrogné. Je peux toujours arranger ça si ça te perturbe autant.

—Non ! s'écria-t-elle en faisant un pas en arrière.

—Alors arrêtons de perdre du temps et dis-moi où tu comptes aller.

Stella eut quelques secondes d'hésitation.

—Chez mon père, lâcha-t-elle finalement. Rue des Carillons sauvages. Il faut passer par le parc, c'est le plus court.

Il la prit par la main et l'entraîna dans la direction opposée.

—Le parc ? Tu n'as donc rien appris depuis la dernière fois, Stella ? Il ne devrait pas y avoir grand monde aux alentours, il n'y en a pas beaucoup qui chassent encore aussi près du lever du soleil, mais on ne sait jamais.

Elle le suivit sans rien dire pendant qu'il la guidait à travers des rues qu'elle ne connaissait pas.

—Comment est-ce que tu m'as retrouvée ? demanda-t-elle soudain.

—Je traînais dans le coin et j'ai senti l'odeur de ton sang.

—Et ça t'as donné faim ?

Il tourna la tête vers elle et lui sourit quand quelque chose dans son expression changea soudainement. Sans crier gare, il l'attrapa par la capuche et s'accroupit, la faisant se cambrer sur un de ses genoux et lui forçant à garder la tête en arrière. Elle glapit en entendant le son familier du craquement de sa mâchoire mais n'eut même pas la force de crier quand elle entendit ses crocs se rabattre sur sa gorge.

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