- Chapitre 5 -
Ira Saeva ouvrit la porte mais ne parut pas particulièrement surprise de découvrir sa fille accompagnée de son ex-mari. Sans rien dire, elle se poussa sur le côté pour les laisser passer et referma la porte derrière eux.
—Je suis contente de voir que tu vas bien, Stella, dit-elle d'une voix sans émotion.
Tego regardait son ex-femme sans rien dire. Ira était sans aucun doute une très belle femme avec ses longs cheveux roux et ses yeux étonnement foncés. Une très belle femme avec une âme de folle.
—Et si tu allais te changer, Stella ? lui ordonna gentiment son père. J'aimerais discuter en privé avec Ira.
La jeune fille fit mine d'aller dans sa chambre, mais revint sur ses pas quelques secondes après pour écouter ce que ses parents allaient se dire.
—Est-ce que c'est vrai ? demanda Tego à voix basse.
Ira resta silencieuse quelques secondes avant de répondre sur le même ton.
—Je savais qu'elle arriverait jusqu'à chez toi à temps.
Stella entendit quelque chose se briser sur le sol.
—Bon sang, Ira, à quoi tu pensais ? La pleine lune, Ira ! C'est un miracle qu'elle ne soit pas morte et tu le sais !
—Qu'est-ce que tu veux que je te dise, cracha-t-elle. C'est elle qui l'a cherché. Tu crois vraiment qu'il s'agit d'une enfant innocente ? Cette petite traînée essaie de me voler mon mari et...
—C'est vraiment ce que tu penses ? Tu penses sincèrement que c'est dans ce sens-là que se passent les choses ?
Ira resta muette quelques instants.
—J'aurais dû avorter quand j'en avais encore le temps, siffla-t-elle finalement.
Stella entendit un bruit sec, et elle devina que son père venait de la gifler. Un long silence s'ensuivit.
—Je veux sa garde, lâcha soudain son père. Tu ne veux pas d'elle chez toi, alors laisse-moi avoir sa tutelle.
—Qu'est-ce que tu crois ? s'indigna Ira. Tu penses que je la garde ici par instinct maternel ? Si je pouvais te la laisser, crois-moi que je le ferais. Mais tu sais très bien que ce n'est pas moi qui peux décider de ça.
Les parents de Stella avaient divorcés un peu moins de quatre ans auparavant. La loi voulait que chaque femme soit sous la tutelle d'un homme, que ce soit son mari ou son père. Tego espérait pouvoir avoir la garde de Stella, mais, le père d'Ira étant mort, il avait dû attendre qu'elle se trouve un nouveau mari pour que les papiers de divorces soient acceptés. Il avait alors été décidé que, un enfant ayant besoin de deux parents pour grandir, Stella serait mise sous la tutelle de Latro Saeva, le nouveau mari d'Ira. Au yeux de l'État, Tego ne valait guère plus qu'un simple oncle.
—Je vais faire une demande de tutelle. Si tu l'appuies, elle pourrait être acceptée. Latro n'a pas besoin de savoir que tu as donné ton accord. Tu n'as qu'à inventer un mensonge. Tu t'en sors si bien avec ça.
—Parfait, siffla Ira après quelques instants. J'appuierai ta demande. Mais Stella ferait bien de se tenir tranquille le temps qu'elle soit acceptée.
Comprenant que la conversation était terminée, Stella retourna discrètement dans sa chambre. Quelques secondes après, son père frappa à la porte et entra dans sa chambre.
—Je suppose que tu as tout écouté ?
Elle leva les yeux vers son père.
—Latro ne me laissera jamais partir. Même si Ira approuve ta demande de tutelle, ils diront la même chose qu'il y a quatre ans. Qu'il vaut mieux que je reste avec Ira et Latro, car j'ai besoin de deux parents.
—Pas si je me marie entre temps.
Stella ouvrit grand ses yeux. Se marier ?
—J'ai eu une proposition il n'y a pas si longtemps. Je n'y avais pas vraiment pensé jusque là, mais après ce soir, je pense que je vais accepter.
—Un... un mariage arrangé ? Papa tu... tu ne peux pas te marier juste pour moi...
—Si ça peut me permettre d'avoir ta garde et de te sauver de cette maison de fous ? Je le ferais sans hésiter.
Stella ne répondit rien car, après tout, si celui lui donnait la chance de pouvoir vivre avec son père, elle ne tenait pas vraiment à passer à côté.
—Je t'en parlerai plus ce week-end quand tu viendras à la maison, dit-il en déposant un baiser sur le haut de sa tête. En attendant... sois prudente, d'accord ? Ne traîne pas trop dans l'appartement. Et ferme ta porte à clef.
La jeune fille acquiesça et il la laissa seule au milieu de sa chambre. Elle jeta pour la première fois un coup d'œil au miroir qui se tenait en face d'elle. Ce qu'elle y vit était assez effrayant. Sa robe blanche était couverte de sang, notamment au niveau de sa poitrine. Elle pouvait aussi voir des traces de sang qui avait coulé le long de son cou et dans ses cheveux. Elle secoua vivement la tête et retira sa robe avant de la jeter à poubelle. Elle se dirigea vers sa salle de bain et se fit couler un bain. Cela ne suffirait certainement pas à effacer les souvenirs de la veille, mais elle pourrait au moins se débarrasser de l'odeur du sang qui flottait autour d'elle.
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