- Chapitre 4 -

Stella...

La voix semblait venir de loin, de quelque part derrière l'épais nuage noir qui lui barrait la vue.

—Stella ! Ouvre les yeux, s'il te plaît !

Stella cligna lentement des yeux et le brouillard commença à se dissiper peu à peu, rapidement remplacé par le visage inquiet de son père.

—Papa..., murmura-t-elle.

Il poussa un soupir de soulagement en voyant qu'elle reprenait connaissance. Elle tenta de se redresser et grimaça en ressentant la douleur se propager de son cou jusqu'à son épaule. La pièce tourna un peu autour d'elle et elle se rattrapa à son père pour ne pas s'effondrer.

—J'ai appelé les secours, ils arriveront dès que le soleil se lèvera. Il faut juste que tu tiennes le coup jusque là, d'accord ?

Stella réalisa alors qu'il maintenait un tissu contre sa blessure, empêchant le sang de couler. Elle regarda autour d'elle et reconnut l'appartement de son père. 

L'appartement de son père. 

À l'intérieur. 

Elle était en sécurité. Les larmes se mirent à couler à flot sur ses joues. Elle était en sécurité. Cette pensée tournait encore et encore dans sa tête.

Son père s'assit à côté d'elle et la prit dans ses bras, tout en gardant fermement  le tissu contre son cou.

—Stella... tu vas tenir coup, n'est-ce pas ? Dis-moi que tu vas tenir le coup, s'il te plaît...

—Ça va aller, je crois que ça devrait aller...

Tego Caeli regarda sa fille avec inquiétude. Elle avait perdu beaucoup de sang et sa peau était encore plus pâle que d'habitude.

—Que s'est-il passé Stella ? Que faisais-tu dehors en pleine nuit ?

—Ira... c'est elle qui m'a jetée dehors. Je ne voulais pas sortir, papa, mais elle... elle était en colère et elle... elle m'a forcée à sortir...

—C'est à cause de Latro, n'est-ce pas ?

Son ton s'était empreint de colère et Stella préféra ne pas répondre. Son esprit était un peu embrouillé et elle n'était même pas sûre de se souvenir de ce qu'il s'était passé exactement.

—Ils étaient dehors, Papa, dit-elle à la place. Ils étaient dehors...

—C'est fini maintenant, n'y pense plus.

La jeune fille acquiesça faiblement et jeta un coup d'œil par la fenêtre : dehors, le soleil commençait à pointer. Quand celui-ci fut clairement sorti, elle entendit la sirène de l'ambulance se rapprocher. Tego laissa sa fille pour aller déverrouiller la porte, s'assurant qu'elle continuait bien à maintenir la pression sur sa plaie. Quand il ouvrit la porte, deux infirmiers se précipitèrent à l'intérieur et s'approchèrent de Stella. L'un lui enleva doucement le tissu pour regarder à quoi ressemblait la blessure et grimaça en la voyant. Il sortit une compresse propre et la plaça sur son cou. Les infirmiers l'installèrent sur un brancard et elle se détendit un peu.

* * *

Le médecin regardait les résultats qu'il tenait à la main en réfléchissant.

—C'est... vraiment étrange. Vous avez eu une chance incroyable, vous savez ? À quelques millimètres près, vous vous seriez vidée de votre sang en quelques minutes à peine. Vraiment beaucoup de chance... (Il leva les yeux vers la patiente et son père, comme s'il ne les avait pas remarqué jusque là.) Je pense que vous devriez vous remettre très vite, Mademoiselle Caeli. Prenez votre prescription, reposez-vous quelques temps et vous irez bien. Et... évitez de sortir dehors après le coucher du soleil, mais ai-je vraiment besoin de le préciser ?

Stella le regarda sans rien dire.

—Oh, une dernière chose, ajouta le médecin avant de quitter la pièce. Il y a un inspecteur de police qui voudrait vous voir, je vous laisse avec lui.

Stella jeta un coup d'œil inquiet à son père, assis à côté d'elle. La police ?

Un homme qui semblait avoir dans les vingt-cinq ans entra dans la chambre.

—Mademoiselle Caeli ? Stella Caeli ? (Elle acquiesça.) Je suis l'inspecteur Anceps. Pourriez-vous me dire ce qu'il vous est arrivé hier soir ?

Stella avala difficilement sa salive.

—Je... Ma mère m'a mise à la porte et je... je n'avais nulle part où aller, à part chez mon père. J'ai dû traverser le parc, c'était le chemin le plus court mais... (Ses yeux se mirent à briller et elle détourna vivement le regard.) Mais ils étaient là, cachés derrière les arbres. Ils m'ont prise en chasse et ensuite... l'un d'entre eux m'a attrapée et... je ne sais plus très bien, je ne suis pas sûre de... de me rappeler la suite.

En vérité, Stella se rappelait très bien la suite. Elle ferma les yeux avec force et sentit les larmes couler sur ses joues. Il n'avait pas cherché à la tuer. Au contraire, il avait choisi l'endroit exact où la mordre pour qu'elle reste en vie. Il l'avait embrassé. Et il l'avait laissée fuir. Stella frissonna. Il était plus... humain que ce à quoi elle aurait pu s'attendre.

—Mademoiselle Caeli, dit l'inspecteur en la sortant de sa torpeur, vous dites que votre mère vous a jeté dehors ? Un soir de pleine lune ? Cela me semble assez... radical de la part d'une mère.

Stella ouvrit grand ses yeux.

—Vous ne me croyez pas ?

L'inspecteur parut réfléchir quelques instants, comme s'il cherchait ses mots.

—Nous avons reçu un appel de votre mère cette nuit. Elle nous a dit que vous aviez fugué suite à une dispute et...

—Elle ment ! s'emporta Stella.

—... et nous avons interrogé vos voisins, qui confirment cette version des faits...

Stella se releva brusquement, ignorant sa tête qui se mit à tourner.

—Vous pensez que je serais sortie ? hurla-t-elle. Vous pensez que je serais assez folle pour ça ? Je ne serais jamais sortie, même pendant les Nuits Calmes, vous m'entendez ? Vous ne connaissez pas ma mère, vous ne savez pas de quoi elle est capable et...

Son père se leva à son tour et l'attrapa par les épaules pour la faire rasseoir.

—Excusez l'attitude de ma fille, Inspecteur. Les événements d'hier l'ont beaucoup perturbée et, comme le médecin vous l'a peut-être expliqué, je crains que cela n'ait affecté sa mémoire.

Stella regarda son père sans comprendre. Pourquoi faisait-il ça ?

—Je vais la raccompagner chez elle, je pense qu'elle a besoin de se reposer.

L'inspecteur hocha lentement la tête avant de les saluer et de quitter la pièce.

—Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? s'emporta Stella en sanglotant.

—Stella, calme-toi, s'il te plaît, et écoute-moi. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec Ira hier soir, mais crois-moi, tu ne pourras jamais convaincre la police que ta mère est coupable de quoi que ce soit. Maintenant viens, je te ramène chez toi. Et j'aurais une petite discussion avec ta mère.

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