- Chapitre 32 -

Lorsque Stella se réveilla, toute la peur, l'incompréhension et le désespoir qu'elle avait pu ressentir avant de perdre connaissance resurgirent d'un coup.

Elle se redressa brusquement en position assise, le souffle court. Tout ce trop plein d'émotions lui coupait la respiration. Elle tenta désespérément de faire rentrer l'air dans ses poumons, mais il lui semblait impossible de respirer normalement.

En prise à la panique, elle ne fit même pas attention à ce qu'il pouvait se passer autour d'elle.

Soudain, quelqu'un posa sa main sur son épaule. Elle sursauta brusquement et tenta instinctivement de se reculer le plus loin possible.

—Stella ! Stella, reste calme, c'est moi !

Elle leva les yeux vers celui qui avait parlé et son inquiétude retomba d'un coup.

—Nox, murmura-t-elle.

Sa respiration se stabilisa et les battements affolés de son cœur se calmèrent. Sans plus attendre, elle se jeta dans ses bras.

—Ça va aller, murmura-t-il à son oreille. Je suis là, maintenant.

Elle soupira de soulagement et ferma les yeux.

—Lâchez ma fille, tout de suite.

Stella sursauta en entendant la voix de son père. Son ton à la fois déterminé et glacial lui fit froid dans le dos.

Elle tourna la tête vers lui et son cœur rata un battement quand elle aperçut qui se tenait à côté de lui.

Marcus.

Comme s'il avait sentit sa soudaine inquiétude, Nox la serra un peu plus fort.

Stella ne comprenait rien. Que s'était-il passé ?

Elle releva la tête vers Nox, espérant qu'il puisse l'aider à saisir la situation, mais il ne la regardait pas. Il fixait Tego, une expression impassible sur le visage.

—Vous l'aimiez vraiment, n'est-ce pas ? lui demanda-t-il.

—De qui parlez vous ? siffla Tego entre ses dents.

—Ira. Vous étiez réellement amoureux d'elle.

Stella ne voyait pas où il voulait en venir. Visiblement, elle avait raté des choses lors de son coma.

Le visage fermé de son père était empreint de colère et pourtant ses yeux n'exprimaient que de la tristesse.

—Évidemment que je l'aimais. Elle était... elle était réellement adorable avant. Elle avait son caractère mais elle était gentille. Elle n'aurait jamais fait de mal à quiconque.

Une larme s'échappa de son œil et il l'essuya d'un coup de main rageur.

—Mais la femme dont j'étais amoureux est morte cette nuit-là. C'est votre foutu espèce qui l'a rendue folle ! Alors, si vous pensez que je vais vous laisser emmener ma fille loin d'ici, vous vous trompez à un point inimaginable !

Stella se sentait complètement perdue. De quoi est-ce qu'ils parlaient ? Et quel était le rapport avec sa mère ?

—Nox, demanda-t-elle au bord des larmes. Qu'est-ce qui se passe ? Je ne comprends rien...

Le Prédateur lui jeta un coup d'œil rapide avant de reporter son regard vers les deux hommes comme pour les surveiller.

Il semblait hésiter à parler, comme s'il n'était pas sûr que ce soit le bon moment pour tout lui expliquer.

—Nox..., l'implora-t-elle.

Il avala sa salive et resserra encore sa prise sur elle.

—Ton père biologique était un Prédateur, avoua-t-il finalement.

Cette révélation lui fit l'effet d'un seau d'eau froide en pleine figure. Maintenant qu'elle le savait, Stella ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait dû s'en douter. Mais elle avait été tellement bouleversée lorsqu'elle avait appris que Tego n'était pas son père, qu'elle ne s'était même pas posé la question de qui l'avait conçue.

—Mais Jacob m'a dit que mes analyses de sang étaient parfaitement normales, murmura-t-elle.

—Je suppose que Marcus a dû y être pour quelque chose.

Elle acquiesça pensivement. Tout faisait plus de sens à présent. Pourquoi Ira semblait la détester, pourquoi son père l'avait forcée à faire sa prise de sang chez Marcus et surtout pourquoi elle se sentait si différente ces derniers temps.

Nox lui jeta un coup d'œil inquiet, vérifiant qu'elle tenait le coup après avoir appris la vérité.

Stella se retint de demander comment cela avait pu arriver. En vérité, elle en avait déjà une idée et elle n'était pas sûre de vouloir en connaître les détails.

Elle pensa alors à sa mère et à ce qu'elle avait pu ressentir. La jeune fille sentit son cœur se serrer alors qu'elle comprenait pourquoi Ira avait agit ainsi toutes ses années. Et elle ne put s'empêcher de se demander si elle-même aurait agi de la sorte à sa place. Si Nox n'avait pas été là et que seul son frère l'avait agressée, si elle avait réussi à s'en sortir vivante, serait-elle devenue folle elle aussi ? Et si elle était tombée enceinte, est-ce qu'elle aurait haï son enfant aussi fort qu'Ira la haïssait ?

—Stella, l'interpella son père en la sortant de ses pensées. Je ne sais pas ce qu'il t'a mis dans la tête, mais ne l'écoute pas. Il faut que tu me fasses confiance, d'accord ?

Elle releva les yeux vers son père et ceux-ci s'embuèrent de larmes.

—Pourquoi est-ce que tu m'as emmenée ici, Papa ? pleura-t-elle. J'avais besoin de toi, pourquoi est-ce que... pourquoi... tu...

Les mots se mélangeaient dans son esprit et s'entrechoquaient dans sa bouche.

Tego avala difficilement sa salive.

—Je ne savais pas quoi faire d'autre, Stella. Tu n'étais pas dans ton état normal et je ne pouvais pas te laisser à la maison... Tu... tu comprends ?

Bien sûr qu'elle comprenait. En l'espace de quelques heures, elle avait assommé Jacob, agressé Vera et surtout, surtout... elle avait tué. Est-ce que son père aurait dû prendre le risque de la garder chez lui ? Non, bien sûr. Il n'avait qu'à la refiler à Marcus. Marcus et son obsession malsaine pour les Prédateurs.

—Je comprends, répondit-elle avec amertume.

Elle fit une pause.

—Mais je ne resterais pas là. Je ne peux plus faire semblant. Je ne peux juste plus vivre ici, Papa.

Les épaules de Tego s'affaissèrent d'un coup.

—Stella, tu ne peux pas être sérieuse ! C'est de la folie !

Stella sentit la colère monter en elle. Ne quitte pas la Ville. Ne pose pas de questions. Sois une gentille fille et ferme-la. Le statu quo, c'était tout ce qui semblait importer aux habitants de cette putain de Ville ! Et elle dans tout ça ? Et si elle voulait être heureuse pour une fois ? Est-ce qu'elle devait réellement y renoncer juste parce que cela bouleverserait l'ordre des choses ?

—De la folie ? explosa-t-elle. Plus que de rester ici, peut-être ?

Elle secoua la tête d'un air rageur.

—Qu'est-ce que je suis censée faire, Papa ? Rester ici et vivre une parfaite petite vie qui ne sera qu'un énorme tissu de mensonge ? Me forcer à sourire tous les matins devant mon miroir pour me convaincre que tout va bien ? C'est ça que tu veux, Papa ?

Silence.

—Réponds ! hurla Stella. C'est vraiment ce genre de vie que tu veux pour moi ?

La mâchoire de Tego se serra, mais il ne répondit rien. Stella ne savait que trop bien pourquoi il n'arrivait pas à se prononcer. Elle n'avait aucun doute que son père voulait ce qu'il y avait de mieux pour elle. Mais seulement dans la limite des règles qui leur étaient imposées. Il l'aimait, mais pas au point d'accepter qu'elle puisse briser les règles dans l'espoir d'être heureuse.

—Stella, murmura Nox, je pense qu'on devrait y aller maintenant.

La jeune fille hocha la tête et essuya ses joues inondées de larmes. Nox l'aida à se relever et il ne la lâcha pas, même après qu'elle lui ai assurée qu'elle pouvait marcher seule.

Face à eux, les deux hommes les regardaient sans rien dire. Le couple passa à côté d'eux pour rejoindre la porte et seul Tego prit la peine de se retourner, implorant une dernière fois sa fille du regard.

—Je suis désolée, Papa, dit-elle d'une voix brisée. J'espère que tu seras heureux avec Vera.

Elle baissa les yeux vers le sol et suivit Nox dans le couloir. Celui-ci s'arrêta alors brusquement et il ne prit pas la peine de se retourner vers les deux hommes pour leur adresser un dernier avertissement :

—Juste au cas où l'un de vous auriez dans l'idée de nous empêcher de quitter la Ville, j'aimerais vous rappeler que je sais encore où vous habitez.

Un silence glacial s'installa dans l'appartement et c'est avec un immense soulagement que Stella le quitta.

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