- Chapitre 28 -

Stella courut longtemps à travers les rues, sans se préoccuper du chemin qu'elle empruntait. Elle ne croisa pas beaucoup de monde dehors à cette heure-là de la matinée, et le peu de personnes qu'elle vit se contenta de l'ignorer.

Quand elle arriva enfin devant chez elle, elle eut du mal à faire rentrer sa clé dans la serrure tant sa main tremblait. Elle arriva finalement à ouvrir la porte et prit le temps de souffler quelques secondes.

Elle se dirigea vers sa chambre et s'apprêtait à ouvrir la porte quand elle entendit du bruit lui indiquant que quelqu'un se trouvait déjà à l'intérieur. Elle ouvrit brusquement la porte et trouva Vera en train de fouiller dans ses affaires.

—Je peux savoir ce que tu fais ? demanda-t-elle d'un ton froid.

Vera se releva brusquement, mais l'air coupable qu'elle affichait disparut rapidement.

—Qu'est-ce que c'est que ça ? lui demanda-t-elle sans répondre, tout en lui montrant des livres que Nox lui avait apporté.

Stella s'approcha d'elle et lui arracha les livres des mains.

—Ça ne te regarde pas.

—Stella, j'espère que tu réalises que tu n'as pas le droit de lire de tels livres. Est-ce que tu te rends compte des problèmes que tu pourrais avoir ?

Stella sentit ses épaules s'affaisser. Elle n'avait pas besoin de ça, pas maintenant.

—Ce n'est vraiment pas le moment, Vera...

—C'est Nox qui te les apportés, n'est-ce pas ? continua celle-ci. (Elle secoua la tête.) Comment ai-je pu être aussi stupide... Il fait partie de la Résistance, n'est-ce pas ?

Stella fronça les sourcils. La Résistance ?

—Stella, il faut que tu arrêtes de le voir, est-ce que tu entends ? Je crois que tu ne te rends pas compte dans quoi tu t'es fourrée. Je vais tout dire à Tego. Il faut que ça s'arrête.

Stella la regarda sans rien dire pendant un instant. Elle se sentait tellement perdue.

—C'est fini, Vera. C'est juste trop pour moi.

Vera fronça les sourcils.

—De quoi est-ce que tu parles, Stella ?

—Je me casse, dit-elle d'une voix blanche. Définitivement.

Sans rien ajouter, elle se dirigea vers la sortie. Vera lui attrapa vivement le bras, et poussa un cri en remarquant que celui-ci était couvert de sang.

—Oh mon Dieu, Stella ! Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Est-ce que c'est ton sang ? Qui t'a fait ça ?

Stella sentit quelque chose monter en elle. La tête lourde, l'esprit embrumé, elle retira vivement son bras et posa ses mains sur son visage.

—Laisse-moi, Vera ! Je te jure que ce n'est pas le moment ! Laisse-moi partir !

—Tu ne vas nulle part ! lui ordonna Vera. Tu vas rester ici avec moi jusqu'à ce que ton père revienne et on va avoir une conversation tous les trois, tu m'entends ?

Stella secoua vivement la tête. Elle sentait la pression monter dans celle-ci, comme si elle s'apprêtait à exploser.

Vera tenta d'attraper sa belle-fille par les épaules et ce fut le geste de trop. Sans vraiment s'en rendre compte, Stella l'attrapa par la gorge et la plaqua contre le mur le plus proche. La jeune femme laissa échapper un cri étouffé et tenta d'enlever la main qui l'étranglait.

Pendant un instant, Stella ignora les ongles de Vera qui lui griffaient la peau. Puis elle cligna des yeux et, comme si elle se réveillait, elle réalisa soudain ce qu'elle était en train de faire.

Elle relâcha brusquement sa prise et Vera s'écroula sur le sol, la main sur sa gorge et le souffle court. Elle la regarda avec effroi avant de se relever brusquement et de quitter l'appartement en courant.

Stella resta sans bouger au milieu de la pièce de longues secondes, confuse. Qu'est-ce qui venait de se passer ? Pourquoi avait-elle réagi comme ça ?

Perdue, elle sortit précipitamment de l'appartement en attrapant son sac au passage. Elle s'arrêta au milieu de la rue pour reprendre son souffle. Qu'est-ce qui était en train de lui arriver ? Elle avait du mal à réfléchir, les pensées s'entrechoquaient dans sa tête jusqu'à lui en donner mal au crâne.

Elle ne pouvait pas rester là. Elle avait la carte à présent, elle pourrait trouver un moyen de s'enfuir, n'est-ce pas ? Mais elle ne pouvait pas partir sans Nox, non.

Sans vraiment s'en rendre compte, elle se rendit dans le parc. Elle s'enfonça dans les arbres, un peu confuse, et soupira de soulagement quand elle reconnut le bloc de pierre qui montrait l'entrée de la cachette de Nox.

—Tu as vraiment l'air de passer une mauvaise journée, Stell'.

Stella se figea au moment même où elle entendit la voix résonner derrière elle et elle laissa tomber son sac sous le coup de la surprise.

Elle se retourna lentement et laissa échapper un hoquet de surprise quand se retrouva face à Latro qui la regardait, adossé à un arbre.

—Et quelque chose me dit que ce n'est pas fini, continua-t-il.

—Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda Stella d'une voix tremblante après quelques secondes.

Latro haussa les épaules.

—Tu n'étais pas là ce matin, je me suis dit que c'était assez étrange. Alors je suis venu faire un tour vers chez toi et je t'ai vue sortir et te diriger vers le parc. (Il se redressa et fit craquer ses doigts.) Je dois dire que tu me facilites vraiment la tâche.

Stella recula et butta contre le bloc de pierre.

—Dégage, répondit-elle d'une voix mal assurée.

Latro lui adressa un sourire mauvais.

—Alors, dis-moi Stell', qui va te protéger aujourd'hui ?

Stella le regarda se rapprocher dangereusement d'elle et elle se demanda pourquoi elle n'était toujours pas en train de fuir. Mais quand ses jambes se décidèrent enfin à lui obéir, Latro se jeta sur elle et l'attrapa par la taille.

Stella cria, bien qu'elle sache que personne ne l'entendrait. Il la poussa et son dos heurta douloureusement la pierre froide en dessous d'elle. Elle s'écroula sur le sol et tenta de se relever quand lui asséna un coup de pied dans le ventre. Elle s'effondra par terre et elle sentit de nouveau la douleur revenir dans son crâne, comme plus tôt ce matin-là.

Elle ferma les yeux et se concentra sur sa respiration. Elle avait l'impression que tout tournait autour d'elle et elle avait du mal à se concentrer sur ce qu'il se passait. Elle entendait Latro parler mais sans discerner le sens de ses paroles. Il lui attrapa le bras et, comme si ce n'était plus elle qui contrôlait ses mouvements, elle se jeta sur lui.

Elle eut l'impression de vivre la scène de l'extérieur, comme si elle n'était que spectatrice. Ils tombèrent à terre et elle entendit le craquement de sa mâchoire quand elle s'ouvrit en grand pour se refermer sur la gorge de Latro. Elle tira d'un coup sec et il n'eut même pas le temps de crier. Elle sentit alors la faim qui lui tordait le ventre depuis plusieurs jours se calmer au fur et à mesure qu'elle se nourrissait de sa chair.

Quand elle fut enfin repue, Stella cligna plusieurs fois des yeux, comme si elle se réveillait d'un long sommeil. Elle recula brusquement quand elle comprit ce qu'il se trouvait en face d'elle. La jeune fille porta sa main à sa bouche pour réprimer un cri. Elle sentit la tête lui tourner un peu quand elle réalisa que son visage était couvert de sang. Elle resta figée quelques instants avant de prendre la fuite.

Sans vraiment sans rendre compte, elle avait fait le chemin inverse, et se retrouva face à chez elle. Elle se précipita à l'intérieur et referma la porte derrière elle. Elle se laissa glisser sur le sol et se mit à sangloter.

—Stella ?

Elle releva la tête en entendant son nom et reconnut son père entre ses larmes.

—Papa... murmura-t-elle.

Il courut jusqu'à elle en apercevant le sang et s'accroupit à sa hauteur.

—Stella, que s'est-il passé ? s'enquit-il. Est-ce que tu vas bien ?

—C'est Latro..., bafouilla-t-elle. Je ne... il m'a suivie et... je ne voulais pas mais... mais je... je... je l'ai tué. (Elle fit une pause.) Je l'ai tué et je crois que j'ai aimé ça.

Elle regardait son père d'un air implorant, espérant vainement qu'il pourrait l'aider. Le visage impassible, Tego passa sa main dans les cheveux de sa fille pour la rassurer.

—Ça va aller, ma puce, d'accord ? lui dit-il d'une voix douce. Reste là, je reviens tout de suite. Je m'occupe de tout, d'accord ?

Il se leva et quitta la pièce. Recroquevillée sur elle-même, Stella attendit patiemment que son père revienne. Elle attendit plusieurs minutes, mais il ne revenait toujours pas. Un peu inquiète, elle se leva et se dirigea vers la cuisine.

—Papa ? l'appela-t-elle en entrant dans la cuisine vide.

Soudain, elle sentit une présence derrière elle. Mais elle n'eut pas le temps de se retourner qu'on lui pressa un mouchoir sur la figure.

Stella tenta de se débattre. Au bout de cinq secondes, elle sentit ses forces s'amenuiser. Au bout de dix secondes, elle remarqua que la pièce s'assombrissait. Et au bout de quinze secondes... il n'y avait plus que du noir.

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