- Chapitre 23 -
Une fois dehors, Nox rejoignit Meto qui l'attendait un peu plus loin dans la rue.
—Elle est jolie, commença-t-il.
Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus car le poing de Nox s'était déjà abattu sur son visage.
—Tu reviens encore une fois et tu es mort, le menaça Nox. Clair ?
Meto gémit et pencha la tête en arrière pour arrêter le saignement de son nez.
—Bon sang, Nox ! C'est quoi ton problème ? Tu ne me fais pas confiance ou quoi ?
—Non ! s'emporta-t-il. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu t'en fiches d'elle. Pour toi et pour les autres, les humains ne sont rien de plus que de la nourriture.
Meto ne répondit rien. Il se contenta de secouer la tête et s'engagea dans la rue, suivit de Nox. Ils marchèrent rapidement dans les rues, Nox en tête et Meto sur ses talons.
—Où est-ce que tu vas ? L'entrée est de l'autre côté.
Nox secoua la tête.
—Ça fait dix ans que je vis ici, Meto. Je crois que je connais le Quartier un peu mieux que toi.
Il se faufila difficilement entre deux bâtiments presque collés l'un à l'autre et atterrit dans une rue parallèle. Il se dirigea rapidement vers une bouche d'égout et la fit pivoter sur le sol.
Ils descendirent tous deux dans les égouts et marchèrent quelque temps quand Nox s'arrêta soudain.
—Est-ce que tu sens ? demanda-t-il à Meto.
Il ressentait comme une légère vibration autour de lui, et il lui fallut moins d'une seconde pour comprendre de quoi il s'agissait.
—La navette arrive, devina Meto. On est encore loin ?
Pour toute réponse, Nox se mit à courir à travers les tunnels sales. Il s'arrêta soudainement et ouvrit une porte qui semblait avoir été posée au milieu de nulle part. Ils débouchèrent sur un quai de métro où les attendait Nebulo. Celui-ci semblait nerveux et sursauta quand il les vit arriver.
—Où est-ce que vous étiez, bon sang ? s'énerva-t-il alors que la navette arrivait.
Nox ne répondit pas et monta à l'intérieur, suivi des deux autres.
—Aucun de vous ne va me répondre ?
Nox s'assit et fixa la fenêtre sans rien dire.
—Alors quoi ? s'emporta Neb'. Maintenant tu fais plus confiance à Meto qu'à moi ?
Meto se tourna vers Neb', le nez encore plein de sang.
—J'ai le nez cassé, je n'appellerais pas ça de la confiance.
—Vos gueules, lança finalement Nox d'un ton assez ferme pour que plus personne ne parle.
Alors que la navette démarrait d'elle-même, Nox se demanda comment il avait pu ne jamais remarquer auparavant qu'il y avait forcément quelqu'un qui avait mis ce moyen de locomotion en place. Et qu'il y avait peu de chance pour qu'il s'agisse d'un Prédateur.
Près d'une heure après, la navette s'arrêta et les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes. Nox fut le premier à sortir sur le quai et à gravir les marches jusqu'à la grande porte.
Les locaux derrières celles-ci étaient très différents de ceux qu'ils avaient en ville. Si les habitations des Prédateurs étaient en général sales et délabrées, celles des Femelles étaient rangées et d'une blancheur impeccable.
Ils marchèrent à travers les couloirs en marbres et s'arrêtèrent devant une porte massive pendant un instant avant de finalement l'ouvrir.
Nox fut tout d'abord surpris par la quantité de personnes se trouvant dans la pièce. À première vue, les Prédateurs des cinq Quartiers avaient été rassemblés, soit une centaine de personnes. Au fond de la salle se trouvait une estrade où étaient installées une quinzaine de Femelles.
Nox se faufila entre les gens pour se rapprocher de la scène, semant ses frères au passage. L'une d'elle avait déjà commencé à parler à l'assemblée. De longs cheveux roux, habillée tout en noir et juchée sur de hauts talons, elle arpentait la scène en jetant un regard accusateur à la foule. Nox reconnut avec surprise la Femelle du nom de Minae.
—Il a été reporté dernièrement, disait-elle, que quelques uns d'entre vous se sont amusés à violer certaines de nos règles.
Nox ne la connaissait que vaguement et il se demanda pourquoi c'était elle qui s'adressait à la foule. Il chercha du regard parmi les autres Femelles pour voir s'il apercevait celle qui était jusque-là la chef du groupe, mais il ne semblait avoir aucune Prédatrice de plus de vingt-cinq ans dans la pièce.
Il remarqua que l'une d'entre elle le fixait du regard depuis son arrivée dans la pièce. Sa peau était blanche, ses cheveux lisses d'un blond éclatant et elle était plus menue que les autres. Nox l'ignora et reporta son attention sur celle qui parlait.
—Et j'aimerais que ces personnes montent sur l'estrade.
Un silence se fit dans la salle et personne ne bougea.
—Personne ? demanda-t-elle avec un sourire en coin.
Elle sortit un papier de sa poche et le déplia.
—Il semblerait que je doive les appeler moi-même, dans ce cas.
Nox sentit la panique monter dans la pièce et il se retint de déglutir.
—Dens Acuta, appela Minae.
Un silence de mort régnait dans la pièce.
—Dies Tristis.
Nox se sentait nerveux. Lui aussi avait brisé les règles, après tout.
—Et Nox...
Minae fit une pause, comme si elle avait du mal à lire le nom. Nox, quand à lui, retint son souffle. Est-ce que Meto l'aurait dénoncé ?
—... Ater.
Nox se retint de pousser un soupir de soulagement quand il réalisa que ce n'était pas lui.
—Allez, les pressa Minae. Venez !
Trois Prédateurs sortirent de la masse, un peu hésitant et grimpèrent les marches de l'estrade. Ils se mirent en ligne, face à la foule et regardaient droit devant eux. Nox était à quelques mètres de la scène et pourtant il pouvait sentir leur inquiétude de là où il se trouvait. Aucun d'eux ne venait de son Quartier, aussi il n'en reconnut aucun.
Minae faisait les cents pas derrière eux, comme si elle hésitait par qui commencer, avant de s'arrêter vers le premier. Il était grand et brun, la mâchoire carrée, et devait avoir un peu moins de trente ans. C'était le plus vieux des trois Prédateurs. Et à vrai dire, remarqua alors Nox, c'était sûrement aussi l'un des plus âgés dans la pièce.
—Dens Acuta, commença Minae d'un ton froid. Vous êtes accusé d'avoir pénétré de force dans une habitation humaine au milieu de la nuit et d'avoir expulsé les trois humains qui s'y trouvait pour ensuite les chasser avec votre meute. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
Dens ne cilla pas et continua à fixer le néant en face de lui alors qu'il répondait.
—Cela faisait presque une semaine qu'il n'y avait plus de proies dans notre Quartier. J'ai fait ce que j'avais à faire pour nourrir les miens.
—Je vois, répondit Minae bien qu'elle n'ait pas l'air de compatir le moins du monde.
Elle fit un pas vers le prochain Prédateur. Celui-ci était beaucoup plus jeune, une quinzaine d'années peut-être. Il semblait plus nerveux que les deux autres et avait du mal à rester tranquille sur ses deux jambes.
—Dies Tristis. Vous êtes accusé de vous être faufilé dans la chambre d'une jeune humaine en pleine nuit et de l'avoir dévorée sur place. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
—La... la fenêtre était ouverte, balbutia-t-il maladroitement, et i-il n'y avait aucune proie dans les rues.
—Je vois.
Minae se dirigea vers le dernier Prédateur. Une vingtaine d'années, blond, un léger sourire aux lèvres, il était le seul à ne pas sembler avoir peur.
—Nox Ater. Vous êtes accusé d'avoir pénétré de nuit dans un établissement où logeaient une cinquantaine d'humains. Onze morts. Sept blessés. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
—Je m'ennuyais, répondit-il avec un sourire carnassier.
—Je vois, marmonna-t-elle la mâchoire serrée.
Un silence de mort régna pendant quelques instants, puis Minae reprit la parole d'une voix forte.
—J'aimerais que tout le monde réalise le pourquoi de nos règles, au cas où cela n'aurait pas été clair auparavant. Il y a beaucoup plus d'humains que de Prédateurs dans cette ville. Nous... cohabitons d'une certaine manière. Le jour leur appartient, la nuit est nôtre. Et la règle de base qui nous unit est que les humains qui s'aventurent sur notre territoire la nuit nous appartiennent aussi. Et personne ne semble se plaindre de cette règle, n'est-ce pas ? Maintenant, que croyez vous qu'il va se passer si l'on commence à briser cette règle ?
Silence.
—Nous sommes en infériorité numérique. Et si les habitants de cette ville s'en rendent compte, qu'est-ce qui les empêchera de venir nous attaquer ?
Quelques murmures se firent dans la foule pendant quelques instants.
—Dens Acuta, Dies Tristis et Nox Ater, reprit-elle d'une voix vive, vous êtes un danger pour notre communauté et êtes donc déclarés coupables.
Elle se dirigea vers Dens qui le faisait dos et le força à s'agenouiller face à la foule. Deux autres Femelles firent de même avec les deux autres.
Nox frissonna. Il connaissait la procédure pour y avoir assisté quelques années auparavant. En général, cela suffisait pour dissuader les autres d'enfreindre les règles.
—Condamnés, leur dit Minae, veuillez dire vos derniers mots.
—Je me tiens face à mes pêchés, dit Dens d'une voix solennelle, et je salue ma fin.
—J-je me tiens face à mes p-pêchés, balbutia Dies d'une voix tremblante, e-et je salue ma fin.
—Je me tiens face à mes pêchés, déclara le dernier d'une voix forte et assurée, le sourire aux lèvres. Et je salue ma fin.
Sans plus de cérémonie, les trois Femelles sortirent une dague de leur ceinture et leur tranchèrent la gorge.
Nox détourna le regard. Dans la foule, quelques jeunes Prédateurs qui ne connaissaient pas la procédure sursautèrent. Quand il releva les yeux, les corps avaient déjà été sortis de la salle.
Minae essuya sa dague et la rangea dans sa ceinture.
—Que cela serve d'avertissement à tous ceux qui avaient dans l'idée d'enfreindre les règles à un moment ou à un autre.
Elle commença à se diriger vers la sortie quand elle s'arrêta soudain.
—Autrement, nos appartements seront ouverts à dix-sept d'entre vous. Vous connaissez les règles.
Elle quitta précipitamment l'estrade avant de sortir de la salle.
Rapidement, l'atmosphère se détendit et la plupart des Prédateurs se dirigèrent vers une porte opposée où avaient lieu les combats afin de se départager.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top