- Chapitre 2 -

Elle les entendit se lancer à sa poursuite sans pour autant les voir. Elle savait qu'ils courraient beaucoup plus vite qu'elle et qu'ils n'auraient aucune difficulté à la rattraper, mais elle avait toujours le maigre espoir de pouvoir sortir du parc avant. Mais avant même d'avoir pu en apercevoir la sortie, elle glissa sur le gravier et s'effondra sur le sol. Elle eut à peine le temps de rouler sur le dos qu'une des choses se jeta sur elle. 

Allongée sur elle tel un prédateur sur sa proie, Stella pouvait sentir ses muscles tendus juste au dessus d'elle. Son visage était juste en face du sien, et elle se figea en apercevant tant de cruauté et d'animosité dans les yeux jaunes brillant dans la nuit. Une âme d'animal sanguinaire dans un corps d'homme, voilà ce qu'étaient ces choses. Elle le savait à présent. Ni vraiment humain, ni vraiment animal, juste cet inquiétant mélange des deux qui se révélait être pire que tout.

—Elle est vraiment jolie.

Stella détacha son regard des yeux de son agresseur et tourna la tête vers celui qui avait parlé. Il semblait plus jeune que l'autre et, si elle n'apercevait pas la lueur de folie dans ses yeux jaunes, elle aurait pu croire qu'il s'agissait d'un garçon d'une quinzaine d'années comme les autres.

—Très jolie, continua-t-il. Ça nous change des clodos qui traînent ici. Qu'est-ce qu'elle fait là, d'ailleurs, habillée comme ça?

Le jeune fit mine de s'approcher d'eux mais l'autre émit une sorte de grondement, ce qui le fit se reculer vivement.

—Désolé petit frère, mais c'est moi qui l'ai attrapée. Elle est à moi. Je ne partage pas la nourriture.

Le jeune se renfrogna.

—Laisse-moi la goûter d'abord.

—Non. Tu pourras revenir après, quand j'en aurais fini avec elle. Mais je doute qu'il en reste grand chose...

Stella frissonna en voyant un sourire carnassier se dessiner sur ses lèvres.

—Ce n'est pas vraiment à ça que je pensais, dit l'autre avec un sourire mauvais.

Stella ferma brusquement les yeux. Elle voulait sortir de ce cauchemar et se réveiller chez elle, dans son lit. Mais ce n'était pas un cauchemar. L'autre s'esclaffa au-dessus d'elle.

—Et puis quoi encore ? Tu penses réellement que je te laisserais souiller ma nourriture ?

—Mais j'ai faim ! s'emporta le jeune.

—Oh, je ne m'en fais pas trop pour ça, petit frère. On ne meurt pas de ce genre de faim. Maintenant, dégage. J'ai horreur qu'on me regarde manger.

—Et qu'est-ce que je mange, moi ?

—Shhhh ! souffla celui au-dessus de Stella. Écoute.

Le silence se fit autour d'eux et la jeune fille se demanda ce qu'il avait pu entendre.

—Quoi ? Je n'entends rien, répondit le jeune en brisant enfin le silence.

—Ton ouïe est-elle donc si déficiente que ça ? s'énerva l'autre. Il y a quelque chose près du parc... (Il resta silencieux quelques instants, comme s'il réfléchissait.) Dans la rue des Lions Ailés. Tu devrais pouvoir y trouver quelque chose à te mettre sous la dent. À moins que tu ne te sentes pas capable de chasser tout seul ?

Le jeune semblait hésiter, regardant la jeune fille avec envie.

—Tu n'auras rien d'elle, Neb'. Maintenant dégage avant que je ne m'énerve.

Le jeune obtempéra et partit sous le regard attentif de son frère. 

Stella observa cette sorte d'homme au dessus d'elle. Il ne la regardait plus, préférant scruter les arbres pour s'assurer que son frère s'éloignait réellement. Dès qu'il serait sûr qu'il serait loin, il se jetterait sur elle pour la dévorer. 

Stella réalisa alors qu'une de ses mains était libre. Peut-être pourrait-elle essayer de se défendre ? Peut-être la lâcherait-il sous l'effet de la surprise et qu'elle aurait le temps de s'échapper ? Elle leva sa main rapidement, les ongles en avant, et tenta de l'abattre sur le visage de son agresseur. Mais celui-ci avait perçu son mouvement bien avant et se retourna pour happer la main de la jeune fille dans sa gueule. 

Stella laissa échapper un petit cri étouffé. Elle s'attendait à ce qu'il broie sa main entre ses mâchoires puissantes mais, au lieu de cela, il fit glisser délicatement ses dents le long de ses doigts, récupérant au passage la bague qui se trouvait à son annulaire. La main de Stella retombât mollement sur le sol et il cracha la bague plus loin, avant de porter son regard dans celui de la jeune fille.

—Je n'ai pas peur de toi, murmura-t-elle d'une toute petite voix.

Il lui sourit, mais Stella était trop terrorisée pour prendre le temps de se demander ce que signifiait ce sourire. Il rapprocha son visage de son cou, et elle frémit en sentant son souffle sur elle.

—Pourquoi cherches-tu autant à me convaincre que tu n'as pas peur, quand bien même tu ne le peux pas ? Quand je peux sentir ton corps trembler sous le mien ? Quand je peux entendre ton cœur battre à tout rompre dans ta poitrine ? (Il posa son oreille sur son cœur, comme pour en écouter les battements.) Quand je peux sentir ta peur, aussi fort que je peux sentir le sang qui bat dans tes veines ?

Stella détourna le regard et laissa les larmes couler sur ses joues. Pourquoi prenait-il le temps de lui parler ? À quoi jouait-il ? Elle sentait son souffle chaud contre sa gorge, et son visage se mouvait au creux de son cou comme s'il cherchait quelque chose. Peut-être avait-il prévu autre chose avant de lui arracher la gorge. Peut-être était-il habité par la même faim que celle qui dévorait son frère... Tous ses muscles se tendirent à cette idée.

—Détends-toi, souffla-t-il à son oreille, tu souffriras moins si tu te détends.

Mais Stella en était incapable. Pas quand elle savait ce qui allait se passer par la suite. Pas quand elle savait qu'elle allait mourir après.

Elle attendait avec appréhension le moment où il se glisserait sous sa robe, mais il n'en fit rien. À la place, il continua à explorer son cou, comme s'il était à la recherche du meilleur endroit où planter ses dents pour ensuite lui déchirer la gorge.

Stella frissonna quand il s'arrêta enfin et qu'elle entendit le craquement de sa mâchoire qui s'ouvrait. D'une main, il repoussa son visage sur le côté et planta lentement ses crocs dans la chair de son cou.

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