- Chapitre 18 -

Ils continuèrent la soirée comme si de rien n'était et Stella se surprit même à penser que Jacob était plutôt bel homme.

—Vous voyez ? lui fit remarquer Jacob avec un grand sourire quand il la vit l'observer. Vous commencez déjà à tomber sous mon charme.

—Alors là, répondit Stella en se redressant sur sa chaise, vous ne pourriez pas vous tromper plus que ça.

—Vraiment ? répliqua-t-il avec un sourire amusé. Alors pourquoi est-ce que vous me regardez comme ça depuis tout à l'heure ?

—Vous avez un truc coincé entre les dents, mentit Stella avec un grand sourire.

—Je ne vous crois pas.

—Comme vous voudrez. Si vous voulez prendre le risque de rester toute la soirée avec un morceau de persil entre les dents...

Jacob se leva de la table en souriant.

—Très bien, je vais vérifier ça tout de suite. N'en profitez pas pour vous enfuir.

—Oh, je n'oserais pas. Ce serait vraiment malpoli de ma part.

—Parce qu'il est vrai que vous avez été un modèle de politesse toute la soirée, répondit-il en s'éloignant vers les toilettes.

Stella rigola et baissa la tête vers son assiette. Quelques secondes après, elle aperçut quelqu'un se planter devant.

—Vous vous êtes perdu en chemin ? demanda-t-elle d'un air amusé en levant la tête.

Mais son sourire s'effaça quand elle s'aperçut que ce n'était pas Jacob mais Octave qui se trouvait en face d'elle.

—Octave ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

—Qu'est-ce que je fais ici ? s'emporta-t-il. Qu'est-ce que toi tu fais ici, plutôt ! Tu vois quelqu'un d'autre ?

—Je ne vois pas "quelqu'un d'autre", Octave. On n'est plus ensemble, rentre-toi ça dans le crâne.

Octave avait l'air nerveux et ne tenait pas en place.

—Arrête de dire des conneries. On est censés se marier l'été prochain, tu te souviens ?

Stella serra les mâchoires et le regarda droit dans les yeux.

—N'essaie pas de me faire croire que tu es fou amoureux et que tu ne peux pas vivre sans moi. Tu as juste peur de la réaction de Latro s'il apprend que c'est fini entre nous.

Octave tapa violemment sur la table et Stella sursauta.

—Stella, s'il te plaît. Tu sais ce qu'il va m'arriver si tu me quittes ?

—Oh, génial. C'est ça ton argument ? Sacrifie ta vie pour sauver la mienne ? Merci, mais non merci. Maintenant dégage.

Octave l'attrapa violemment par le poignet et la força à se lever.

—Qu'est-ce que tu fais ? Lâche-moi !

—Hors de question que je te laisse à ce rendez-vous. Tu viens avec moi.

—Laisse-moi tranquille !

Stella tenta de se débattre mais s'arrêta net quand la main d'Octave atterrit sur son visage. Tous les clients du restaurant s'arrêtèrent pendant un instant de parler et tournèrent la tête vers eux. Puis tout le monde reprit le cours de sa conversation comme si de rien n'était, parce que tout le monde savait qu'il n'était pas bon de se mêler des affaires des autres.

—Fais un peu ce qu'on te dit pour une fois, cracha Octave en la tirant vers la sortie.

Mais il n'eut pas le temps de faire un pas de plus car il se cogna à Jacob en se retournant.

—Il y a un problème ? demanda celui-ci.

Jacob était beaucoup plus grand qu'Octave et, à ce moment-là, beaucoup plus menaçant.

—Stella est ma fiancée, dit Octave en déglutissant.

—J'ai cru comprendre que ce n'était plus le cas. Alors, à moins que vous ne teniez à ce que je vous arrête pour harcèlement, je vous conseille de vous en aller.

Octave hésita une seconde avant de lâcher le bras de Stella et de sortir précipitamment du restaurant.

Stella se frotta le bras, les yeux dans le vide et sursauta quand Jacob posa sa main sur son épaule.

—Est-ce que ça va ?

Elle hocha lentement la tête.

—On va peut-être aller ailleurs, continua Jacob.

Il paya l'addition et ils retournèrent dans la voiture.

—Où est-ce que tu veux aller ? lui demanda Jacob une fois au volant. Je connais un endroit où ils font les meilleures glaces du Quartier.

Stella grimaça en réalisant que Jacob avait profité de la situation pour se mettre à la tutoyer.

—J'aimerais bien rentrer chez moi maintenant, répondit Stella en fixant la route en face d'elle.

—Oh, s'il te plaît, Stella. Ne laissons pas cet idiot nous gâcher la soirée.

—Ne soyez pas si optimiste, Jacob. Il faut que quelque chose soit réussi avant de pouvoir le gâcher.

—Charmant, murmura Jacob en serrant le volant un peu plus fort.

Mais Jacob ayant décidé que la soirée n'était pas finie, il insista pour l'amener manger une glace à l'autre bout du Quartier. Malheureusement, le restaurant était déjà en train de fermer car la nuit allait tomber.

—Est-ce que je peux rentrer chez moi maintenant ? s'impatienta Stella une fois de retour dans la voiture.

Jacob ne répondit rien mais fit demi-tour. À mi-chemin, il arrêta la voiture.

—Jacob, la nuit est en train de tomber. J'aimerais vraiment rentrer maintenant.

—Tu sais ce qui est vraiment dommage ? C'est qu'on a jamais le temps d'observer les étoiles.

—Je ne veux pas regarder les étoiles. Je veux rentrer chez moi.

—Profite donc un peu. Tu ne crains rien, ce sont encore les Nuits Calmes.

—Mais est-ce que les Nuits Calmes sont aussi calmes qu'elles en ont l'air ? maugréa Stella.

Jacob lui jeta un regard en coin.

—Tu ne crains rien ici.

Stella se mit à tapoter nerveusement le rebord de la fenêtre.

—Je n'aime pas rester dehors la nuit. Ramenez-moi chez moi.

—D'accord, répondit Jacob avec un sourire amusé. Mais à condition que tu laisses tomber ce vouvoiement ridicule.

Stella tourna la tête vers lui et plissa des yeux.

—Va te faire voir, ça vous va comme tutoiement ? siffla-t-elle.

—Ça ira, merci, dit-il en serrant ses mâchoires.

Il s'apprêtait à redémarrer la voiture quand il s'arrêta soudain.

—Tu sais ce que je pense, Stella ? demanda-t-il visiblement énervé.

—Quoi encore ?

—Je pense que tu avais prévu de faire de cette soirée un enfer.

—Quelle perspicacité ! répliqua Stella d'un ton sarcastique. On voit que vous n'êtes pas inspecteur pour rien ! Est-ce que c'est le fait que je vous ai prévenu quand vous êtes venu me chercher tout à l'heure qui vous a mis sur la voie ?

Jacob resserra sa prise sur le volant, visiblement énervé.

—Et je pense aussi, continua-t-il en ignorant son commentaire, que tu n'as pas passé une si mauvaise soirée que ça. Et au fond, tu sais ce qui t'énerve autant ?

—Quoi donc ?

—Le fait que malgré tous tes efforts, tu sois quand même tombée sous mon charme.

Stella le regarda d'un air interdit pendant une seconde avant de s'esclaffer.

—Oh mon dieu, vous ne pouvez pas réellement croire ce que vous venez de dire ! Vous pensez vraiment que je suis en train de tomber sous votre charme ? Vous ne pourriez pas être plus loin de la vérité, Jacob.

—Vraiment ?

Il se pencha alors vers elle et l'embrassa... avant de se raidir quand il sentit les dents de Stella se refermer sur la lèvre inférieure.

Elle ne serrait pas assez fort pour lui faire mal, mais assez pour qu'il comprenne que son initiative n'était pas des bienvenues.

—D'accord, dit-il du mieux qu'il put, j'ai peut-être été un peu trop optimiste. J'ai compris.

Stella le regardait froidement et ne fit aucun mouvement qui montrait qu'elle comptait le lâcher.

—J'ai compris, Stella, répéta-t-il d'un ton un peu plus inquiet. Tu peux me lâcher maintenant.

Mais Stella ne le lâcha pas. Au contraire, elle resserra lentement la pression de ses dents jusqu'à ce qu'elle sente le sang couler dans sa bouche avant de brusquement le libérer.

Jacob se recula et passa sa main sur sa lèvre pour essuyer le sang qui coulait.

—Tu m'as mordu, constata-t-il d'un ton étonné.

—Je ne me rappelle pas vous avoir donné la permission de m'embrasser.

—Oh Stella, lança Jacob visiblement vexé, nous savons tous les deux que je n'ai pas besoin de ta permission pour ça. Mais je tacherais de m'en souvenir pour la prochaine fois.

Il démarra alors la voiture et aucun des deux ne décrocha un mot de tout le trajet.

Une fois arrivée, Stella sortie de la voiture en claquant la portière et ne l'attendit pas pour monter les escaliers de chez elle. Elle lui claqua la porte au nez sans le moindre remord et se dirigea vers sa chambre sans un regard pour son père et Vera qui étaient en train de discuter dans le salon.

Elle entendit quelqu'un ouvrir la porte d'entrée pour laisser Jacob rentrer et elle attendit le moment fatidique où son père l'appellerait pour la réprimander de sa conduite.

Une dizaine de minutes plus tard, son père cria son nom pour qu'elle le rejoigne dans le salon. Quand elle entra dans la pièce, elle remarqua que ni Jacob ni Vera n'était là.

—Tu m'expliques ? lui demanda son père visiblement furieux.

—Qu'est-ce que tu veux que je t'explique ? bougonna Stella.

—Je veux que tu m'expliques comment tu as pu être aussi insolente et malpolie !

—Jacob a été odieux avec moi ! Je n'ai fait que lui rendre la pareille.

—Stella ! Tu l'as mordu ! Je peux savoir ce qu'il t'est passé par la tête ?!

—Il a essayé de m'embrasser, que voulais-tu que je fasse ?

—Tu n'avais qu'à dire non ! s'emporta son père. C'est ce que les gens civilisés font, Stella.

—Je lui ai demandé au moins trois fois de me ramener chez moi. Je lui ai dit clairement que je ne l'appréciais pas. Ce type a une case en moins.

Son père se passa la main sur son visage et poussa un long soupir.

—Ce "type", comme tu dis, est un inspecteur de police. C'est quelqu'un d'important. Tu as de la chance qu'il n'ait pas mal pris que tu l'ai mordu.

—Oh, il ne l'a pas mal pris ? demanda Stella ironiquement. Peut-être que j'aurais du le mordre plus fort alors !

Elle s'attendit à ce que son père explose mais il ne le fit pas. À la place, il la fixa d'un air étrange, comme si elle avait quelque chose sur le visage.

—Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle. Qu'est-ce que j'ai ?

—Rien, répondit-il toujours en la regardant d'une façon étrange. Tu devrais aller te coucher maintenant.

Stella avala difficilement sa salive et se rendit dans sa chambre. Elle ne prit pas la peine de se changer, elle n'en avait plus la force. Elle se contenta de s'allonger dans le noir et attendit.

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