- Chapitre 15 -

Malgré sa promesse, Stella ne pouvait s'empêcher d'espérer que Nox reviendrait la voir. Le soir même, elle tenta de rester éveillée autant que possible mais finit par s'endormir à force d'attendre.

Elle se réveilla en sursaut au milieu de la nuit, mais constata avec regret que la fenêtre de sa chambre était toujours fermée.

Elle se leva et marcha jusqu'à celle-ci. Elle savait qu'elle n'était pas autorisée à ouvrir la fenêtre durant la nuit, pourtant elle tourna doucement la poignée et poussa les deux battants à fond.

Elle scruta la nuit noire mais ne vit rien.

—C'est assez dangereux ce que tu fais, tu sais ?

Stella sursauta en entendant la voix. Elle tourna la tête vers l'arbre à côté de sa fenêtre et aperçut la lueur jaune des yeux de Nox au milieu des branches.

Elle haussa les épaules en souriant et recula dans la pièce pour le laisser entrer. En l'espace d'une seconde, il se retrouva juste en face d'elle.

—Et c'est encore plus dangereux de me laisser entrer.

—Je sais que tu ne me feras pas de mal, répondit-elle simplement.

—Vraiment ? Pourtant j'aurais pu te tuer hier.

—Mais tu ne l'as pas fait.

—Rien ne dit que ça n'arrivera pas. Après tout, c'est dans ma nature.

—Pourquoi est-ce que tu dis ça ? se renfrogna Stella.

—Parce que c'est la vérité. Je ne veux pas te faire du mal, mais il m'arrive de perdre le contrôle.

Stella le regarda fixement, mais il avait les yeux rivés par terre.

—C'est ce qu'il s'est passé hier ? l'interrogea-t-elle.

Il hocha doucement la tête en signe d'affirmation.

—Tu ne devrais pas me laisser entrer, tu sais, insista-t-il.

—Si tu veux que je garde mes distances avec toi, commença-t-elle, pourquoi est-ce que tu es revenu ?

Nox baissa la tête.

—J'ai essayé de ne pas venir. J'ai vraiment essayé... Mais je n'ai pas réussi. Je n'arrêtais pas de penser à toi, alors je suis venu. Je ne voulais pas entrer, je voulais juste sentir ta présence mais tu t'es réveillée quand je suis arrivé... Il vaudrait peut-être mieux que je m'en aille maintenant.

Mais il ne bougea pas d'un centimètre.

Stella secoua lentement la tête en signe de négation et elle passa ses bras autour de son torse. Il la serra dans ses bras et poussa comme un long soupir de soulagement.

Blottie contre lui, Stella se demanda d'où venait cette étrange attraction. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle se sentait si attachée à lui, quand bien même il avait failli la tuer à peine quelques semaines auparavant. Et elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur l'intérêt que Nox lui portait. N'était-ce qu'une simple curiosité mutuelle, au fond ? Comme un espoir de réponse à tout ce qu'on leur interdisait de savoir ?

Ils s'assirent sur le lit et restèrent silencieux quelques instants, puis Nox brisa le silence.

—Le premier soir où l'on s'est vus... je t'ai pris ça (Il sortit une bague de sa poche.) Qu'est-ce que c'est ?

—Ma bague ! Je croyais que je l'avais perdue.

Elle lui prit des mains et la fit tourner entre ses doigts.

—C'est ma bague de fiançailles, grimaça-t-elle.

—Et qu'est-ce que ça signifie exactement ?

—C'est une bague d'engagement. C'est censé représenter ma promesse de loyauté avant le mariage.

—Oh, dit Nox l'air un peu surpris. Tu vas te marier.

—Plus maintenant. Je ne voulais pas me marier avec Octave, mais je n'avais pas mon mot à dire à ce moment-là.

—Je ne comprends pas.

—C'est le père qui est censé choisir le futur mari de sa fille, ou dans mon cas, son tuteur légal. C'est le mari de ma mère, Latro, qui m'a présenté Octave il y a deux mois en me disant que j'allais l'épouser. C'est lui qui a payé pour la bague... ça a rendu ma mère folle de rage quand elle l'a appris. C'est pour ça qu'elle m'a mise à la porte en pleine nuit. Elle a juste eut à attendre que Latro soit parti pour quelques jours pour me jeter dehors.

Nox regarda Stella pendant quelques instants comme s'il cherchait à comprendre.

—Vos histoires de mariage... c'est vraiment compliqué.

—Je suppose que vous ne vous vous mariez pas, vous ?

Nox secoua la tête.

—Les Femelles ne vivent pas avec nous. Elles sont très solitaires. On a le droit d'aller les voir que quand elles en ont envie et elles n'acceptent que les plus forts. On est obligé de se battre entre nous.

—Oh, dit Stella, un peu surprise. Et... je suppose que vous n'allez pas les voir pour discuter...

—Pas vraiment non. (Il haussa les épaules comme si ça n'avait pas d'importance.)

—C'est une notion de l'amour assez... étrange.

—Je ne pense pas que mon espèce aie une quelconque notion d'amour. Je trouve ça dommage.

Stella ne répondit rien et posa sa tête contre son torse. Elle entendit son ventre grogner et elle grimaça.

—Tu as faim ?

Il grogna en guise de réponse.

—Tu n'as pas mangé ? insista-t-elle.

—Je n'ai pas envie de manger.

Elle se redressa un peu et le regarda dans les yeux.

—Tu as déjà essayé de manger autre chose que de la viande ?

Il secoua la tête.

Elle sortit du lit et lui demanda de l'attendre dans la chambre. Elle se dirigea dans la cuisine et commença à rassembler des fruits et des restes du dîner dans un panier.

—Je peux savoir ce que tu fais là au milieu de la nuit ?

Elle sursauta et se retrouva face à Vera.

—J'avais faim, répondit-elle précipitamment.

Vera la regarda d'un air suspicieux.

—Il est revenu n'est-ce pas ? Stella tu m'avais promis que ça ne se reproduirait pas !

—Vera, s'il te plaît, je te jure que ce n'est rien.

—Qui est-ce ? 

Stella la regarda sans répondre.

—Je vais prévenir ton père, affirma Vera en voyant qu'elle n'aurait pas de réponse.

Stella la rattrapa par le bras avant qu'elle ne parte.

—Il s'appelle Nox. Quand Latro a essayé de me tuer, il m'a aidée à m'enfuir. C'est lui qui m'a guidée dans les rues la nuit, je ne serais jamais arrivée vivante sans lui. Je t'en prie, Vera, je veux juste l'aider en retour !

Vera la regarda sans rien dire.

—Je te jure qu'il ne se passe rien, insista Stella.

Vera sembla hésiter un instant avant de lâcher un long soupir.

—Je retourne me coucher. J'espère vraiment ne pas me tromper. Pour nous deux.

Elle sortit de la pièce et Stella attendit quelques secondes avant de retourner dans sa chambre.

Elle avait peur que Nox ne soit parti à force de l'attendre, mais en rentrant dans la chambre elle le trouva toujours sur le lit, un de ses livres de cours entre les mains.

Elle s'assit à côté de lui et il leva les yeux du livre.

—Tu sais lire, remarqua-t-elle.

—Pourquoi est-ce que je ne saurais pas lire ? s'étonna-t-il.

—Je ne sais pas. C'est un truc d'humain. Où est-ce que tu as appris ?

—Les Mères nous apprennent à lire un minimum. Je ne sais pas exactement pourquoi, à vrai dire. La plupart des Prédateurs arrivent tout juste à lire le nom des rues. Ma mère trouvait que je m'en sortais plutôt bien, alors elle m'a appris du mieux qu'elle a pu. Je lis tous les livres que je peux trouver depuis.

—C'est pour ça que tu en sais autant sur nous ?

Il hocha la tête en signe d'affirmation.

—Tu n'es vraiment pas comme les autres, n'est-ce pas ? lui fit-elle remarquer.

—Toi non plus, répondit-il en souriant.

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