- Chapitre 11 -
—Stella !
La voix lui fit détourner le regard de son reflet et elle vit son père, toujours en pyjama, dans l'encadrement de la porte en train de la dévisager.
—Je vais bien.
Elle ramassa son sac et se dirigea vers le salon comme si de rien n'était mais son père l'attrapa par le bras pour la retenir.
—Stella, qu'est-ce qui s'est passé ? s'inquiéta-t-il.
Vera arriva derrière lui, l'air toujours endormie, et ouvrit grand ses yeux en voyant l'état dans lequel se trouvait Stella.
Derrière luiLatro a reçu la lettre plus tôt que ce que je ne pensais. Mais il n'a rien dit. Il a attendu toute la nuit que je sorte et il m'est tombé dessus avant le lever du soleil. J'ai dû traverser de nuit.
—Qu'est-ce qu'il a fait, Stella ?
Elle regarda son père un instant, ne sachant pas vraiment quoi répondre.
—Rien qu'il n'ait pas amèrement regretté par la suite, cracha-t-elle.
Il la fixa quelques instants puis la lâcha et se dirigea vers le téléphone.
—J'appelle la police.
Elle ne répondit rien et Vera la guida jusqu'au canapé pendant que son père téléphonait de l'autre côté de la pièce.
Elle s'écroula dessus et les événements de la nuit resurgirent soudain. Comment avait-elle pu mettre de côté tout ce qu'il s'était passé une fois qu'elle s'était retrouvée avec Nox ? Elle se recroquevilla en repensant à ce qu'il s'était passé dans la cuisine. À ce qui aurait pu se passer. À ce qu'il aurait dû se passer si Nox n'était pas venu la sauver.
—Que s'est-il passé, Stella ? demanda Vera d'une voix douce.
—Il est devenu complètement fou. Il m'aurait tué, si je ne m'étais pas enfuie.
Vera la prit dans ses bras et Stella se laissa faire, tentant de décompresser du mieux qu'elle pouvait.
Un peu moins d'une heure plus tard, on sonna à la porte et l'inspecteur Anceps franchit le seuil de l'appartement.
—Mademoiselle Caeli, je suis navré d'avoir à vous revoir dans de telles conditions, dit-il en se plantant devant elle. Et si vous me disiez ce qu'il vous est arrivé ?
Stella raconta alors tout ce qu'il s'était passé, non sans gêne, et elle prit soin de ne pas mentionner Nox. L'inspecteur resta silencieux quelques secondes, tout en continuant de la regarder, comme s'il essayait de se remémorer tous les détails qu'elle venait de raconter. Ou comme s'il ne la croyait pas.
—Quoi ? s'emporta Stella, légèrement énervée par son attitude septique. Vous allez encore dire que je divague ?
L'inspecteur poussa un long soupir.
—Je reviens tout juste de l'appartement des Saeva, après un coup de fil passé par M. Saeva lui-même. Il m'a dit que vous avez voulu partir de chez vous au milieu de la nuit pour retourner chez votre père. Il aurait essayé de vous en empêcher mais, d'après lui, vous auriez été incontrôlable et vous l'avez attaqué.
—Vous vous foutez de moi ? Et je suppose que j'ai déchiré mon chemisier toute seule ? Et que les coups de hache dans la porte de ma chambre n'étaient qu'un simple accident ?
—Il a expliqué qu'en essayant de vous retenir, votre chemisier s'est déchiré et que vous avez trébuché, vous cognant la tête contre la table. Quand il a essayé de vous aider à vous relever, vous lui avez broyé le nez avec vos dents. Il a tenté d'appeler votre mère en renfort mais vous vous seriez enfermée dans votre chambre. Il dit qu'il a entendu que vous aviez ouvert la fenêtre et, craignant que vous ne sortiez de nuit, et la porte étant verrouillée, il n'a pas vu d'autre solution que de détruire la porte.
—C'est... c'est une blague ? s'étrangla-t-elle.
Le père de Stella, qui n'avait rien dit jusque là, se releva brusquement.
—Inspecteur, vous n'allez quand même pas me dire que vous croyez ce qu'il vous a raconté ?
—Il se trouve que Mme Saeva a confirmé cette version de l'histoire.
Stella secoua vivement la tête. Comment pouvait-on être aussi lâche ?
—Mlle Caeli, continua l'inspecteur, d'après votre mère, elle aurait demandé à ce que vous alliez sous la garde de votre père à cause de problèmes entre vous et M. Saeva. Elle dit vous avoir surprise plusieurs fois en train de tenter de séduire votre beau-père et...
—Conneries ! hurla Stella en se levant brusquement. Conneries ! Conneries !
—N'est-il donc pas vrai que, alors que M. Saeva n'était encore que votre professeur de mathématique, vous vous êtes éprise de lui et lui avez fait des avances ?
Le visage de Stella se raidit soudain.
—Vous... vous ne savez pas de quoi vous parlez.
—Est-ce que ma question n'est pas claire, Mlle Caeli ?
—J'avais treize ans ! cria-t-elle. Qu'est-ce que vous croyez ? Évidemment que j'avais un faible pour lui à l'époque, comme toutes les autres filles de la classe ! Mais jamais je ne...
—C'est tout ce que je voulais savoir, merci. Je pense que nous devrions en rester là pour l'instant.
—Et c'est tout ? s'emporta alors Tego. Vous n'allez rien faire de plus ?
—J'ai bien peur que la situation ne soit pas en l'avantage de votre fille, M. Caeli. Mais M. Saeva ne comptant pas engager de poursuites, je vous conseille d'oublier toute cette histoire. Cependant j'aimerais que Mlle Caeli se rende à une clinique pour faire des tests sanguins. Après tout, elle a été mordue il y a quelques semaines de cela et...
—Et alors ? Vous pensez que j'ai la rage ? siffla Stella.
—Vu l'état dans lequel se trouvait M. Saeva quand je lui ai rendu visite tout à l'heure, je pense qu'il serait plus prudent de nous assurer que vous n'avez rien attrapé qui puisse expliquer toute cette... agressivité.
Il tendit une feuille de papier à Tego, et partit comme il était venu. Les Caeli restèrent quelques instants sans rien dire, laissant dans la pièce un silence de plomb.
—Stella, commença son père en brisant le silence. Cette histoire de professeur de maths, est-ce que c'est vrai ?
—J'avais treize ans ! se défendit-elle en essuyant les larmes de colère qui coulaient sur ses joues. Oui, c'est vrai, je craquais pour Latro à l'époque et oui, je le lui ai fait comprendre. Mais c'était juste un jeu avec les autres filles, savoir qui pourrait attirer le plus son attention... Et devinez quoi ? J'ai gagné.
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