Film : Call me by your name


Bonjour ! Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler d'un film : Call me by your name et de vous expliquer pourquoi je n'ai pas du tout aimé ce film. Je vais spoil pas mal quand même.

Alors, pour l'histoire vite fait : 

C'est l'histoire d'Elio, un adolescent de 17 ans qui se découvre une attirance pour Oliver, un séduisant doctorant en archéologie américain venu assister son père, un érudit archéologue. Le tout se passe dans les années 80, dans un sublime décor de village bucolique italien. 

Pourquoi j'ai eu envie de regarder ce film : 

Ce film a été encensée par la critique, vraiment, je n'en ai entendu que du bien et comme ce n'est pas tous les jours que ça arrive pour des histoires d'amour entre deux personnes du même sexe, j'étais curieuse. J'étais donc dans un état d'esprit hyper positif avant de regarder le film et je m'attendais à vivre une expérience semblable à celles que j'ai éprouvé quand j'ai vu Le Secret de Brokeback Mountain, Moonlight ou Carole (3 films que j'ai beaucoup aimé, voir absolument adoré).

Je tiens aussi à préciser que je savais qu'il y avait quelques longueurs dans le film, mais la contemplation, la lenteur, ne me dérangent pas du tout dans un film, d'où le fait aussi que j'ai énormément apprécié les films cités plus hauts qui ont été critiqués sur ces mêmes points (à croire que les histoires d'amour gay doivent toujours être des films d'auteurs lents et contemplatifs pour l'industrie hollywoodienne.) 

Voilà pour le contexte ! Puis le film commence et première angoisse...

1. La différence d'âge

Je vais être honnête : elle m'a beaucoup dérangée. Je n'ai pourtant aucun problème avec les différences d'âge dans les romances, du moment qu'elles concernent des adultes. Ici, Elio a 17 ans et rien dans son comportement ou son apparence ne nous donne l'impression qu'il est adulte ou mature.

Alors, je vais être honnête, j'ai un certain passif avec les adultes attirés par les adolescents et je pense en avoir gardé quelques séquelles. Mais, je me mettais à la place du personnage d'Oliver (puisqu'il se rapproche plus de mon âge, je m'identifiais plus à lui) et je ne comprenais pas, absolument pas, comment on pouvait être attiré par un jeune gringalet au corps à peine sorti de l'enfance, au comportement si marqué par l'adolescence. Oliver est un homme bien fait, qui doit avoir facilement 10 ans de plus que lui si pas plus (l'acteur a 31 ans IRL et c'est l'âge que je lui donnais dans le film, j'sais pas si on était censé croire qu'il avait moins). 

Et puis il y avait cette sensualité dans les corps qui me dérangeait... Parce qu'on est en été, en Italie, qu'il fait beau, et Elio passe son temps en maillot de bain (normal hein). Mais la photographie du film me donnait vraiment l'impression de jouer sur cette sensualité, la sensualité d'un adolescent donc, et ça m'a mis mal à l'aise durant tout le film. Et c'est pareil d'ailleurs avec une scène où on voit une actrice qui joue le rôle d'une adolescente dans une scène un peu érotique, franchement c'était le malaise pour moi. 

Peut-être que ça vient de mon histoire personnelle comme je l'ai dit, je n'en sais rien, quoi qu'il en soit j'ai un profond dégoût pour les adultes (bien adulte j'entends, attention, je parle pas d'un couple où l'un aurait 17 et l'autre 21 ans) qui sont attirés par des adolescents. 

2. L'identification aux personnages

On ne va pas se mentir, pour accrocher aux personnages, il faut un minimum s'identifier à eux. Et on peut venir à apprécier des personnages de meurtriers, d'escrocs, de raclures de la pire espèce. Je ne dis pas qu'un personnage doit nous ressembler pour qu'on l'apprécie. Mais dans le cas d'Elio...

C'est un ado de 17 ans super doué pour le piano, il te sort des petites blagues de petit filou sur Bach (quel esprit subversif), il passe son été à étudier des compositions de musique, à nager dans les rivières de son sublime petit village italien où tout le monde est si charmant, à nager dans la piscine de son énorme maison absolument incroyable au charme pittoresque, à faire des gros bisous et des câlins à ses deux parents super intelligents, riches, érudits, compréhensifs. 

Bordel, y'a rien qui dépasse !

C'est bobo, mais bobo puissance 5000. C'est très chouette pour eux que tout soit si idyllique dans leur vie, je dis pas, mais... pour moi ça a rendu les personnages totalement plats et sans saveur. Pour moi Elio n'avait aucun intérêt, c'était vraiment quelqu'un que je n'avais pas envie de rencontrer et de sympathiser avec lui. C'est peut-être parce que c'est trop éloigné de ma réalité, je ne sais pas, mais je roulais des yeux à chaque moment bobo-nouveau-riche-nais.

La maman super belle polyglotte qui lit à son fils et son mari un conte français en allemand qui s'avère être en phase avec l'histoire d'amour d'Elio et qui l'amène à réfléchir sur le sens de sa vie... Urgh.

Au bout d'une heure de film je me suis rendue compte que je faisais constamment une grimace crispée.

Ah ! Attendez ! On m'apprend qu'il y avait quelques ombres au tableau :

- Une statut commémorative de la Première Guerre Mondiale dans le village (y'a eu beaucoup de morts)

- Un cadre du Duce dans la maison d'une gentille vieille dame pour rappeler que certains ont encore des affinités avec le fascisme 

- Et donc, quelques réflexions sur le fait d'être juif, mais vraiment expéditives (Elio et sa famille ainsi qu'Oliver sont juifs)

- Petite discussion de politique mais ouf ça dévie vite sur Buñuel (un metteur en scène surréaliste de l'avant-garde, vraiment le truc super accessible quoi). 

Voilà... Sinon tout va bien.

3. Les personnages féminins = paillassons humains

Enfin tout va bien en apparence. Parce qu'il y pas mal de personnages féminins dans ce film. Des personnes forts sympathiques si vous voulez mon avis. Mais alors, la façon dont elles sont traitées...

Pour commencer, il y a le personnage de Marzia. C'est une jolie adolescente, amie d'Elio, mais on se rend compte très vite qu'elle est amoureuse de lui.

Que fait Elio avec elle?

Réponse 1 : Il la respecte

Réponse 2 : Il s'en sert comme d'un paillasson

Ouais, c'est la réponse 2. Bravo.

Elio se rend compte qu'il n'est qu'un ado de 17 ans puceau qui envoie la sauce trop tôt si vous voyez ce que je veux dire, attiré par un adulte bien plus expérimenté que lui. Donc qu'est-ce qu'il fait : il se sert de son amie amoureuse de lui pour se dépuceler (la fille aussi par la même occasion, comme c'est sympa). PIRE, un jour il a rendez-vous avec Oliver à minuit et couche donc avec cette fille avant pour... jouir moins vite avec Oliver? Je suppose, je l'ai interprété comme ça et ça m'a écœurée. En plus, Marzia lui dit "je n'ai pas envie de souffrir". Hé hé. Devinez comment elle se retrouve à la fin du film. Spoiler : elle souffre. AH, mais NON, attendez... 

À la fin du film, Elio est tout triste parce qu'Oliver est reparti aux États-Unis (ou je sais pas où mais bref) et elle le voit tout triste et lui dit : "je t'aime, c'est dommage que tu sois triste. Je ne t'en veux pas. Amis pour la vie?"

Comme elle est sympa cette jeune fille. Petit conseil : tu as le droit d'être en colère contre ce connard.

Et parlons en de leur première fois... La fille a l'air d'avoir mal, Elio envoie la purée après quelques secondes et... c'est tout. Il s'arrête là. Ils rigolent tous les deux, Elio trouve que c'était vraiment agréable. Va t-il au moins avoir la décence de continuer parce que l'acte ne se termine pas forcément après que Monsieur ait... CUT. Scène suivante.

D'accord.

~

Le personnage de jeune fille lambda numéro deux (me souviens plus de son nom). C'est l'amie d'Elio et Marzia, elle a l'air un peu plus libérée sexuellement et ce qui est cool c'est que personne n'a l'air de lui en tenir rigueur. Elle tourne autour d'Oliver et réciproquement.

Il se passe alors une aventure entre ces deux là et on sent quand même pas mal qu'Oliver l'utilise pour asticoter Elio. Et devinez quoi? C'est là qu'Elio décide de faire croire à Marzia qu'ils sortent ensemble, pour asticoter de son côté Oliver.

Donc, fille lambda numéro deux ne sert qu'à rendre jaloux Elio. Désolée, t'avais l'air sympa. Tu ne méritais sûrement pas d'être paillassonné comme ça. 

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La mère ! 

Je tiens à dire que l'actrice est sublime et j'ai beaucoup aimé son jeu. Son personnage avait l'air de vivre une histoire d'amour très tendre et complice avec son mari. Vraiment, ils étaient mignons tous les deux. Puis, elle est intelligente (comme on sait ça : elle lit des livres tout le temps et parle plusieurs langues, voilà, c'est comme ça qu'on est intelligent les gens) et elle est vraiment cool avec son fils Elio.

Vraiment, je me disais qu'on tenait le bon bout avec ce personnage. Puis vient la fin du film...

Il y a ce monologue du père et je pense que je vais spoil sévère. Le père d'Elio se confie donc à son fils et lui dit qu'il a eu de la chance de vivre ce qu'il a vécu avec Oliver, que c'était très beau, même si ça le rend triste au final (parce qu'Oliver est reparti) ET que son fils a été là où lui n'a jamais osé aller... Ce qui signifie donc que le père a des désirs et des sentiments pour les hommes qu'il a toujours réprimé. Non, sa femme ne le sait pas. Vous savez, cette femme aimante qui est avec lui depuis des années. C'est juste son alibi social en fait. Cool.

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Y'a aussi un dernier personnage féminin un peu important dans le film et c'est Mafalda, la femme de ménage et qui fait aussi la cuisine. La domestique quoi, la gentille mama italienne un peu sévère et chiante parfois, mais qui au fond aime beaucoup Elio. Un petit cliché fort sympathique en somme.

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Gros spoil de la toute fin : la fiancée d'Oliver.

Eh oui ! Notre deuxième alibi social est là : Oliver était en fait fiancé avec une femme depuis 2 ans et ils vont se marier. Ce qui ne l'a pas empêché d'avoir une aventure avec la fille lambda et Elio. Mais bon, faut bien qu'il se marie pour rassurer tout le monde et lui même, quitte à se servir d'une jeune femme comme d'un paillasson !

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Voilà, c'est vraiment ce point qui m'a irritée le plus tout le long du film. Elio et Oliver (et le père apparemment) se servent allègrement des femmes tout le long du film. Alors, je comprends cette dualité entre "la vie que sont censés avoir des hommes" en confrontation avec leur attirance qui est difficile à vivre dans cette Italie des années 80 (pas sûre que ça ait beaucoup changé mais bon), mais quand même, est-ce vraiment une raison pour faire souffrir et mentir à ce point aux femmes qu'on aime et qui nous aiment?

Et je n'ai rien contre un peu de jalousie provoquée à travers une relation avec un personnage féminin pour titiller l'autre ou pour déclencher une réaction dans une oeuvre de fiction (c'est cliché je l'avoue, mais je comprends cette opposition entre ce qu'on attend de nous et ce qu'on est vraiment, je ne sais pas si je suis claire, mais bref), mais pas à ce point. Pas faire en sorte qu'absolument tous les personnages féminins soient traités juste pour servir d'alibi ou de paillasson aux personnages masculins. 

4. Gay mais pas trop

Un truc que j'adore aussi (non) et qui arrive malheureusement assez souvent lors d'une scène de sexe entre deux hommes dans un film : on ne voit rien.

Et qu'est-ce qu'on a eu à la scène d'avant? Une bonne scène bien érotique entre un mec et une nana. 

Eh bien, Call me by your name tombe exactement là-dedans. Vous trépignez d'impatience de voir la première fois entre Elio et Oliver? Eh bien vous ne verrez rien, si ce n'est un arbre touffu ! Eh oui, la caméra dérape vers la fenêtre quand arrive le moment fatidique. Par contre quand il s'agit de se frotter à une femme, là bizarrement les acteurs n'ont plus de problème à le faire.

Tout ce film, tellement tourné sur la sensualité, toujours à montré Elio à moitié nu (et je m'en passerais bien personnellement parce que ça me perturbe beaucoup qu'on me montre ce corps si enfantin en me disant "va s'y, trouve le sexy" NOPE), qui finalement ne véhicule aucune alchimie sexuelle entre les deux acteurs principaux... voilà quoi. 

J'ai cru comprendre que c'était la faute aux acteurs qui n'avaient ni envie de se montrer nus ni de trop en faire avec un autre homme. Dans ce cas, j'ai envie de dire, ne tourne pas ce genre de films. Après, je tiens l'info d'une interview de James Ivory, scénariste du film. Vous pouvez la retrouver dans le site interviewmagazine.com si ça vous intéresse pour vous faire votre propre opinion.

Mais voilà, des acteurs hétéros qui jouent des personnages gays ou LGBTQ+, c'est un peu le chemin facile vers la petite statuette tant convoitée. 

En conclusion

C'est un peu à chaud que j'ai écrit cette longue critique, mais ça devait sortir ! Parce que j'ai entendu tellement de bien de ce film et qu'au final il ne m'a absolument pas touchée, c'est même pire, il m'a dérangée. 

Si vous voulez voir des films traitant d'homoromance je conseille plutôt donc Le Secret de Brokeback Mountain, Moonlight ou Carole et il en existe évidemment d'autres, mais ce sont mes trois préférés et surtout, il y en a plein que je n'ai pas vu !

  Le Secret de Brokeback Mountain : On ne le présente plus

  Moonlight : Alias "Lalaland-ah-oups-en-fait-non". Que j'ai trouvé très beau et doux dans sa façon d'exposer les choses. Et qui, oh mon Dieu c'est possible dans une romance gay au cinéma, se finit bien ! (enfin, bien, vite fait quoi, on va dire que ça se termine sur une note positive). Ah, et l'acteur qui joue Chiron adulte est... très très séduisant (si ça peut vous convaincre).

Carole : Cate Blanchett. Ce sera mon seul argument.

Sinon, est-ce que vous avez vu le film Call me by your name? 

Qu'en avez-vous pensé?

Bye les gens et merci à ceux qui ont lu ce long déballage d'impressions ! Peut-être que mon opinion changera un jour sur ce film, qui sait.

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