« L'erreur est humaine, un professionnel de santé restant avant tout un être humain, il lui arrive de se tromper. »

Mon professeur de Santé publique

Tout ceci pour vous expliquer un de mes sujets d'étude de ce semestre : la faute professionnelle dans le domaine de la santé. Évidemment les médecins spécialistes sont les plus concernés par ce sujet. Seulement voilà, la frontière entre faute et erreur est parfois subjective et pas forcément évidente !

Déjà, commençons par quelques notions clés :

En médecine, le professionnel a une obligation de MOYENS mais pas de RÉSULTATS. C'est à dire que si votre médecin ne réussit pas à vous guérir ou à trouver ce que vous avez alors qu'il a prescrit tous les examens possibles, qu'il a demandé l'avis de spécialistes et qu'il a tenté différents diagnostics et que malgré tout il vous arrive un truc grave car il n'a pas réussi à poser le bon diagnostic, et bien il n'est pas punissable.

Pourquoi ? Car il a commit une erreur. En effet, malgré son investissement et même si il est très compétent, il existera toujours une maladie qui échappera à sa compétence, une combinaison de symptômes a qui il manquera quelque chose et qui l'entraînera à poser le mauvais diagnostic.

La faute en revanche, c'est le fait de négliger un aspect du problème que pose le patient. Exemple concret : le médecin prescrit des antibiotiques sans demander ou vérifier  au patient si il a une allergie quelconque. Hors le patient et allergique à un excipient dans le produit et le sait. Il fait confiance à son médecin et prend l'antibio, ce qui déclenche une réaction avancée (en gros il meurt). Ce cas est une faute grave car l'allergie était CONNUE et normalement notée dans le dossier médical.

Mais les cas ne sont pas toujours aussi simples !

Récemment, une dame d'une cinquantaine d'année est décédée au service des urgences de Reims après avoir patienté pendant deux heures sur un brancard dans un couloir. Elle montrait selon le médecin des symptômes certes inquiétant, mais non dramatiques et présentait un état stable. Pourtant elle a fait un arrêt cardiaque et personne ne se trouvait à proximité pour la ranimer. Alors, c'est une faute, très clairement me direz-vous. Seulement le médecin de garde venait de réceptionner trois personnes dans un état critique suite à un carambolage sur l'autoroute toute proche, dont un enfant de huit ans et tentait de les stabiliser. De plus on était en pleine épidémie de grippe et gastro, les infirmières, internes et aides soignantes étaient débordées.

Alors, Est-ce toujours une faute ? Peut-on condamner un médecin d'avoir fait passer en priorité des personnes qui n'auraient pas survécu plus de quelques minutes sans soins ?

Peut-on condamner un personnel déjà sur les rotules à cause du manque d'effectif, débordé par l'épidémie, de ne pas avoir réagit à temps ?

Compliqué n'est-ce pas ?

Néanmoins, il semblerait que se ne soit pas le cas pour la famille de la défunte qui a assigné le médecin, le service et l'hôpital en justice car selon eux : « L'incompétence du personnel » a conduit leur proche à une mort évitable.

Et c'est là qu'interviennent les grands maestros chez nous, médecin et étudiants de médecine : le Conseil de l'Ordre, qui lui a d'ores et déjà décrété qu'aucun concerné n'écoperait de peine de leur part.

Le Conseil de l'Ordre est une assemblée de médecins, ils sont donc plus « indulgents » que la justice car ils connaissent les conditions de travail et les capacités des personnels pour Je avoir vécu la même chose.

Après en avoir beaucoup discuté avec des amis étudiants comme moi, j'ai personnellement conclu à une erreur. Néanmoins certains sont persuadés que c'est une faute...

Alors je vous le demande à vous : erreur ou faute ?