Hors série Tess Dragonneau (OS)
Les choses auraient pu être différentes
Parmi les nombreuses réalités du Multivers, nous n'en n'avons exploré qu'une seule où existe celle qu'on appelle "Tess Dragonneau"
Et si aujourd'hui, nous en voyions une autre ?
***
Le tonnerre frappa encore. C'était la sixième fois qu'Anne voyait un éclair par la fenêtre, et elle détestait ça. Un soupir s'échappa de la bouche de la jeune Serdaigle, soupir qui en devient un de soulagement lorsque la foudre cessa enfin. Dehors, la pluie commença doucement à tomber et elle regarda les gouttes s'échouer sur la vitre, assise sur une chaise, les bras croisés sur la petite table face à elle. Quelqu'un toqua à la porte de sa chambre, lui faisant relever la tête. Avant qu'elle ne réponde Drago entra, impassible.
- Elle a enfin arrêté ? demanda-t-il
Anne hocha la tête en se levant de sa chaise et jeta un dernier coup d'œil à la fenêtre avant de se diriger vers son frère.
- Je ne sais pas ce qui lui a prit tout à coup...mais je crois que ça va mieux.
Le blond regarda sa soeur le dépasser et sortir de la chambre. Il la suivit silencieusement et tous deux commencèrent à descendre les escaliers du manoir.
- Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda Drago qui voyait parfaitement bien que la châtaine avait une idée en tête, Par sa faute il pleut dehors.
- Oh ça va, c'est juste de la pluie ! C'est plus l'orage qui me dérangeait mais c'est fini.
- Tu sais que c'est dangereux d'aller la voir.
- Je n'ai pas peur de ce qu'elle pourrait me faire.
La jeune fille adressa un sourire rassurant à son frère qu'il lui rendit difficilement. Quand ils arrivèrent dans le salon, seule Narcissa était assise à la table du manoir, en train de trier des papiers. En les entendant, l'adulte releva la tête et sourit avec tendresse.
- Salut maman, lancèrent d'une même voix Drago et Anne
- La foudre a cessé, je crois qu'elle s'est calmée, leur dit leur mère en se repenchant sur ses parchemins
- Je vais voir, répondit Anne en ouvrant la porte menant à l'extérieur, Mais Drago reste ici, il a trop peur de la pluie.
Un rire s'échappa de la bouche de Narcissa tandis que le jeune Malefoy rougit de honte. Sa soeur sourit en coin puis sortit du manoir sans un mot de plus.
Il y a avait dehors une belle averse, et certaines gouttes s'écrasèrent avec une force anormale sur la capuche qu'Anne revêtit. Aucun doute: cette pluie n'avait rien de naturel et n'était dirigée que par des émotions. De la magie ? Assurément. Et il n'y avait qu'une seule personne capable de faire cela sans même s'en rendre compte.
La jeune fille avança dans le jardin du Manoir Malefoy en plissant les yeux pour mieux distinguer les éléments autour d'elle. A cause du tonnerre qui avait éclaté il y a une demi-heure environ, les nuages étaient noirs et cachaient entièrement le soleil. Déjà que cet endroit n'était pas réputé pour être très lumineux, avec l'averse de pluie en plus, il était vraiment difficile d'y voir quoique ce soit. Mais la jeune Serdaigle était douée: elle lança un sort pour écarter les gouttes devant elle, lui permettant de marcher sereinement et de mieux voir autour d'elle. Une silhouette humaine se révéla tout au fond du jardin à sa gauche. Dans un petit sourire, la châtaine avança jusqu'à cette personne. Plus elle marchait et mieux elle la voyait: c'était une jeune fille de son âge, seize ans, aux cheveux châtains également, mais parsemés de mèches blondes, même s'il était difficile de discerner la couleur de sa chevelure trempée. Elle était habillée d'une chemise noire et d'un pantalon de la même couleur. L'adolescente était assise dans l'herbe et regardait dans le vide face à elle. Elle tenait fermement une baguette dans sa main, si fermement qu'Anne crut qu'elle allait la casser. Mais ce n'était pas étonnant, la fille semblait tout à fait furieuse.
Quand la Serdaigle arriva aux côtés de son amie, elle s'assit dans l'herbe trempée avec elle. On entendit l'autre soupirer et baisser la tête en fermant les yeux.
- Je suis désolée, dit-elle finalement en brisant le silence
Anne sourit en la regardant.
- Non, ce n'est pas grave.
- Je sais que tu détestes l'orage et pourtant j'en ai créé un.
Elle rouvrit ses yeux et tourna la tête vers la châtaine cachée sous sa capuche.
- Alors je suis désolée, répéta-t-elle
- Tu sais, je comprends ta réaction Tess.
Tess Lupin Dragonneau, notre protagoniste là depuis si longtemps, la fille ayant perdue la mémoire, la Gryffondor animagus Oiseau-tonnerre. Il lui avait juste suffit de sortir ses ailes, de voler haut, très haut au-dessus du Manoir Malefoy et d'un battement d'aile, de déclencher un terrible orage. C'est toute sa rage et ses émotions fortes qui avaient créé cette pluie aux gouttes aussi grosses et puissantes que sa colère.
- Tu as réussi à faire peur à Drago, lança Anne après un instant de silence
Tess sourit et esquissa un rire.
- Avec l'orage ou avec mes ailes ?
- Ni l'un ni l'autre: avec la pluie.
Elles se regardèrent et éclatèrent toutes les deux de rire. Ce sentiment de joie envahit la jeune Dragonneau et immédiatement, l'averse se calma petit à petit.
- Il m'a aussi mit en garde contre toi d'ailleurs, rajouta Anne
- Et il a bien raison. Même moi je me fais peur quand j'utilise la foudre.
- On ne sait rien de plus sur ce phénomène ?
- On sait qu'étant animagus Oiseau-tonnerre et étrangement lié à cet animal fantastique je peux me transformer en lui ou avoir ses ailes. Et puis on sait que je peux faire tout ce que lui peut faire c'est-à-dire déclencher un orage et par extension une averse de pluie.
- Et pour ce qui est du contrôle de la foudre ?
Tess marqua un temps de pause. Cette question était délicate, et elle ne savait pas vraiment comment y répondre.
- Et bien...je présume que par extension je peux aussi contrôler la foudre. Enfin en théorie (elle eut un rire faux), puisqu'en vrai je ne contrôle rien du tout, mes émotions font le travail à ma place. La preuve: cette pluie. Si je pouvais vraiment contrôler cette magie bizarre jamais je n'aurais choisi de créer tout ça...
La fille Malefoy posa une main rassurante sur l'épaule de son amie. La pluie avait entièrement cessée à présent et les nuages s'éclaircissaient pour laisser place au soleil. C'était amusant aux yeux de la Serdaigle de voir que son amie pouvait presque contrôler la météo sans s'en rendre compte.
C'était un fait, la sixième année scolaire des filles n'avaient pas été de tout repos. Plus la jeune Dragonneau grandissait et plus ce lien avec l'Oiseau-tonnerre devenait fort. En début d'année, elle s'était énervée après une élève de sa maison, Ginny Weasley, et une formation fascinante avait eu lieu: les yeux de Tess avaient pris la couleur des éclairs, des étincelles étaient sorties de ses mains, et en un instant elle s'élevait dans les cieux grâce à ses ailes dorées. Ce jour là, elle avait découvert qu'elle pouvait contrôler la foudre lorsqu'inconsciemment elle avait fait dévier un éclair sur Ginny qui avait heureusement réussi à l'éviter. Mais en retombant au sol elle s'était évanouie, et en se réveillant à l'infirmerie, elle n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé.
Après plusieurs mois à étudier cet étrange pouvoir avec son père Remus Lupin, son frère Norbert Dragonneau et une de ses meilleures amies, Olive Rainbow (qui avait été très intriguée en voyant Ginny frôler la mort), Tess avait toutes les informations qu'elle possède aujourd'hui. Olive et elle avaient fait quelques tests et expériences et avaient comparé ses réactions avec celles d'un Oiseau-tonnerre ordinaire. Pour cela elles avaient prit Frank, qui n'avait pas du tout été concentré et qui à la place n'avait fait que de demander des câlins à sa "maîtresse" qui évidemment n'avait pas su résister. Mais finalement, après de longs mois, il y avait eu des résultats. Il y avait aussi eu une avancée mentale puisque Tess ne s'évanouissait plus après avoir utilisé ce pouvoir et qu'elle le contrôlait un peu mieux. Même si, comment nous l'avons vu plus tôt, elle n'avait pas un contrôle absolu sur ce phénomène. Et un problème survenait: la jeune femme avait été totalement traumatisée en apprenant qu'elle avait failli tuer une élève - bien qu'elle soit sa pire ennemie - et avait à présent horriblement peur d'elle-même et de ce qu'elle pourrait inconsciemment faire.
Remus et Norbert avaient longtemps réfléchi et voulaient absolument que Tess règle le "problème tonnerre" - comme ils l'appelaient - pendant les grandes vacances. C'est pourquoi pour début juillet, ils prirent la décision de l'envoyer au Manoir Malefoy où vivait Anne, l'autre meilleure amie de la Gryffondor. Et une personne prit la charge de l'aider: Lucius Malefoy, qui avait disparut depuis plusieurs jours.
- Laisse toi du temps, les recherches ne sont pas finies, rappela Anne à son amie, Je suis sûre que tu finiras pas trouver tes réponses.
Tess sourit et redirigea son regard vers le sol.
- Tu diras ça à ton père, je te rappelle que c'est pour ça que je suis venue ici. Enfin si on le trouve vu que ça fait trois jours, quatre aujourd'hui, qu'il est introuvable et qu'il est partit sans rien dire.
- Tu sais quoi...tu lui diras toi-même.
Les sourcils froncés, la jeune Lupin se tourna vers son amie mais celle-ci ne la regardait pas, elle regardait au loin un point. En suivant son regard, le coeur de la Gryffondor s'accéléra. Une voiture arrivait, entièrement noire; la voiture qu'utilisait Lucius lorsqu'il se rendait dans la partie Moldue du monde. La bouche entrouverte, Tess regarda la voiture se rapprocher de plus en plus puis se leva d'un bond et commença à marcher rapidement en direction du Manoir. Surprise, Anne la suivit.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne veux pas le voir !
Elle accéléra l'allure.
- Tess, il est censé t'aider ! Si tu pars je doute qu'il puisse faire grand chose...
- Je n'ai pas besoin d'aide !
Et elle mentait, elle le savait bien sûr. La jeune fille s'emporta, et elle se retourna d'un coup vers la Serdaigle. Ses ailes sortirent d'un coup de son dos et Anne fit un pas en arrière en dirigeant inconsciemment sa main vers sa baguette. Tess regarda ce geste, secoua la tête en baissant les yeux puis s'envola jusqu'à la fenêtre de la chambre qu'elle occupait pendant que Lucius se garait devant sa propriété.
Un jour, je les tuerai tous sans le vouloir. Je perdrai tout, tout ce que j'ai et tous ceux que j'aime à cause de ce pouvoir dont je ne voulais pas. Je suis dangereuse et ils le savent, ils l'ont enfin compris.
Mais bien sûr qu'elle voulait le voir, bien sûr que Tess voulait voir Lucius venir à elle. C'était tout ce qu'elle voulait en ce moment, le revoir après ces trois longs jours passés sans sa présence. Elle voulait qu'il la prenne dans ses bras, qu'il la rassure et lui dise que tout irait bien même si c'était faux. Elle voulait qu'il lui raconte les plus beaux mensonges auxquels il pouvait penser, les plus belles illusions jamais imaginées. Et elle voulait entendre sa voix les lui souffler doucement, les souffler si bien qu'elle croirait à ces mensonges et ces illusions. Pourtant en cet instant, tout ce qu'elle vit fut l'horrible réalité du monstre qu'elle était devenue, et tout le mal qu'elle pouvait lui causer, à lui comme aux autres.
En passant par sa fenêtre ouverte, elle laissa une larme couler sur sa joue qu'elle sécha d'un coup vif. Lorsqu'elle volait ainsi, elle avait l'impression d'être une fée. Mais pas une fée comme la marraine de Cendrillon, plus une fée déchue comme Maléfique.
Elle fit quelques pas dans la chambre et arriva devant le grand miroir dans lequel elle se voyait en intégralité. A cet instant, elle eut envie de le briser en milles morceaux, pour ne plus jamais voir son reflet, plus jamais. Mais elle ne le fit pas, déjà parce qu'elle n'avait pas la force nécessaire pour briser du verre, et puis surtout parce que miroir ne lui appartenait pas. Alors elle resta figée ici à détailler les moindres détails de sa personne. En entrant à Poudlard, elle adorait voler partout et se transformer, elle se sentait spéciale. C'était toujours le cas, mais aujourd'hui elle haïssait se sentir spéciale. Lentement, elle leva sa main tremblante et elle se rappela voir la foudre dans sa paume.
Elle se rendit soudain compte qu'elle avait froid. Elle était gelée avec ses cheveux trempés qui goutaient sur le sol. En se regardant encore elle distingua ses cernes et la saleté de ses ailes censées êtres d'un doré éclatant mais qui tiraient plus sur une couleur de boue. Elle les rangea tristement et quand elle le fit, le cri de terreur de Ginny lui revint en tête. Ce cri horrible qu'elle avait poussé en voyant Tess créer un orage rien que pour la tuer, elle ne pourrait jamais l'enlever de sa tête.
Une nouvelle larme coula sur sa joue et elle sentit ses jambes devenir faibles. Ce n'était pas étonnant, voilà trois jours qu'elle ne dormait pas et elle venait d'utiliser beaucoup de son énergie en provoquant cet orage. Elle s'assit difficilement dos à la porte de la chambre qu'elle prit soin de fermer à clé.
Des pas se firent entendre dans l'escalier ainsi que deux voix, deux voix qu'elle connaissait très bien, trop bien. Pourtant elle voulait qu'ils ouvrent cette porte pour l'aider.
Tu vas perdre le contrôle et tu vas les tuer à le seconde où ils rentreront, lui assura une voix intérieure
Tess se mit silencieusement à pleurer et les pas s'arrêtèrent devant la porte. Elle entendit Anne dire "D'accord" puis faire demi-tour et redescendre les escaliers. D'après ce qu'elle percevait, l'autre s'asseyait dans la même position qu'elle: collé dos à la porte. Il y eut un instant de silence où tout ce qu'on entendait était les reniflements que Tess essayait de retenir au mieux.
- Est-ce que tu m'entends ? entendit-elle de derrière la porte
Lucius, songea-t-elle, mais elle ne répondit pas. Elle avait si peur et si envie de parler à la fois, elle préférait pleurer, c'était largement plus simple. Mais pourrait-elle jouer la simplicité toute sa vie ? Certainement pas.
- Va-t-en..., murmura-t-elle avant de pleurer de plus belle
Il n'y eut pas de réponse. Aucun des deux ne parla et Tess se sentit horriblement mal. Elle pleurait, il le savait et l'entendait, pourtant il ne bougeait pas et ne faisait rien. Elle crut que son coeur allait partir en miettes, mais sûrement l'était-il déjà. Pendant de très longues secondes, ils restèrent dans ce silence pesant qui eut le don de perturber pour la première fois de sa vie le blond.
- Je ne m'en irai pas, répondit-il finalement avec sureté
Le coeur de Tess retrouva quelques battements. Elle fut si heureuse d'entendre ça qu'elle sourit.
- Alors comme ça tu terrifies mon fils avec de la pluie ? lança Lucius derrière la porte en changeant de sujet
Cette remarque arracha un rire à la Gryffondor et la fit pleurer encore plus.
- Pourquoi...est-ce que tout le monde dit ça ? répondit-elle entre deux sanglots
- C'est ce qu'Anne m'a rapporté de cette matinée, ou du moins une partie.
Tess dû se mordre la lèvre inférieur pour ne pas sangloter plus, mais elle le fit si fort qu'elle se fit saigner.
- Je suis désolée..., murmura-t-elle, incapable de parler plus fort
- Je ne t'en veux pas, je voudrais juste que tu ouvres cette porte pour que nous puissions parler.
- Et parler de quoi ? lâcha-t-elle un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu, Parler du fait que tu as disparu pendant trois jours sans rien dire à personne ?!
- Tu te trompes, répondit calmement Lucius
Si elle en avait eu le courage, la châtaine aurait rit de cette remarque stupide mais pour la première fois de sa vie, la Gryffondor n'eut aucun courage.
- Une personne savait où j'étais, reprit le blond, Je l'avais dit à Narcissa. Ils vous suffisiez de lui demander.
- Tu te fiches de moi j'espère ?
- Absolument pas.
- Alors explique moi pourquoi tu n'as pas été fichu de nous dire par toi-même où tu allais.
L'adulte ne répondit pas tout de suite, il soupira à la place.
- C'était une surprise, expliqua-t-il, Et elle aurait été gâchée si je te l'avais révélée en avance.
Les larmes de la châtaine se calmèrent. Surprise, elle ne sut pas quoi répondre et sécha simplement la trace de ses sanglots d'un geste de la main.
- Mais...pourquoi...? s'étonna-t-elle en se redressant légèrement
Un sourire se dessina sur les lèvres de Lucius.
- Tu veux bien que j'entre maintenant ? répondit-il juste avec douceur
Elle hésita. Une voix en elle lui hurlait d'ouvrir cette porte, de la briser à tout jamais pour que plus rien ne la sépare de lui, mais une autre lui rappelait la scène dans le jardin, il y a quelques minutes encore.
- Si tu entres, tu mourras. Ou au mieux, tu en ressortiras gravement blessé et tu finiras à Saint-Mangouste à cause de moi.
Cela ne dissuada nullement l'adulte qui se leva.
- Alors j'aurai le plaisir de voir ceux que j'aime me rendre visite chaque jours pour prendre de mes nouvelles. Anne, Drago, Narcissa,...toi.
La jeune fille rougit à l'entente de cette phrase mais se ressaisit.
- Tu penses que c'est un jeu ? Tu penses que tu peux rire de ça et mettre ta vie en danger pour une surprise ?
- Je suis prêt à prendre le risque si c'est pour toi.
Elle rougit de plus belle, touchée. Elle se rappelait Narcissa, assise en bas en train de trier des parchemins. Elle avait été l'amante de Lucius, mais ils avaient finalement divorcé en choisissant de rester amis. Elle vivait encore là pour ses deux enfants Anne et Drago, mais plus du tout pour Lucius.
- S'il te plaît, reprit le blond, Ouvre cette porte, tu ne le regretteras pas.
Mais toi tu le regretteras.
Malgré ses pensées, Tess se releva difficilement en s'appuyant contre la porte. Ses jambes étaient toujours aussi fébriles et elle peinait à rester debout, manquant de tomber à chaque pas. Dès qu'elle se leva elle se sentit étrange, très étrange. Une sensation désagréable parcouru son corps et un froid intense la frappa. Elle eut juste le temps de tourner la clé dans la serrure et d'ouvrir la porte avant de tomber en avant, les jambes tremblantes. A ce moment elle fut heureuse d'avoir ouvert cette porte puisque Lucius se précipita devant elle et la rattrapa. Il la releva sur ses jambes mais elle sentit qu'elles tremblaient encore. La châtaine se tint à lui, n'osant plus le regarder en face.
- Excuse moi, je ne me sens pas très bien..., avoua-t-elle
L'adulte fronça les sourcils en constatant la mine déplorable de la jeune fille. Mais il ne dit rien, jugeant que ce n'était pas le moment approprié pour parler de cela. Il l'aida à marcher jusqu'à son lit et l'assit avant de lui sourire, un sourire sincère qu'elle lui rendit timidement.
- Suis-je mort ou blessé ? Non. Je crois que l'observation de ma fille est bonne: seule tes émotions négatives te font perdre le contrôle, mais là tu n'en ressens aucune alors je ne crains rien.
Il dit ça calmement mais surement. Rassurée et le coeur réchauffé, Tess hocha simplement la tête, les yeux rivés sur Lucius. Jamais il n'avait semblait aussi parfait, éclairé par les rayons de soleil traversant la fenêtre. Il n'y avait plus un nuage à l'horizon, seulement l'astre flamboyant illuminant l'espace. Et en cet instant, il brulait aussi fort que le coeur de la jeune fille.
- Merci beaucoup, le remercia la châtaine en le regardant droit dans les yeux
Il lui sourit juste en guise de réponse.
- Attends moi un instant, je reviens tout de suite.
Elle hocha à nouveau la tête et regarda s'éloigner Lucius quittant la chambre. A la seconde où il disparut, Tess se laissa tomber en arrière. Elle comprit tout de suite ce qui lui manquait: du repos. Mais elle avait été incapable de dormir pendant ces trois derniers jours. Sa tête lui avait posé des milliards de questions, et elle avait eu si peur que Lucius revienne pendant qu'elle dormait qu'elle n'avait pu se résigner à fermer l'oeil. Elle se sentit stupide de réaliser qu'elle avait fuit lorsqu'il était enfin revenu.
Justement, il revint à nouveau à peine cinq minutes plus tard, le temps de traverser les couloirs du manoirs, de retourner à sa voiture et de revenir à la chambre de Tess. Celle-ci se força à se rasseoir en l'entendant monter l'escalier à grandes enjambées.
- Je suis là ! prévint-il en entrant, un gros livre dans les mains, C'est ce que je voulais te montrer. Il n'en n'existe que chez les Moldus alors j'ai dû faire le déplacement.
La jeune fille fut très touchée par ce geste, même si elle n'avait aucune idée de ce qu'était ce livre. Elle regarda Lucius se rassoir à ses côtés et lui montrer la couverture.
- "Contes et légendes du monde", lut-elle à voix haute, Des contes pour enfants ?
Elle haussa les sourcils mais sourit tout de même. Le blond secoua la tête.
- Pas tout à fait. Il y a quelque chose dans ces livres que je trouve très intéressant et c'est la représentation des monstres.
Le sourire de Tess s'effaça lentement.
- Des monstres...? répéta-t-elle plus doucement
Lucius acquiesça, feuilletant le livre. Il s'arrêta sur une page et la montra à la châtaine qui sursauta de surprise.
- Qu'est-ce que c'est ça ? demanda-t-elle en s'éloignant un peu
- Pour les Moldus, un Ogre.
Il y avait là une piètre représentation de ce qu'était les vrais Ogres. Dans le livre, le dessin représentait un gros bonhomme vert avec une hache, habillé d'un pantalon miteux et avec deux grosses et uniques dents sur sa mâchoire du bas. Etonnement, Tess fut très intriguée et après réflexion se rapprocha à nouveau du livre. Les Ogres qu'elle avait déjà vu avec une tête de potiron et de grosses oreilles décollées. Ils portaient des tuniques souvent recousues et avaient une énorme massue en bois.
- Et c'est ça...un monstre pour eux ? comprit la jeune femme en relevant les yeux sur Lucius
Il hocha la tête.
- C'est une des représentations, mais ce n'est pas tout, regarde.
A nouveau il feuilleta le livre avec un sourire. Tess ne put détacher son regard de l'adulte. Ses cheveux blonds retombaient de son oreille gauche mais l'autre côté de la chevelure était proprement callée derrière l'oreille droite. De ses doigts, il tournait les pages et laissait son regard parcourir textes et images. Elle voyait qu'il parlait puisque ses lèvres bougeaient, se refermant parfois quand il terminait un mot. Pourtant elle ne l'entendait pas, son ouïe quitta son corps le temps de quelques secondes pour seulement admirer la beauté de l'être se tenant à ses côtés. Tess oublia tout son mal-être et se sentit étrangement bien ici, aux côtés du blond, assise sur son lit. Et soudain, elle ne voulu plus quitter le Manoir Malefoy, elle voulu y rester pour toujours même si cela était impossible. Elle voulait rester à ses côtés, au moins deux ans, le temps d'avoir dix-huit ans et de tout lui dire. Car elle pouvait le nier autant qu'elle le voulait, la jeune fille savait très bien pourquoi son coeur battait la chamade dès qu'elle le voyait, pourquoi le temps s'arrêtait quand il parlait, pourquoi des papillons germaient dans son ventre dès qu'il prononçait son nom. Et si cet amour était impossible, ce n'était pas grave, elle attendrait. Elle attendrait et un jour, elle l'aurait.
- Lucius ? osa la châtaine d'une voix étrangement sûre
Elle comprit qu'elle l'avait coupé dans une explication mais il releva la tête sur elle en souriant.
- Qu'il y a-t-il ?
Tess prit une grande inspiration et regarda par réflexe ses mains frêles, ne pouvant affronter le regard de l'homme.
- Tout à l'heure, plus tôt dans la matinée j'ai...comment dire...pété les plombs. Je sais qu'Anne t'as déjà raconté ce qui s'est passé mais je voudrais te donner ma version des faits puisque je suis responsable. Je ne me suis pas énervée à cause de toi, j'étais en colère contre moi même. Tu le sais, j'ai...peur, de tout ça (elle leva ses mains à la lumière) et de ce que je pourrais faire. Le fait que tu partes sans rien dire m'a affecté bien sûr mais ce n'est pas pour cette raison que l'orage s'est abattu au-dessus du Manoir Malefoy, c'est juste moi qui ai peur de moi-même et qui ne veut pas vous faire de mal, te faire de mal. Et je suis désolée de m'être emportée mais ce n'est pas vraiment ma faute...je crois...
Quand elle leva les yeux vers Lucius, il souriait.
- Non, c'est vrai, ce n'est pas ta faute, affirma-t-il, Et je t'aiderai à faire en sorte que tu ne perde plus le contrôle.
Il prit doucement sa main et même si la châtaine frémit à ce contact, elle le laissa faire sans détourner le regard.
- Après tout, c'est pour cette raison que tu es là, non ? rajouta Lucius
Tess eut un petit rire qui sonna niais à ses oreilles.
- Oui, c'est pour cette raison que je suis là.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top