Mauve Lila

Un texte que j'ai écrit pour ma pièce de théâtre, en 2024. Nous jouions "La mastication des Morts", de Patrick Kermann : il s'agit en fait d'épitaphes que prononçaient les défunts après leurs morts, de discussions entre eux, ou même encore, de dialogues se passant avant leur mort, lorsqu'ils étaient en vie, mais toujours tournant autour du même sujet : la mort. Le but n'était pas que de faire pleurer, mais aussi de montrer que la mort était une seconde vie... D'ailleurs, il y a eu plus de rires que de larmes ! Maiiis. J'ai eu la bonne idée d'écrire un tableau pour la pièce. Un tableau paaaas vraiment joyeux, mais il en faut. C'est ma meilleure amie qui l'a joué, et à nous deux, il paraît que nous avons fait pleurer professeurs et autres spectateurs. J'en suis donc assez fière, au point de vous le partager.

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Mauve Lila 


 Lila, 14 ans, fille d'entrepreneurs, a été enlevée et assassinée peu après. Elle s'adresse à son agresseur, resté en vie, et surtout, en liberté. Elle se tient face à lui, mais on comprend bien qu'un monde les sépare : lui est en vie, elle, est morte. 

 Lila : Tout ça pour ça ? Vraiment ? J'arrive pas à y croire. Tout ça pour ÇA ? Toute cette peur, ces menaces, cette violence, tout ça, c'était pour me tuer au bout du compte ? 

 Un temps.

 Lila : Qu'est-ce que je t'avais fait, hein ? À part marcher dans la rue, qu'est-ce que je t'avais fait ? QU'EST-CE QUE JE T'AVAIS FAIT ?

 Il reste impassible ; normal, il ne l'entend pas. Mais elle continue de déverser toute sa haine et sa rage. 

 Lila : Parlons-en de ça ! Mon père avait payé ta foutue rançon ! Tu aurais dû me libérer ! Mais tu ne l'as pas fait ! Mais POURQUOI ? Tu avais peur que j'aie vu ton visage, c'est ça ? Mais tu n'en n'avais pas besoin, droguée comme je l'ai été, je ne reconnaissais plus rien ni personne ! Même ta voix était étouffée, je me rappelle juste de ton timbre caverneux. Et de ton rire épouvantable. Un mélange entre l'aboiement et le hurlement. Effrayant. Comme tout le reste.

 Elle pleure, à présent

 Lila : La peur, la violence. Tes coups, ils étaient vraiment obligatoires, n'est-ce pas ? Le bâillon qui m'étouffait aussi ? Tes injures, tes menaces ? Et pour finir, le poison ? 

 Silence. 

 Lila : J'aurais dû me méfier dès que j'ai vu cette étrange fiole remplie de liquide mauve lilas que tu dissimulait à la hâte dans ta poche. Je n'aurai jamais dû manger. Tu as achevé ma vie à quatorze ans. 

 Silence. 

 Lila : Tu m'as tuée, pour que jamais je ne parle. Mais tu sais quoi ? Tu sais quoi ? Tu m'as pris ma vie, mais tu ne peux pas prendre ma voix. Je suis ici, dans l'au-delà, et je te parle. Tu pensais peut-être que ton acte me réduirait au silence, mais tu te trompes. Je suis ici pour te dire que tu n'as pas gagné. Je suis ici pour te dire que tu ne m'as pas brisée. Et je suis ici pour te dire que tu seras tenu responsable de tes actes ! 

 Silence. 

 Lila : Tu ne peux plus me faire taire avec un bâillon. Tu ne peux plus me faire taire. Plus maintenant. Plus jamais. 

 La lumière s'estompe. Noir.

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Bon après, la mise en scène a été changée, mais j'aimais beaucoup mon texte. J'étais fière parce que ceux que j'avais écris pour l'année précédente n'avait pas été validés par la prof. Il paraît qu'on se doutait facilement de la fin. Le thème de l'année dernière, c'était l'amour. Alors moi, j'avais voulu écrire sur deux thèmes : l'amitié qui tourne à l'amour, et l'amour toxique.  Et la prof ne m'avait pas vraiment fait de retour positif, du coup j'avais laissé tomber. Du coup cette année, j'étais troooop contente !

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