Je cligne des yeux, et le monde disparaît. Je n'entends rien, la musique m'assourdit. L'alcool m'envahit. Pendant des heures dans le noir au milieu d'inconnus, je suis qui je veux. Personne ne peut m'atteindre. Rien ne peut m'arriver.
J'embrasse des inconnus parce que personne ne s'en souviendra le lendemain. Je vis chaque minute comme si c'était la dernière. Je ne pense plus à rien.
Je réserve des vols vers d'autres pays, je bois, je danse, j'oublie mes responsabilités, j'oublie ce que j'ai à faire, je ris, je prend des photos, je me créé des souvenirs.

Mais il y a toujours ce moment. Chaque nuit devant le miroir quand le flou m'empeche de penser clairement. Quand je vois à peine mon reflet. Quand je pense à qui je suis. À ce que je fais.

Je reste toujours lucide. Je me gère. Je sais ce que je fais. Je connais les prénoms de tous ceux que je rencontre.

Mais plus les soirées s'enchainent moins je m'attache.
Moins je m'attache plus je me lasse.
Les hommes deviennent des objets
Peu se distinguent.
Ils disent tous les memes choses, utilisent les memes techniques, veulent tous la même chose.
Je joue avec eux. C'est drôle. Ça me fait sentir vivante. Ce n'est pas fait pour durer.