6 - Sous cette pluie

Bien. Il était tant que je l'écrive, ce texte. Il était tant que je vide mon sac, à ce sujet. Tu ne liras jamais ça. Personne ne le lira, sûrement. Mais écrire me fait du bien.

Demain, cela fera une semaine. Une semaine que tu es parti. Une semaine que tu m'as laissé là, sans explication.

Hayden. Tu te souviens ? Tu te souviens de la façon dont on s'est rencontré ? C'était début Janvier. Je possédais un compte où je roleplayais Jyugo, et toi, tu faisais Elf. Tu as été le premier Elf, le seul pendant un long moment. Alors j'ai été vraiment heureux-e, lorsque tu es venu me parler. J'étais nerveux-e, certes. Je le suis toujours, au début. Mais même si j'avais du mal avec ta personnalité, j'appréciais vraiment roleplayer avec toi. Tu étais, et es toujours, un excellent Elf. Ca, on ne pourra jamais te l'enlever.

Mais petit à petit, on a commencé à sortir de nos personnages, pour nous rapprocher de façon réelle. J'ai appris que tu venais du Canada, du côté Anglophone. Tu te souviens comme tu te sentais gêné de ne pas savoir parler Français, et que je te rassurais, en te disant que ce n'était pas grave, que je maîtrisais bien l'Anglais, et que je te promettais de d'apprendre le Français, un jour ?

Je ne saurais pas dire ce qui a fait que l'on s'est tant rapproché. Ce qui a fait que j'ai commencé à t'aimer. Peut-être parce que tu étais absolument adorable, avec moi ? Oui, ça doit être ça. Dans tous les cas, j'ai commencé à casser mes rythmes de sommeil, pour pouvoir te parler, au vu du décalage horaire qui nous entravaient. Et je séchais souvent les cours du matin pour rattraper mes nuits passées à sourire comme un-e idiot-e à la vue de chacun de tes messages.

Et puis, heh, j'ai fini par prendre mon courage à deux mains. Je t'ai appelé un soir sur Skype, et je t'ai balancé de but en blanc que j'avais le béguin pour toi. Ton « Reallyyyyy ? » était vraiment drôle, et très mignon ! Quand j'y repense, je ne peux m'empêcher d'esquisser l'ombre d'un sourire. Tu m'as avoué que tu ressentais la même chose. Mais tu as préféré que l'on ne se mette pas ensemble, parce que tu ne te voyais pas dans une relation polyamoureuse. J'étais tout de même heureux-e d'avoir pu libérer mon cœur de ce poids. Et puis, on demeurait ami-e-s, donc c'était ce qui comptait !

On a continué à se parler, énormément, se rapprocher de plus en plus. Des nuits sur Skype, des discussions sans aucun sens, des guerres de memes... On en a fait, hein ? J'en garde de très bons souvenirs. J'ignore ce qu'il en est, de ton côté. J'ignore même si je te manque comme tu me manques.

Je ferai l'ellipse sur la partie concernant Sin. Parce que je me sens en paix, le concernant. Il accepte que je continue de lui parler, même si les choses ne seront sans doute plus jamais les même entre nous deux non plus. Mais bref.

Le temps a passé... Et tu as commencé à t'éloigner, sans que je ne comprenne pourquoi. Tu es devenu plutôt froid, et distant, agissant comme si j'avais commis d'atroces immondices à ton sujet. J'essayais de ne pas trop y prêter attention, cela dit. J'aurais peut-être dû, au final.

Et puis, cette nuit-là est arrivée. Je me suis réveillé-e, et, comme souvent, ai jeté un œil rapide à mes notifications.

Hayden a actualisé son statut. Cela faisait à peine deux minutes. Je suis allé-e le voir.

« Est-ce que je devrais le-a supprimer de mes amis ? »

J'ai eu... Un très mauvais pressentiment. J'ai décidé de rester un peu réveillé, pour m'assurer que tu ne ferais pas ce que je pensais. Mais l'utilisation du neutre dans ta phrase me faisait très peur. Tu ne parlais de personne avec le pronom « them » à part moi.

Hayden a actualisé son statut.

« Oh, et puis merde, je le fais. »

J'ai senti mon rythme cardiaque s'affoler. Lorsque je me suis rendu sur ton profil pour vérifier... Ce petit bouton était là. « Envoyer une demande d'ami ».

Mon cœur s'est arrêté.

Mon sang s'est glacé.

Mes larmes ont coulé.

Je n'ai pas été capable de me rendormir, cette nuit-là. Je n'ai pas été capable de te demander ce que j'avais fait de mal. Tout ce que j'étais capable de faire, c'était de rester là, sans comprendre. D'avoir le plafond qui s'effondrait sur mon crâne.

C'est à Evan que tu as expliqué. Enfin. Pas vraiment. Tu lui as dit que tu avais tes raisons. Mais tu ne les as jamais vraiment exposées.

« Iel en demande trop. », « J'en viens à penser que je m'entendrais mieux avec toi qu'avec Feli ».

Je n'ai jamais eu le souvenir de trop en avoir demandé. Si c'est l'impression que tu avais, je m'en excuse.

Je faisais tout pour que tu sois heureux, me faisant passer au second plan. Je ruinais mes nuits et mes études pour parler avec toi, te rassurer quand tu allais mal. Je t'ai envoyé de l'argent, lorsque tu devais emmener ton chat en urgence chez le vétérinaire, mais que tu n'en avais pas les moyens. Je t'ai aidé à te confesser à ton copain. Bien sûr, je ne te blâme pas pour tout cela. J'étais ravi-e de t'aider, à chaque fois.

Et pourtant, tu en es venu à me détester.

A dire que j'étais une personne toxique.

Ca fait très mal, tu sais ? C'est extrêmement douloureux. A chaque fois que j'y pense, j'ai la poitrine qui se serre. Mais maintenant, on n'y peut plus rien. Pas vrai ?

Je suppose que l'on doit juste vivre nos vies de notre côté. Sans chercher à reprendre contact avec l'autre. Mais, hey. Sache que ça a été un honneur d'être ton ami-e. Tes dessins me manqueront. Ton écriture me manquera. Ta voix. Ton visage. Ta présence. Tout cela. Ca me fait bizarre de ne plus me réveiller avec cinquante notifications de ta part. Mais il me faut avancer. Faire mon deuil de notre amitié. Tu sais, moi, je ne te déteste pas. Mes proches ont beau te vouer une certaine colère, ce n'est pas le cas pour moi. Je suis simplement extrêmement triste. J'aurais aimé que les choses évoluent différemment entre nous.

Je crois que ce qui me tue le plus, c'est le fait que je ne saurais probablement jamais ce qui t'a poussé à me haïr.

Bref.

Adieu, Hayden. Je ne t'oublierai jamais. Je n'oublierai jamais cette courte période de ma vie, où tu étais à mes côtés. Jamais. Je te le promets. J'espère que tu réussiras ce que tu désires entreprendre. Et, qui sait. Peut-être serons-nous destiné-e-s à nous réunir un nouveau, un de ces jours...

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